1. La Frontière.

voyage sur la Frontière

Lorraine et Dalor ont quitté la ville, et y ont laissé Carali et L'Egyptien depuis une dizaine de jours. Ils marchent à l'aventure. Un soir ils sont tout surpris de découvrir des traces de cultures au pied d'une des collines sauvages qu'ils sont en train de traverser. Ils s'avancent prudemment et aperçoivent une petite ferme.
- Holà ! Y a-t-il quelqu'un? demande la prêtresse.
- Fred ! Des étrangers ! Viens vite ! s'exclame une femme.
Trois paysans accourent vivement. Ils travaillaient dans le champ d'à côté, mais les deux voyageurs ne pouvaient les voir car la haie leur masquait la vue.
- Bienvenu, étrangers, si vous venez en ami, sinon gare ! déclare celui qui semble le plus fort et le plus âgé.
- Nous sommes venus en paix. Nous nous étonnons seulement de trouver votre ferme si loin de la civilisation des humains.
- Cette situation a des bons côtés : pas de taille ni de gabelle. Si vous avez un peu d'argent, nous pouvons vous offrir le gîte et le couvert.
- Hélas, nous sommes désargentés.
- Ca ne fait rien, nous allons tout de même vous offrir la soupe.

Les deux aventuriers acceptent l'offre de bon cœur, d'autant plus que Dalor n'a rien chassé aujourd'hui. A la fin du repas Lorraine interroge de nouveau le fermier.
- Ne connaissez-vous pas quelques légendes sur des ruines ou des cavernes dans cette contrée ? Nous sommes friands d'histoires.
- Il y a bien le géant, qui habite dans une grotte de l'autre côté de la colline, mais je vous déconseille d'y aller : il n'aime pas la compagnie.
- Un géant ! Diable ! Et possède-t-il des trésors ?
- Peut-être.
- Nous essaierons demain d'approcher ce géant. Après tout, il n'est sans doute pas aussi méchant qu'il y paraît.

La soirée se poursuit sans grand intérêt. La conversation porte sur le temps et les récoltes qui commencent. A un moment il est question d'avoir un nouveau cheval. Lorraine est un peu surprise de ne pas éveiller plus la curiosité de ces gens, puis elle tombe de sommeil. Elle et Dalor prennent congé de leurs hôtes.

Le lendemain, à l'aube, ils se préparent pour leur expédition. Lorraine est toujours équipée de son armure et de son fléau, et Dalor d'une cotte de maille, de son épée et de son arc.

Ils contournent prudemment la colline. Le chasseur trouve des traces impressionnantes de pas, et remarque des arbrisseaux arrachés à certains endroits. Un peu inquiets, ils continuent. A la sortie de la zone boisée recouvrant la vallée, ils le voient.

Il mesure plus de trois mètres, est revêtu de peaux de bêtes à peine tannées, et se prélasse au soleil sur une grande pierre plate.

Mais lui aussi les a vus. Dalor bande son arc, par précaution. Le géant saisit un rocher, et le lance sur ces deux gêneurs.

Le rocher pèse plus de cent livres, et le géant est à plus de cinquante pas, mais le lancer est si fort que la distance y est. Heureusement la direction, elle, n'y est pas et le rocher s'écrase à côté d'eux. Cela suffit toutefois pour que nos deux héros déguerpissent à toutes jambes.

De retour à la ferme ils demandent des explications. Ils constatent que les paysans ont l'air assez ravi de leur mésaventure.
- Mais cette présence ne vous inquiète pas ?
- Cela nous cause quelques tracas. En particulier au début quand il s'attaquait à nos moutons. Mais d'un autre côté, grâce à lui, aucun orque ni ogre ne vient nous déranger.

Lorraine est stupéfaite de ce raisonnement.
- Allez, j'arrête de vous faire marcher. Je suis un ancien éclaireur du roi, qui a pris sa retraite ici, avec mes deux fils et ma femme. Et ce géant ne me fait pas peur. Mais ne racontez cela à personne. J'aime trop ma tranquillité.

Puis, durant la journée, il leur raconte quelques unes de ses aventures. Malgré ce qu'il en dit, on voit qu'il aime la compagnie. Deux jours plus tard, au moment de partir, il leur indique la direction à prendre vers la forêt elfique, ce qui devrait ravir l'esprit romanesque de la dame, assure-t-il.

En route, Dalor repère les traces d'un troll.
- Un troll, c'est merveilleux ! Mes maîtres utilisent son sang pour fabriquer des potions de guérison. Traquons-le et capturons-le !
- S'attaquer à un troll, mais tu es folle ! Ces êtres sont aussi forts que malfaisants et cruels.
- Je sais comment m'y prendre pour prélever son sang. Il faut le filtrer. Puis il faut brûler son corps pour éviter qu'il ne se régénère.
- C'est de la folie !
- Mais non. Avec ton arc et ta mobilité tu peux le harceler.
- Et s'ils sont plusieurs ?
- Qui ne risque rien n'a rien. Où sont passés tous tes rêves d'exploit ?

