Dans notre société individualiste basée sur ce qui ne dépasse pas pour mieux rester entre soi : ceux qui ressemblent à une assemblée de partie hype sortant d'un magasine sur papier glacé. L'autre, surtout s'il est différent devient un vrai problème. Pour cause d'esthétique ou d'une idée productiviste ou écolo_facho d'excellence de l'être humain utile et parfait. Mais également pour cause de constitution de tribus basées sur les ressemblances ou les affinités, plus sur les liens du sang ou les réseaux sociaux dit de proximité où l'on ne choisissait pas la couleur de cheveux ou le signe astrologique de son voisin de palier.

Bref, dans le grand village global rêvé autant qu'utopique, les handicapés sont toujours autant rejetés. La science avait permis d'oublier l'aspect châtiment de dieu pour les familles et la dimension monstres de foire pour une humanité inculte, mais le 21ème siècle et sa soif de plaisir n'offre pas plus d'écho à la confrontation, juste à la juxtaposition urbaine, si possible brève et sans quiproquo.

D'ailleurs le cinématographe n'offre que très peu de sujets réconfortants ou simplement d'ouverture. Sorti de « Rainman » et du « huitième jour », cela fait longtemps que l'on consomme du jeune et beau, si possible amoureux de plus jeune et plus belle. Même si l'on peut objecter récemment le film de Bonnaire, bien trop confidentiel.

Bref, comme à chaque fois je vois que les sièges handicapés sont souvent vides, et qu'en 1300 films sur 5 ans, je n'ai vu qu'une séance avec une enfant très gravement malade sur un fauteuil motorisé avec sa mère, j'en viens à me demander s'ils ne sont pas cinéphiles, s'ils n'osent pas se montrer - bien qu'une salle de cinéma soit tellement anonyme et confortable dans l'obscurité loin du regard de pitié des gens ordinaires, si le prix de la séance est rébarbatif pour des familles qui les soutiennent financièrement, si...

Bref au milieu de toutes ces questions de bien portant dilettante, je suis tombé sur un article en sortant de ma web-messagerie préférée :

http://www.cinemadifference.com/spip/

Qui se trouve être le site collaboratif d'une association qui a un but bien particulier. Le partage entre soi d'une séance de cinéma pour un public handicapé. Tout simplement.

La peur de gêner ou d'être mal accepté en fait arriver à une solution communautaire qui n'a hélas pas de critique viable, bien au contraire, mais qui fait se poser bien des questions sur l'état de socialisation des êtres humains dans une société solidaire par la mutualisation des impôts républicains mais pas dans la vraie vie. L'exemple vaut aussi pour le sort des personnes âgées, encombrées ou non par des descendants qui ne descendent que rarement dans les provinces dortoirs.

Voilà tout ce que je peux dire sur le sujet, bravo à l'Entrepôt et au Majestic Passy pour leur participation à cette initiative sur Paris.