Avant tout, un excellent lien sur mai 68 (photos, slogans, fresques, affiches etc.), dont cette page n'est qu'un modeste résumé. Les textes relatant les événements notamment sont très riches, avec des témoignages d'anciens acteurs de cette période : http://membres.lycos.fr/mai68/
(faites glisser la souris sur les images ci-dessous...)
Le gaullisme est affaibli, et d'abord par l'usure du pouvoir, 10 ans après les événements qui menèrent le général au pouvoir; son chef vieillissant (il a alors 77 ans) semble de moins en moins en phase avec une société qui évolue de plus en plus vite. Les législatives de 1967 ne laissent qu'une courte majorité à la droite (le parti gaulliste doit-il encore composer avec les Républicains indépendants de Giscard !).
Face à l'évolution sociale, la jeunesse se sent de moins en moins écoutée, entendue par le pouvoir. Elle subit aussi l'influence d'une vague de libération et de contestation qui parcourt le monde depuis le milieu des années soixante et l'émergence des hippies aux États-unis.
Le climat social se dégrade progressivement depuis le printemps 1967.
L'évacuation d'un meeting étudiant, le 3 mai, à la Sorbonne, après qu'il ait été interdit à la Fac de Nanterre, provoque la 1ère échauffourée. Les organisation étudiantes déclenchent une grève générale des Universités. Le 10, la répression brutale de la police dans le quartier Latin amène les premières barricades.
La brutalité policière entraîne également une grève générale lancée par toutes les centrales syndicales pour le 13 mai (dix ans après le 13 mai 58). Prévue pour une journée, la grève déborde, s'étend. La contestation déborde les syndicats traditionnels. Le 20 mai, on aurait atteint les 10 millions de grévistes en France.
Devant les hésitations de de Gaulle, Pompidou prend les choses en main et entame des négociations avec les principales centrales syndicales, qui aboutissent le 27 mai aux accords de Grenelle (hausse de 35 % du SMIG, de 10 % de l'ensemble des autres salaires, la promesse du passage à la semaine de 40 h). mais les ouvriers repoussent l'accord.
Le silence persistant du Général ouvre des perspectives à Mitterrand, qui, le 28 mai, propose la formation d'un "gouvernement provisoire"; la CGT, le lendemain, appelle à un "gouvernement populaire". Le 29 mai, de Gaulle disparaît...
La crise va s'essouffler pour un certain nombre de raisons :
Le mouvement est divisé. Divisé d'abord entre une révolte étudiante surtout idéologique et un mouvement ouvrier qui réclame surtout une amélioration concrète de ses conditions de travail. La division touche aussi les partis de gauche : le PCF et la CGT préfèrent "calmer le jeu" plutôt que de se laisser déborder par l'extrême gauche.
La paralysie économique va couper le mouvement de la masse de la population. Celle-ci se lasse bientôt du blocage presque total du système bancaire, des transports en commun, de l'approvisionnement en essence.
Le 30 mai, de Gaulle rentre de Baden-Baden où il est allé s'entretenir avec le général Massu. Il annonce qu'il dissout l'Assemblée nationale et appelle à la défense du régime. En réponse à cet appel, 500 000 personnes défilent en fin d'après-midi sur les Champs-Élysées.
Les élections législatives de juin 1968 marquent le triomphe de la réaction aux événements du mois de mai. La droite gaulliste (UDR) et les Républicains indépendants raflent les 3/4 des sièges. C'est la victoire de la "majorité silencieuse". Suite aux élections, de Gaulle (qui n'a guère apprécié l'initiative de son Premier ministre d'entamer sans le consulter les négociations de Grenelle en fin mai) remplace Pompidou par Maurice Couve de Murville.