08.10.2001

ILE-DE-FRANCE ENVIRONNEMENT

 

Demande de report

 

de toute décision concernant la

la réorganisation de la circulation aérienne en Ile-de-France.

 

Ile-de-France Environnement (IDFE), qui représente quelque 300 associations de protection de l’environnement et de la qualité de vie en Ile-de-France a adopté la position suivante sur le projet de réorganisation de la circulation aérienne en Ile-de-France :

 

 

1.      IDFE tient, en préalable, à rappeler son exigence visant à un changement d'attitude dans la politique du transport aérien, afin que celui-ci s'inscrive dans le cadre d'un développement durable respectueux de l'environnement planétaire.

 

L'action à entreprendre doit viser à modérer –sinon à stopper– la croissance du transport aérien afin de maîtriser les pollutions sonores et atmosphériques qu'il engendre et les dommages causés à la couche d'ozone. Cet objectif passe notamment par une révision des tarifs, artificiellement minorés en raison de l'exonération de certaines charges (taxes sur le kérosène) et de la non prise en compte des coûts induits.

 

2.      En Ile-de-France, les nuisances générées par le transport aérien ont atteint un niveau insupportable et IDFE considère comme prioritaire de les stabiliser, avant de les faire décroître. Dans cette perspective, la création de nouveaux couloirs aériens, présentée comme visant à fluidifier le trafic, peut aussi avoir pour effet d'en permettre l'augmentation. C'est pourquoi, avant de se prononcer sur les projets de réorganisation, IDFE estime indispensables  :

 

o        une décision gouvernementale pour l'aménagement d'une nouvelle plate-forme aéroportuaire en dehors du bassin parisien selon un calendrier permettant, d'ici quelques années, de faire face à l'augmentation de trafic sachant que les plafonnements et couvre-feu d'Orly et de Roissy sont intangibles et non négociables.

 

o        un dispositif législatif donnant une valeur juridique forte aux engagements gouvernementaux relatifs à ces limitations.

 

3.      IDFE demande également que la circulation aérienne sorte de la zone de non-droit ou de droit d’exception dans laquelle elle se trouve. Toute modification ou création de routes aériennes, qui provoque obligatoirement d’importantes nuisances et des risques sanitaires pour les populations survolées, doit suivre les procédures valables pour les infrastructures terrestres et les installations classées. C'est ainsi que doivent notamment être rendus obligatoires l'établissement d’une étude d’impact, la procédure de concertation préalable et l’enquête publique.

 

4.      IDFE souligne qu' Eurocontrol a, dans les délais qui lui ont été impartis, suggéré des améliorations au  projet initial de la DGAC, même si c’est de manière insuffisamment précise au niveau des impacts sonores pour ce qui concerne Orly. Rien n’a été étudié comme solution alternative pour les nouveaux couloirs proposés pour Roissy, ni pour Le Bourget dont les avions ont des caractéristiques et des trajectoires basses fort nuisibles.

 

Eurocontrol a publiquement estimé avoir besoin d’un an au moins pour procéder à l’optimisation du plan DGAC, qui doit être entièrement repensé dans ses principes mêmes, ce plan ayant manifestement d’autres priorités que la limitation des nuisances pour les populations survolées. IDFE demande que ce réexamen soit effectué en plaçant le critère environnemental en deuxième priorité, immédiatement derrière le critère de sécurité non seulement des passagers mais aussi des populations et des centres nerveux de toute nature. Les critères de fluidité du trafic et de rentabilité des compagnies par le raccourcissement des routes ne doivent venir qu’ensuite.

 

5.      Le nouveau plan devra avoir pour caractéristique, au nom de ces deux critères prioritaires, que les avions à l’atterrissage et au décollage survolent le moins possible les zones urbaines denses.

 

6.       IDFE demande donc un report, à au moins un an, de l'examen du projet présenté pour que les préalables exposés ci-dessus puissent être satisfaits. Les problèmes de sécurité et de fluidité avancés comme justification au nouveau plan de circulation aérienne vont perdre tout caractère d’urgence, pour autant qu’ils l’aient eu.

 

En effet, les tragiques événements aux Etats unis et leurs conséquences en matière de renforcement des mesures de sécurité et de psychose des passagers, les développements du conflit d’un type nouveau qui se développe, vont conduire à une diminution au moins temporaire du trafic aérien, d'autant qu'ils se sont produits dans une période où ce trafic subissait déjà un fort ralentissement. Les mesures de grande ampleur, en matière de licenciement, de suppression de lignes et de report de commandes d’avions, prises par les compagnies aériennes confirment, s'il en était besoin, cette analyse.

 

7.      IDFE considère que vouloir faire passer en force le projet dans la conjoncture actuelle serait faire preuve d'une hâte suspecte et traduirait un mépris certain pour les populations.

Si tel était le cas, IDFE -union de près de 300 associations de protection de l’Environnement d’Ile-de- France- demanderait à toutes ses associations et à l'ensemble du mouvement associatif de s’opposer par tous moyens appropriés à la mise en œuvre de ce plan.