1. Erius.

Après leur expédition dans la forêt elfique à la recherche du grand druide, les champions de la quête du renouveau sont de retour à Uhr. Et pourquoi repasser par la capitale quand il leur suffisait d’aller tout droit à l’ouest pour rejoindre le pays des nains, me direz-vous ?
- Parce que l’on ne décide pas d’aller visiter un grand dragon d’argent ancien sans avoir pris plus de renseignement avant, répond Orion. La bibliothèque d’Uhr est ce dont nous disposons de mieux pour ce faire.
- J’ai hâte de rejoindre mes supérieurs pour leur faire part de mes dernières expériences, répond Gil. Et voir si je ne suis pas digne d’apprendre de nouvelles prières.
- J’ai grande envie de revoir l’Egyptien pour l’interroger, répond Eloa. Ainsi que de découvrir si mon petit Carali ne s’est pas étouffé sous sa documentation.
- Je n’ai plus de vin, répond Georg.
- Si tout le monde rentre à Uhr, j’y vais aussi, conclut Gart.
Ainsi décidés, les voilà de nouveau à Uhr.

Là, Eloa essaie d’interroger Carali sur les derniers événements de la cour. L’apprenti essaie de retenir son attention, mais comment faire ? Il ne s’est strictement rien passé !
- Quand as-tu vu l’Egyptien pour la dernière fois ?
- Mon maître et moi conversons souvent de sujets aussi vaste que la cosmologie de l’univers, et il ne saurait se passer très longtemps de moi, et... d’ailleurs le voilà !
- Je désirais te voir, Eloa, ainsi que tes compagnons, avant que vous ne décidiez de repartir. Carali, il me semble que tu as grossi !
- Est-ce ma faute si vous me laissez dans l’inaction, si je vous sers de cuisinier, et si vous n’aimez que les plats en sauce ?
- Tu n’es pas obligé d’y trop goûter.
- Un bon cuisinier ne saurait se passer de ce devoir.
- Mais rassure-toi, tu auras bientôt de l’exercice.
- Maintenant ? demande l’apprenti, plein d’espoir.
- Pour l’instant, il te faut continuer à étudier les archives du palais. Excuse-moi, mais je dois m’entretenir avec Eloa.

Peu après, dans une pièce retirée, l’Egyptien rencontre les champions de la quête du Renouveau. Il y a là Eloa, Georg et Gil, mais aussi Orion et Gart.
- Avez-vous des informations sur le dragon Erius à nous communiquer ? demande le paladin.
- Pas directement, mais je connais deux personnes qui seront utiles au succès de votre mission.
- Qui sont-elles ?
- Vous connaissez déjà la première. Il s’agit d'Hubert. Il vous attend à Berrabès.
- Et la seconde ?
- Je vais œuvrer pour qu’il soit disponible le plus vite possible. Il vous faudra encore vous armer de patience en attendant.

De son côté, Arnus est de retour à Berrabès, la capitale des Marches, pour achever sa convalescence. Il en profite aussi pour y parfaire son entraînement auprès des maîtres escrimeurs du prince.

L’automne est déjà bien avancé lorsqu’il le termine, et lorsqu’il demande audience à son chef. Il est surpris de l’obtenir aussi vite.
- Bonsoir. Tu désires une nouvelle mission je crois ? lui demande le prince.
- Plus précisément je souhaite vous soumettre une idée.
- Parle.
- J’ai un plan pour conquérir toute la Frontière, avec l’aide des géants, et de seulement quelques hommes bien décidés...

Le guerrier expose son idée, tout en s’étonnant du manque de réaction de son prince. Et quel est le rôle de cet homme qui se tient en retrait dans la pièce ? Est-ce un nouveau conseiller du prince ? Il ne le connaît pas.
- Qu’en pensez-vous ?
L’homme s’est approché de Corn, et lui a murmuré quelques mots à l’oreille. Ils ont une vive et brève discussion, dans un langage que le guerrier ne comprend pas, puis son prince lui répond.
- Tout cela est fort bien, mais nous avons d’autres ambitions pour toi...

- Je trouve ce nouvel intermède fort laborieux, déclare le roi au prince et au magicien dans une pièce connue d’eux seuls. Pourquoi utiliser Arnus?
- Nous pourrons de la sorte avoir l'œil sur lui, et il est indispensable pour mon plan, pardon, je veux dire notre plan, de ne pas brusquer les choses, répond le magicien.
- Mais aboutiront-elles ?
- Souhaitons-le, pour l’avenir du royaume...
- C’est cela. Souhaitons-le, conclut le prince dans un sourire.

