Des subprimes à la dette grecque, les prédateurs sont là

 

 

Rappelons-nous, les subprimes, ce n'est pas si loin. Le système, en gros, consistait à revendre des créances sur des ménages acheteurs de leur logement, en promettant des rendements, c'est-à-dire des taux d'intérêt à la charge, en définitive, de ces ménages, bien supérieurs aux taux normaux, en principe inférieurs ou voisins de la croissance générale du PIB et des salaires. Bien évidemment, tôt ou tard, lesdits ménages ne pourraient plus payer ces intérêts, cumulés et devenus bien supérieurs à leur capacité de remboursement, entamée, qui plus est, par le chômage. En fin de compte, les ménages ne pouvant plus payer, il devint "légitime" de se payer en rachetant le logement dont ils étaient soi-disant devenus "propriétaires". Les guillemets s'imposent, la propriété étant définie comme le droit de disposer d'une chose.

 

La Grèce est évidemment en train d'être mangée à la même sauce. Sous prétexte d'une mauvaise solvabilité, des taux d'intérêts bien supérieurs à la croissance, donc des taux d'intérêts qui ne peuvent que l'appauvrir et  lui retirer tout bénéfice de l'éventuelle croissance, lui sont imposés, d'abord à la grande joie des financiers créanciers. Puis, maintenant, arrivant ce qui devait arriver, c'est-à-dire que la Grèce ne peut plus rembourser sa dette, il lui est "demandé" de faire des efforts. D'abord, faire rentrer les impôts. Oui, mais on sait que cela ne peut se faire du jour au lendemain dans un pays où la fraude fiscale et le laisser-aller sont des traditions anciennes. Puis, comme donc ça ne suffit pas, de privatiser les avoirs publics, de vendre les appartements dont elle se croyait "propriétaires". Le pactole (les Grecs ne peuvent faire moins !...) pour les créanciers.

 

Les banquiers français, devant l'irrationalité apparente des comportements des marchés, dénoncent un complot américain contre l'Europe. Au-delà de la Grèce, tous les avoirs financiers des pays européens sont dévalués par ces marchés supposés manipulés par la première puissance mondiale, qui chercherait, en somme, à se refaire une santé, déstabilisée qu'elle est par les attaques chinoises, sur le dos de la vieille et innocente Europe !

 

Evidemment, on n'est pas près de savoir qui est le chef d'orchestre de cette agression mondiale : les financiers américains, les "hedge funds" sans patrie, les Arabes avides de revanche contre l'Occident, la Chine qui n'en finit pas de s'éveiller et de construire son empire ? Peut-être tous à la fois, s'encourageant dans une émulation frénétique en sentant l'odeur du gibier aux abois ? Quoi qu'il en soit, le système est clair : on commence par appauvrir le débiteur en lui imposant des taux d'intérêts supérieur à la croissance de ses revenus, puis, lorsque la banqueroute du débiteur survient, il n'y a plus qu'à s'approprier les biens qu'il a dû hypothéquer ou qu'on le contraint à vendre pour rembourser sa dette. La fameuse "irrationalité" des marchés intervenant alors très rationnellement pour faire baisser le prix des biens offerts en garantie des prêts. C'est d'une simplicité !...

Septembre 2011