Le chasseur se laisse finalement convaincre. Il suit la trace du troll. Celui-ci semble seul et ne fait pas d'effort pour se cacher.

Soudain le voici qui débouche sur la piste, juste devant les aventuriers. Lorraine projette son sort de lumière et réussit à aveugler la créature.

La lutte en est ainsi rendue beaucoup plus facile pour nos deux héros. Mais qu'il est résistant, et que sa peau est dure, et qu'il a de longs bras. Dalor lui tranche un membre, mais celui-ci, au lieu de tomber par terre, semble animé d'une vie propre, réussit à blesser le chasseur, puis se ressoude au corps.

Nos deux héros changent alors de tactique. Ils rompent le combat. La prêtresse soigne son ami, et il harcèle le monstre de ses flèches.

Mais le combat dure. La bête court de-ci de-là dans l'espoir de s'échapper. Dalor a du mal à ajuster ses flèches à cause des branches basses des arbres.
- Il faut en finir. Mon sortilège d'aveuglement va s'éteindre !

Les deux aventuriers se risquent de nouveau au corps à corps. La bête retrouve à cet instant une partie de sa vision et frappe encore le chasseur. Mais celui-ci parvient à l'achever d'un coup d'épée avant qu'il ne commence à se régénérer.

Lorraine jubile. Ils ont réussi. Dalor, malgré ses blessures profondes, surveille attentivement les alentours.

Mais rien ne vient.

Une fois terminés ses prélèvements, la prêtresse brûle consciencieusement les restes du troll.
- Es-tu sûre que ce sang ne risque rien ? Je n'ai pas envie de me réveiller le matin avec un troll au petit déjeuner, même pour toutes les potions du monde.
- Je crois, oui. Je l'ai soigneusement filtré pour qu'aucun troll ne puisse se reconstituer à partir de petits morceaux de chair.
- De plus il faudra nous passer de boire. Tu as vidé toutes nos gourdes et outres.
- Bah ! Tu trouveras bien des points d'eau vive si besoin est, non ?
- Parfois tu exagères.
Ils repartent dans la direction d'où ils sont venus, vers la ferme de l'éclaireur du roi à la retraite. Ils évitent avec précaution le géant.

Le fermier est assez surpris qu'ils soient venus à bout d'un troll.
- C'est drôle. Je n'aurai pas donné cher de vos chances. vous êtes très jeunes tous les deux, et pourtant déjà si vaillants.
- Et maintenant que comptez-vous faire ? demande la fermière.
- Prendre un peu de repos, puis repartir à l'aventure, déclare la fougueuse Lorraine.

Trois jours plus tard, ils arrivent à un village sans faire d'autre mauvaise rencontre que cinq orques. Les deux héros se sont vite débarrassés des êtres aux faciès porcins. De plus la lutte a eu lieu de jour, et chacun sait que ces créatures ne haïssent rien moins que la lumière, et sont affaiblis sous le soleil.

Le "village" est le lieu de regroupement de tous les aventuriers de la région. Il est composé de trois fermes, et de deux comptoirs. Dans le premier on vend et on achète les fourrures des trappeurs pour le compte des grandes compagnies de Berrabès, la capitale du prince Corn, et pour plus loin encore, Uhr la capitale du royaume.

Pour l'instant Lorraine et Dalor s’intéressent au second comptoir car l'on y échange de tout : des provisions, de l'argent, des graines pour les semis, des outils divers et variés, et surtout de la bière et des bonnes histoires.

Le tenancier leur explique que les orques sont assez fréquents dans la région, et qu'ils font parfois des pillages dans les environs. Quant aux elfes ils sont plus loin, vers le nord-est. Il leur dit aussi que le prince Corn a fort à faire avec eux.

Ils s’approvisionnent et achètent de nouvelles outres avec l'argent pris sur le corps des orques : des pièces étranges faites d'or et d'un autre métal, datant probablement de la civilisation précédente.

Ils repartent le long de la rivière.

Au bout du troisième jour, le chasseur repère des traces de pas. Il parvient à les suivre. Ce sont sans doute des humains, d'après la profondeur et la forme des empreintes. Il y a aussi une trace plus légère, sans doute un elfe. Quelques centaines de mètres plus loin, au cœur d'une petite clairière, ils en découvrent l'origine.

