
RADIKAL CRITIK !
Ne touchez plus
le fond
en allant au cinéma,
donnez une chance
aux bons films !
 |
 |
Si l’on
parlait du cinéma américain
La
première chose qui saute aux yeux, c'est qu'avant juin 2011
j'ai vu 632 films américains contre 420 films français,
64 films de nos voisins anglais, et moins de 225 d'autres
nationalités, dont 24 de Corée du Sud très à
l'honneur chez nos distributeurs dans les années 2000/2010,
parfois avec des films réchauffés de 3 ou 6 ans !
En
n'oubliant pas les 33 excellents japonais pour finir. Soit tous les
films américains presque à égalité
contre le reste du monde, Français compris. Merci le
pluralisme du parisien soit disant cultivé !
Première
raison, je vais au cinéma pour me divertir, et donc, le
cinéma américain est souvent inévitable sinon
nécessaire.
Seconde
raison, je n'ai qu'un seul réseau « intellectuel »
facilement accessible, les MK2, donc moins de choix sur les films «
art et essai » que si j'étais un cinéphile de St
Michel. Ensuite, il faut bien le dire, certains fleurons du cinéma
indépendant sont vraiment « lourds » à
digérer, tout le contraire de la nouvelle cuisine dans
d'autres domaines.
Troisième
raison, il y a parfois des semaines où l'on a difficilement
le choix, il ne reste que du « ricain » à
l'écran, même à Paris (je trouve des excuses
comme je peux !).
Quatrième
raison, ils savent faire des films, plus exactement, ils s'en
donnent les moyens, n'en déplaisent aux esprits chagrins ou
réactionnaires.
Le niveau
intellectuel reste peut-être au raz des pâquerettes du
cow-boy (surtout leur subtilité en fait), mais on ressort en
ayant vu un travail de professionnel, le genre de truc qu’on
ne peut pas faire avec une DV dans son salon.
Alors que le
niveau technique des films français fait parfois pitié,
ainsi que la rigueur de leurs scripts.
Néanmoins,
depuis 2 ans, la tendance s'inverse, d'ici peu, si je garde le même
rythme, je devrais arriver à 50/50, puisque cette année
j'ai vu autant de films outre-atlantique que métropolitains !
Mais c’est en grande partie « grâce / à
cause » de mes fréquentations plus cinéphilique
qu’à l’accoutumée ! Mais bon, en fait, ça
ne s'est pas réalisé, à cause de l'arrivée
massive des films de l'Est et Argentins.
Une
autre chose intéressante, c'est qu'il ne suffit pas d'être
un pays petit producteur pour avoir de mauvaises notes. Mais a cela
une explication toute simple. Ce ne sont que les meilleurs (à
notre goût) qui sont distribués en France.
Si les
Australiens sont capables de faire « Mad Max 1 »,
« Lantana », « Muriel »
et « Priscillia folle du désert »
autant que « Animal Kingdom », on rate
sûrement beaucoup d'autres films passionnants de ce pays.
Une
autre notion saute aux yeux. Il y a 15 ans lors d'un voyage en Inde,
je fus stupéfait du niveau technique de Bollywood, c'était
(avec des bouts de ficelles) aussi pro que ce que faisaient les
studios Hollywoodiens.
Et c'est
désormais la norme. Le plus impressionnant est sans doute la
Chine (mon raisonnement inclut Taïwan dans le pays aux
milliards d’âmes), mais aussi le Japon. Ces deux pays
montrent que les investissements dans le cinéma portent leurs
fruits (animation pour le Japon et classique pour la Chine), avec
des scénarios divertissants, des photographies et des scripts
parfaitement au niveau des USA. Le prochain sera sans doute la Corée
du Sud, qui pour l'instant apprend la grammaire avec beaucoup de
talent et très peu de moyens, c'est sans doute la raison pour
laquelle à mon sens c'est le cinéma le plus proche du
nôtre en dehors de leur existentialisme latent.
Un
article récent a attiré mon attention, les States ont,
en 2003, déposés moins de brevets et publiés
moins d'articles scientifiques que les Asiatiques (hors Japon) et
européens confondus !
La raison ?
Elle est toute simple et mathématique, plus un pays a un
niveau de vie et un nombre d'habitants élevés, plus il
dégage une marge économique pour investir dans une
infrastructure et un niveau de recherche intellectuelle important.
