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 Ce voyage durant les mois de mai et juin, me permit de tester les opportunités de vision des tigres durant cette période la plus chaude de l'année.
Fallait-il privilégier des observations plus faciles, dûes à la végétation sèche et moins fournie, mais aussi à la chaleur qui pousse les animaux aux points d'eau.
En contrepartie, la lumière serait très dure;
le choix était donc difficile.
Le meilleur moyen était d'essayer.
Le périple me fit parcourir l'état du Madhya Pradesh pour les parcs nationaux de Bandhavgarh, Khana et Pench.
Dans l'état de l'Uttranchal, je séjournai dans le célèbre parc national de Corbett.
26 jours sur la piste du tigre...
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Bandhavgarh
Lorsque j'arrive dans le parc, la chaleur est à son zénith (46°). Dur à supporter, mais la tactique s'avère payante. J'aurai l'occasion d'observer la tigresse Jhurjhura, à plusieurs reprises, près ou dans la rivière. Je verrais également sa fille, se reposant sur un rocher surplombant Rajbhera dam, endroit qu'elle affectionne particulièrement.
Pourtant à mon arrivée, la première chose que je demande à Papouh (mon guide), c'est de m'éclaircir sur les circonstances du drame qui s'est produit en février et dont mon correspondant à Delhi m'avait averti. Deux tigres ont tué une villageoise.
Ce sont les 2 jeunes de Churbara (que j'ai photographié à 3 mois et à 11 mois).
J'ai du mal à croire que des jeunes tigres de 13/14 mois puissent tuer un humain.
Mais leur mère n'était pas près du corps de la malheureuse victime.
Les dirigeants du parc ont fermé ( par un tronc d'arbre ?) le chemin qui mène au territoire des tigres fautifs, pour empêcher les jeeps de s'y rendre. Ce sont donc les tigres qui ont déménagé et j'ai trouvé les animaux sur un territoire adjacent !
Mon 2e jour me donnera un magnifique face à face avec Dithoo à 8 mètres de distance, pendant un bon quart d'heure, le temps de faire env. 200 photos en portrait.
Dithoo est un des 2 mâles dominants du parc, et c'est un tigre très conciliant.
Quand on le rencontre, on le tient pour 20 à 30 mn. Un régal pour les photos.
Le temps très chaud, fut entrecoupé par 3 jours de pluie (rare pour le mois de mai).
Pendant ce temps, pas d'animaux.
Mais avec le soleil, les tigres réapparaissent .
C'est ainsi que j'ai pu observer la fille de Jhurjhura marchant le long du plan d'eau de Rajbhera meadow ou se reposant sur le rocher surplombant l'eau.
Beaucoup d'instants mémorables.
Un pour l'anecdote:
La tigresse Chakradhara était dans les bambous, en bordure du chemin où nous attendions son passage. Elle était légèrement plus haute que le sentier. Je pointais mon objectif vers la route. C'était vers les airs que j'aurais dû. Car au lieu de descendre le petit dénivellé, elle sauta par dessus le chemin. Un magnifique spectacle inattendu dont, surpris évidemment, je n'ai pris que les pattes arrières et la queue.
Un tigre volant pour un bond de plus de 4 m.
Comme à chaque fois, Bandhavgarh me donnera de magnifiques occasions.
Environ 3000 photos dans la boite.
Khana
J'affectionne particulièrement ce parc. Il me donne toujours des observations que je n'ai pas ailleurs. Pourtant ça commencait mal. En effet mon guide habituel Pradeep n'était pas là, ayant préféré proposer ses services à un tour opérateur. Il est vrai que les salaires donnés par les lodges ne sont pas très motivants.
Mon nouveau guide s'appèle Bapuyadav et je n'y perds pas au change. Il est simplement excellentissime. Ayant habité pendant sa jeunesse, à l'intérieur du parc, on comprend mieux son extraordinaire connaissance des lieux et sa formidable capacité d'interprétation des informations que nous offre la nature.
