1. La cour de justice.

Le roi Uhr rend la justice au pied du grand chêne, comme chaque premier jour de lune nouvelle. Deux hommes comparaissent devant lui.
- Quel est le litige ? demande-t-il à son conseiller.
- L’un de ces hommes a tué un marchand dans sa boutique, un soir, pour une sordide histoire de vol. Nous les avons capturés mais nous ne savons pas quel est le coupable.
- Ce n’est pas moi ! J’ai au contraire essayé de défendre la victime contre cet assassin.
- C’est un menteur ! C’est moi qui l’ai empêché de fuir après son crime et ai alerté le guet.
- Dans quelle situation se tenaient-ils ? interroge le roi.
- Ils se battaient et criaient.
- Etes-vous prêts à subir le jugement d’Excalibur ?
Les deux hommes hésitent.
- On dit que votre épée décapite volontiers. Et si elle se trompait?
- Vous voyez ? C’est lui! Il se dérobe.
- Et vous ? Etes-vous prêt ?
- C’est à dire que...
- Mon jugement est rendu. Ces deux hommes sont complices et coupables. Peu importe qui a porté le coup fatal.
Les deux condamnés n’ajoutent plus rien. La garde les emmène.
- Mais pourquoi se battaient-ils ? demande Orion à son père.
- Ils se disputaient probablement le butin. L’affaire suivante, s’il vous plaît.

C’est un mari et son épouse. Chacun s’accuse d’adultère, et d’avoir dilapidé le bien commun.
- Tu m’as trompé avec ce bellâtre !
- C’était pour me venger. Tu avais couché avec ma meilleure amie.
- Mais tu étais allé dans le lit de ce militaire.
- Tu fréquentais les filles avant.
- C’est faux. C’est encore ta mère qui te monte contre moi.
- Laisse ma mère tranquille.
- Il suffit, intervient le roi. Que chacun s’avance, et mette un genou à terre devant moi.
Le roi se lève, tire Excalibur de son fourreau, et la passe au-dessus de la tête des deux accusés. Puis il rend sa sentence.
- L’épée d’Aana m’a parlé. L’homme a trompé sa femme en premier. Bien que ce ne fût que de quelques secondes, et qu’elle n’en savait rien, c’est lui le coupable. Je le condamne à verser une rente à la victime.
- Mais reviendra-t-elle au moins au logis ?
- Si bon lui semble. Mais cela ne vous dispensera pas de payer la rente.

Puis deux autres plaignants se présentent. Ce sont deux marchands.
- Il me semble vous reconnaître. Quel est votre motif de plainte cette fois-ci?
- C’est lui. Cet escroc me vole ma clientèle.
- C’est faux. Il jalouse ma réussite commerciale, et tout lui est bon pour salir ma réputation.
- Nous les avons trouvés se battant sur la voie publique, dit le conseiller au roi. Nous avons tenté de débrouiller leur histoire, mais nous n’y sommes pas parvenus. Aussi nous les faisons maintenant comparaître devant votre justice. Il semble s’être accumulé une génération de griefs entre eux depuis le dernier jugement, et il nous est impossible de déterminer leurs responsabilités respectives.
- Quelle est la cause de votre dispute ?
- Il vend à perte pour faire chuter les cours !
- C’est faux ! C’est lui qui me fait une concurrence déloyale !
- Cette affaire là a déjà été jugée, dit le roi.
- Mais ça n’a pas réglé le préjudice de l’âne.
- Quel âne ?
- Celui que ce voleur m’a pris.
- C’est faux ! Ton grand-père l’avait vendu au mien !
- Mais la somme n’a jamais été reçue !
- Ca suffit vous deux, avancez-vous !
Le roi tire son épée, les deux marchands s’agenouillent. Mais cette fois-ci Excalibur reste muette.
- Je n’y comprends rien, avoue le roi. Aana ne répond rien. Cette affaire doit être bien compliquée.
- Si vous le souhaitez, je peux m’en occuper, intervient Orion. J’aimerai éclaircir ce mystère.
- Volontiers mon fils. Il est bon que vous participiez à la justice du royaume. Affaire suivante, s’il vous plaît!

Le prince quitte donc la cour en compagnie des deux marchands.
- Alors, si vous me racontiez tout depuis le début ?
- Tout a commencé lorsque mon arrière-grand-père a fondé sa maison de commerce. Il employait son ancêtre comme commis, et...
- Menteur ! Ils étaient associés et ton bisaïeul n’a pas respecté sa parole !
- Doucement ! Parlez l’un après l’autre.

