Extraits de "l'odeur du soufre" de H. Tazieff    (1976)

Ce fut à notre quatrième jour que ce hornito, sur lequel j'étais grimpé quelques heures auparavant pour en regarder l'intérieur et en faire quelques images, se fêla et s'ouvrit en laissant s'échapper deux splendides rivières de feu liquide. Cela se fit sans bruit ni drame, j'allais dire paisiblement si le terme ne contredisait un tel événement. L'une des deux moitiés de la tour s'écarta de l'autre, rapidement mais sans hâte, et se coucha mollement dans l'extraordinaire soupe cramoisie qui dans le même moment s'était répandue. Celle-ci sortait à gros bouillons écarlates de la cheminée noyée sous le flot, tout ce liquide s'écoulant vers la droite en deux bras que séparait le demi-hornito renversé.

 

Ce fut au cours de la cinquième ou de la sixième nuit que nous aperçûmes, depuis notre campement, qu'une large coulée descendait beaucoup plus bas que les précédentes pour ne s'arrêter qu'à quelques centaines de mètres du bivouac. Celui-ci était placé à l'extrémité de la vaste surface horizontale de dalles basaltiques qui constituait le plancher de la partie méridionale du long cratère étiré du nord-nord-ouest au sud-sud-est.

 

Six semaines plus tard, le cratère tout entier avait été entre-temps inondé de coulées dont l'épaisseur dépassait une demi-douzaine de mètres.

Fameuse éruption qui avait accumulé plusieurs millions de mètres cubes de lave dans le cratère avant d'en répandre, par sa porte méridionale ouverte vers l'extérieur, d'autres millions sur les pentes de la montagne...

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