Du moins tant que la pire religion m'interfère pas, car après
tout, certains pays (très) riches n'ont déposé
aucun brevet depuis 1300 ans, je vous laisse deviner lesquels.
C'est
d'ailleurs un problème de chiffre, et c'est ce qui arrive
avec les médailles surprises de la Chine de ces derniers Jeux
Olympiques. Vivement que les places soient calculées par
rapport au nombre d'habitants et au Pib par habitants, la France ne
serait plus 7ème ! Bref, 1% de scientifiques doués
sont plus représentés dans un pays de 1 milliard
d’hommes que dans un pays de 5 millions.
C'était
jusqu'ici la seule force des Américains, de l'argent (Dollar
étalon), du peuple pour aller consommer, et des conditions
climatiques idéales pour construire un pays viable aux normes
modernes, contrairement à la Russie et ses hivers rigoureux
sur sols instables par exemple.
Le nombre de
consommateurs a permis l'essor économique que l'on connaît,
la prédominance de la langue coloniale anglaise a fait le
reste. Mais contrairement à ce qu’il pense, ce n’est
pas la prédominance de leur culture et de leur intelligence
qui a fait leur succès, c’est le déplacement en
masse des riches européens depuis la première guerre
mondiale et leur sens uniquement pragmatique jusqu’à
l’absurde qui a accompagné l’effet de masse de
leurs 200 millions de consommateurs sur le reste du monde.
Seulement,
les données ont été changées. La Chine,
l'Asie avec le Japon, l'Inde et la Corée, l'Europe sont
désormais des ensembles économiques plus importants en
quantité que l'Amérique, et c'est la première
fois que ça arrive depuis 1900 !
L'euro (on
peut toujours rêver) ou la monnaie chinoise remplaçant
le Dollar sera sans doute la prochaine étape, et la
concurrence économique chinoise, dans tous les domaines, la
dernière.
Bref, je ne
donne pas cher de la peau des Américains dans 25 ou 50 ans,
surtout avec leur manière désordonnée et
mercantile de réagir face aux menaces quelle qu'elles soient.
Pour
le cinéma, c'est presque pareil. On sent (en France, grâce
à l'éclectisme de la distribution) que les cinémas
asiatiques, indiens et français deviennent matures, et sous
réserve d'investissements, sauront un jour supplanter
Hollywood. Sans omettre le fait qu'au niveau économique, le
Canada commence à concurrencer le « modèle »
des studios hollywoodiens. Ce qui tend à fragiliser son
unicité concentrationnaire, et donc sa force de frappe
économique presque « fonction publique ».
Heureusement pour nous, le libéralisme sauvage commence à
détruire Hollywood de l'intérieur, pour le plus grand
bien de Toronto et Vancouver, sans parler de la Seine Saint Denis à
Paris ! C’est ce que vient d’apprendre le trio doré
de Dreamworks à ses dépens, même avec le recours
incroyable à la publicité dans chaque plan de leurs
films, ils n’ont pas réussi à créer un
studio indépendant, preuve que les « Golden Years »
sont loin derrière. On verra bientôt des films entiers
consacrés à la nostalgie d’une Amérique
qui pouvait tout se permettre les caisses bien pleines. Ce n’est
heureusement plus le cas puisque les dés ne sont plus pipés
de la même manière.
Une
autre raison du rayonnement du cinéma américain était
le niveau de vie et de rêve présenté, mais
bientôt des histoires de nababs Chinois ou Russes auront la
même aura. Idem pour la beauté plastique des actrices
américaines qui seront dans moins de 15 ans remplacées
par des images de synthèse utilisables par n'importe quel
pays. Et bientôt sans doute, rassuré sur leur statut,
les actrices chinoises cesseront de se faire dessiller. Je ne suis
pas en train de dire que les américaines sont plus belles que
les autres ! Simplement que comme le cinéma est une
manière viable de gagner sa vie aux États-Unis à
cause des salaires, les belles femmes préfèrent
parfois se lancer que de simplement être Top model et finir
marié à un millionnaire. Si, si, les belles femmes ne
se marient pas avec des pauvres, si vous êtes smicard et que
vous avez une femme aussi belle que Taylor, Bruni, Hayeck, envoyez
moi la photo !
