KIFFIN ROCKWELL
|
|||||||||||
![]() |
|||||||||||
Né à Newport, Tennessee le 20 septembre 1892. Son père, un prêtre baptiste, meurt à 25 ans de la typhoïde un an après sa naissance. Il passera son adolescence dans une plantation de Caroline du Sud , propriété de sa grand-mère maternelle. Il vit au grand air et devient un excellent cavalier et passe son temps à pêcher et à chasser. Sa mère, Loula, doit gagner sa vie. Elle devient ostéopathe et connaît un réel succès. Les deux grands-pères de Kiffin ont servi dans l'armée confédérée. Il décide de devenir militaire. |
|||||||||||
Il est enrôlé dans l'Institut militaire de Virginie puis reprend des études universitaires à Washington and Lee University avec son frère Paul. En 1911, il travaille dans la publicité puis, en 1913 rejoint son frère qui est reporter à Atlanta. |
|||||||||||
Dés la déclaration de guerre, fiers de leur hérédité huguenaude, ils veulent servir la France dont la cause est celle de l'humanité. Les deux frères embarquent le 7 août pour la France sur le navire américain Saint-Paul. Leur mère ne comprend rien à ce désir de servir et s'y opposera par tous les moyens dont elle dispose, intervenant auprès du Département d'Etat et plus tard auprès du gouvernement français. Ils font partie de la bande de 41 jeunes américains qui s'engagent dans la Légion Etrangère, aux Invalides, et qui défilent derrière leur drapeau, en route pour faire leurs classes à Rouen. Dés le 30 septembre, ils rejoignent le front avec une unité de vétérans, ayant prétendu posséder une grande expérience militaire acquise dans l'armée mexicaine. Ils font alors partie du bataillon C du Second Régiment de Marche de la Légion où ils font la connaissance de Raul Lufbery et de Bert Hall au Camp de Mailly avant de rejoindre les tranchées. |
|||||||||||
En décembre 1914, près du Chemin des Dames, son frère Paul est grièvement blessé aux vertèbres par l'explosion d'un obus. Il ne retrouvera jamais ses forces et doit quitter la Légion. Kiffin est surnommé Rocky par ses copains américains. Avec son ami Pavelka, Il fait partie de la deuxième vague qui charge à la bayonnette les positions allemandes défendues par des nids de mitrailleuses. Soixante de ses copains sont fauchés mais les autres jaillissent du sol et finissent par l'emporter. Kiffin lui reçoit une balle dans la cuisse. Heureusement, l'os n'est pas touché car il ne sera pas soigné avant quatre jours dans un hôpital près de Rennes. |
|||||||||||
![]() |
|||||||||||
Il fait partie de ceux qui ont eu de la chance ca ces assauts de La Targette et Neuville ST Vaast ont coûté la vie à la moitié de son régiment. Kiffin restera six semaines à l'Hôpital auxiliaire 101. Puis, convalescence à Paris où son frère habite. Ce dernier travaille au Ministère de l'Information et est correspondant du Chicago Daily News. Il se tape dans Bill Thaw qui est devenu pilote et appartient à l'escadrille Caudron 42. Il est venu chercher un avion. Quand Kiffin lui parle de sa blessure, qui va le rendre inapte pour la Légion, Thaw lui suggère de demander son transfert dans l'aviation., ce qu'il va faire. ainsi que son ami Pavelka lui aussi relevant de blessure. Son transfert s'accèlère grâce à l'aide de son frère et de Thaw et il part pour l'école d'Avord où il fait la connaissance de Chapman qui devient son ami. Il reçoit son brevet militaire de pilote le 22 octobre 1915, premier de sa classe. Il Fait alors partie des 7 premiers pilotes de l'escadrille La Fayette. Lors de sa quatrième patrouille, le Caporal Rocwell fait une sortie historique. Lorsqu'il passe les lignes allemandes vers Thann, son moteur se met à tousser. Il fait demi-tour quand il aperçoit un biplan allemand L.V.G 2000 pieds sous lui. Sans hésiter, il pousse le manche et plonge en piqué sur l'adversaire. Il voit le tireur prévenir le pilote qui fonce vers ses lignes tandis qu'il