A force de patience et de persuasion, Orion finit par reconstituer l’histoire. Les deux marchands sont issus de familles concurrentes sur presque tout depuis des décennies, et se vouent une haine féroce.
- Mais expliquez-moi quelle était cette transaction pour laquelle vous aviez fait alliance ces derniers temps.
- Et bien voilà. Je connaissais un client qui désirait une certaine marchandise, et j’ai eu la mauvaise idée d’introduire cette canaille comme intermédiaire.
- Disons plutôt que moi seul savait où me procurer cette marchandise, et que cette fripouille a refusé de me donner le nom de son commanditaire, comme c’est pourtant l’usage quand on ne peut fournir directement le produit.
- Menteur !
- Escroc !
- Ca suffit ! Et alors?
- J’ai livré la marchandise mais il ne m’a pas payé.
- Je n’ai rien reçu !
- J’ai pourtant le bordereau de réception du colis, signé !
- Mais il n’y avait que le contenant. Le contenu avait disparu. Soit il l’a gardé, soit il n’a pu l’obtenir.
- Mais pourquoi tant de mystères ? Quelle est donc cette marchandise ? demande Orion qui a su capter la confiance des marchands grâce à son charisme.
- Il s’agit d’un Grissini Torino, mais ne le répétez pas.
- Pourquoi ? Qu’est-ce que c’est ?
- Cela provient des Iles Anciennes.
- Est-ce une marchandise prohibée ? Allons, parlez maintenant ! Vous en avez trop dit ou pas assez.
- C’est que... nous l’ignorons.
- Comme le client tenait au secret, nous avions pensé que oui.
- Est-ce le cas ? demande le prince à son compagnon d’armes Karnay.
- A quoi ça ressemble ?
- Nous ne l’avons jamais vu. Il a été livré dans un coffre scellé.
- Lorsque nous avons fait sauter les scellés, le coffre était vide. C’est lui qui a voulu me rouler! Un peu plus et je me ridiculisais devant mon client !
- Mais pas du tout ! C’est toi qui refuses de me donner ce que tu me dois !
- Du calme ! Qui vous a remis ce coffre?
- Je refuse de dévoiler le nom de mon fournisseur exclusif devant cet escroc !
- Je cherche seulement à savoir si ce n’est pas lui qui vous a trompé.
- Il n’a pas de motifs. Il doit être payé uniquement après moi.
- Sans acompte ?
- Nous nous faisons mutuellement confiance depuis des années.
- Depuis des années ? Mais je le connais, ton fameux fournisseur ! s’exclame l’autre marchand. C’est ton beau-frère ! Il n’y a pas plus hâbleur que lui!
- Pas plus que toi !
- Et lui-même, de qui tenait-il ce fameux Grissini Torino ? demande patiemment le prince.
- Il l’a trouvé dans une vente aux enchères. Il m’a certifié l’avoir mis lui-même dans le coffre avant de poser les scellés.
- Pourriez-vous m’indiquer les personnes qui ont convoyé ce coffre, et leurs adresses ?

Pour continuer son enquête, Orion va se renseigner auprès de son précepteur, le sage Val.
- Il y a plusieurs façons de contourner l’obstacle des scellés, lui répond celui-ci. Certains magiciens peuvent le faire, ou des voleurs habiles, et ils peuvent remettre les scellés à leur place après sans que rien n’y paraisse. Mais pourquoi ne pensez-vous pas que l’un des deux marchands mente?
- Excalibur l’aurait décelée.
- C’est juste. Quant au Grissini Torino, j’ignore ce que c’est, mais je peux quémander l’omniscience d’Aana à ce sujet. Cela prendra malheureusement quelque temps. Que comptez-vous faire en attendant?
- Interroger les deux convoyeurs.

Dans la journée, Orion, Hubert, Karnay et Gart vont donc visiter les deux mercenaires. Le premier est marié, et père de treize enfants. Il habite dans un faubourg de la ville, un peu à l’écart des autres habitations.
- Vous avez suivi l’itinéraire prévu ? interroge le prince.
- Tout à fait.
- Sans vous arrêtez ni faire de rencontres ?
- Nous avons croisé du monde entre le port et la vieille ville, mais à cette heure de la nuit, il n’y avait plus que quelques ivrognes et un groupe de fêtards.
- Aille ! s’écrie soudain Karnay.
- Que t’arrive-t-il ?
- C’est la petite fille. J’ai voulu lui caresser les cheveux, et elle m’a mordu !
- Veuillez lui pardonner, s’excuse la mère en prenant son enfant dans ses bras. Elle est encore très sauvage...
- C’est curieux. D’habitude, je m’entends bien avec les gosses, s’étonne le vétéran.
- A la réflexion, intervient le père, j’ai omis de vous dire que nous nous sommes tout de même arrêtés.
Tous oublient l’incident pour s’intéresser à ce fait nouveau.
- Où ça ? demande Orion.
- A l’auberge du Cheval Noir, mais juste pour un seul verre, et nous n’avons pas quitté le coffre des yeux.
- Qui a eu l’idée de cette halte ?
- Mon compagnon.
- Et êtes-vous certain de ne pas avoir quitté le coffre des yeux ?
- C’est-à-dire que j’ai quand même du m’absenter un instant pour aller satisfaire un besoin naturel.
- Vous nous en direz tant... ironise Karnay.
- Mais mon compagnon est resté de garde.
- Et où habite ce compagnon ?
- Dans la vieille ville, non loin de l’auberge du Cheval Noir.
- Nous y allons donc de ce pas.
- Ne répétez pas notre petite halte à mon employeur. Je perdrais mon crédit...
- Si cela n’a pas eu de conséquences, cela ne sera pas répété.