Ainsi, par la volonté des puissants, Arnus rejoint la quête du Renouveau.

La rencontre a lieu à Berrabès. C’est Hubert qui présente son ami aux compagnons de la Quête du Renouveau.
- J’ai ouï vos prouesses passées, déclare Orion au nouveau venu. Bien que nous ne soyons pas tout à fait de la même religion, soyez le bienvenu parmi nous.
- Votre noblesse vous honore. J’ai moi aussi entendu conter vos exploits. Vous me rappelez un chevalier que j’ai connu. Prenez cela.
- Qu’est-ce ?
- Une fiole de feu grégeois. Ca peut vous sauver la mise dans certains cas.
- Je la garde par amitié pour vous. Mais je ne compte pas m’en servir. C’est une arme de lâche.
- Il est parfois bien utile d’être lâche, mais disposez-en à votre guise. Georg, comment vas-tu depuis la dernière fois que l’on s’est vu ?
- Des hauts et des bas. Je constate que ton ogre de prince ne t’a pas encore croqué. Veux-tu un verre de vin pour fêter nos retrouvailles ?
- Tu serais un guerrier formidable, si seulement tu étais un peu moins ivrogne.
- Je n’ai pas besoin de tes conseils !
- Je te le disais en toute amitié.
- Ni de ton amitié d’ailleurs !
- Allons, messieurs, intervient Hubert, ne nous disputons pas. Nous aurons maintes occasions de nous apprécier mutuellement au cours de notre aventure.
- Je n’en doute pas, conclut le paladin. Maintenant, mettons-nous en route.

Ils cheminent en direction du nord, vers le pays des nains. Les guerriers sont montés sur des chevaux lourds, seuls aptes à porter un cavalier et son armure, les autres sur des coursiers plus légers. Hubert et Brenïn disposent de plus d’une mule de bât, qui transporte une tente. Cela leur est bien utile lors des nuits pluvieuses.

Leur voyage se déroule sans mauvaises rencontres, ce qui leur serait impossible sans la récente pacification de la région par Arnus. Ils font une halte au château de Gatt, où le prêtre interroge les cieux, et leur confirme la pertinence d’aller d’abord visiter le roi Noren, roi de la tribu de Brenïn, avant de chercher le grand ver Erius.

En traversant le plateau recouvert de hautes herbes, c’est à peine s’ils remarquent quelques balles de fronde atterrir aux pieds de leurs chevaux. Les kobolds, quoique très hostiles aux étrangers, n’oseront jamais s’attaquer de front à si forte partie.

La nuit suivante, ils ont la surprise alors que le soleil est déjà haut. C’est la faute de Georg, qui, encore saoul; s’est endormi durant son tour de garde. Arnus et Orion ne tarissent pas d’insultes.
- Et quoi ? réplique le fautif. Rien de fâcheux n’est arrivé !
Découragés, tous remontent en selle.
- Je crains que nous ne puissions trop compter sur lui à l’avenir, conclut Orion.
- Je le constate aussi, ajoute Arnus, et le regrette.
- Avoue tout de même que tu y vas fort, dit Hubert au coupable. Tu aurais pu causer notre perte à tous!
- Ha ! Mourir ainsi ou d’une autre façon, qu’importe!

Enfin ils arrivent aux contreforts de la montagne. Là, Brenïn les guide sur un sentier jusqu’au village de sa tribu. Ils sont alors accueillis par le roi Noren en personne, qui se souvient encore des services que lui ont rendu Arnus et Hubert.
- Bienvenus, amis ! Que nous vaut l’honneur de votre visite?
- Nous sommes à la recherche du grand dragon Erius, répond Arnus. Je l’ai déjà aperçu une fois dans vos montagnes. Pouvez-vous nous aider ?
- Rencontrer le grand ver est extrêmement rare. Il faut un concours de circonstances exceptionnel, ou de la chance. La plupart du temps, c’est lui qui décide de vous rencontrer, si votre cause est juste. Nul ne connaît l’emplacement exact de sa tanière. C'est, dit-on, un château dans les nuages, ou du moins un nid sur la cime la plus élevée. Si vous arpentez la région, peut-être aurez-vous la même opportunité que la dernière fois. Je dois toutefois modérer vos espoirs.
- Pour quelles raisons ?
- D’après notre calendrier, le grand dragon Erius est entré dans son sommeil centenaire.
- Les grands dragons dorment une fois tous les cent ans, confirme Eloa, qui a un peu lu dans la bibliothèque l’ouvrage " De Dragonus coutumis ". Leur somme peut durer dix, quinze, voire vingt ans, et plus ils sont vieux, plus ils dorment.
- Alors, pour la bonne fin de notre quête, conclut Orion, il est grand temps de nous mettre en route. Peut-être n’est il pas encore tout à fait endormi, et nous recevra-t-il.