envoie des rafales vers le Nieuport de Kiffin dont l'aile est touchée. Kiffin continue de fondre su l'ennemi et tire au tout dernier moment, évitant la collision de justesse. Son tir a été mortel. Il voit le tireur allemand affalé en arrière et le pilote replié sur son siège. Le L.V.G perd une aile et part dans un plongeon vertical. Il s'écrase au sol dans les lignes ennemies, un long panache de fumée noire s'élevant dans le ciel. La victoire, non seulement la première de Rockwell mais la première de l'escadrille, est confirmée par un poste d'observation français qui téléphone la nouvelle à Luxeuil. Quand Rockwell atterrit, ses camarades sont sur la piste. Ils se précipitent sur le Nieuport, et l'acclamant, ils extraient Kiffin du cockpit et le portent en triomphe. Tout Luxeuil lui adresse des sourires, en particulier les filles. La nouvelle court jusqu'à Paris. Informé, son frère Paul, toute affaire cessante, arrive à Luxeuil avec une bouteille millésimée de Bourbon. Kiffin en boit une rasade et tend la bouteille à Victor Chapman. Chapman l'arrête d'un geste et suggère que la bouteille soit conservée pour les grandes occasions: Tout pilote qui abattra un avion ennemi aura droit à une gorgée. Ainsi naissait un cérémonial qui vit de nombreux pilotes y satisfaire buvant une rasade de celle qu'ils appelaient "la bouteille de la mort", et ce, jusqu'à ce que la fameuse bouteille soit vide. Rockwell continua de se montrer un excellent pilote. Ses camarades voyaient en lui l'âme de l'escadrille et admiraient son idéalisme, son enthousiasme, son mépris de la mort qu'il prouvait à la moindre occasion, n'actionnant sa mitrailleuse que lorsqu'il ne se trouvait qu'à une dizaine de mètres des avions ennemis. Le 20 mai 1916, l'escadrille se déplace à Bar Le Duc. Une contre-offensive française est lancée et l'escadrille est chargée de la protection aérienne. Aux premières heures du 24, Rockwell fait une patrouille avec Thaw au cours de laquelle ce dernier abat un Fokker. Ils se posent à Behonne pour réarmer et refaire le plein. Dans la matinée, le Capitaine Thénault prend la tête de la patrouille avec Chapman et le lieutenant de Laage. Rockwell et Thaw se joignent à l'opération. Le Capitaine a donné l'ordre de n'attaquer qu'à son signal. Au dessus d'Etien, ils apercoivent une douzaine de biplaces allemands. Victor Chapman, ignorant l'ordre du Capitaine, rompt la formation et plonge sur l'ennemi, entraînant Rockwell et Thaw dans la bagarre. S'en suit un violent combat au cours duquel les trois pilotes sont blessés. Une balle a éclaté le pare-brise de Rockwell parsemant son visage d'éclats de verre et de métal. Essuyant le sang qui l'aveugle, il abat un des biplaces, victoire qui ne fut pas confirmée, et se pose à Behonne à court de carburant. Malgré leurs blessures, lui et Chapman refusent d'être hospitalisés. Ses blessures étant moins graves, Chapman revole 24 heures plus tard. Le visage de Rockwell est défiguré. Tout d'abord, il croit qu'il n'a plus de nez. On lui retire les éclats et le Capitaine Thénault lui donne l'ordre de se faire hospitaliser pour quinze jours. Au lieu de cela, Kiffin prend une permission de huit jours à Paris, chez Madame Alice Weeks. Elle refait ses pansements et décrit dans une lettre à une amie les blessures de Rockwell : " Il a l'air terrible avec ce regard effrayant qu'ont les hommes de retour du feu. Je ne peux pas le décrire. Ses yeux sont enfoncés et pourtant son regard est acéré." Le 5 juin, Kiffin est de retour à l'escadrille. Il a le sentiment que ce qu'il a déjà fait n'est pas pris en considération. Il en veut au Capitaine Thénault, comme le montre cette lettre à son frère: " Ma citation ne m'a pas encore été notifiée; je ne peux donc pas t'en envoyer une copie. Aucun doute pour ma Médaille Militaire, mais je n'attends pas deux citations. Il n'y a aucune raison pour que je ne