C'est effectivement un elfe, qui gît adossé à un arbre, au milieu de cadavres d'orques et d'humains. Lorraine et Dalor examinent les restes de la bataille.
- Comment n'ai-je pas vu les traces d'orques ?
- Ils venaient probablement d'une autre direction. La rencontre a du être brutale.
- Si c'était un effet de votre bonté...
L'elfe vit. Elle parle péniblement.
- ... de bien vouloir me servir une rasade de la potion rouge qui pend à mon côté. Je n'ai plus la force...
- Naturellement, répond la prêtresse, Mais ce n'est pas la peine d'utiliser la potion.
Puis elle s'empresse d'appliquer ses soins.
- Heureusement que vous passiez par là, dit l'elfe au bout d'un certain temps. Je croyais ma dernière heure arrivée.
- Que faisiez-vous là ? Que s'est il passé ?
- Nous avons été attaqués par surprise. Hélas, je crois bien que tous mes compagnons sont morts. Les orques ont du me croire perdue.
- Ou trop coriace pour eux.
- Vous êtes gentille.
- N'est ce pas ?
- Quel est ton nom ? demande le chasseur.
- Elinoëe.
- Moi c'est Dalor, et celle qui t'a sauvée, Lorraine.
- Allais-tu voir les gens de ta tribu ?
- Non, je guidais mes amis jusqu'à un château de ma connaissance.
- Nous serions ravis de partager ce bout de chemin avec toi.
- Avec grand plaisir. C'est à cinq ou six jours de marche d'ici.

Après deux jours, ils ont la surprise d'apercevoir un lynx. Dalor passe soigneusement à côté, imité par tous. Le fauve les regarde passer d'un œil distrait.

Le troisième jour le chasseur repère des traces de blaireaux géants.
- Vas-tu nous ennuyer longtemps avec tes bestioles ? demande Lorraine. Nous avons suffisamment de provisions.
- La peau de ces animaux est réputée. Je t'assure que cela vaut le coup.

Il les poursuit jusqu'à l'entrée de leur tanière. Là ses proies se défendent avec vaillance et il les vainc avec difficulté, puis il inspecte leur terrier. Il en revient avec une nichée de petits blaireaux. Les deux femmes fondent alors en larmes, et exigent du chasseur qu'il les remette à leur place. Lorraine guérit les deux parents, au grand dam de Dalor, qui convoitait leurs peaux, et enfin les aventuriers reprennent la route.

Le quatrième jour ils rencontrent de nouveau un blaireau.
- Va, ton espèce est bénie de ces dames, et je parie que tu as toi aussi ta progéniture, bougonne le chasseur.

Le cinquième jour ils croisent d'autres trappeurs et aventuriers. Ils échangent les banalités d'usage, puis se quittent.

Le dernier jour avant leur arrivée au château promis, Dalor trouve de nombreuses empreintes d'orques, bien reconnaissables, car leurs sandales laissent la marque du gros orteil.
- Il m'est avis que tu nous conduis tout droit dans un de leur camp, Elinoëe. Es-tu bien sûre de la direction ?
- Tout à fait, mais je n'ai jamais dit qu'il n'y avait pas d'orques.
- Il serait peut-être plus sage de prendre un autre chemin. Je propose d'aller voir au sommet de cette colline, à l'opposé, quelle est la vue.

Ainsi font-ils, mais une fois arrivés au faîte, voilà que le chasseur est surpris par un ogre. Il est mis en difficultés, mais Lorraine et Elinoëe réagissent rapidement, et viennent à son secours. Le combat est acharné. Dalor reçoit de nouvelles blessures. Puis l'ogre change de cible, et s'en prend à Elinoëe, qu'il abat d'un poing rageur. Mais le chasseur en profite pour frapper le monstre de son épée, et la prêtresse l'achève d'un coup de son terrible fléau d'armes. Elle peut maintenant soigner la demi-elfe.
- Nous nous en sommes bien sortis cette fois encore, mais pourquoi n'as tu pas utilisé ton sort d'aveuglement ?
- Cela ne marche pas à coup sûr, et puis j'ai préféré garder mon sortilège pour plus tard.
- Quoi qu'il en soit, je vous remercie de m'avoir encore sauvée.
- C'est tout naturel.

Les trois compagnons examinent maintenant les alentours. Elinoëe grimpe en haut d'un arbre. Elle distingue vers l'ouest, dans le prolongement de la colline, une construction qui ressemble à une tour. Toujours avides d'aventures ils s'y dirigent.

Dalor est inquiet. L'un dans l'autre, il préférerait s'attaquer à des orques. Au moins on sait à quoi s'attendre. Le trio s'avance prudemment, et soudain la demi-elfe s'exclame:
- O'Meg !
Deux trolls viennent vers eux. "Trop c'est trop" songe la prêtresse, et le petit groupe s'enfuit.

Le jour suivant, un peu triste de leur échec, ils décident de retourner au village. Le chasseur aperçoit de nouveau des empreintes d'orques. Mais cette fois il y a du neuf : les créatures ne sont pas seules, il y a aussi ce qui semble être des traces humaines.