Ils sortent, et enfourchent leurs chevaux. Comme ils ne forcent pas l’allure, il fait nuit lorsqu’ils parviennent au palais.
- Nous allons visiter ce convoyeur dès ce soir, décide Orion.
- Excusez-moi, répond Hubert, mais j’ai ma propre idée également, et j’ai envie de mener mon enquête seul ce soir.
- Où allez-vous ?
- Faire la tournée des auberges, et entendre quelles sont les rumeurs des bas-fonds sur cette affaire.
- Il est vrai que vous avez une plus grande habitude que nous de ce milieu, réplique Karnay en ne pouvant s’empêcher d’avoir une moue de dégoût.
- Il suffit ! ordonne le prince. Puis il ajoute à l’adresse du guerrier : vous avez déjà fait preuve de la noblesse de votre cœur par le passé. Vous avez ma confiance. Allez, et faites-nous part de vos découvertes.

Orion, Karnay et Gart vont à l’auberge du Cheval Noir : un bouge. Là on leur indique l’adresse du deuxième convoyeur : un célibataire. Ils s’y rendent.
- Vous n’avez pas quitté le coffre des yeux, même à votre arrêt à l’auberge ?
- Qui vous a dit ça ? C’est encore cet imbécile. Il est incapable de se taire. Non, je n’ai pas laissé le coffre seul.
- Ce n’est pourtant pas la première affaire où l’on vous soupçonne, intervient Karnay.
- Et voilà ! Ca recommence ! Parce que je suis sans femme, c’est moi que l’on accuse ! Mais je vous affirme que je suis innocent. A vous de prouver le contraire, bonsoir !
Il les renvoie de chez lui, et leur ferme la porte au nez.

- Pourquoi lui avoir dit cela ? Tu savais quelque chose ? demande Orion à son compagnon sur le chemin du retour.
- Non. J’ai seulement prêché le faux pour savoir le vrai. Il semble que je suis tombé juste. Mais quelle est cette ombre ?
- Attention ! s’écrie Gart.
Sept rôdeurs dissimulés dans les porches des maisons les attaquent. Grâce à l’avertissement du cadet, ils sortent leurs épées à temps pour se défendre et riposter. Bien qu’ils ne portent pas leurs lourdes cuirasses de guerre, ils sont tout de même mieux protégés par leurs cottes de mailles que les assassins, qui n’avaient que des armures de cuir légères pour ne pas faire de bruit. Karnay vient assez rapidement à bout de deux adversaires, et le troisième s’enfuit.
- Au guet ! Au guet!
- Pourquoi crier ainsi, Gart, demande Orion. Nous pouvons très bien nous en tirer par nous même.
- Attention prince !
Karnay s’est jeté devant la lame d’un spadassin qui allait blesse le paladin. " Pourquoi un tel geste ? " se demande celui-ci. " Le coup était adroit, mais très insuffisant pour me tuer. "

Mais le guerrier, bien qu’à peine égratigné, s’écroule néanmoins. Orion comprend alors : du poison ! Seul l'œil expérimenté de Karnay a pu le détecter à temps.

Délaissant son autre adversaire, le prince combat et frappe en priorité cette menace. Le dangereux assassin est mis rapidement hors d’état de nuire.

Enfin le guet arrive. Les autres rôdeurs s’enfuient.

