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première partie…

 

« Aujourd’hui, sur ce lit de mort, je réalise que ces souvenirs sont plus présents dans mon esprit que je ne l’aurais cru…

Cette nuit de 1942, l’âme de Caton avait investi mon corps. Les membres du Club Pythagore s’étaient sacrifiés pour nous protéger. Nous leur devions de continuer le combat pour faire en sorte que ce sacrifice ne soit pas vain… Tôt ou tard, nous savions que le Diable viendrait rechercher son dû.

Ce que je vécus durant les quarante années qui suivirent n’a pas grande importance pour ce que j’ai à vous conter maintenant. Il me… Il nous fallait réunir toujours plus de connaissances sur la nature même du royaume des Ténèbres et de ses dirigeants. Mais un jour, la question se posa. Comment le vieil homme que j’étais devenu pourrait-il encore faire face aux Légions infernales ? La réponse était simple, rebâtir le Club Pythagore. Car aux vues des avancées technologiques du monde moderne, il était évident que si la guerre restait la même, les armes, elles, allaient changer.

Caton s’était bien gardé de me confier qu’il avait eu autrefois une femme et deux enfants. Alors imaginez qu’elle fut ma surprise en me retrouvant face à l’un de ses descendants : Alain-Philibert Langelier. La présentation des faits ne fut pas chose facile, je dois l’avouer. Néanmoins, il y avait chez cet homme une certaine prédisposition à admettre l’inadmissible. Je ne lui cachais aucune vérité, ni sur l’existence du Mal et ses desseins, ni sur le lien qui m’unissait avec son ancêtre, ni sur la lutte à venir qui s’annonçait difficile… Il me sembla qu’il prit cela relativement bien. Quoiqu’il en soit, ce n’est que huit années plus tard que nous fûmes enfin prêts. Le nom de Pythagore devint celui d’une importante entreprise spécialisée en matériel informatique… productrice de logiciels… je crois… enfin… le genre de détails dont je ne me soucis guère. Alain-Philibert pensait que cela nous fournirait une couverture absolument nécessaire pour agir dans l’ombre. Il n’avait pas tort. La règle d’or resterait toujours la même : étudier et repousser les Forces du Mal tout en préservant une certaine discrétion, utile face à l’incrédulité humaine. Il restait encore à trouver ceux qui deviendraient les nouveaux membres du Club Pythagore de Paris.

 

Un concours international fut organisé, préparé avec grand soin afin de faire ressortir la force et l’ouverture d’esprit des candidats gagnants. Six personnes remportèrent un séjour dans un chalet alpin. Durant ce week-end, quelques techniciens avaient habilement mis en scène la présence d’esprits frappeurs, de revenants malveillants, le but étant bien sûr de mettre nos futurs membres en condition et de tester leurs réactions physiques et mentales. Mais les évènements prirent une autre tournure lorsqu’un véritable démon-possesseur fit son entrée en scène. Les conditions climatiques nous empêchèrent d’intervenir à temps. Néanmoins, lorsque nous entrâmes enfin dans la demeure, le démon avait été repoussé. Malheureusement, il avait eu raison de l’un d’eux, ainsi que des propriétaires des lieux. Les nouveaux membres du Club Pythagore se trouvaient devant nous : Slejana Korsakova, une commerciale soviétique. Thomas Jensen, un médecin danois. Sean Flattery, un écrivain irlandais, John Mc Lane, un policier de Los Angeles et Steeve Dark, un informaticien New Yorkais, venaient de faire renaître le Club Pythagore de ces cendres…

 

Mais ce qui les attendait n’avait rien de commun avec le Mal tel que nous le connaissions.

Caton s’était bien gardé de m’avertir des véritables objectifs de ce nouveau Club. Il avant ses raisons et je ne les ai nullement discutées. Ce n’est qu’une fois que les membres du Club entrèrent en contact avec notre nouvel ennemi qu’il jugea nécessaire de m’expliquer qu’un danger bien plus grand que la suprématie du Mal sur Terre nous menaçait.

Il attendait, épiant et guettant le moment propice pour faire son apparition. Maintenant, je sais qu’Il a toujours été là. Sans doute ne faisait-il qu’observer notre espèce depuis la nuit des temps. De notre temps. Il …  Non, ce n’est pas « Il ». C’est « Le » !…  « Le » comme… « Le Meneur ».

Son véritable nom est Hodar. Un nain en habits de bouffon, à l’aspect si inoffensif, mais aux ambitions machiavéliques. Ses objectifs étaient simples, quitter la « prison » dans laquelle ses semblables l’avaient enfermé afin de pouvoir atteindre notre réalité, et bien sûr, la dominer. Même si ce nouvel adversaire semblait aussi malin que le Diable lui-même, il possédait toutefois une faiblesse qui, fort heureusement, a fini par le mener à sa fin.

 

Tout commença en Angleterre, lorsque le Club enquêta sur l’affaire du Titanic, il y a dix ans de cela. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, il s’agissait d’une secte satanique détentrice du second tome du « Titan », l’ouvrage d’un écrivain anglais de la fin du XIXème siècle, qui pactisa avec Satan pour que ses futures œuvres littéraires lui assurent fortune et gloire, en échange de son âme. Son premier livre relatait le récit d’un navire qui, lors de son voyage inaugural, heurta un iceberg et coula, emportant avec lui plusieurs centaines de passagers. Satan remplit bien sûr sa part du contrat et tous les livres écrits par la suite furent couronnés de succès. Mais le jour convenu par le pacte, le Diable vint trouver l’écrivain pour lui réclamer son âme. Celui-ci supplia le démon de l’épargner. Satan accepta, qu’à la condition qu’une suite au « Titan » soit écrite. Un second tome qui raconterait  l’histoire de ce navire, surgissant des profondeurs marines pour finir son voyage et débarquer les âmes perdues, victimes de la vanité humaine. Ce livre marqua la fin de la brillante carrière littéraire de cet écrivain. Il perdit toute sa fortune et toute sa gloire, mais demeurait en vie. Durant l’année de parution du livre, il perdit sa femme et ses deux enfants, morts de la tuberculose. D’autres proches subirent le même sort. Désespéré et cherchant à fuir ce qu’il considérait être une malédiction lancée par Satan, l’écrivain quitta l’Angleterre pour se rendre aux Amériques. Il fut l’un des mille cinq cents disparus durant le naufrage du Titanic, en 1912. Depuis ce jour, le second tome du « Titan » fut précieusement gardé par des suppôts de Satan, attendant le jour où pourrait s’accomplir la second prophétie.

1990 fut l’année tant attendue. Invoquant les pouvoirs des Ténèbres, la secte accomplit l’œuvre du Diable et le Titanic refit surface. Mais heureusement, l’enquête menée par les membres du Club Pythagore permit de mettre un terme aux agissements de cette secte ainsi que d’empêcher le navire maudit d’arriver au port de New York…