C'est un moment-clé de l'histoire politique de la France d'après guerre, par ses conséquences politiques.
Les raisons des événements de mai 58 sont à chercher à la fois dans l'insatisfaction vis-à-vis du régime politique en place et également dans la crise algérienne.
La IVème République s'avère incapable de gérer le dossier algérien. Les gouvernements, issus d'une Assemblée nationale plutôt à gauche depuis les élections de janvier 56, sont de plus en plus écartelés entre une fermeté en Algérie (sous la pression des colons européens), des tentatives avortées de négociations avec le FLN (qui pose l'indépendance comme but) et un électorat de gauche de plus en plus opposé à cette guerre. Guy Mollet tient 16 mois comme président du Conseil (presque un record !). Après son départ en mai 57, la valse des ministères reprend. L'impression de faiblesse gouvernementale s'impose encore plus avec la crise de Sakiet Sidi Youssef au printemps 58 : l'armée bombarde ce village tunisien (base supposée du FLN) sans en référer au gouvernement de Félix Gaillard. L'opinion internationale s'émeut de cet acte. C'est le début de la crise politique.
Il faut plusieurs semaines au président de la République René Coty pour trouver un successeur à Félix Gaillard. La nomination de Pierre Pflimlin le 13 mai 58 suscite la colère des Algérois (nom des habitants d'Alger qu'on utilise essentiellement pour les Pieds-noirs d'origine européenne). Une gigantesque manifestation se forme à Alger, l'armée laisse la foule envahir le bâtiment du gouvernement général. Un "comité de Salut public", composé de civils mais aussi de militaires et dirigé par le général Salan, se forme à Alger, qui réclame bientôt des réformes politiques et la sauvegarde de l'Algérie française. Au balcon ce soir-là, Salan crie "Vive de Gaulle !". Les militaires, les colons d'Algérie, les Français de métropole se tournent alors vers le sauveur de juin 40.
Les gaullistes ont habilement manoeuvré dans l'ombre du gouvernement français mais aussi du comité de Salut public à Alger pour imposer l'idée d'un retour de de Gaulle aux affaires. Le 19 mai, de Gaulle se déclare prêt à assumer le pouvoir. Malgré l'opposition d'une partie de la gauche et des manifestations dénonçant le coup d'État, les tractations aboutissent le 29 mai lorsque René Coty charge de Gaulle de former le gouvernement. Il est investit par l'Assemblée nationale le 1er juin 1958 et reçoit immédiatement les pleins pouvoirs pour réformer la Constitution.