Le lendemain, en armure complète, Orion et Hubert s’exercent à la grande épée sous l'œil exercé du maître d’armes Ziat.
- C’est bon, prince. Mais faites attention, votre adversaire a plus de force musculaire que vous. Utilisez votre adresse !
- Et ainsi ?
Le paladin fait mine de frapper, mais au dernier moment il dévie son coup pour frapper à la tête. Seulement Hubert est lui aussi très adroit, et peut se pencher juste à temps.
- N’ayez crainte. Je n’avais pas l’intention de vous décapiter. Je retenais mon coup.
- Avec son heaume, cela ne l’aurait pu. Le coup n’étant pas assez fort. Mais cela l’aurait tout de même étourdi, conclut Ziat. A condition toutefois que vous ayez pu le toucher, le mouvement d'Hubert était plus rapide que le vôtre. Dans un tel combat, ce qui compte le plus, c’est l’endurance. Les attaques audacieuses comme celle là peuvent parfois hâter la fin d’un duel, mais la plupart du temps elles ne font que fatiguer leur auteur. Hubert a raison de miser essentiellement sur sa force physique, qui est exceptionnelle, mais son adresse est également remarquable. En conclusion vous manquez encore tous deux d’expérience. Ce sera tout pour aujourd’hui.
Là-dessus arrivent Gart et Karnay, le premier soutenant le second par les épaules.
- Vous voilà donc rétabli, mon ami. Comment vous portez-vous ?
- Le grand prêtre Val a pu me donner un contre poison efficace, et, grâce à la bienfaisance d’Aana, je ne suis pas encore mort. Mais il me faudra de longs mois pour me remettre. Je crains que vous ne deviez vous passer de moi pour poursuivre votre enquête.
- J’en suis navré. Au fait, mon cher Hubert, qu’ont donné vos investigations nocturnes ?
- J’ai interrogé et vu maintes et maintes personnes, et j’ai obtenu un rendez-vous avec quelqu’un qui ne veut parler qu’à vous. Mais à la lumière des événements récents, je vous déconseille d’y aller.
- Qui est-ce ?
- Le maître secret de la guilde des voleurs.
- Peut-on avoir foi en un tel personnage ?
- La guilde a la réputation de respecter un certain code d’honneur. Mais si quelqu’un la paye pour vous assassiner, comme cela semble être le cas, alors tout moyen lui sera bon.
- Quelles garanties offre-t-il ?
- Il se tiendra d’un côté d’un mur, et vous de l’autre. Ainsi vous pourrez vous parler, mais ni vous voir ni vous toucher.
- Prince, intervient Gart, je vous propose d’y aller à votre place. Nous avons à peu près la même taille. En portant vos couleurs et dans le noir, cela fera illusion.
- Et pour la voix ? demande Hubert.
- Il me suffira de ne dire que quelques mots, et de contrefaire ma voix en prétextant une toux.
- Je tiens à lui poser moi-même des questions, décide Orion. J’ai hâte de rencontrer ce mystérieux personnage pour lui exprimer tout mon mépris de vive voix!

La rencontre a lieu de nuit, dans un champ coupé en deux par un mur de deux mètres de haut.
- C’est l’endroit où une croix blanche a été peinte, dit Hubert. Vous ne pouvez vous tromper. Maintenez la lanterne élevée. Ainsi nous pourrons apercevoir d’éventuels assassins embusqués au sommet du mur. Moi et mon arc somment prêt à vous soutenir au moindre mouvement suspect.
- Vous ne désirez toujours pas que j’y aille à votre place ?
- Ton dévouement t’honore, Gart, mais ma décision est prise.

Le prince s’avance. Arrivé à proximité, il entend une voix.
- Approchez-vous. Je suis ici.
- Je ne comprends pas comment mon père tolère l’existence d’une société comme la votre. Vous êtes la plaie et la lèpre de notre ville.
- Votre père exerce le pouvoir de jour. Nous exerçons le nôtre dans la nuit. On ne peut bâtir une civilisation seulement sur les bons sentiments. Nous, nous régulons la jalousie et la cupidité ordinaire.
- Vous voulez plutôt dire que vous en jouez et que vous l’exacerbez. Quand j’aurais trouvé l’Œil de P’tha, je vous anéantirai !
- En attendant ce jour, la loi et l’ordre ont besoin de nous. Mais trêves de compliments et venons en au but de cette rencontre.
- Qui vous paye pour m’assassiner ?
- Il est vrai qu’à une certaine époque, certaines gens ont payé fort cher pour votre disparition.
- Pourquoi ? Je pense n’avoir lésé personne.
- Avec le temps, votre pouvoir va augmenter, et cela risque d’en gêner plus d’un.
- Qui veut ainsi ma perte ?
- L’honneur de ma profession...
- Vous osez parler d’honneur !
- L’honneur de ma profession, dis-je, veut que je ne trahisse pas mon commanditaire.
- Même si je vous payais pour me divulguer son nom.
- Non, j’ignore son nom et son visage, la rencontre a eu lieu secrètement de nuit, dans des conditions similaires à ce soir. En revanche j’accepterai votre argent pour le tuer, à condition toutefois que vous m’indiquiez un moyen pour l’atteindre. Mais l’important n’est pas là : cette personne m’a chargée d’un message pour vous. Veuillez approcher votre oreille de cette fissure afin que je ne le révèle qu’à vous seul... Et bien ? Qu’attendez-vous ?
- Je me méfie des aiguilles empoisonnées. Dites-moi ce message à haute voix.
- Fort bien. Vous êtes prudent, tant mieux. Voilà, votre ennemi n’en veut plus à votre vie. Cherchez ailleurs un autre coupable pour le dernier attentat.
- Vous n’y étiez donc pas impliqué ?
- Non, et j’ajouterai que je condamne et chercherai de mon côté la source. Cela nuit à mon autorité sur la guilde. Bonsoir.
- Un dernier mot. Que savez-vous du Grissini Torino ?
- Comme vous, à savoir rien. Cela ne me regarde pas. Adieu.
- Pas si vite ! Bien que vous contrefassiez votre voix, je crois la reconnaître. Holà !
Hubert et Gart accourent. Prestement, ils font la courte échelle au paladin, qui se hisse au sommet du mur.
Personne ! Le champ s’étend, vide, sur deux cents pas. Comment le maître de la guilde a-t-il pu le franchir en si peu de temps? Mystère.
- Adieu ! Souvenez-vous de cette leçon ! clame une voix toute proche sans que leur auteur soit visible.
Orion reçoit une aiguille dans le cou. Il tombe.

