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Union Générales des Fédérations de Fonctionnaire

Histoire d'en rire,  le dessin de Faujour

DÉCLARATION DE BERNARD LHUBERT

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE l’UGFF

PROJET DE BUDGET : Le service public pris en tenaille

Le gouvernement vient de rendre public son projet de budget pour 2004.

Sourd à tout ce qui s’exprime, aveugle devant les conséquences qu’engendrent les orientations ultra-libérales qu’il développe, le gouvernement, au travers de ce projet de budget, persiste dans une voie extrêmement dangereuse sous bien des aspects.

Baisse des recettes fiscales d’un côté, augmentation du poids de la dette de l’autre, ce sont les dépenses publiques utiles qui sont ainsi mises à contribution.

Les déficits, loin d’être au service d’une politique de croissance, de développement de l’emploi et du service public sont, de par leur nature, porteurs d’un enlisement du pays dans les difficultés.

C’est d’ores et déjà un taux de 10 % de chômage qui est en perspective. Et ce sans compter que l’on peut légitimement – sauf à s’en remettre avec beaucoup d’optimisme à des facteurs externes – s’interroger sur le taux de 1,7 % de croissance retenu (contre 0,5 % en 2003) pour bâtir ce projet de budget.

Dans ce cadre, les moyens de la Fonction Publique de l’État – conçus comme une variable d’ajustement et non comme un point d’appui pour la réponse aux besoins sociaux, un outil de lutte contre les inégalités, un levier pour le développement économique – sont pris en tenaille, touchés de plein fouet.

L’emploi public recule en affichage budgétaire (10 000 non-remplacements de départs en retraite, un solde négatif de 5000) mais, bien au-delà de ces annonces, sur le terrain au travers de transferts par titularisations, de mise en extinction des emplois-jeunes, ou encore des emplois budgétés mais non pourvus (pour préparer de futures suppressions),. les crédits sont aussi contraints dans un budget global dont les dépenses évoluent de 0 % en volume.

Il est à ce sujet “ curieux ” de lire que l’expression officielle du gouvernement parle de “ redéploiement envers les ministères représentant des priorités ” tout en disant que “ les dépenses des autres ministères ne croîtront pas ”.

S’agissant de vases communicants, si les uns progressent – et très loin des besoins minima (Cf. Éducation, Recherche, Culture…), les autres voient leurs moyens reculer et ce, quel que soit l’habillage donné à l’opération !

N’oublions pas non plus la formidable faculté à “ geler ”, une fois votés, les crédits des ministères (l’année 2003 est à cet égard illustrative).

Dans le même temps et par les mêmes effets, la situation des personnels, le niveau des salaires, la question des retraites, l’absence de reconnaissance des qualifications… ne peuvent que se détériorer encore.

Jusqu’où ?

Car au-delà des personnels, au bout du bout, c’est le service public, dans son existence, dans sa proximité, dans sa capacité à répondre aux attentes, qui est considérablement fragilisé. Et donc les usagers qui sont légitimement fondés à s’interroger et à dénoncer de tels reculs dont ils subissent les conséquences.

Enfin, et sans développer, ce projet de loi de finances se situe dans une planification des finances publiques avec l’objectif fixé à 2006 d’un retour aux critères de convergence, particulièrement à celui du taux du déficit au regard du P.I.B.

C’est dire si l’ensemble s’inscrit bel et bien dans une spirale de reculs très importants.

L’opération baisse des impôts apparaît de plus en plus comme un tour de passe-passe foncièrement injuste : socialement d’abord, puisque la moitié des ménages ne paie pas d’impôt sur le revenu et qu’il s’agit d’un véritable trompe-œil (Cf. l’évolution de la fiscalité locale, des taxes diverses, des tarifs publics, des transferts à la charge des usagers…) ; économiquement ensuite, avec un effet plus que limité : les revenus les plus élevés – les plus bénéficiaires – se tournent plus vers l’épargne que vers la consommation.

C’est de tout autre chose dont le pays a besoin.

Il faut valoriser l’emploi, le pouvoir d’achat, le service public, par une autre affectation des richesses crées, afin de dégager une issue “ par le haut ” à la situation actuelle et répondre aux exigences sociales.

Ainsi, les luttes revendicatives, dans le secteur privé comme dans le secteur public, sont non seulement justes socialement, mais aussi porteuses d’avenir et de progrès. ”

Montreuil, le 25 septembre 2003