Dalor suit la piste. Lorraine et Elinoëe suivent Dalor. Ils rejoignent rapidement la troupe d'orques. Ils emmènent bien des prisonniers humains : un homme et deux femmes. Le guerrier vise leur chef, mais, est-ce l'énervement ? il loupe sa cible. Six orques se détachent pour faire face à l'ennemi. Le chasseur en tue deux, puis vient en aide à la Dalor prend le temps d'ajuster son tir. Il touche deux ennemis de ses flèches avant qu'ils ne se retournent. Un nouveau groupe se détache. Ils sont neufs.

Les libérateurs ont beau faire, ils ne peuvent résister à tant de hargne. Elinoëe tombe, bientôt suivie de Lorraine. Seul reste Dalor, qui lutte farouchement. Heureusement les orques, maintenant qu'ils ont gagné la partie, ne poursuivent pas leur avantage, et rejoignent leur convoi.

Le chasseur rescapé se souvient de la potion rouge de la demi-elfe. Il en fait boire à la prêtresse. Une fois que celle-ci a repris ses esprits, elle peut soigner son amie.

Mais les deux femmes sont épuisées. Il faut abandonner la poursuite.

Sur le chemin de retour au village, ils croisent un parti d'elfes, à qui Elinoëe indique la piste des orques, en espérant que ceux-ci n'ont pas trop d'avance.

Elle est bien un peu peinée de la perte de la dernière potion qui lui venait de sa grand-mère. Il lui reste encore neuf ans et demi d'exil ! Lorraine la console tant qu'elle peut, et examine les potions que possède encore la demi-elfe, celles qu'elle avait trouvées chez les ogres, et que Georg lui a laissées.

Quelle n'est pas sa stupeur de reconnaître, dans un éclair de savoir probablement inspiré pas sa déesse, une potion de contrôle des géants.
- De contrôle de quoi ?
- De contrôle des géants. Cela permet à celui qui la boit de pouvoir contrôler, pour un temps limité, les actes d'un géant.
- Tu veux dire que cela pourrait contrôler notre géant ?
- Je ne sais pas. Il existe plusieurs races de géants. Je ne peux déterminer si cette potion concerne le notre.
- Et les autres potions ?
- Voyons... peut-être une potion modifiant la taille, mais j'ignore si c'est en grand ou en petit.
- Avec Georg, nous avions montré les potions à un alchimiste, et c'est ce qu'il nous avait dit.
- Pour la troisième je ne sais pas.
- Quant à la quatrième, elle permet de voir à travers les murs.
- Nous pourrions essayer la potion de contrôle des géants, mais si cela ne convient pas, il serait dommage de gâcher une telle potion.
- A qui demander conseil ?
- L'Egyptien !

La même idée a traversé l'esprit de Lorraine et de Dalor. Après s'être reposé une semaine au village, ils se mettent en marche vers le sud-ouest, en direction de la ville où ils avaient laissé Carali et sa roulotte.

Chemin faisant, ils croisent la route d'un ours brun. Le chasseur essaie de le tuer d'une flèche, mais ne parvient qu'à le rendre fou. L'ours charge et enserre le chasseur de ses pattes puissantes. La prêtresse essaie de l'aveugler, mais au dernier moment la bête détourne la tête et évite le sort.
- Fais le mort, peut-être te laissera-t-il.

Dalor n’a presque pas besoin de faire semblant. Elinoëe invoque par magie de petites lumières dansantes. Elle les fait évoluer sous les yeux de l'animal. Celui-ci finit par laisser le chasseur, et, contrarié par ces petites lumières, s'enfuit.
- Ca t'apprendra à t'attaquer à un animal sans défense !
- Sans défense ! Tu en as de bonne!

Deux jours plus tard ils rejoignent des contrées plus civilisées. Ce sont les marches du prince Corn. Il y a des champs et quelques villages, et il y a aussi des troupes qui patrouillent pour contrer les incursions des orques. Elinoëe cache du mieux qu'elle peut ses oreilles pointues.

Ils longent la frontière vers l'ouest, et au bout de dix jours de voyage, arrivent à la ville de Tirlili. Là ils apprennent que Carali et sa roulotte sont partis vers le nord, dans la direction du pays des nains, en suivant la rivière Tigre.

Ils repartent donc. Après deux jours ils croisent un dernier poste de garde, et rentrent de nouveau dans ce pays de collines appelé la Frontière, peuplé d'orques, d'elfes, de nains et d'aventuriers, à la lisière du monde connu.

Ils dorment à la belle étoile, en prenant bien soin d'éteindre leur feu après dîner pour ne pas attirer d'ennemis. Les nuits sont chaudes car c'est encore l'été. Dalor repère des traces de kobolds qu'ils évitent avec prudence. Le lendemain il trouve un beau cerf. Il le tue d'une flèche bien ajustée. Voici qui devrait leur procurer de la viande pour au moins une semaine.

Un matin ils rencontrent un petit groupe de trappeurs qui descend la rivière.
- Méfiez-vous, il y a un géant dans la colline avoisinante. A part ça tout est calme. Auriez-vous du sel ? Nous sommes à court et nous en avons besoin pour conserver nos provisions.