les ai pas mais nous n'avons pas de chance avec ce Capitaine qui est un gentil et brave garçon, mais qui ne sait pas veiller sur ses hommes et qui n'essaye même pas. Depuis mon retour je bataille avec lui, surtout parce que je n'ai pas d'avion, il a donné le mien à Prince et ne fait rien pour m'en donner un nouveau. Dans quelques semaines, je serai vraiment malade avec une telle organisation." Le 18 juin, alors que Kiffin patrouille à nouveau depuis le 10, une grande bataille aérienne a lieu contre beaucoup d'avions ennemis. Balsley est abattu et grièvement blessé. Le 23 juin, la mort au combat de Victor Chapman près de Verdun porte un sacré coup à Kiffin et à toute l'escadrille. Le lendemain de sa mort, il écrit : "Lui est moi, on occupait la même chambre et on volait souvent ensemble et j'avais beaucoup d'amitié pour lui. Demain, s'il ne pleut pas trop, nous volerons une dizaine d'heures, Prince et moi, pour tenter de tuer un ou deux allemands pour Victor". Le 28 juin, durant une cérémonie à Bar-Le-Duc, Kiffin est promu sergent et décoré de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre avec palme pour sa victoire homologuée. Sa citation le décrit comme un pilote courageux et expérimenté. En juillet, sur le front de Verdun, Rockwell compte quarante combats officiels. Il se plaint dans une lettre à son frère que ses efforts ne sont ni appréciés ni reconnus. Il devrait avoir le grade de sous-lieutenant et la Légion d'Honneur… Les frictions continuent avec le Capitaine Thénault et Rockwell envisage de demander sa mutation dans une autre escadrille. Il considère qu'il a effectué le plus grand nombre d'heures de vol et de combats pendant ce mois de juillet mais que le rapport officiel qui devrait en être fait ne quitte pas le bureau de l'escadrille. Il en veut particulièrement à Norman Prince qui tenterait de mettre en doute la dernière victoire de Bert Hall. Il pense que Prince a su mettre Thénault dans sa poche et que sa véritable motivation pour la création de l'escadrille n'avait d'autre raison que la satisfaction de sa propre gloire. Il va jusqu'à mettre en doute une victoire que Prince veut faire homologuer et écrit à son frère qu'il va mettre les choses au point avec lui dés son retour de permission de Paris. La dispute entre les deux jeunes Américains n'aura pas lieu car la pression des combats et des patrouilles est trop forte. Le 9 septembre, près de Vauquois, Rockwell remporte sa deuxième victoire officielle en abattant un biplace allemand juste derrière les lignes. Il tue l'observateur et poursuit le pilote dans une descente de 4.000 pieds, faisant feu continuellement. Il ne rompt le combat que lorsque deux fokkers lui tombent dessus. Mais entre temps le biplace s'est écrasé juste derrière les lignes allemandes, ce qui est confirmé par deux observateurs au sol. Le 14 septembre 1916, l'escadrille retourne à Luxeuil avec pour mission de protéger les bombardiers alliés qui font des raids sur l'Allemagne. L'escadrille vient d'être équipée du nouveau Nieuport 17 et les pilotes veulent apprécier sa vitesse supérieure et son nouvel armement. Le 23 septembre, trois jours après son vingt-troisième anniversaire, le Sergent Rockwell et Raoul Lufbery partent pour la patrouille de 8 heures du matin pour pourchasser de Colmar à Habsheim les fokkers allemands qui harassent les bombardiers anglais et français. Lufbery ayant des ennuis avec sa mitrailleuse Vickers est obligé de se poser à Fontaine. Kiffin se trouve alors aux environs de Rodern, dans le secteur de sa première victoire. Il aperçoit un biplace d'observation allemand 11.000 pieds en dessous se dirigeant vers les lignes alliées. Il plonge sur l'ennemi. Le mitrailleur allemand dans le cockpit arrière fait feu. Kiffin ne change pas sa méthode de combat et c'est seulement quand la collision entre les deux appareils est imminente qu'il