AUX BARDES DE LA FRONTIÈRE
...
Comme si le même désir de côtoyer lorigine empêchait,
dans lun et lautre cas, entre métamorphose et métaphore.
Au point de permettre à Rajak Ohanian, la violence photographique aidant,
de saisir linstant du passage entre ce qui est et ce qui nest
pas, pour nous montrer, en suspend au-dessus du temps, des ravines de lumière
plus sculptées à même leau que les chemin de la
mer sincrustant dans le sable, un déferlement dufs
de pierre sur lesquels il ne saurait être question de marcher mais bien
de courir, des guerriers-citadelles surgissant pour faire barrage au jour
Jusquà ces rochers barques des morts ou gisants
pris dans une infinie dérive minérale, semblable à celle
dans laquelle le barde Taliesin se laisse emporter vers la splendeur aventureuse
du mythe où le temps sombre définitivement....
Annie Le Brun
(février 1994)