Hyperpouvoir économique

 

Politique et économie semblent de plus en plus se rejeter la faute des maux de nos sociétés. Les politiques veulent réformer ou même "refonder" l'économie, afin d'éviter les crises dévastatrices, qui jettent des milliers de gens au chômage, à la rue, dans la pauvreté. Ils ne reçoivent en retour, à peu près que sourires indulgents ou ricanements sarcastiques, tant il semble avéré que le véritable pouvoir n'est pas chez eux, que la réglementation, même mondiale (et encore fallut-il qu'elle fût possible), n'empêchera jamais les détournements et les contournements. Les "capitaines" de l'éconmie veulent qu'on leur laisse les mains libres, "qu'on les laisse enfin travailler", c'est-à-dire conquérir non seulement sans cesse de ouveaux marchés, mais aussi, sans cesse, de nouveaux pouvoirs. Les vraies décisions sont prises dans le secret des états-majors des grandes entreprises et surtout, ârmi celles-ci, des grandes entreprises financières et commerciales. De grands patrons monarchiques et autistes dirigent le monde au nom "des marchés". Les décisions sont celles, dit-on, des actionnaires. Mais qui sont les actionnaires ? Surement pas ceux qu'on appelle "les petits actionnaires" ni même les actionnaires minoritaires. Peut-être quelques dirigeants de fonds de placements. On retrouve les grands capitaines de l'industrie financière. La richesse, on le sait, est aux mains d'une infime minorité. Mais le pouvoir aussi. D'abord parce que la richesse est le principal moyen de pouvoir. Mais aussi parce que, institutionnellement, il en est ainsi. L'Etat, national, ou supranational (Union Européenne, G8, G20, ONU…) ne dispose pas du dixième des moyens de puissance (monétaire, industriel, médiatique) des patrons des grandes entreprises mondiales.

 

C'est donc le pouvoir économique qu'il convient aussi de changer. Les entreprises sont gouvernées par de très restreintes minorités de très riches patrons assistés de quelques experts serviles. Salariés, consommateurs, et même actionnaires (ah! Le fameux et sacro-saint droit de propriété !), n'ont aucun rôle dans les décisions stratégiques des entreprises. Ce sont pourtant eux qui doivent en assumer les conséquences. Renault a fait une erreur de stratégie commerciale, elle supprime 4000 emplois et distribue des bonus à ses cadres dirigeants et à son PDG. Chacun trouvera cent exemples semblables partout dans le monde. Le pouvoir dans les entreprises doit changer de mains. Il vient de paraître un livre intitulé Démocratiser l'économie (Hugues Sibille et Tarik Ghezali, Grasset), et les entreprises coopératives font actuellement une campagne publicitaire dans la presse pour promouvoir leur modèle social. L'idée est donc dans l'air : on ne peut plus laisser les rê,es du pouvoir à l'économie, ni les rênes de l'économie à ses "grands capitaines" mégalomanes. Il n'y a plus qu'à …

 

Janvier 2011