Lettre ouverte de Bernard Thibault, 

Secrétaire général de la CGT 

A celles et ceux qui attendent beaucoup du syndicalisme, mais ne sont pas syndiqué (es)
                                       

Madame, Monsieur,


    Vous êtes de celles et de ceux qui pensent qu'il y aurait bien besoin d'un syndicalisme plus efficace. C'est notre souci et c'est aussi notre volonté, mais nous sommes lucides: si la plupart des salariés reconnaissent à la CGT sa combativité, sa détermination, le rôle essentiel qui a été le sien dans l'obtention des principaux acquis sociaux, ils sont encore nombreux à se poser des questions sur sa capacité à répondre aux défis d'aujourd'hui.
    Nous en avons beaucoup discuté à notre congrès: nous avons opté résolument pour une démarche syndicale permettant de nouvelles conquêtes sociales pour le monde du travail. Pour y parvenir, nous avons décidé de mener à leur terme les transformations nécessaires dans notre activité syndicale.

    Aujourd'hui, nous avons décidé d'aller beaucoup plus loin.
        être à l'écoute des aspirations et des revendications et faire de la consultation des salariés un mode de vie syndicale permanent,
        faire du syndicat un vrai lieu de vie démocratique où les conditions sont réunies pour que tout syndiqué puisse prendre l'initiative, coopérer, exercer ses droits. 

       proposer des alternatives, négocier des accords, dès lors qu'ils marquent des avancées sensibles, qu'ils donnent confiance pour aller plus loin,
        dépasser les divisions syndicales à tous les niveaux, en France comme en Europe, favoriser tout ce qui rassemble, tout ce qui permet aux salariés d'être plus forts, au syndicalisme d'être plus efficace,
        construire de nouvelles solidarités avec les privés d'emploi, les précaires, les exclus, en convergence avec d'autres associations, sur le terrain de la lutte contre cette société inégalitaire.
    

    Vous savez bien qu'il n'y aura pas de syndicalisme efficace sans un bond en avant du nombre de syndiqué(es), sans un nombre plus important d'entreprises où les salariés peuvent compter sur un syndicat.

    Moins de 10% des salariés français sont syndiqués, un salarié sur deux est désormais privé, de fait, de toute représentation syndicale directe: pouvons nous continuer encore longtemps comme cela ?
    C'est vous que ça regarde. Vous n'admettez pas qu'on attente à vos libertés, alors affirmez cette liberté fondamentale qu'est le droit de se syndiquer pour défendre ses intérêts. Vous avez des exigences, des impatiences, vis-à-vis de la CGT ? Eh bien syndiquez-vous, mêlez vous de la vie syndicale, venez faire la preuve par vous même qu'un bon syndicat "appartient" aux syndiqués.

    Plus la CGT rassemblera de salariés, plus elle ressemblera aux salariés !

    En 1999, se syndiquer à la CGT ce n'est plus entrer dans un moule, se rallier à une chapelle: c'est un choix de chaque individu comme il est, là où il est, d'investir dans l'action collective, de mettre en évidence la force que représente le monde du travail pour retrouver et redonner confiance, pour répondre aux défis d'aujourd 'hui, pour obtenir de nouvelles conquête sociales.

    Travailler ce n'est pas se soumettre passivement aux nécessités de l'efficacité productive. Parce qu'il est la source de toute création de richesses il est légitime que celui qui travaille exige les conditions de l'accomplissement de soi et celles du vivre ensemble: c'est une question de dignité. Le droit ne s'arrête pas à la porte du bureau ou de l'atelier: être syndiqué c'est aussi, c'est d'abord être citoyen.

    Je vous remercie d'avoir pris le temps de me lire et je vous confirme la disponibilité et la volonté de la CGT de débattre de toutes ces questions en direct avec vous .
                                                                                                 

 Bernard THIBAULT, Secrétaire Général de la CGT