Dale va pour la première fois à l’école maternelle de la forêt elfique, dirigée par dame Alvina. Les autres enfants et leurs parents sont déjà là.
- Va dire bonjour à tes futurs
camarade, l’encourage, émue, Elinoëe.
- Bonjour, tu ressembles à la chèvre du
village, mais tu n'as qu'une seule corne sur la tête. Comment t'appelles-tu ?
- Je m'appelle Poly et j'ai un an... et
je ne suis pas une chèvre, mais une licorne !
- Hé ! Fais attention toi ! Tu marches
sur mes ailes !
Dale regarde à ses pieds.
- Pardon, je ne t'avais pas vue.
Comment t'appelles-tu ?
- Je m'appelle Mélusine, comme ma mère,
ma grand-mère, et la mère de ma grand-mère. Avant je ne sais plus. Je suis une
fée et j'ai sept jours !
- Et moi je m'appelle Guiliguili, je
suis un lutin et j'ai cinquante ans, Hihihi! Rit un petit bonhomme de vert
vêtu. Et toi, comment t'appelles-tu ?
- Je m'appelle Dale, je suis un humain
et j'ai quatre ans.
- Un humain ?
- Je n'en ai encore jamais vu dans la
forêt !
- Comme c'est original, hihihi !
Dame Alvina arrive.
- Bonjour les enfants, bonjour les
parents. Voici le programme d’une journée ici : le matin nous apprendrons
des jeux, l’après-midi, après la sieste, nous écouterons les histoires de
grand-père castor. A la fin de l’année, nous ferons une excursion au lac. Des
questions ?
- Nounours peut venir avec moi ?
demande Dale.
- Les ours et les doudous ne sont pas
autorisés à l'école. Confiez-les à vos parents. Vous le retrouverez à la fin de
la journée. Maintenant dites au revoir à vos familles, et mettez-vous en rang.
L’année s’écoule donc ainsi. Les enfants apprennent à se connaître et grandissent petit à petit. Poly est la plus coquette, Mélusine la plus émotive, et Guiliguili le plus souriant. Quant à Dale, il ne dit pas grand chose, mais observe beaucoup !...
Enfin le grand jour est arrivé : c’est le jour de l’excursion au lac !
- Hélas, les enfants, je ne pourrais pas venir avec vous, leur annonce dame Alvina, j’ai une affaire urgente ailleurs. C’est Foloë qui vous accompagnera.
Ils partent, en faisant les pauses nécessaires pour leurs petites jambes. Chemin faisant, ils croisent l’ogre. A la vue de l’elfe et de son arc, celui-ci passe sans rien dire.
- Dites bonjour à monsieur l’ogre, les
enfants !
- Bonjour monsieur l’ogre !
- Grrrmmmpf
- Hé ! Tu pourrais dire bonjour,
gros balourd ! Rit Foloë
Ils arrivent au lac et pique-niquent. Puis l’elfe se met en tête de couper des branches et de leur confectionner des cannes à pêche.
- Observez bien comment je mets
l'asticot au bout de l'hameçon, les enfants, et faites comme moi !
- Et moi, comment je fais ? demande
Poly en regardant piteusement ses sabots.
- Passe-moi ta canne, je vais t'aider,
lui répond Dale.
- C'est cruel ! Pauvre asticot !
- Après, vous n'avez plus qu'à laisser
pendre le fil dans l'eau, et à attendre...
- Je ne veux pas que l'on pêche
grand-mère truite !
- Rassures-toi, Mélusine, grand-mère
truite ne se laisserait pas pêcher ainsi. Je veux juste attraper un
poisson-chat pour vous le montrer. Je le relâcherai ensuite.
- Et après ?
- Il faut attendre…
- C’est long…
- C’est rigolo ! Hihihi !
- Chut ! Si tu parles, tu vas
faire peur au poisson, et il ne viendra pas !
- J’ai attrapé quelque chose !
crie Dale.
- Ca a l’air gros ! Passe-moi ta
canne, je vais t’aider. Hé !
Soudain Foloë est emporté par sa prise dans le lac, et disparait sous la surface.
- Il ne remonte pas ?
- Il faut attendre…
- Oui, mais s’il ne remonte pas ?