Dalor échange quelques poignées de sel contre une fourrure de renard. Puis suivent trois jours sans histoire. Enfin ils aperçoivent une roulotte à l'horizon. C'est Carali, en fort mauvaise posture.
- Maudit soit l'Egyptien. Il me laisse là, sur ces mauvaises routes que nul n'entretient plus depuis des siècles.
Le véhicule est complètement immobilisé, coincé entre deux arbres qui barrent la piste.
- C'est à chaque fois pareil ! Maintenant il va falloir attendre le retour du maître !
- Holà ! lui font signe Lorraine et Dalor.
- Bonjour à vous ! Quelle surprise !
- Ne sais-tu où est l'Egyptien ?
- Ah ça, si je le savais ! Il est parti vers l'est hier matin, en me disant : "J'ai quelque chose à vérifier". Et me voici, comme un imbécile, en train d'essayer de faire avancer sa roulotte.
- Oui, vu l'état des chemins, c'est miracle qu'elle soit parvenue jusqu'ici.
- C'est à dire que l'Egyptien a un sort très spécial pour lui faire franchir toutes sortes d'obstacle, mais en son absence je ne sais plus comment faire. Mais vous ne m'avez pas présenté à cette jeune elfe. Je suis Carali, le magicien, et vous, comment vous appelez-vous ?
- Elinoëe, et je suis un peu magicienne moi aussi, répond-elle en lançant son sortilège de charme.
- La magie des elfes est réputée. Peut-être pourriez-vous m'en faire part ?
- A l'occasion. Je ne suis qu'une magicienne débutante, mais nous pourrions échanger nos connaissances.

Durant les cinq jours qui suivent, ils restent sur place à attendre l'Egyptien. Les deux apprentis sorciers se prêtent leurs livres de magie. En tout état de cause, Elinoëe apprend cinq nouveaux sorts, dont le fameux sommeil magique. Carali en apprend trois. Il a une petite moue perplexe en découvrant le sort de charme.

Un jour ils voient arriver un petit groupe de paysans.
- Bonjour, nous vous observons depuis plusieurs jours. Désirez-vous notre aide ?
- Comment se fait-il que vous soyez là, à des lieux de toute civilisation humaine ?
- Nous avons été invités par un prêtre du nom de Gatt à venir nous installer ici.
- Quel dieu vénère-t-il ? demande Lorraine, inquiète.
- C'est une déesse : la bienveillante et bienfaisante Aana.

Lorraine fait une petite grimace, mais, après tout, cela vaut mieux que le ténébreux Lyr.
- Nous sommes loin des temples d'Aana. Ce prêtre est-il si puissant qu'il exerce son influence ici ?
- Lui non, mais il a l'appui d'un grand magicien. Celui-ci a restauré le château, et il a fait venir trois familles de colons.
- Et comment se nomme ce magicien ?
- L'Egyptien.
- L'Egyptien ?
- C'est cela même.

Quelle n'est pas leur stupeur. Carali éprouve une petite pointe de jalousie : il n'est donc pas le seul favori de son maître, et si quelqu'un doit diriger un château, pourquoi pas lui ?

Le groupe abandonne la roulotte, et suit les paysans. Lorsque Dalor fait remarquer des traces de kobolds, ils répliquent que bien sûr la région n'est pas aussi tranquille qu'ils le voudraient, mais qu'ils ont confiance en leur protecteur, et qu'après tout cela vaut mieux que les collecteurs d’impôts du prince Corn. Lorsqu'ils arrivent au château, l'Egyptien est absent, mais Gatt se révèle être un hôte charmant. Il leur fait visiter son domaine. C'est un petit manoir fortifié, de dimension très réduite, avec un pont-levis et un mur qui entoure une cour et un corps de bâtiment.
- Je ne peux vous proposer le gîte, car je n'ai que deux chambres et elles sont déjà prises. Mais je peux vous proposer le couvert.

Au bout d'un certain temps, Carali demande où se trouve exactement son maître.
- Je ne sais. Il a fondé ce havre de civilisation par magie, puis est reparti vers l'est, la Frontière.

Le reste de la soirée se poursuit sans incidents. La conversation est polie, mais un peu tendue. Sans être directement antagonistes, les deux religions de Lorraine et de Gatt sont tout de même concurrentes sur bien des points, et cela se sent. Aussi est-ce avec soulagement que le prêtre apprend le départ de ses invités vers l'est, à la recherche de l'Egyptien.

Dalor, Lorraine, Carali et Elinoëe voyagent sans rencontrer âme qui vive durant sept jours, puis ils découvrent les traces d'êtres bipèdes, portant des chaussures.
- Vu leur taille, je pense qu'il s'agit d'humains. Certains doivent être en armure, constate le chasseur.
- Comment des êtres humains peuvent-ils vivre ici ? Nous sommes loin de tout, se demande la prêtresse.
- Méfions-nous, et approchons-les prudemment, conclut le magicien.