Ses compagnons sont au désespoir et ne savent que faire. Heureusement, peu de temps après, le prince se réveille.
- Il ne devait s’agir que d’un poison d’endormissement. Cela prouve la bonne foi de cet individu. A moins qu’il ne s’agisse d’une nouvelle ruse pour me duper, mais j’ignore comment et pourquoi.
- Vous n’avez vu personne ?
- A peine une ombre au moment de sombrer dans l’inconscience. J’ai été fou de m’exposer ainsi. Mais je voulais en avoir le cœur net.
- Avez-vous une idée de l’identité de votre agresseur ?
- A peine un soupçon. Mais comme rien ne vient l’étayer, je préfère me taire.
- Par où continuer l’enquête maintenant ?
- Je l’ignore. Peut-être que si nous refaisions le chemin des convoyeurs nous apercevrions quelque chose. Pour le moment, retournons au palais, et allons dormir.

Le lendemain, Hubert est réveillé par des coups à sa porte. C’est le convoyeur marié.
- Le prince Orion est tombé dans un traquenard, annonce celui-ci. Il a pu s’en sortir, mais il vous demande, vous et vous seul.
- Pourquoi ce mystère ?
- Il craint une nouvelle trahison.
Le guerrier revêt sa cotte de maille, et saisit son épée et sa dague. Puis il donne un ordre à Brenïn en langage nain, et se retourne vers le convoyeur.
- Où allons-nous ?
- Dans la vieille ville, près de l’auberge du Cheval Noir.
- Je vous suis.

Arrivés dans le quartier, ils empruntent une ruelle étroite et sombre.
- Comment Orion a-t-il pu être attiré ici ?
- Il a été amené par l’autre convoyeur dans ce piège. Tenez, voici d’ailleurs son corps, ajoute-t-il en s’approchant d’un porche. Il a pu se faire justice avant que les autres brigands ne s’enfuient. Hélas, déjà blessé, il n’a pu tous les poursuivre.
Hubert examine la dépouille. C’est bien le convoyeur célibataire.
- Parfait. Indiquez-moi où est le prince à présent.
- Dans cette maison, au bout de la ruelle, suivez-moi.
Mais le guerrier saisit son guide par la gorge et le menace de son épée.
- Et maintenant, traître, dis-moi si Orion est encore vivant, ou si tu l’as déjà tué !
- Comment m’avez vous deviné ?
- Jamais le paladin ne se serait abaissé à tuer un ennemi de dos, et justement le corps que tu m’as montré n’avait reçu qu’un seul coup, et précisément par traîtrise. Et maintenant réponds-moi, car je ne suis pas un paladin, moi, et je n’hésiterai pas à taillader une vermine telle que toi.
- Bien joué. Mais vous n’avez pas encore gagné !
Le convoyeur échappe à la prise d'Hubert. Surpris, le guerrier lui donne un grand coup de taille, mais la lame passe au travers du corps de son adversaire sans trouver de résistance. Le traître ricane et tire alors son épée, puis il commence à se transformer. C’est un rat-garou! Il ne peut être atteint que par une arme d’argent, ou magique.
- Maintenant tu vas périr, et tu nous ne gêneras plus ! s’exclame la créature en brandissant son arme.
Heureusement le guerrier évite adroitement l’assaut, et blesse son adversaire grâce à la dague ensorcelée que lui avait donné le roi des nains. Puis il sort une corne de chasse de dessous sa cotte de maille et souffle.
- Tu ne disposes que d’un couteau contre une épée. J’aurai vite raison de toi avant que des secours ne te viennent.
Mais c’est sans compter l’adresse d'Hubert, qui évite les coups et parvient à blesser de nouveau son adversaire.

A cet instant arrivent Orion, Gart et Brenïn, montés sur des chevaux. Le rat-garou cherche à s’enfuir, mais le guerrier en profite pour lancer sa dague, qui se plante dans le dos de la créature. Celle-ci s’écroule.
- Quelle surprise, prince ! Je vous croyais pris, ou pire encore, dit Hubert.
- J’avais été attiré par ce traître dans ce quartier, et je l’attendais tranquillement à l’auberge du Cheval Noir lorsque Brenïn et Gart sont arrivés.
- J’ai prévenu Gart comme convenu, explique le nain, et nous sommes allés, avec des chevaux, dans la vieille ville, pour attendre ton son de cor. Comme nous ne savions pas précisément où aller, nous nous sommes rendus à l’auberge.
- Et maintenant, que faisons-nous ? demande Gart.
- Allons inspecter cette maison au fond de la ruelle, propose Hubert.

