
RADIKAL CRITIK !
Ne touchez plus
le fond
en allant au cinéma,
donnez une chance
aux bons films !
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Le cas
Christian Clavier.
Quand
j'ai quelqu'un dans le nez, c'est pour longtemps, et plus encore
quand je creuse le sujet.
Tous
les acteurs français, comiques ou non, sont passés par
des périodes d'introspection ou de remises en question.
Jusqu'à, parmi les plus populaires comme Belmondo ou Delon,
prendre le risque de travailler sans filet avec des auteurs maudits
ou avant-gardistes.
Tous
? Sauf un.
Christian
Clavier est le seul acteur qui n'a tourné que dans des
comédies populaires du plus pur mauvais goût, le plus
au raz des pâquerettes possibles, et jamais dans des films
dramatiques ou d'auteur. Dans la troupe du Splendid, même
Balasko a travaillé sur des sujets à contre courant
comme « Gazon maudit », Lhermitte a pris
quelques risques dans au moins un polar décalé, Jugnot
a abordé des sujets sensibles, et Michel Blanc n'a plus rien
à prouver puisqu'en plus de ses rôles « sérieux »,
il est un réalisateur extrêmement humaniste autant que
doué. Tandis qu'Anémone a la carrière que l'on
sait au théâtre
Pourquoi
je m'intéresse à Christian Clavier ? D'abord parce que
c'est épidermique. Je ne supporte pas son humour de beauf
friqué, sa vulgarité au premier degré, et son
jeu sans aucune nuance ni talent. A part celui de se parodier
lui-même à force d'en faire trop. Il atteint le pire
dans « Les Bronzés 3 », avec un rôle
à vomir de looser opportuniste à l'affût de
n'importe quelle manière de faire du fric. Et le moins pire
dans « l'affaire corse » où le scénario
essaye de lui donner le beau rôle, mais sans atteindre le
surréalisme du vrai Jack Palmer, loin de là.
C'est
sûrement aussi physique avec sa tête de faux cul
hystérique, mais là ce n'est pas fair-play de ma part
! Toute ressemblance avec un mauvais président ne serait
qu'hallucination.
Bref,
chacune de ses apparitions me donne une désagréable
impression de passer un mauvais moment de bêtise humaine, et
au cinéma, quand l’on paye sa place, c'est un peu
embêtant.
On
pourrait objecter que c'est le cinéma qui lui donne les plus
mauvais rôles (le débile immonde dans « Les
visiteurs », le pourri dans « Les Bronzés »,
etc. Il arrive même à détruire le mythe
d'Astérix puisque aucun réalisateur ne lui donne la
sagacité et la naïveté pleine d'humanisme du
héros de bande dessinée !).
Le problème,
c’est que j’ai pas mal travaillé dans son
quartier, et les trucs que l’on me racontait sur lui sont bien
en phase avec son genre cinématographique.
Bref
je ne lui trouve aucune excuse. Mais ce n’est pas pour ça
que j’écris tout ça.
Là
où le sujet prend toute sa signification, c'est dans sa place
au sein du cinéma français.
D'après
vous, quel est le point commun entre la majorité des films
qui ont dépassé les 2 millions d'entrées en
France depuis 10 ans ?
Vous
ne trouvez vraiment pas ?
Des
comédies bien lourdes qui sont toujours des hystéries
collectives ne faisant plus rire aucun critique 10 ans après
?
Toujours
pas ?
Et
oui, je vais vous le révéler en avant-première.
C'est ...
Sûr ?
Vous donnez votre langue au chat ?
Christian
Clavier bien sûr !
« Les
Visiteurs », « Les bronzés »,
« Astérix », j'en passe et des pires.
De là
à toucher au sacro saint principe du film populaire
intouchable parce que populaire, il n'y a qu'un pas que je vais
avoir le courage (ou l'inconscience) de franchir.
Le
bon goût universel n'existe pas, il dépend de la
culture, de l'émotivité et de la personnalité
de chacun, nettement moins de son intelligence.
Par
contre, le mauvais goût universel a cela de précis
qu'il est toujours accompagné de ses corollaires, la
connerie, la vulgarité, la paresse, la soif d’argent
facile et l'absence d'originalité.
On peut
effectivement critiquer les meilleurs et les pires festivals de ne
donner des prix qu'aux films qui n'ont eu aucun succès
« populaire ». Et pourtant, quelques signes
commencent à remettre en cause cette approche démocratique
de l'excellence.