- On devrait peut-être aller prévenir
quelqu’un ?
- Oui, mais comment ? Nous ne
connaissons pas le chemin du retour ?
- Nous sommes perdus !
- Il nous suffit de suivre nos traces à
l’envers ?
- Quelles traces ?
- Je vous ai bien regardés cette année,
et chacun de nous laisse des traces bien précises, affirme Dale. Poly est la
plus facile à suivre : en plus des marques de ses sabots, elle laisse des
petites touffes de poils blancs aux épines des buissons. Mélusine ne s'en rend
pas compte, mais elle crée des petits tourbillons de poussière invisible avec
ses ailes, qui se dépose sur les pétales des renoncules et les feuilles des
primevères.
- Et moi ? Hihihi ! Qu'est-ce que je
laisse donc comme traces ?
- Toi tu laisses dans l'air comme un
petit rire...
Ils repartent donc vers le village des elfes. Mais une heure plus tard ils recroisent l’ogre :
- Bonjour monsieur l’ogre !
- Nous sommes perdus, vous pouvez nous
aider ?
- L’elfe n’est pas avec vous ?
demande celui-ci en balayant du regard les alentours.
- Non ! Il a été emporté par un
gros poisson !
Pour toute réponse, l’ogre les attrape et les met dans un sac sur son dos. Arrivé à sa grotte, il les enferme sans ménagement dans une cage de fer. Puis il sort chercher du bois.
- Maudit ogre ! Si je sors d’ici,
je lui enfonce ma corne dans le…
- Vous croyez qu’il veut nous
manger ?
- Courage ! Il n’a pas attrapé
Mélusine. Elle est trop petite pour sa vue. Hihihi ! Elle a du aller
chercher du secours !
- Je suis là, dit cette dernière. Je ne
connaissais pas le chemin et je vous ai suivis de loin. Hélas ! Je ne sais
pas comment vous faire sortir de cette cage.
- J’aperçois la clef ! s’écrit
Dale. Elle est accrochée en hauteur à ce crochet. Mais mon bras est trop court.
Mélusine, essaye de la faire tomber !
- Han ! Hélas, elle est trop
lourde pour moi !
- Nous sommes perdus !
- Mais non ! Elle va y
arriver ! Hihihi ! Encourageons-la !
- Allez Mélusine !
- Han ! Han !
- Plus fort !
- Allez Mélusine !
- Han ! Hou ! Pouf, ouf,
Han !
- Tous en chœur !
- Allez Mélusine !
- Ho hisse !
Clink !
La clef est tombée, Dale peut la ramasser et ouvre la cage.
- Pauvre Mélusine ! Elle s’est
évanouie sous l’effort !
- Je vais la porter dans ma main, dit
Dale. Partons vite avant le retour de l’ogre !
Hélas, après une heure de marche :
- Je n’en peux plus ! C’est
bientôt l’heure de la sieste ! Je suis fatigué ! se plaint Dale.
- J’entends l’ogre qui revient !
s’alarme Poly.
- Allons ! Courage ! Nous
nous en sommes tirés jusqu’ici ! Hihihi ! Nous allons bien trouver
une solution !
- Pars sans nous, Poly, nous allons
dormir ici !
- C’est bon ! Montez tous sur mon
dos et accrochez-vous à ma crinière. Mais ne le répétez pas à ma mère, ou j’en
mourrai de honte !
Et donc, grâce aux sabots de Poly, la petite licorne, ils arrivent sains et saufs au village. Là ils ont la surprise d’y retrouver Foloë :
- Quelle pêche, les enfants ! Ce poisson-chat était plus gros qu’une baleine ! Il m’a entraîné de l’autre côté du lac, et là le fil a cassé. Le temps que je revienne, et vous étiez déjà partis ! Au fait, Comment cela s’est passé ?
Les enfants racontent leurs aventures.
- Mais le plus important, les enfants,
conclut dame Alvina, c'est que vous avez compris que chacun est utile dans un
groupe: Mélusine a aidé par son courage, Dale par sa ruse, et Poly par sa
force.
- Et moi, comment j'ai aidé ? Hihihi !
- Toi, tu as été le plus précieux: tu
les as aidés par ta bonne humeur et ton optimisme !