La magicienne ne dit rien, mais consulte son livre de magie. Peu de temps après, ils aperçoivent un petit château, à flanc de colline.
- Restez là et tenez-vous coi. J'y vais seul, dit Dalor.

Après une heure d'interminable attente, il revient.
- Cela n'a pas été sans mal. J'ai failli me faire repérer. Il s'agit bien d'humains, mais leur mine patibulaire ne m'inspire pas confiance.
- On ne peut pas juger les gens sur la mine, professe Lorraine.
- Toutefois on n'est jamais trop prudent, répond Carali.
- Tâchons d'en capturer un. Cela devrait être facile.
- Il y a des paysans qui récoltent aux alentours. Ils sont faiblement protégés par des hommes en arme.

Elinoëe et Dalor s'approchent silencieusement d'un petit groupe qui cueille du bois mort en lisière de forêt. L'elfe utilise un sort de sommeil, qui endort un cueilleur, ainsi qu’un garde près de là. Puis le chasseur bâillonne le paysan et l'emmène sur ses épaules. De retour vers ses compagnons, non sans mal, car le prisonnier commençait à se réveiller et à se débattre, ils l'interrogent. Celui-ci, sa peur passée (il croyait avoir affaire à des ogres) raconte qu'il a été enlevé de sa ferme quelques mois avant pour servir d'esclave à ces brigands.
- Le chef est un ancien soldat, un vétéran, du prince Corn. Il a déserté avec sa compagnie. Depuis ils occupent ce château abandonné.
- Si c'est un déserteur, ce doit être un ennemi du prince, donc quelqu'un de bien, dit Elinoëe.
- Mais pas du tout ! Il est pire que le prince. Il n'obéit à aucune loi, proteste le paysan.
- S'il a survécu ici, c'est qu'il doit être très fort, note Carali. Peut-être ferions-nous mieux de passer notre chemin ?
- Il a enlevé un certain nombre de prisonniers importants parmi les tribus voisines. Il a la paix grâce à ces otages.
- De combien d'hommes dispose-t-il ? demande Dalor.
- D'une quarantaine.
- Ils me semblent trop nombreux pour nous, dit Lorraine.

Sentant nos héros faiblir, le paysan se met à décrire les sévices que lui et sa compagne ont dû subir. La pauvre est encore captive. Il faut absolument aller la délivrer.

Le soir, sept cavaliers quittent le château à la recherche de l'esclave manquant à l'appel. Au détour du sentier, Carali et Elinoëe les surprennent et lancent contre eux des sortilèges de sommeil. Six des bandits tombent de selle, mais leur chef est toujours debout et tourne bride. Dalor lui décoche deux flèches. Il le rate. Le cavalier disparaît.
- Et maintenant qu'allons nous faire de ces prisonniers ? demande Lorraine.
- Il n'y a pas de questions à se poser. Il faut les tuer tous, répond l'ancien esclave, tandis qu’Elinoëe essaie de maîtriser les chevaux.
- C'est trop cruel, réplique la prêtresse. On ne peut tout de même pas assassiner les gens comme ça.

Mais le paysan veut déjà mettre son dessein à exécution. Lorraine l'en empêche. Pendant ce temps Dalor et Carali désarment les bandits. Lorsque ceux-ci se réveillent, ils sont sans armes ni armures. Puis nos héros les renvoient à leur repaire, avec ce message : "Rendez vous à notre justice et libérez les esclaves sur-le-champ." En attendant une réponse, ils ont gardé les chevaux. Carali a bien du mal à monter, mais avec de la patience, et en lui octroyant la monture la plus douce, il y arrive.

Le lendemain, le chasseur part espionner le château, puis revient avec une sinistre nouvelle.
- Ils ont pendu aux créneaux les six bandits que nous avions faits prisonniers, avec sur chacun d'eux un écriteau : "traître", et ils ont hissé une oriflamme noire sur le faîte du donjon.
- C'est l'oriflamme qui signifie "pas de quartier", explique Lorraine.
- De plus, ils ont pendu une esclave.
- C'est ma femme ! s'exclame le malheureux paysan.

Les aventuriers le consolent du mieux qu'ils peuvent, puis ils lui jurent qu'eux non plus ne feront pas de quartier.

- Maintenant il s'agit de définir une stratégie.
- Attendons la prochaine sortie.
- ils ne doivent plus avoir beaucoup de chevaux, informe le paysan.

Le lendemain, Dalor s'avance, seul, en face du château. Une quinzaine de bandits sort alors à pied, ainsi que l'officier à cheval qui s'était échappé la veille. Sous les carreaux d'arbalète qui fusent depuis les créneaux, le chasseur fuit. L'officier laisse ses hommes le pourchasser.