La
démocratie politique permet à chacun de s'exprimer
après avoir réfléchi et choisi suivant ses
goûts et ses convictions sur un sujet sérieux, son
avenir, celui de ses enfants et de son pays.
Elle se
construit sur un vote secret où on ne peut choisir d’après
son voisin, ni d'après des sondages finis quelques jours
avant le scrutin.
Là où
le populisme et la démocratie se rejoignent, c'est, comme
dirait Daran dans une chanson, « moi qui vote toujours
pour celui qui est sûr de gagner ». C'est à
dire dans la manipulation des résultats pour correspondre aux
sondages par crainte d'arriver à un résultat que l'on
veut éviter plutôt que d'arriver au résultat que
l'on souhaite. Ce qui serait super, c’est qu'aucun sondage sur
les intentions de votes ne soit publié ou même
commandités avant une élection test.
On serait
sûrement surpris du résultat.
Le
populisme consiste à choisir suivant plusieurs critères.
Le goût
personnel quand le film est suffisamment expliqué par la
publicité (ce qui permet une grande ouverture d’esprit
à la longue !). Les critiques de cinéma dans les
revues de TV avec 3 étoiles pour avoir un jugement bien
précis ! Le bouche à oreille de ses proches sociaux ou
amicaux ou même familiaux. C'est-à-dire des personnes
particulièrement différentes qui vous permettent de
découvrir le monde !
Mais aussi
d'après les chiffres de fréquentation de plus en plus
dévoilés, parfois une heure après le générique
de fin de la séquence du mercredi !
Les
deux approches ne peuvent s'affronter. Pour la raison qu'une étude
scientifique est en train de démontrer et que je vais vous
expliquer.
C'est
en fait le problème du mouton suiveur inculte et paresseux
sinon en manque d'affection.
Je
m'explique, une étude anglaise de 2006 a enfin fait le point
sur le phénomène du tube. En musique pour l'instant,
mais c'est le plus facile à démontrer.
Le protocole
était simple. Un panel d'internautes avait à juger une
centaine de morceaux de musiques en Mp3. Tous inconnus il va sans
dire. Le but était de donner une note qui permette de
préjuger du succès d'un morceau et le faire accéder
au titre enviable de tube international.
Le problème,
c'est que tous les goûts, sans concertations ni effets
d'écoute forcée préalable, ont donné un
résultat très décevant pour les maisons de
disques.
Aucune
musique ne sortait du lot ! Au niveau statistique bien sûr.
Un
peu embêtant de voir que des internautes choisis ou lambda
n'arrivaient pas à faire émerger une tendance de fond.
Surtout pour les spécialistes du marketing. Chaque personne
serait donc dotée d’une vraie personnalité tant
que personne ne peut le juger ou que son emploi ne dépend pas
de la norme sociale ?
Donc
ils ont fait un test intermédiaire en publiant à côté
des formulaires de choix des tendances de fond plus ou moins bidons
avec classement idoine.
Et
surprise...
Des tubes se
sont imposés en deux temps trois mouvements !
Il paraît
assez incroyable en 2006 avec une moitié de la France Bac + 2
que les gens aient si peu d'esprit critique personnel, mais c'est
tristement le cas.
Si
l'on est méchant on peut gloser sur la débilité
immature et animale de nos concitoyens, si l'on est plus impartial
et attentif aux tests, on peut éventuellement s'en tenir au
fait que la culture n'est que la dernière roue du carrosse
des épineux problèmes de choix dans la vie
quotidienne, et que c'est bien plus simple de s'en remettre à
d'autres pour choisir. Quitte à écouter ou aller voir
de la merde. Au moins on ne sera pas seul dans la salle.
L'autre
aspect social sous tendu même inconsciemment étant que
discuter d'un film que personne n'a vu n'est pas le meilleur moyen
de se faire des amis !
Un peu comme
un lycéen, sans TV chez ses parents, qui essaierait de parler
du film du dimanche soir à la récrée du lundi.
Bonne chance. (L'exemple fonctionne aussi avec un jeu vidéo
sur PSP !)
Bref, le
cinéma populaire est encore une image d'une tendance
millénaire. Mieux vaut avoir tort ensemble que raison tout
seul. Parce que, surtout aujourd'hui où la notion de réseau
est vitale pour la survie économique et sociale, il devient
franchement difficile de vivre bien en perdant des relations,
culturelles ou autres.
