Les enfants ont travaillé dur cette année. La directrice de l’école de la forêt elfique, dame Alvina, a félicité le garçon humain Dale pour son assiduité. Le lutin Guiliguili et la licorne Poly ont fait de gros efforts, bien que les progrès de Guiliguili ne soient toujours pas quantifiables. Mais la plus impressionnante reste la petite fée Mélusine.
Ce soir a lieu le conseil de classe, en présence de dame Alvina, du sage druide Merlin et des parents des enfants. Ceux-ci sont tous confiants, et jouent dans la cour. Tous, sauf Guiliguili, un peu inquiet quand même, et qui ne peut s’empêcher d’écouter à la fenêtre :
- Elle est prête à aller à l’école des fées, si vous êtes
d’accord, propose la voix de dame Alvina.
- Mais en a-t-elle les capacités ?
- Tout à fait. C’est la première de la classe. Elle est très
douée.
- Alors c’est décidé !
- Ca vaut mieux pour elle…
Puis le lutin répète la conversation qu’il a surprise à ses camarades.
- Et j’ai entendu dame Alvina et les parents de Mélusine
dirent qu’ils voulaient lui faire sauter une classe, et qu’ils lui
feraient passer un examen demain.
- Mais… je vais alors devoir vous quitter !
- Tu vas aller à l’école des fées. C’est formidable !
s’enthousiasme Dale.
- Mais je ne veux pas vous laisser !
- Tu vas apprendre tous les trucs que tu voulais
connaître ! lui dit Poly
- Vous me rejetez ? pleure la petite fée.
Dale regarde ces compagnons.
- Bon, on va t’aider à rater ton examen demain. Comme ça tu
resteras avec nous, décide l’enfant.
- Hihihi ! Tu vas voir, c’est facile ! Il te
suffit de faire comme moi ! ajoute Guiliguili.
- On essaie : quels ingrédients utilises-tu pour
déchiffrer un texte ancien ?
- Une pincée de suie et deux grains de sel gemme ?
- Guiliguili ? demande Dale.
- Hihihi ! De la bave de crapaud !
- Tu vois Mélusine, c’est cela qu’il faudra répondre
demain !
- Mais c’est idiot ! Ca ne marchera jamais pour
déchiffrer un texte ancien…
- Bon, on essaie autre chose, fais-nous apparaître quelque
chose avec ta baguette…
- Quoi ?
- Ce que tu veux.
Mélusine utilise sa baguette magique.
- Hihihi ! C’est beau !
- Comment tu as fait ça ? Je ne savais même pas que
c’était possible ! s’exclame Poly.
- Bon, ben c’est pas gagné… déclare Dale.
Le lendemain a lieu l’entrevue tant redoutée. Dame Alvina commence par décrire l’école des fées à Mélusine pour la rassurer et la mettre à l’aise, puis elle commence l’examen :
- Pour nous montrer tes talents, transforme cette pièce de
cuivre en une rose.
- Croa…
Mélusine agite sa baguette et transforme la pièce en… un petit crapaud !
- Ca doit être l’émotion, Fais-nous maintenant
apparaître un lapin !
- Croa !
Un gros crapaud vient de bondir sous le nez de la directrice.
- Hem ! Et si tu essayais de faire parler ces pierres
en utilisant le charme des minéraux ?
- Croa ! Croa !
- Hélas ! Ma fille est inapte. Vous avez tenté de
me cacher la vérité, dame Alvina, mais le résultat est là : elle est
inapte.
- Ma petite maman, ne pleure pas ! Je le faisais
exprès, avoue Mélusine. Tiens, regarde !
La petite fée fait apparaître une grosse composition florale en forme de cœur, qui flotte devant la maman fée. A ses pieds gambadent de beaux lapins blancs.
- Ne pleure plus, petite maman, sanglotent les pierres à
l’unisson.
- Bon, on se calme ! déclare dame Alvina en faisant un
geste d’apaisement dans l’air.
Puis elle observe mélusine, et lui dit :
- Tu es une fée, et les fées peuvent vivre éternellement, et devenir de très puissantes et très bienfaisantes magiciennes. Mais une fée est aussi très émotive, et, si l’on n’y prend pas garde, elle peut même en mourir. Avec tes parents, nous avions pensé accélérer ton éducation pour t’endurcir.
Dame Alvina prend une pause, puis conclut :
- C’était une erreur : ta force, ce sont justement tes
émotions et tes amis. Va les rejoindre maintenant, tu resteras avec eux le
temps qu’il faudra.
- Nous ne te volerons pas ton enfance, ajoute le sage
Merlin.