Les voici donc, errant dans les sentiers de montagne, le nez en l’air, à la recherche d’un nuage, un nuage qui aurait quelque chose de plus que les autres, ou d’un pic très élevé, qui pourrait servir de refuge au dragon d’argent.

Ils voyagent sans trêves ni relâches, durant des jours, en vain. Georg a pu racheter de la bière aux nains, et ne dessaoule plus, au grand dam d’Orion et d’Arnus. Enfin, une après midi du dernier quartier de lune :
- Alerte !
- Qu’y a-t-il, Eloa ? demande le paladin.
- Ne voyez-vous pas cette ombre dans le soleil ? Serait-ce Erius ?
- Il y a trop de luminosité. Quelle femme es-tu donc pour regarder le soleil en face ?
- Ce n’est pas Erius, s’écrie Arnus, ce sont des monstres volants !
De fait, ce sont plus d’une vingtaine de créatures qui les attaquent du ciel. Elles ont un corps de lion, des têtes d’hommes, et de gigantesques ailes de chauve-souris. Arrivées à proximité, au premier passage, chacune d’elles redressent la queue, et projettent dans l’espace des dards empoisonnés.

Au deuxième passage, elles se posent, et combattent au sol.

Ainsi sont les manticores.

Déjà blessés, nos héros, ont fort à faire pour tenir leurs montures. Seuls les chevaux de guerre ne sont pas pris de panique.
- Démontons et luttons à pied ! ordonne Orion. Gil ! Tiens les rênes ! Georg ! Réveille-toi !
- Je suis réveillé !
Le géant a saisi ses armes. Il les plonge dans le poitrail menaçant de son premier adversaire, puis saute sur le dos du deuxième manticore et lui tranche le col. Puis, sur son élan, il brise les ailes du troisième monstre...
De leur côté, Arnus, Hubert, Orion et Gart rendent coup pour coup. Gil ne peut retenir plus longtemps les chevaux affolés. Brenïn tente de l’aider, mais est atteint d’un coup de griffe.
- Ces monstres sont dirigés par un humain, s’exclame Eloa. Je vois notre ennemi. Il chevauche un des manticores, et vole au-dessus de nous.
- Ca ne peut être que Chakron, répond Arnus. C’est le funeste magicien de la région.
- Je vais essayer de l’atteindre d’un projectile magique.

Mais avant qu’elle puisse agir, un rayon bleu jaillit de la main du sorcier, et la frappe de plein fouet. La voici paralysée.

- Qui peut se dégager ? demande Arnus. Il faut absolument atteindre Chakron !
- Je suis occupé ! répond Georg aux prises avec deux monstres.
- A toi Hubert ! s’exclame Orion. Tu es le meilleur archer ! Nous te protégeons.

Mais avant que le guerrier puisse ajuster son tir, il reçoit un second rayon bleu en pleine poitrine.

- Messieurs, je crois bien que c’est la fin, déclare le paladin en tentant de protéger les corps immobiles de ses amis.

En l’air, le sorcier savoure sa victoire. Mais soudain, il pousse un grand cri d’effroi en regardant l’horizon. Puis lui et sa monture s’enfuient à tire d’ailes.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? demande Georg, du sang plein la bouche.
- Là !

Ils voient apparaître un terrifiant dragon. Ses écailles luisent comme de l’argent. Dans un grand fracas d’air soulevé, il passe au-dessus de nos héros, puis continue sa route à la poursuite de Chakron et des quelques manticores encore valides.

Tous restent stupéfaits à la vue d’un tel prodige, et incapables de réagir.

- Ca devait être Erius, le dragon d’argent.
- Eloa, es-tu sauve ? s’émerveille Orion.
- Oui, et moi aussi ! répond Hubert.
- Eloa, tu vas bien ?
- Eloa, tu es sûre que c’était Erius ?
- Eloa, comment faire pour le rattraper ?
- Et moi ? Tout le monde s’en fout? Il n’y en a que pour Eloa ! s’indigne Hubert.

Tous continuent de s’empresser autour de la jeune fille, sans se soucier du guerrier.