Une fois que les déserteurs se sont un peu éloignés de l'ombre protectrice des murailles, Carali, Elinoëe, Lorraine et le paysan surgissent à leur tour. Les deux magiciens endorment une dizaine de bandits. Dalor et Lorraine affrontent ceux restants, tandis que leur chef reste prudemment à l'écart.

La prêtresse est légèrement blessée, mais elle réplique avec courage. Etant montés, les deux justiciers ont l'avantage de la situation, et prennent chacun l'ascendant sur leurs adversaires. Voyant cela l'officier a un sursaut d'orgueil et charge. Carali utilise alors son dernier sort de sommeil. Cette fois-ci aucun bandit n'en réchappe.

Le paysan se venge rapidement sur le corps de ses ennemis maintenant tous endormis, sous l'œil un peu écœuré de Lorraine. Mais elle pense à toutes les mauvaises actions que ces hommes ont pu faire, puis elle se soigne, car elle a été plus profondément atteinte qu'il n'y paraît.

Dans les jours qui suivent, ils font le siège du château. Dalor s'avance de nouveau pour les sommer de se rendre, mais il est reçu à chaque fois par une volée de carreaux et de flèches.

Le troisième jour, ils prennent pour cible le cheval du chasseur, qui s'écroule. La poterne s'ouvre alors, et sept bandits à cheval en sortent. Heureusement nos autres héros arrivent à la rescousse. Les deux magiciens endorment les sept cavaliers, tandis que la prêtresse prend son compagnon en croupe, le tout sous une pluie de traits.

Mais le paysan ne s'estime pas assez vengé. Il persiste dans la sinistre besogne qui consiste à couper la gorge des endormis.

Il en élimine ainsi quatre avant de tomber, criblé de flèches.

Lorraine ne peut rien faire, Elinoëe est occupée à récupérer les chevaux. Les bandits tentent alors une nouvelle sortie à pied. Carali juge préférable d’abandonner la partie.

Le lendemain Dalor recommence son manège, en restant cette fois à distance respectable, mais aucun trait n'est tiré. Au lieu de cela la poterne s'ouvre, et un solide guerrier s'avance. C'est une proposition de duel.

Lorraine conjure le chasseur de ne pas y aller. Les magiciens consultent leurs livres de magie. La prêtresse finit par accepter, et jette un sort de protection sur son ami. Les deux hommes se rencontrent à mi-chemin du château et de l'orée de la forêt.

Le combat est sans pitié. Les deux guerriers s'affrontent sauvagement. Dalor a l'avantage des armes. En effet il combat avec une épée dans une main et une dague dans l'autre, alors que le brigand n'a qu'un épieu. Il a aussi l'avantage de l'armure : une cotte de maille contre une armure de cuir et un bouclier. Mais il s'aperçoit vite que ce bandit est d'une autre trempe que les autres, et le chasseur succombe sous les coups expérimentés.

S'apercevant de cette défaite, Lorraine s'élance, ainsi que Carali et Elinoëe, mais aussi quatre cavaliers qui sortent du château. La prêtresse affronte le guerrier vainqueur, qui se contente de parer les coups. Cependant le magicien endort les quatre bandits. Ayant résisté au charme, mais voyant que nul secours ne lui viendra plus du château, l'adversaire de Lorraine se résout au combat.

Heureusement pour la prêtresse, les deux magiciens n'ont pas uniquement mémorisé des sorts de sommeil, car ils ont prévu que cela risquait d'être inefficace contre un ennemi puissant. De l'extrémité de leurs index jaillissent des flèches magiques qui frappent de plein fouet le guerrier. Celui ci, déjà blessé par le chasseur, vacille sous le coup. Lorraine l'achève d'un moulinet de son fléau.

Par chance Dalor, bien qu’inanimé et perdant abondamment son sang, n’est pas encore tout à fait occis, et la prêtresse peut utiliser un sort sacré pour le soigner. Mais une fois ses esprits repris, au lieu de remercier sa bienfaitrice, il lui reproche de ne pas avoir été tout à fait loyale dans l'affaire.
- Et penses-tu qu'eux sont loyaux ? Il était beaucoup plus fort que toi, répond Lorraine.
- Et puis nous tenons à toi, ajoute Elinoëe.
- Vous avez sans doute raison toutes deux.
- Ce n'est pas tout, intervient Carali. Je pense que nous n'avons toujours pas vaincu le chef. Il nous faut trouver un nouveau plan.

Le lendemain soir, une ombre escalade le mur de la forteresse. C'est la demi-elfe, qui pénètre à l'intérieur, et endort les gardes de sa magie. Mais l'un d'eux était hors de portée de son sort. Entendant la chute des autres, il s'avance. Elinoëe, qui s'est cachée dans l'ombre, réussit à se faufiler derrière lui silencieusement, et le poignarde avant qu'il ne donne l'alerte. Puis elle ouvre silencieusement la poterne à ses amis. Les héros immobilisent rapidement les bandits dans leur sommeil, et libèrent les prisonniers. C'est la victoire !