Lui ayant dit ma passion pour les tigres, il me conduit à Khana meadow, endroit le plus commode pour voir ces animaux. Pourtant après 2 jours et 4 tigres avec colliers radio- télémétriques, je recadre le pistage en lui expliquant que je ne suis pas en mal de tigres (voir plus haut) mais que je désire des visions de qualité sans jeep nombreuses ... et sans colliers. Même si elle sont rares.
Je lui propose de m'emmener dans les zones de Digdola et de Rahar Kachhar (je connais un peu le parc, vu que ça fait la 3e fois que je m'y rends).
Dès lors, ce fut un festival de moments mémorables.
Le premier fut une heure et demie passée avec une troupe de dholes (chiens sauvages indiens). Ma consigne de ne pas se précipiter sur les animaux (comme les drivers ont l'habitude de faire avec les touristes) fut payant.
Ce sont les animaux qui doivent venir et non l'inverse.
C'est ainsi que les dholes, méfiants au début (avec une distance de sécurité de 40m), nous ignoraient à la fin. Ils passaient la jeep à 3m, sans un regard. Faut dire que nous reculions pour les laisser progresser (et pour moi, avoir les meilleurs points de vue). Au bout d'une heure et demie et la fin de la vision, c'est mon driver qui se tourne vers moi, le visage ravi. Nous avons fait 2 km en marche arrière! Sur un terrain en pente et très accidenté!
Les autres visions ont été celles de tigres, l'un en fin de soirée, l'autre le matin, fruit d'une longue et patiente traque dans les forêts de Banjar. Quel plaisir d'être seul.
Un grand merçi à Raju et Bapuyadav, pour les moments passés en leur compagnie parmi cette nature préservée. Et pardon pour avoir douter d'eux au début...
Pench
Pench est pour moi une première. Et une dernière. Disons-le tout net. Je me demande ce qu'on trouver à ce parc. En plus de la végétation sèche à cette époque, les centaines d'arbres morts qui jonchent la forêt donnent par endroits un aspect de désolation. Ajoutez à celà un guide nul et des dizaines de véhicules particuliers remplis d'indiens braillards et irrespectueux de la vie sauvage (Nagpur est proche).
Bref, 3 jours perdus.
Vivement la suite.
Corbett
Quel changement. Le jour et la nuit.
Bienvenue dans une forêt luxuriante et magnifique. Me voilà de retour dans le livre de la jungle.
Mon choix de séjourner au coeur du parc à Dikhala, en surplomb de la rivière Ramganga, fut le bon. De là, je peux rayonner dans les grasslands qui bordent le fleuve (en partie asséché à cette époque). Mais également dans les forêts avoisinantes. Le tout avec en fond des contreforts montagneux.
Ce parc est un régal pour la photo et l'observation. Les 600 espèces d'oiseaux se laissent approcher comme nulle part ailleurs. Et les éléphants également.
La lumière du matin entre 6h30 et 8h00 est excellente et j'ai fait à Corbett, je pense, mes meilleures photos de chitals.
Et les tigres ?
J'en ai fait fuir un !? (le seul que j'ai vu), en repositionnant très, très légèrement mon assise (j'ai l'habitude de ne faire que des mouvements lents et faibles). Mon guide m'a averti qu'il n'est pas rare que les tigres chargent (mais s'arrêtent à temps !).
...mais les singes, eux, ne sont pas très farouches...
Corbett est un parc merveilleux, un ravissement pour les sens.
J'y ai passé un séjour rempli de couleurs, d'odeurs et d'images, dans un environnement sonore inégalé par un autre parc en Inde.
Mon driver Anil et mon guide Nirankar m'ont apporté le meilleur ce que l'on peut attendre. Avec la complicité en plus.
Mes (chauds) remerçiements à la personne du forest house de Dikhala qui m'a approvisionné en eau fraîche alors qu'il faisait si chaud.
Bandhavgarh & Khana et Corbett ont été excellents, Pench passable.
Ces 26 jours et quelques 46 sorties m'ont permis de faire des images très difficiles à obtenir à une autre période moins chaude.
