Quelle
formation avez-vous suivie ?
Je
créais des vêtements depuis lenfance. Jai fait
ma première robe pour ma mère à lâge
de douze ans. Jai donc suivi des cours de couture avec des professeurs
issus des grandes maisons Courrèges, Dior... Puis jai travaillé
quatre ans dans la haute couture.
Comment
êtes-vous passé de la couture aux poupées ?
Jai toujours aimé les poupées. Jai décidé
alors dappliquer mes talents à cette passion. Jai exposé
des poupées de collection que javais habillées dans
une galerie du Cours Julien, puis aux Nouvelles Galeries. En mai 2000,
alors que je recherchais un stage dapprentissage à Salon
de Provence, les personnes du Lions Club ont été séduites
par la poupée que javais amenée. Bien quayant
précisé que je lavais seulement habillée et
coiffée, ils mont incité à participer au salon
de Paris en décembre. Le déroulement du stage de Salon de
Provence était trop tardif pour me permettre de présenter
un produit fini au salon. Jai suivi alors une formation de trois
jours pour apprendre à sculpter, poncer, couler. Je maîtrisais
déjà les techniques de coiffure et de maquillage. Je disposais
également dun carnet dadresses de fournisseurs de la
haute couture pour les tissus, les dentelles, passementeries et accessoires.
Comment
sont fabriquées ces poupées ?
A la base cest une sculpture en argile qui perdra 15 % de sa taille
après trois mois de séchage. On ponce alors et on fabrique
le moule pour couler la porcelaine qui diminuera encore de 20 % lors de
la cuisson. Puis le maquillage intervient, on applique les pigments quon
stabilise au four. Il reste alors
à fabriquer larmature du corps.
Achetez-vous
les perruques ?
Assez rarement. Je les fabrique à partir de cheveux denfants
japonais. Ce sont les plus fins et les plus beaux. Les perruques vendues
dans le commerce sont moins chères mais trop limitées en
longueur, je préfère composer les couleurs, les ondulations
et faire les coiffures moi-même.
Quelle
différence y-a til entre les poupées de série
et les vôtres ?
A partir dune sculpture que jai faite moi-même, je donne
une vie, des expressions et des traits animés. Les poupées
de séries sont trop symétriques, trop régulières.
Evidemment, je soigne particulièrement les vêtements et les
accessoires. Il marrive dutiliser des dentelles ou des tissus
de Dior, Lacroix. La minutie et lattention que jaccorde à
ces créations, les matériaux précieux, les cils et
les cheveux naturels, les yeux en cristal sont les éléments
qui me permettent datteindre des prix élevés (19 700
FF pour la plus chère).
Avez-vous
une activité parallèle ?
Je suis artiste en poupées. Mais depuis juillet dernier, jorganise
des stages de deux ou trois jours dapprentissage des techniques
de fabrication. Linscription sélève à
250 FF et la poupée finie est achetée 1750 FF. Je restaure
parfois aussi des poupées pour des antiquaires ou des particuliers.
Cest toujours une opération très délicate puisque
ces porcelaines très fines (le biscuit est une porcelaine qui est
cuite deux fois, cette opération la rend très fine et très
fragile) résistent souvent mal au transport et même à
un changement de température brutal.
Qui achetait
ces poupées anciennes ?
Ces poupées servaient de mannequins. Les couturiers apportaient
leurs créations, chapeaux, accessoires, chaussures et vêtements
dans les salons où les personnes riches se réunissaient
pour choisir leur garde-robe. De nos jours, certains grands couturiers
comme Azzedine Alaïa utilisent encore des poupées pour présenter
leurs modèles.
Aujourdhui, Wilfrid Cogo prépare le prochain salon du 25
novembre à Paris. Il exposera entre autres une poupée de
74 cm habillée de 3.50m de dentelle et 5 m de taffetas. Il aimerait
faire reconnaître son statut dartiste libre, ce qui nest
pas chose facile en France, cette profession est surtout répertoriée
en Allemagne.
V. Cleren
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