Ils vêtent leurs lourdes armures, et le guerrier ceint l’épée de Karnay, qui n’a pu venir, car il est encore très faible. Puis ils investissent la demeure. Celle-ci est une maison étroite d’un étage, avec seulement une pièce au rez-de-chaussée et une au premier. Ils ouvrent les placards et retournent les paillasses, mais ne trouvent personne.
- Et la cave ?
- Allons-y !
En dehors de caisses vides et d’un grand casier de bouteilles de vin piqué, ils ne voient qu’un monceau de vieilleries.
- Attendez ! Je sens qu’il y a quelque chose derrière ce mur, dit Brenïn.
- Tu crois ? Je ne vois rien, répond Hubert.
- Mais si ! Voyez ! Il sonne creux.
- Il faut avoir l’oreille exercée des nains pour l’entendre.
- Il doit y avoir un mécanisme secret, mais où le trouver ?
- Ne perdons pas de temps, et défonçons cette cloison !

Ils se saisissent d’un madrier. Après quelques minutes d’effort, le mur s’effondre. Ils découvrent une galerie.
- Brenïn ! Va maintenant chercher du secours tandis que nous explorons ce trou.
- Pourquoi moi ? Je tiens à être de la fête !
- Il est probable que nous sommes à l’entrée d’un repaire de rats garous, et tu es le seul à ne pas disposer d’une arme d’argent ou mieux.
- Pourquoi ne pas attendre le guet ?
- Le temps qu’il vienne, et nos ennemis risquent de s’enfuir.

Pendant ce temps, dans une pièce connue d’eux seuls, deux personnages conversent.
- Je t’ai fait venir car je suis inquiet pour Orion, dit le roi. Je sais que tu lui portes quelque estime.
- Que se passe-t-il ? demande le magicien.
- Val a interrogé la bienfaisante déesse Aana, à propos du Grissini Torino, et dans son infinie mansuétude, elle lui a répondu.
- Quelle est la réponse ?
- Cet objet n’existe pas.
- Alors cela signifie qu’Orion est en danger de mort.

Orion et Hubert avancent prudemment dans un dédale de couloirs. Gart les suit en tenant haut la lanterne.
- Qui a creusé ces galeries ? demande le cadet.
- Elles datent de l’ancienne civilisation, répond Orion. La ville d’Uhr a été construite sur les ruines de la précédente. Nous avons ainsi hérité d’un réseau d’égouts en fort bon état. Mais nul ne connaît l’immensité de ce réseau. Il s’étend fort loin.
- Dans ces conditions, je me demande s’il ne vaut pas mieux rebrousser chemin, se demande Hubert.
- Continuons encore un peu, réplique le paladin.

Soudain un rat-garou, tapis dans l’ombre, saute sur eux, épée à la main. Heureusement, Hubert, grâce à sa force, le repousse. Mais c’est tout un groupe qui les attaque. Il en vient par le devant, par le côté, et même par le haut qui leur saute dessus depuis une poutre. Le prince doit affronter deux adversaires, et le guerrier trois.
- Décalez-vous un peu, que je puisse moi aussi en découdre, dit le vaillant Gart.
- Fais plutôt attention à tes arrières ! crie Orion.
Il se retourne, et bien lui en prend, car une de ses créatures essayait justement de le surprendre par-derrière. Du coup il lâche la lanterne. Par chance celle-ci n’est ni cassée, ni éteinte.

Ils combattent dans une presque obscurité, parmi les ombres fantasmagoriques dues à la lumière rasante.

Mais Hubert est un courageux guerrier, et les autres ne le sont pas moins. Ils mettent en déroute leurs ennemis. Un seul de ceux là réussit à s’enfuir.
- Etes-vous saufs ? demande Hubert.
- Ces créatures frappaient si fort que mon armure n’a pas encaissé tous les chocs, répond Orion. Je dois être tout contusionné sous ma carapace, et j’ai peut-être même une côte fêlée.
- Moi de même, ajoute Gart en ramassant la lanterne.
- Continuons-nous, prince ?
- La créature que j’ai blessée laisse une profonde trace de sang, il nous suffit de la suivre.
Ils se guident donc par la piste le long des multiples couloirs. Après un long instant, ils voient soudain Quatre rats garous apparaître devant eux. Ils engagent le combat, mais les créatures rompent rapidement le contact, non sans avoir laissés un des leurs à terre derrière eux.
- Suivons-les ! Ils nous mèneront jusqu’à leur repaire! dit Hubert.
- Un instant, répond Orion. Je ne vois plus les traces de sang. Soit le rat garou a pansé ses blessures, soit il a disparu.
- Mais où ?
- A droite ?
- A gauche ?
- Et au-dessus ? s’interroge Gart en levant la tête.
- Une ouverture ! Il y a peut-être une issue ! Hubert, faites-moi donc la courte échelle.
Orion monte sur l’appui offert par ses amis.
- Oui ! Il y a des barreaux, et une échelle de corde qui a été remontée. Oh ! Attention !

Les rats garous sont revenus sur leurs pas. Le paladin saute de son perchoir et saisit son épée.

