|
La discothèque idéale PAR YEAH X 3 |
n° 30 |
|
Patrick Eudeline “Mauvaise
Etoile” 2006
Suave AGNEAU DE DIEU, AGNEAU GLACE MAUVAISE ETOILE COMME DISAIT L'AMI JOHNNY ROTTEN MONTEVIDEO BLUES FAYE DUNAWAY ENCORE UN VERRE ( LET'S DRINK ) JE N'EN AI PLUS POUR TRES
LONGTEMPS UN JOUR MON PRINCE VIENDRA SUNDAY MARINE |
|
||
|
Mauvaise Etoile, second album de la légende autoproclamée du punk rock
hexagonal. Agrémenté d’un livret luxuriant à la gloire de la star dans toutes
les positions, Patrick de dos, Patrick de face, Patrick
de profil, Patrick à la guitare acoustique, Patrick
à l’électrique, Patrick au chant, Patrick à la
batterie, Patrick prend la pose, Patrick descend
les marches, Patrick allume un clope, Patrick
avec ses Ray Bans, Patrick
sans, les chemises de Patrick, les cravates de Patrick,
le trench de Patrick… Enregistré avec la
vieille garde des amis, le bassiste & le producteur des Coronados,
des gens de Tanger & d’AS Dragon,
Daniel Darc et la relève de la cour, en
l’occurrence les filles de Violett… Depuis qu’il a
redécouvert la chanson réaliste française, il y a un certain temps, Patrick
s’est mis en tête de CHANTER… curieuse idée. Déjà à l’époque de la cover de Money sur la compil’ Bande de France, on avait pu mesurer
l’étendue des dégâts. Et à l’époque il se contentait de brailler… Maintenant le garçon
module, enfin il essaye, sur des textes à la métrique parfois pour le moins
bancale. Des textes qui enfilent la suite des clichés / obsessions
eudeliniennes depuis 33 ans, mais pas plus que dans ses romans. Pas moins non
plus… Des lyrics qui
tendent des verges à ses détracteurs pour le battre : toutes ces histoires de
pauvre pantin, de vide dans le cerveau dévasté, de plus servir à rien… j’en
connais des dizaines qui se régalent de la Bastille à Colmar. Sans oublier “les
génies morts et moi je n’me sens pas très bien“… c’est too much. Si ça se
trouve, Patrick Eudeline est un foutu humoriste
depuis plus de 3 décades, le roi des pince sans rire, l’homme qui enterre Zappa
& Buster Keaton réunis. “Pas possible ! “ me
hurle ma compagne excédée – “mais tu vois pas que c’est rien qu’un pauvre
louchaillon pathétique qui croit qu’il a de la classe & du talent.” A sa
décharge, cette saillie n’est intervenue qu’après la 3ème écoute
en boucle de l’opus divin. La technologie moderne permet de bien curieuses
choses. “Je n’en ai plus
pour très longtemps“ se lamente l’esthète du Montparnasse, “Mais achevez le,
vous voyez bien qu’il souffre, et nous avec”, rétorque en chœur l’auditoire
consterné. Quelques questions
taraudent en effet l’esprit : comment les musiciens ont ils pu continuer à
jouer sans hurler de rire ou tout au moins pouffer nerveusement en entendant
ces vocaux dévastés ? Quels sont les responsables de maison de disque qui ont
misé 3 kopecks sur ce projet ? Quels sont les redoutables moyens de pression
eudelinesques qui lui permettent de parvenir à ses fins ? Qui a pu penser
qu’il existait un public pour ce machin ? Et pourtant… la
chose revient régulièrement squatter le mange disque. Malgré le comique
involontaire… la redondance adolescente du propos… l’indigence technique… La
frontière s’estompe entre le grotesque et le sublime. Histoire de Foi…
Question de Crédo…Si Oddessey &
Oracles était l’Hymalaya de la Pop, ce Mauvaise Etoile en est peut – être le Titanic. Et parfois, il est
bon de s’abîmer dans la contemplation des désastres. Prix
conseillé : pour le moment on le trouve aux alentours de 14 neurones
dans toutes bonnes crémeries, mais normalement il y en aura plein les bacs à
soldes avant l’automne. Après, c’est comme à la quête de la messe : on
donne ce qu’on veut… |
|||
|
|
|||