Ne nous
voilons pas la face, c'est aussi à cause de l'immigration de
la plupart des grands talents américains, ce que nous avons
réussi à juguler en France grâce à une
politique culturelle protectionniste, à base de pressions
intellectuelles et de prestations sociales pour les intermittents.
Ou tout simplement parce que le rêve américain ne
concerne que les faiseurs de frics ou les analphabètes de
banlieues et non les voyageurs cultivés qui savent quoi
penser de ce pays.
Ce sont les
Lang, les Leone, les Kazan, les Polanski (enfin pas longtemps vu son
goût pour les lolitas), les Woo, Voereheven et autres Emmerich
ou Jeunet qui font les chefs d'œuvres ou les block-busters
américains, certains seulement 2 ans après leur
arrivée au pays de l'oncle Sam.
On
est, me semble t’il, à une époque charnière.
Il y a moins de « grands » réalisateurs
américains (Leone est mort, Cameron se laisse doucement aller
en préretraite dorée, Spielberg ne pense plus qu'au
fric à cause de Dreamworks -rien que le nom est antinomique-
Coppola ne fait plus rien, Cimino et Scott ont disparus, Eastwood
est vaillant mais vieux, et Lucas est retombé en enfance),
les nouveaux (Sodherberg, Tarentino, Woo) ne seront plus aussi
universels, ils ne s'adressent qu'à leur génération,
qui plus est à tendance cinéphile.
Les grandes
réalisations ne sont que de l'esbroufe et ne sont désormais
(à part « Matrix ») que des adaptations de livres
à succès populaire sur le mode série TV Deluxe.
Bref, le
géant commence à montrer des signes d'essoufflement
que seuls les effets spéciaux dissimulent. Mais les effets
spéciaux, les Français, les Canadiens et les Japonais
savent aussi en faire. Et les Chinois ne devraient pas tarder, en
dehors des câbles d'aciers. Enfin, avec « Detective
Dee », on voit qu'ils ont encore du chemin !
La
seule chose qui pouvait intellectuellement empêcher les
invasions étrangères, ce sont les sujets des
scénarios, jusqu'ici très simplistes ou hyper
complexes tendance « Art et essai », pour les pays
asiatiques.
Mais force
est de constater qu’en dehors des pays musulmans, les niveaux
de développements agnostiques de l’Asie et de l’Europe
donnent finalement le même type de préoccupations.
Argent, sexe, travail et action ou sentiments, avec une pincée
de fantastique ou d'angoisse pour pimenter l’existentialisme
latent.
C'est
surtout la Chine, avec le dernier film distribué, «
L'enfant au violon » qui a bien compris la leçon du
message « universel », jusqu'à le transcender
tout en restant très grand public, à l'américaine.
On
peut aussi se satisfaire du niveau du cinéma européen,
Suède, Finlande, Danemark, Espagne et Angleterre ont quelques
perles à leur actif. Le tout, nouvellement concentré,
donnera à terme un large public aux réalisations de
qualité.
Faisons une
fenêtre spéciale à l'Allemagne qui, depuis «
Head on », « The edukators » jusqu'à
« La vague » est en train de créer un
nouveau cinéma contestataire et doué.
Nous
nous dirigeons vers une nouvelle ère qui s'annonce
passionnante, les dés sont jetés, en tout cas.
Puisqu'en France, on n'investira jamais assez, espérons que
le principe d'exception culturelle reste la norme.
C'est le
seul moyen économique de la survie d'un pays qui n'a pas 200
millions de spectateurs, mais une furieuse envie de montrer son
talent, son histoire et sa spécificité. N'oublions pas
que le Français est la deuxième langue parlée
en terme de nombre de pays.
Ne
gaspillons pas cette chance avec des lois libérales
uniquement idéologiques qui n'ont rien compris aux rapports
de forces économiques.
Surtout
qu’après avoir vu « la saveur de la pastèque
», il semble évident que nous ne sommes plus les seuls
à nous poser des questions intelligentes, mais nous sommes
bien les seuls à être aussi paresseux ! Bref, le péril
jaune est bien là, mais pas que dans les jouets ou les
fringues, il arrive aussi là où on ne l’attendait
pas si vite. |
|
|
 |
cliquez ici pour revenir aux autres
rubriques de ce site
cliquez ici pour revenir à la page précédente
 |
 |
Toujours plus de films, toujours plus de critiques cinéma en 2012 pour s'y retrouver avec Radikal Critik! |
|