Heureusement
qu'Internet, en mettant en contact des minorités librement
pensantes et parfaitement rebelles ou asociales - totalement isolées
- permet de créer des niches viables qui empêchent
l'uniformisation culturelle d'avant 1960.
Ce qui donne
l'occasion de se faire des amis beaucoup plus proches, et cependant
de n'être pas partie prenante du troupeau du plus grand nombre
aux produits sans saveurs et pré-formatés. Ce qui est
vrai dans le cinéma l’est aussi dans la nourriture avec
le Bio et dans la religion avec le Bouddhisme en France.
Je tiens à
préciser que je ne suis pas adepte de la Macrobiotique, de
religion bouddhique et lecteur de Télérama ! C’est
plutôt ma copine tout ça !
Donc,
ma conclusion, c'est que les populistes qui veulent faire croire
qu'un film est bon parce qu'il est vu par des millions de connards
n'ont aucune preuve scientifique ou artistique que ce film est à
la hauteur d’une évaluation intellectuelle ou
raisonnée.
On parle là
de cinétique de masse, de besoin psychanalytique de
ressembler à son prochain, dans le pire effet de mimétisme
qui normalement appartient au genre animal. Et qui conduit à
cette formidable uniformité des teintes des voitures
françaises. Surtout ne nous distinguons pas et passons
inaperçu. Sauf que dans un cinéma, tout le monde se
fiche de ce que vous venez voir. On pourrait même parler
d'espace de liberté. Sauf que personne ne veut s'en servir à
sa juste valeur.
Et les
intellectuels font exactement pareil dès qu'ils plébiscitent
un film et y vont « en masse ». Sauf qu'ils
ont un esprit critique et une étendue de culture qui leur
permet de dire qu'ils ont trouvé ça nul malgré
le prix de la place.
Ce
sont deux approches de qualité différentes qui n'ont
ni à s'opposer ni à démontrer une supériorité
de l'une sur l'autre. On ne peut simplement pas cautionner un film
idiot et vulgaire, même pas drôle passé le Bac,
et sans aucune originalité tel que « Les
visiteurs » quand on est membre d'un jury de sélection
de Bac +5 avec une vraie culture cinéphilique.
L'autre
effet pervers, c'est la différence de qualité et de
choix entre Paris et la province, une fois qu'un film pour débiles
ou paresseux a bien marché dans les grandes villes, les
distributeurs n'ont pas d'autres choix que de l'imposer au grand
public provincial.
C'est
justement l’effet pervers du Top 50 (mais juteux pour les
producteurs). Vous n'avez aucune idée sur ce que vous voulez
voir ou entendre sur 100 bons films ou musiques. Et l’on ne
vous donne finalement qu'une pré digestion de 50 exemplaires,
sachant que vous ne lirez que les 10 premières lignes parce
que dans la vie vous avez autre chose à faire que de vous
prendre la tête pour choisir un disque ou un film 5 minutes
avant la séance ou la fermeture des caisses de la FNAC.
Voilà,
sans vous en rendre compte, vous allez voir ou écouter de la
soupe populaire.
Après
tout, tant que les spectateurs ne peuvent pas voter anonymement sur
la qualité d'un film à la fin de la séance, le
simple paiement de la place ne précise rien sur l'intérêt
du produit vu.
C'est
bien pourquoi je mets des notes !
Et c'est
bien pourquoi j'ai la carte Le Pass, voir un film nul ne me fait pas
perdre d'argent, juste du temps, et me permet d'être d'autant
plus critique sans arrière pensées.
A
moins que j’ai tout faux ?
A moins que
les beaufs de France aiment à se reconnaître dans
Christian Clavier, mais là, j'aurais une approche statistique
de l'intelligence française que je ne me permettrais pas.
Même si la preuve en est faite avec le choix catastrophique
d'un président venu d'ailleurs.
Bon,
maintenant, le pire, c'est qu'avec tout cet argent que lui donnent
les prolos, il faut en plus qu'il nous coûte 400 000 Euros
environ pour surveiller sa villa qui se trouve, devinez où
après un film comme « L'enquête Corse »,
en Corse ! Quel beau pays pour les Clavier de toute espèce,
Sarkoland. |
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