tire une rafale. Un capitaine français d'infanterie observe le combat à la jumelle. Il semble que l'Albatros est touché et qu'il tombe. Mais, en fait, c'est le Nieuport de Rockwell qui a encaissé une rafale meurtrière. Soudain, l'avion hésite, puis le nez bascule rapidement. Une aile se détache et virevolte dans l'espace. Le Nieuport de Rockwell plonge vers le sol à une vitesse terrifiante et s'écrase dans un champ de fleurs. Des poilus se précipitent et sortent le corps du pilote sans vie des débris sous le feu de tireurs ennemis. Quand ils sont à l'abri, ils examinent le corps brisé de Kiffin et trouvent une blessure béante causée par une balle explosive qui l'a atteint en pleine poitrine. La nouvelle de la mort de Rockwell parvient vite à l'escadrille. Les pilotes sont consternés. Lufbery l'apprend à Fontaine où il s'est posé à cause d'ennuis de mitrailleuse. Il décolle immédiatement et vole au dessus du terrain ennemi de Habsheim pour provoquer les Allemands afin de venger la mort de son ami. Mais personne ne relève le défi. Le Capitaine Thénault et plusieurs pilotes foncent en voiture vers le lieu où Kiffin est tombé. A leur retour, le capitaine réunit les pilotes américains rentrés de mission et, les larmes aux yeux, leur déclare: " Où Rockwell se trouvait en l 'air, pas un Allemand ne passait. Le meilleur et le plus brave de nous tous n'est plus." Rockwell pressentait qu'il ne survivrait pas à la guerre. Il avait écrit à sa mère : " Je ne veux pas que vous vous fassiez du souci à cause de moi. Si je meurs, je veux que vous sachiez que je serai mort comme tout homme doit mourir en combattant pour ce qui est juste. Je ne crois pas que je me bats seulement pour la France, mais pour la cause de l'humanité, la plus grande de toutes les causes." La nuit précédant sa mort, Kiffin Rockwell avait dit à Paul Pavelka que, au cas où il mourrait, il devrait être enterré là où il tomberait et qu'il faudrait prendre l'argent qu'il aurait dans ses poches pour boire à la destruction de ces satanés Boches. Le lieu de sa chute rendit impossible le respect de son premier vœu. Son corps fut ramené à Luxeuil où il est enterré. Son ami, James McConnell écrira plus tard: " C'est la plus grande catastrophe qui survenait pour l'escadrille. Kiffin était son âme. Il était aimé et respecté non seulement par tous ceux de l'aviation mais par chacun qui le connaissait. Kiffin était habité par l'esprit de la cause pour laquelle il combattait et donnait tout son cœur et toute son âme pour l'exercice de son devoir. Il disait : " Je paye ma part pour La Fayette et Rochambeau" et il le faisait totalement. L'ancienne flamme de la chevalerie brûlait dans ce garçon gentil et sensible. Avec sa mort, la France perdait l'un de ses plus valeureux pilotes. Il avait à son crédit quatre avions ennemis abattus. Le lieutenant de Laage, qui était son partenaire de combat, était convaincu que Rockwell avait beaucoup plus de victoires à son actif mais trop à l'intérieur des lignes allemandes pour avoir pu être homologuées. Le 25 septembre, à dix heures du matin, des funérailles dignes d'un Général furent organisées en l'honneur de Kiffin Rockwell. Son cercueil était recouvert du drapeau français et de fleurs déposées par ceux et celles devant lesquels passait le convoi funèbre. Des officiers et des hommes de l'infanterie Territoriale et Coloniale étaient présents. Des avions survolait le convoi et jetait des fleurs. Rockwell fut promu Sous-Lieutenant à titre posthume et fait Chevalier de la Légion d'Honneur. Une citation signée du Général Joffre faisait l'éloge de "son courage et de sa témérité". |
|||||||||||
Tous droits résérvés « The Lafayette Flying Corps »:
The American Volunteers in the French Air Service in World War One Auteur: Dennis GORDON A SCHIFFER MILITARY HISTORY BOOK - (Schifferbk@aol.com) Traduction: Roger Deshayes |
|||||||||||