Les trois créatures attaquent avec l’énergie du désespoir, mais sont rapidement hors d’état de nuire.
- D’après mes comptes, il en reste cinq : le convoyeur avait treize enfants, dit Hubert.
- Il y a peut-être des cousins, fait remarquer Gart.
- Nous sommes épuisés par ses combats, mais il nous faut aller jusqu’au bout. Essayons de grimper dans ce conduit, décide le prince.

Ils puisent dans leurs dernières ressources, et, malgré leurs blessures et leurs armures, ils parviennent à se hisser, Hubert en tête.

Mais à peine sont-ils arrivés dans une petite pièce, que débouchent et foncent sur eux une horde de rats géants, grands de deux pieds chacun. Ils frappent de taille et d’estoc dans cette masse grouillante.
- D’où viennent tous ces rats, se demande Orion. Nous sommes pourtant loin des réserves de grains. Ils doivent avoir été conjurés.
Il utilise son pouvoir de paladin pour chasser ces créatures, et la plupart des rats disparaissent. Il ne reste plus que les trois plus gros, qui tentent de les mordre.
- Ce sont les jeunes rats garous. Ils se servent de leur forme de rongeur ! Gare à leurs morsures !
L’un d’eux a happé le bras d’Orion. Celui-ci change son épée de main, et tranche le col de ce monstre. Mais malgré l’épaisseur du métal, les crocs ont percé l’armure et mordu la chair.

- Cela va-t-il, prince ? demande Hubert une fois le combat achevé.
- La blessure est profonde. Mais j’espère que mon aura de paladin m’a protégé de la malédiction.
- Par Aana ! J’ai été mordu moi aussi, et je ne suis pas un paladin ! s’exclame anxieusement Gart. Je préférerais me trancher la main plutôt que de subir cette maladie !
- Hélas, répond le prince. Cela ne servirait à rien : il s’agit d’une malédiction jetée sur les victimes du lycanthrope, et non d’une maladie infectieuse. La seule chose à faire est de prier la déesse.
Ils se mettent à genou, la main sur le pommeau de leur épée, et prient avec ferveur, tandis qu'Hubert monte la garde.
- Maintenant redescends et va prévenir le guet, ordonne Orion à Gart une fois leurs dévotions accomplies.
- Pourquoi moi ?
- Il faut que quelqu’un montre le chemin aux renforts dans ce dédale. De plus il est plus prudent que tu fasses examiner ta blessure par Val.

Une fois le cadet parti, Hubert interroge le paladin.
- Et vous, prince ? Ne craignez-vous pas la malédiction?
- Je m’en remets à la bienfaisance d’Aana.

Au bout de la salle il y a une porte, qu’ils enfoncent d’un coup d’épaule, puis un escalier, qu’ils montent. Ils se retrouvent dans une cave. Au rez-de-chaussée ils entendent une abjuration. Ils montent encore.

C’est une pièce de quatre pas sur six, dont toutes les ouvertures sont bouchées. A l’extrémité il y a la femme du convoyeur, et aussi un homme en robe de magicien, en train de tenir une baguette flamboyante. Il commence une imprécation dès qu’il les voit.

Ils attaquent, mais le paladin se heurte à une force invisible. Il est emprisonné dans une main géante et invisible, qui l’immobilise et l’étouffe petit à petit.

Quant à Hubert, il se retrouve soudain englué dans une gigantesque et résistante toile d’araignée qui est apparue magiquement et occupe maintenant la moitié de la pièce. Il lance sa dague contre le jeteur de sort à travers les fils, mais celle-ci rebondit contre son bouclier de force.
- Il est à toi Agora. Venge ton époux, dit le sorcier.
- Tu as massacré toute ma famille. Je vais te dévorer le cœur !
La femelle du rat garou n’a curieusement aucune peine à se mouvoir dans les entrelacs de fils gluants. Elle pointe son épée vers la gorge du guerrier.

En bandant tous ses muscles, Hubert parvient à se défaire d’une partie de la toile. Il tente de parer le coup, mais la créature est plus rapide et réussit à frapper au défaut de la cuirasse. La blessure n’est cependant pas très importante, cependant le guerrier sent une humeur malsaine lui embrouiller le cerveau : la lame était empoisonnée.

Il s’évanouit.

Orion reste emprisonné. Le sorcier se retourne vers l’autel pour continuer ses sombres incantations. Agora va achever son œuvre, quand soudain une hache d’armes, projetée avec violence, vient se ficher dans son dos. Elle s’écroule.

C’est Brenïn qui vient d’arriver, en compagnie d’un puissant allié.
- L’Egyptien ! Encore sur ma route ! clame le magicien.
- Antilès ! Encore à comploter! Rends-toi !
- Jamais ! Tu es mon supérieur en magie, mais grâce au Grissini Torino, je suis désormais ton maître !