- Bon, puisque c’est ça, je boude !
- Que ta bouderie ne dure pas trop longtemps, dans l’intérêt de votre mission.
- Qui a parlé ?

Il saisit ses armes, et cherche autour de lui qui a pu lui parler.

- Que t’arrive-t-il, mon bon Hubert ? demande Eloa.
- Quelqu’un vient de me parler à l’oreille, et je ne l’ai pas vu. Il y a une créature invisible ici !
- Où ça ?
- Mais puisque je vous dis qu’elle est invisible !
- Range donc ton glaive. C’est peut-être Erius qui nous met à l’épreuve !
- Erius ?
- Non, je ne suis pas Erius !

Ils voient apparaître de derrière un rocher un gnome. Dieux qu’il est contrefait ! Mais son rire est sympathique.

- Le grand dragon Erius est entré dans son sommeil centenaire. Il dort dans un repaire connu de lui seul, et inaccessible aux mortels !
- Quel est le dragon que nous avons vu, alors ?
- Il s’agit d’une de mes créations personnelles. Je suis un peu magicien, voyez-vous...
- J’ai compris, s’exclame Eloa, vous êtes un illusionniste !
- Pour vous servir.
- Nous ne pouvons vraiment pas aborder Erius ?
- A la réflexion, il existe bien une solution. Mais elle est très périlleuse.
- Nous sommes prêts à affronter tous les dangers ! répond Orion.
- Vous peut-être, prince, mais vos amis ?
- Nous aussi !
- Je note votre enthousiasme, répond le gnome, vous allez donc partir pour un songe. Sauf Brenïn.
- Pourquoi pas moi ?
- Tu es trop blessé, tu n’y survivrais pas. Mais tu pourras veiller sur les corps endormis de tes camarades.
- Quand commençons-nous ? demande Eloa.
- Le songe a déjà commencé. Suivez-moi.

Il les mène jusqu’à un mystérieux escalier à flanc de montagne.

- Voilà ! Erius dort au sommet de cette montagne. Vous devez grimper ces marches. Mais souvenez-vous : Vous devez tous sortir victorieux de vos épreuves, sinon le sortilège échouera !

- Hé là, je n’ai jamais dit que j’étais d’accord, moi ! s’exclame Georg.
- Ne fais pas l’enfant. Tu n’as pas le choix !
- Où êtes-vous ? Ce maudit brouillard m’empêche de voir. Il est tombé comme par enchantement.
- Par ici ! crie une voix...
Les trois guerriers : Arnus, Hubert et Georg se retrouvent sur un terre-plein. En face d’eux se dresse un terrifiant géant. Il a une armure et une gigantesque épée. Ses pupilles sont rouge vif, et de flammèches s’échappent de sa barbe et de ses cheveux.
- Alors, messieurs ? Qui vais-je étriper en premier ? demande-t-il d’une voix puissante.
- Comment faire pour le vaincre ?
- N’oublions pas qu’aucun de nous ne doit être tué !
- Ha ! réplique Georg. Tout ceci n’est qu’un songe!
Et, armes aux poings, il s’élance à la rencontre du géant !

Pendant ce temps, Orion erre toujours dans la brume.
- Holà ! Où êtes-vous?
- N’aie plus peur, car je suis là ! répond une voix ténébreuse.
- Qui va là ?
- Ne me reconnais-tu donc point ?
Une hideuse créature humanoïde s’avance. Elle a la peau émaciée, les orbites profondes où seul luit un vague point bleuté. Son corps est recouvert de bandelettes moisies, et par endroits ses os saillissent.
- Arrière, momie ! Je ne crains pas tes sortilèges. Je suis un paladin d’Uhr, et n’ai pas peur de toi !
- Il est vrai que les paladins ne craignent pas la maladie et la décrépitude. Mais je suis plus qu’une simple momie. Regarde-moi ! Ne me reconnais-tu pas?
- Et comment reconnaîtrais-je quelqu’un d’aussi maléfique ?
- Le rêve d’un dragon a bien d’étrange pouvoir. Tu te regardes dans un miroir. Je suis toi !
- ???
- Je suis ton moi futur. Je proviens directement de l’avenir.
- Toi ? Mon avenir ?
- Hé oui ! Contemple à quoi t’ont mené des années d’errance. Contemple la récompense des dieux !
- C’est impossible. Jamais les dieux ne seraient aussi cruels !
- Ce sont des dieux qui manipulent les humains à leur guise. Alors, je t’en pris : renonce à cette mission insensée. Renonce à ton statut de paladin!

