Eux. Autres. Morts. Vivants.
Nous. Morts-vivants animés de la seconde vie rêvée par les Egyptiens.
Baignés dans un silence que nulle anecdote n'entame, chrysalides noires et blanches, visibles dans la transparence acide des yeux, regard au milieu du tracé infini de la finitude.
Silence, rien. Nulle manifestation que du contemporain - vêtements ou objets.
Les modèles n'affichent rien. Amenée de source improvisée, une lumière égale éclaire leurs visages plongés dans un songe ponctué de déclics et vidés de toute pensée par la danse du photographe autour de ses victimes consentantes. Rituel pour un espace magique, mise en scène, l'individu offert, autre. Geste.
Proximité, presque familiarité : catharsis. Plus de dieux, ni de surhommes, la photographie nous a fait contemporains. Elle égalise: tous les hommes sont mortels. On produit stars et vedettes dans l'éclat inquiétant de la mort transfigurée. Rien de tel chez Rajak Ohanian.
Tout ce qui peut être vu l'est, la limite du visible se creuse en elle-même. Rien; instants de la conscience muette; le corps, le corps vu par les autres si différent du corps propre.
Mais aussi tel qu'il a été finalement adopté ou accepté à des degrés divers. Le corps biographique étrange création par assimilation,

 

Richard CREVIER

Rajak OHANIAN

PORTRAITS

texte de Richard Crevier