Le sorcier perturbateur prononce un sort qui dissout la poigne magique qui enserrait Orion, ainsi que la toile d’araignée et le bouclier éthéré d’Antilès. Puis il tire une étrange sphère métallique de sa manche, qui reste en suspension en l’air à côté de lui. Les deux guerriers tombent à terre, inconscients.

Mais son adversaire réagit, et invoque un grand cimeterre de feu.

La sphère projette cinq éclairs de foudre, mais la baguette d’Antilès les attire, et absorbe toute leur énergie.

- Tu as commis l’erreur que j’attendais ! jubile-t-il. Maintenant tu vas connaître le pouvoir du Grissini Torino !

L’Egyptien vient à peine de se débarrasser du cimeterre en conjurant un grand mur d’eau, que de la baguette magique s’échappe un éclair qui vient frapper sa sphère. Celle-ci explose dans un grand fracas, et il est violemment projeté en arrière par le souffle.

Mais la foudre a aussi vaporisé au passage la muraille de pluie, et il règne maintenant une brume épaisse dans toute la pièce.

Le temps qu’Antilès invoque un tourbillon de vent pour la chasser, l’Egyptien a le temps d’organiser sa défense. Il y a maintenant quatre Egyptiens identiques qui l’affrontent.
- Des images miroirs ! Ceci est astucieux, mais tu ne m’échapperas pas.
Il utilise son Grissini Torino, et les charges qu’il a accumulées, pour foudroyer les illusions. Chaque fois qu’il en touche une, elle disparaît. Plus que trois Egyptien, plus que deux, plus qu’un seul. C’est forcément le bon.
- Ton heure est venue ! Je suis désormais le meilleur magicien du nouveau monde !

Mais Brenïn apparaît soudain, s’empare d’une extrémité de la baguette, et la casse. Un grand éclair s’en échappe, qui vient rebondir sur les murs dans toutes les directions, pour exploser en final dans un grand fracas.
- Tu as encore commis l’erreur d’oublier les détails, s’esclaffe l’Egyptien, en époussetant ses habits roussis par la bataille.
- Tu as gagné, mais tu ne seras pas vainqueur éternellement ! répond Antilès en faisant tournoyer sa cape, et avant de disparaître dans un tourbillon de poussière.

L’Egyptien fait une passe magique, et un coffret apparaît, suspendu à un mètre du sol. Il l’ouvre, et en tire une fiole qu’il tend au nain.
- Fais en boire à Orion, le pauvre est mal en point.
- Et mon ami Hubert ?
- Hélas pour lui, je ne possède pas de contrepoison, mais je gage que si nous faisons suffisamment vite, le grand prêtre Val le guérira.
En passant il examine la baguette cassée de son rival, et la ramasse.
- Attention ! crie-t-il soudain à Brenïn qui passe à côté d’un tonneau vide qui encombre la pièce.
Un petit rat garou vient d’en surgir. Le nain évite de justesse un coup de dents. La créature s’enfuit à toutes pattes.
- C’est la petite fille, la dernière survivante de cette famille.
- La pourchassons-nous ?
- Elle doit déjà être loin maintenant.

Plus tard, Orion assiste au réveil d'Hubert, remis sur pied par Val, comme l’avait prédit l’Egyptien.
- Alors, avons-nous triomphé ?
- Oui, grâce à l’intervention de cet étrange magicien, et de votre nain. Mais il y a une mauvaise nouvelle.
- Laquelle ?
- Karnay. Allons le voir.
Ils vont visiter le chevalier, qui a été isolé dans une cellule de prière par les prêtres d’Aana.
- Je suis heureux de vous voir, allez-vous bien ? Apparemment oui. Mais que se passe-t-il ? Pourquoi suis-je enfermé ici ?
- Il vous faut être courageux. Vous souvenez-vous de cette morsure que vous avait faite la fillette du convoyeur ?
- Oui.
- Vous êtes atteint de lycanthropie.
- Quoi ? Pour une si petite morsure ? C’est une malédiction. Cela explique ma faiblesse de ces derniers jours. Mais je garde ma foi en Aana.
- Ainsi je suis sûr que vous serez sauvés, grâce à vos prières et aux soins de Val. Vous devrez attendre ici un an, puis vous pourrez nous rejoindre.
- C’est bon. Je m’incline face au destin. Où comptez-vous aller ?

Ailleurs, dans une pièce connue d’eux seuls :
- Alors, demande le roi, cette aventure est-elle finie ?
- Oui, répond le magicien, en jouant avec les deux morceaux de la baguette d’Antilès. Mais Orion devra quitter la ville. Il est trop en danger ici.
- Il pourra reprendre sa quête. Son armure est réparée. Au fait, quel est donc cet objet avec lequel tu joues ?
- C’est un Grissini Torino. Ca n’existe pas dans notre monde et cela provient d’une autre dimension. Maintenant il a perdu tous ses pouvoirs, répond-il en en croquant un bout.
- Et oui, explique-t-il, dans l’univers d’où il provient, cela se mange. Voulez-vous le deuxième morceau?
- Volontiers, répond le roi.

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