Tandis qu’Orion se pose des questions, Gart et Eloa sont confrontés à un curieux problème : Gart est tombé dans un trou.
La jeune fille crie pour savoir si son cousin est encore vivant.
- Je suis vivant. Rejoins-moi vite !
- Mais je vais tomber !
- C’est un toboggan ! Tu ne risques rien!
Eloa s’élance, et se retrouve dans une salle où, stupéfaite, elle découvre deux Gart jumeaux en train de se combattre !
- Je suis là !
- C’est moi !
- Viens à mon secours !
- Mais qui est qui ? s’exclame la jeune fille.
- Les deux Gart se retournent vers la jeune fille, et ensemble, déclarent :
- C’est un monstre mimétique, il a pris mon apparence !
- Je comprends, et en plus il lit dans ton esprit. Il n’y a pas moyen de les distinguer de leur proie. Es-tu plus fort que lui ?
- Je crois.
- Alors je n’ai plus qu’à attendre !
Soudain une deuxième Eloa sort du toboggan :
- Moi aussi je n’ai plus qu’à attendre !
Et le faux Gart change d’apparence, et sur rue sur les deux magiciennes. Il y a maintenant trois Eloa aux prises.
- Au secours ! Elles sont beaucoup plus fortes que moi ! Je vais succomber.
- Mais que puis-je faire ? Je ne sais pas qui est qui ?
- Fait quelque chose ! s’exclament les trois jumelles, en train de s’étrangler mutuellement.

- Gil ?
- Qui m’appelle ?
- Gil !
- Arrêtez ça ! Je ne marche plus !
Pourtant le prêtre finit par avancer vers les voix suaves qui le hèlent.
- Ah non ! Ca ne va pas recommencer !
Devant lui s’écoule une rivière où de ravissantes sirènes essaient de le tenter. Il n’y a qu’un pont qui puisse lui permettre de franchir l’obstacle. Mais...
- Gil. Tes amis sont grands!
- Ils peuvent attendre !
- Viens donc t’ébattre avec nous !
Au milieu du pont il y a une porte fermée construite en branches d’épinard !
- Et j’ai horreur des épinards !

- Connaissez-vous la dame Agnès du Chêne ? demande Orion.
- Tu cherches à me tromper par des ruses grossières !
- Ce n’est pas une ruse ! Et vous devriez connaître dame Agnès, le grand amour de ma vie !
- Tu m’as découvert, alors tant pis pour toi !
La momie s’est précipitée, et a saisit le paladin sous les aisselles. De sa force herculéenne, elle tente de l’écraser, l’armure commence à céder. Pris par surprise, le paladin a lâché son épée. Il tente maintenant de saisir une autre arme. Qu’est-ce ? Une fiole ?
- Que fais-tu ? Crois-tu me faire peur en vidant cette fiole d’huile sur nous ?
Puis le paladin saisit le silex qui lui sert à allumer le feu de son repas, et le frappe contre sa cuirasse.
A la première étincelle, les deux adversaires s’enflamment, puis la momie s’écroule.
Le paladin soigne du mieux qu’il peut ses brûlures, puis continue son chemin, tout en remerciant Arnus de lui avoir donné cette fiole de feu grégeois.

Le combat entre le géant et les trois guerriers est acharné. Georg a eu beaucoup de chance d’éviter le premier coup d’épée qui lui était destiné, mais n’a pu entamer l’armure de son adversaire.
En revanche Hubert n’a pu tout à fait éviter le choc mais a pu entailler le monstre à la jambe d’un coup de sa grande épée à deux mains. Celui-ci est maintenant beaucoup plus lent.
- Retire-toi, tu es blessé ! lui crie Arnus.
- Je ne veux pas vous abandonner !
- Utilise ton arc !
Le combat continue, les deux guerriers essaient d’éviter les coups du monstre, tout en le harcelant de côté.
- Hubert ! Arrête ! Cette flèche a failli m’atteindre, et...
- Attention !
Georg, surpris, a reçu un coup d’épée de plein fouet. Heureusement la magie de son armure elfique l’a sauvé. Furieux de s’être laissé surprendre, il attaque maintenant le monstre de front.
- Non !
Arnus a bondi, encaissant le coup à la place de son allié, puis s’évanouit.