Néanmoins le chef des déserteurs, qui loge au premier étage, a échappé à la défaite. Il s'habille en vitesse et descend dans la cour, en cotte de maille et l'épée à la main.

Dalor, Lorraine et Elinoëe l'affrontent. Mais le guerrier est fort et a de l'expérience. Il attaque le chasseur, puis la prêtresse, qui est obligée de se retirer du combat.

Celle-ci utilise son sort de lumière, et réussit à aveugler le bandit. Cette fois ci tout semble bien terminé. Elle lui propose de se rendre pour être jugé. Il accepte.

C'est alors que les esclaves et les prisonniers, qui ont assisté muets à la scène, se saisissent de toutes les armes à leur portée, et se ruent sur le chef vaincu. Il a beau se défendre comme il peut, aveuglé, il ploie rapidement sous le nombre.

Après coup, Lorraine ne peut que réparer les dégâts occasionnés dans les rangs des opprimés révoltés.

- J'ignore comment nous aurions pu organiser ce jugement. Cela vaut sans doute mieux ainsi.

Parmi les anciens prisonniers, il y a quelques orques et des elfes : les otages des bandits. Nos héros découvrent aussi leur trésor : des pièces d'or, d'argent, et même des gemmes. La prêtresse obtient la soumission des guerriers capturés.

- Que faire des orques ? demande Dalor.
- Comment tenir le château, et où est l'Egyptien, se plaint Carali.
- Je ne sais pas ce que vous allez faire, répond Lorraine. Mais cette nuit j'ai reçu un appel de ma déesse. Je dois me rendre à mon temple dès aujourd'hui. J'emmène avec moi tous ceux qui veulent bien me suivre.
- Nous te suivons tous, proclame Dalor.
- Après tout, que nous importent les châteaux, ajoute Carali.
- Et puis nous avons le trésor, rajoute Elinoëe.

Le lendemain, sur le chemin qui mène vers la civilisation, ils rencontrent des orques. Avec l'aide de quelques anciens esclaves qui comprennent leur langue, Lorraine parlemente avec eux : les otages, qui sont des notables dans les tribus, seront libérés en échange des prisonniers humains qu'ils détiennent. Les pourparlers prennent plusieurs heures, mais enfin les êtres aux faciès porcins acceptent.

Après dix jours de marche, ils parviennent aux abords du premier village qu'ils avaient trouvé sur la Frontière. Là l'échange se fait. Les orques tiennent parole.

Dalor annonce à Lorraine qu'il l'attendra chez l'ancien éclaireur. Il a tellement de choses à apprendre de cet étrange fermier. Carali et Elinoëe décident d'accompagner le chasseur. La prêtresse dit au revoir à ses compagnons.

Arrivés à la ferme sans faire de fâcheuses rencontres, ils ont la surprise d'y découvrir l'Egyptien, en grande conversation avec le vieux guerrier.
- Tiens, voici mes protégés. Qu'avez-vous fait de ma roulotte? Mais non, Carali, ne rougit pas.
- Je suis juste étonné de vous trouver là, maître.
- Je passais voir un vieil ami. Vous êtes-vous bien amusés sur la Frontière ? Racontez-moi tout.

Quand Carali lui a narré leurs exploits, l'Egyptien ajoute :
- Et qu'as-tu fait des armes du chef des brigands ?
- Je pense qu'elles ont dû échoir à quelqu'un.
- Je te conseille de retrouver ce quelqu'un. Les armes des officiers du prince Corn sont souvent magiques.
- J'étais tellement à la joie de la victoire que je n'y ai pas pensé. Autre sujet, pourquoi avoir accordé votre soutien à ce Gatt ?
- Il se trouve que cela est susceptible de déranger Corn, et en ce moment tout ce qui le dérange m'arrange.
- Et pour la roulotte ?
- Rappelle-moi à l'occasion de t'apprendre le sort qui permet de la déplacer. Pour l'instant elle est bien là où elle est. Les paysans de Gatt se sont chargés de la mettre à l'abri. Est-ce tout ?
- Non. Pouvez-vous nous indiquer si cette potion permet de contrôler le géant de la colline ? demande Elinoëe.
- Pourquoi en voulez-vous à mon géant ? s'indigne le vieil éclaireur.

L'Egyptien examine attentivement la potion, fait quelques passes magiques dessus, puis, après un soupir :
- Non, mais je vous conseille de me la confier. Elle ne vous est d'aucune utilité pour l'instant.
- Je vous la confie, répond la demi-elfe.
- Merci. Je vais vous donner en échange celle-ci.
Il sort par magie un flacon de verre de sa manche, et ajoute :
- Elle vous sera précieuse si vous désirez vous cacher alors qu'il n'y a pas d'ombre.
- Je vous remercie à mon tour.

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