17 AVRIL 2001

JOURNEE INTERNATIONALE DES LUTTES PAYSANNES

JOURNEE INTERNATIONALE DU REFUS DES OGM

 

Le 17 avril 1996, 19 paysans du mouvement des Sans terre étaient assassinés au Brésil. Depuis, en leur mémoire, a été instaurée à cette date anniversaire une journée internationale des luttes paysannes, à laquelle Via Campesina appelle à participer.

Cette année, le mot d’ordre international est celui du refus des OGM. Pourquoi ?

Parce qu’au-delà des risques alimentaires et environnementaux des organismes génétiquement modifiés (OGM), se profilent bien d’autres enjeux et raisons de s’y opposer. La mobilisation des citoyens et des consommateurs et l’organisation de la résistance ont permis de faire évoluer la situation mais la logique commerciale qui vise l’appropriation du vivant et le contrôle des ressources alimentaires est toujours à l’œuvre et demande à être sans cesse combattue avec la plus grande vigueur.

 

OGM et risques alimentaires

Alors que nous sommes de plus en plus exposés à des risques sanitaires directement liés à l’agriculture intensive, on introduit les OGM dans l'alimentation humaine et animale sans en mesurer les conséquences. Les OGM utilisés dans l’agriculture accumulent les herbicides auxquels ils résistent et les insecticides qu'ils sécrètent. De plus, les effets à long terme des OGM sur la santé ne sont ni évalués, ni évaluables.

Nous sommes les cobayes d’une expérience grandeur nature.

NON aux OGM !

 

OGM et conséquences écologiques

Les disséminations d’OGM dans l’environnement constituent une menace pour la biodiversité et entraînent une pollution génétique irréversible et imprévisible.

Les risques principaux sont la dissémination de transgènes (par le pollen, par le sol) vers des espèces voisines et le déséquilibre des écosystèmes. Dans un “ monde transgénique ”, l'agriculteur de maïs biologique entouré de voisins qui auraient fait le “ choix ” (souvent imposé par les firmes semencières) de semer du maïs transgénique se trouve ipso facto dans l'incapacité de garantir la qualité biologique de son maïs aux consommateurs.

Les OGM sont une menace pour la biodiversité.

OUI aux semences paysannes !

 

Enjeux économiques

Le marché des semences, matière première des agriculteurs, attise la convoitise des industriels depuis plus d’un siècle. Aujourd’hui, la quasi totalité des semenciers dans le monde a été rachetée par des entreprises issues de la chimie. Les OGM sont le stade ultime de l’industrialisation de l’agriculture, à laquelle s’opposent les partisans d’une agriculture paysanne à taille humaine permettant de nourrir partout les populations. Les entreprises autoproclamées des “ sciences de la vie ” cherchent à s’emparer du marché mondial des semences en prétendant que les OGM vont résoudre la faim dans le monde. C’est d’une hypocrisie cynique. En fait, leurs recherches sont orientées vers un seul objectif : stériliser les semences afin d’obliger les paysans à les racheter chaque année (cf. le brevet dit Terminator) et à rendre ces derniers de plus en plus dépendants. Les OGM fragilisent les systèmes agricoles.

NON à la destruction des agricultures paysannes

OUI à la souveraineté alimentaire !

 

Enjeux politiques

L’industrie cherche à imposer ses OGM au mépris des risques qu’ils entraînent et au mépris de la volonté des citoyens. La grande majorité de ceux-ci n’en veulent pas et pourtant, on les leur inflige ! Ils ne demandent pas plus aujourd’hui à consommer des OGM qu’ils n’ont demandé hier à consommer des animaux nourris aux farines animales. Les politiques se déchargent de leurs responsabilités sur des comités d’“ experts ” et entérinent les décisions imposées par le lobby des multinationales.

Au niveau international, la pratique de l’agriculture productiviste orientée sur les exportations élimine massivement et ruine les petits paysans des pays du Sud, tout comme ceux des pays développés. Les OGM constituent le paroxysme d’un modèle agricole industriel et intensif.

NON aux exportations alimentaires à bas prix !

NON aux politiques néo-libérales !


Aspect juridique – Le hold up sur le vivant

Depuis des millénaires, le paysan reproduit et multiplie les semences dans son champ ; depuis des décennies, le complexe génético-industriel cherche à s’approprier cette loi de la nature dont il escompte de gigantesques profits. Une poignée de multinationales disposent aujourd’hui d’un pouvoir colossal qu’elles cherchent à accroître encore. L’extension des brevets aux génomes pourrait le leur permettre. Bien que “ toute prétention à une propriété industrielle sur la connaissance elle-même [soit] contraire à l’éthique des sciences ” (groupe “ Science-Société ” de l’Institut de France, mai 2000), la brevetabilité des éléments du génome reste l’objectif essentiel des multinationales. Déjà, de nombreuses espèces végétales ont fait l’objet de dépôts de brevets. Les règnes animal et humain sont eux aussi menacés.

En Europe, la directive 98/44-CE pourrait permettre la brevetabilité du vivant.

En Afrique du Sud, 39 laboratoires pharmaceutiques viennent de baisser le masque : le profit que peuvent leur fournir les brevets les intéresse plus que les milliers de vie que peuvent sauver les médicaments génériques.

S’il n’y avait pas la brevetabilité, il n’y aurait pas d’OGM.

NON aux brevets !

 

Ce que nous voulons

 

AU NIVEAU DE LA FRANCE

Nous demandons aux députés et sénateurs français :

·         de ne pas voter la transposition dans le droit français de la directive 98/44/CE dite de “ protection juridique des inventions biotechnologiques ”, qui viole de nombreuses conventions et de nombreux traités internationaux ;

·         d’exiger du ministre chargé de la recherche l’arrêt de Génoplante, dont l’objectif est de faire payer à tous les contribuables les coûts de la privatisation du vivant, et le redéploiement des moyens de recherche vers une agriculture durable, autonome et paysanne ;

·         de mettre en place des instruments de contrôle démocratique afin de placer le puissant outil de recherche des biotechnologies au service de la vie, et non du profit et de la mort ;

·         de solliciter du gouvernement français, puis de l’Union européenne, et enfin de l’Organisation des nations unies, la proclamation solennelle d’un nouveau droit de l’homme : le droit sur le vivant et les ressources génétiques en tant que bien commun  de l’humanité, inappropriable par nature et par quelque moyen que ce soit.

 

AU NIVEAU EUROPÉEN

Nous demandons que le Parlement européen et les Parlements nationaux, via leurs gouvernements :

·         exigent de la Commission et du Conseil des ministres de l’Union européenne le maintien du moratoire sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) ;

·         demandent une Europe sans OGM !

·           demandent la mise hors-la-loi des nécrotechnologies du type Terminator ;

·         soutiennent la demande d’annulation de la directive européenne 98/44/CE effectuée auprès de la Cour de justice des Communautés européennes par les gouvernements des Pays-Bas, de l’Italie et de la Norvège ;

·         demandent que soient revus les ADPIC (droits sur la propriété intellectuelle) comme le demandent les pays du Sud pour protéger leur patrimoine biologique.

 

AU NIVEAU INTERNATIONAL

Nous demandons l’annulation de l’article 27-3 b des ADPIC (accords internationaux sur la propriété intellectuelle), qui vise à planifier mondialement les brevets sur le vivant. Cette organisation supranationale conduit toute politique internationale à se soumettre à une logique mercantile. Dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, les rares mesures visant à protéger les plus faibles ne sont dans les faits pas appliqués.

La vie est plus importante qu’un brevet !

Mondialisons la lutte, mondialisons l’espoir !