Lorsqu’il se réveille, Hubert est en train de lui donner à boire. Tandis que Georg lui défait son armure.
- Ca ira. Ca te fera une grande estafilade de plus, mais c’est tout. Qu’est-ce qui t’es pris de te jeter devant moi ?
- Je savais que tu étais déjà blessé, et qu’un deuxième choc te serait fatal.
- Et alors ?
- Le gnome nous a averti que pas un de nous ne devait succomber pour réussir cette mission.
- C’est donc par intérêt que tu m’as sauvé la vie.
- Oui, je l’avoue.
- Parfait ! Quand cette mission sera terminée, je ne te devrais plus rien. J’aurais été chagriné de te devoir quelque chose !
- Prends-le comme tu veux. Qui a tué le géant ?
- Ma flèche ou l’épée de Georg, nul ne sait, répond Hubert.

Gart a frappé au hasard, dans la mêlée des trois Eloa. L’une d’elle s’effondre.
- Perdu, tu t’es trompé de cible ! disent maintenant les deux autres magiciennes, en se retournant contre lui.
- Pas si vite ! Maintenant je sais qui est qui !
La lutte est difficile, mais Gart est déchaîné. Il vient à bout des deux monstres imitateurs. Puis il se penche sur le corps de sa cousine. Heureusement, elle n’est qu’assommée.
- Que s'est-il passé ? demande-t-elle en se réveillant.
- Bravo, Eloa, tu as su deviner que je n’allais frapper que du plat de l’épée, et ainsi déjouer ces malfaisantes créatures !
- Mais je n’avais rien deviné ! Lâche-moi!

- Enfin nous voici de nouveau réunis, dit Orion, une fois au sommet de la montagne avec ses amis.
- Par des fortunes diverses, j’imagine, répond Arnus. Mais qu’a Gil ? Il est tout vert.
- Je crois que je digère mal un certain plat d’épinard !
- Silence ! Voici Erius !

Le grand dragon d’argent apparaît, encore plus majestueux dans ses rêves que dans la réalité.

- Qui ose ainsi troubler mon sommeil ?
- Des chevaliers qui répondent à un appel sacré. Il y va de la survie du royaume d’Uhr !
- La civilisation d’Uhr n’est qu’une civilisation mortelle. Quelle importance si elle disparaît comme la précédente ?
- Ainsi vous avez assisté à la fin de l’ancienne civilisation ? Que s’est il passé ?
- Je l’ignore. J’étais dans mon sommeil centenaire.
- Mais si vous aviez été réveillé, vous seriez intervenus. Vous êtes trop magnanime et trop puis puissant pour ne pas le faire.
- Je suis effectivement suffisamment magnanime et puissant... pour t’écouter, petit flatteur ! Parle, que veux-tu ?
- Aidez-nous à sauver notre monde !
- Et que dois-je faire ?
- Etes-vous la plus vieille créature mortelle de ce monde ?
- Me trouverais-tu sénile ?
- Non... votre grâce.
- A la réflexion, je crois que mon cousin, le dieu serpent à plume, dans la jungle mystérieuse, est plus vieux que moi. Maintenant que vous avez le renseignement que vous désirez, laissez-moi encore rêver quelques années de plus !
- Pardon, encore un instant, votre Grandeur !
- Quoi ?
- Pourrions-nous avoir une lettre d’introduction auprès du dieu serpent à plumes ?
- Soit !
Erius ouvre la gueule, et souffle sur la montagne. Tous sont terrorisés devant tant de puissance.
- Voilà ! Mais méfiez-vous du serpent, il est un peu gâteux!

Puis le grand dragon d’argent se retire. A l’endroit où a jailli le souffle, ils découvrent une grande tablette sur laquelle sont gravées de mystérieuses runes. Puis la brume et la montagne disparaissent, et ils se réveillent dans un campement au creux de la vallée.

- Comment sommes-nous arrivés ici ?
- Je vous ai veillés, et ramenés dans la vallée pour plus de sécurité, répond Brenïn.
- Et la tablette ? Où est-elle ?
- Elle est là, mon jeune ami, garde foi en l’avenir, dit le gnome illusionniste en apparaissant magiquement.
- Voici la tablette. Je l’ai réduit à une dimension plus honorable.
- Et comment faire pour trouver le dieu serpent à plumes ?
- Je l’ai déjà vu. Réplique Georg. Je peux vous emmener là-bas. Ensuite, c’est plutôt lui qui nous trouvera.
- Bien dit, réplique le gnome. Et voici pour vous tous: des anneaux d’argent que j’ai dérobé à Erius. Leur magie vous protégera dans la suite de votre mission. Partez vite maintenant.

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