Retour "Tante Marthe"
Si je peux vous répondre, car vous savez ma famille est compliquée. Marie Huser c’est maman. [Photo de la femme assise avec de gros nœuds aux chaussures] Oui c’est ma sœur, ma mère n’a jamais était aussi coquette. Ma pauvre mère. Maman a tout le temps gardé la mode ancienne : jupe, un corser, et des jupes qui lui haussées les talons. A cette époque ce n’était pas [ ?] ce n’est pas comme maintenant. Sa me fait rire, mais ma pauvre mère.
Emile lui ma connu, mais moi… je me souviens maman disputait un jeune homme, et puis moi, il était assis au bord du lit et moi j’étais derrière. Je le pris, c’était mon frère, mon frère aîné, je l’avais pris par le coup et je l’embrassais tout le temps pour le consoler pendant que maman le disputer. Et sa met toujours resté. Mais sinon je n’ai pas de souvenirs de lui. Il est mort à la guerre. C’était un charmant garçon, il parait. Mais moi je ne l’ai pas connu, c’est moche, sa me peine. Il y a beaucoup de personne que je ne connais pas qui sont mortes dans ma famille.
Mais je ne sais pas, je vous ai parlé de mon frère qui a été tué d’un coup de fourche ; Gaston, oui. Il est mort d’un coup de fourche en plein visage. Il a reçu la dent d’une fourche qui lui a traversait le nez, qui a touché le cerveau. Et alors il a eu le tétanos, alors évidement le tétanos sa ne pardonne pas. Et ma foi, il est mort comme ça, et c’est la seule image que je me représente de mon frère. Enfin, il était gentil aussi mais tous les garçons c’étaient des charmants garçons.
Ma sœur, je ne l’ai pas tellement connue puisque qu’elle s’est mariée jeune. Ma sœur à connu ce jeune homme grâce à mes frères je crois. Et, ma foi, ils se sont mariés et son partit en Belgique. Elle a habité à Athus.
C’est quelle est longue la famille maintenant. C’est beau quand même, c’est beau une belle famille. On ne devrait pas se séparer, on devrait durer un peu plus longtemps l’un près de l’autre et voilà. Sa c’est la vie, on ne peut rien faire contre.
Ouai, ouai… non je ne veux rien dire parce que ma mère à moi elle est morte j’étais encore jeune, [digestion] excusez moi, quand maman est morte elle disait à mon père, j’étais donc à côté d’elle, et mon frère, mes frères aussi, mes deux frères René et Henri. Et puis alors maman elle a dit à mon père, elle dit : « ce que je ne voudrais pas mourir étouffé ». Il n’y avait pas une seconde, admettons une minute qu’elle avait dit ça, elle étouffe et d’un seul coup comme ça, elle est morte. Donc elle n’a pas souffert comme elle le pensait. Seulement c’est triste quand il faut perdre ses parents. Elle était vraiment trop jeune, moi j’allais avoir 14 ans, non 15 ans. Et ma foi, ben quand maman est morte, il a fallu lui faire sa toilette et que je n’ai même pas pût faire. Parce que c’était mon frère René qui m’a aidé à l’habiller et à l’arranger, la rendre jolie quoi. Alors c’est dure quand on est jeune et qu’il faut voir sa mère partir comme ça. Et je l’ai vu dans le cercueil, et bien c’est triste.
Mon père, ma foi je ne sais pas ce qu’il est devenu, j’ai l’impression qu’il doit être… oh ! Je ne sais pas, je peux rien dire, je ne peux rien dire. Je ne veux pas savoir où il est ni rien du tout. Ecoutez, j’ai tellement de mauvais souvenirs de lui. Je suis la seule à lui tenir tête, et vous savez il m’en a fait voir aussi, parce que je n’oublie pas les deux gifles qu’il m’a donné pour rien. J’avais rien fait du tout, il me donne deux gifles, donc il ne pouvait pas se venger sur ma pauvre mère alors c’est sur moi qu’il se venger. Vous comprenez, c’était un bonhomme comme ça, il était très fort sur les femmes. Mais pas sur les hommes. Moi j’aurais voulu qu’il tape un de mes frères alors là je crois que ça n’aurait pas été pareil. Oui, ça une fille, et puis je ne savais pas répondre, et puis de toute façon je n’ai pas été élevée comme ça. Enfin il ne fallait pas répondre, fallait dire oui non oui non c’est tout. On pouvait rien dire autrement. Alors le jour où j’ai répondu, parce que ma tante, tous les jours que je revenais avec ma tante, car ma tante travaillée dans un coin de la rue et puis moi j’allai de l’autre coin, c’était la rue de Vouziers. Eh bien…[…]. Oh oui, oh non j’aime autant ne pas le voir, et ne pas en entendre parler non plus. Je lui pardonne et c’est tout ce que je peux faire.
Paul s’est marié, il aurait eu sept enfants, seulement il en a perdu pas mal, ma foi il n’en reste plus que trois. Alors j’ai une nièce, c’est mon chouchou, parce que c’est la première que j’ai vu quand elle est venue au monde, on à dix ans de différence, c’est pour ça que c’est une poupée vivante, elle était belle, oh elle était belle.
Et bien les photos, on me les a volés, oui, et ça je sais c’est qui. C’est ma nièce, une sœur de ma préférée parce que pour punition on l’avait enfermé dans un endroit où il y avait une armoire et alors elle a fouillé là dedans, elle les a trouvé et les a gardé. Je ne leur en veux pas c’était des gosses. Mais des gosses qui ont été mal élevé car nous, on ne se serait pas permis ça.
Parce que vous voyez, ma tante, celle qui s’est proposée de me garder, c’était vraiment gentil pour moi, et bien je lui ai toujours dit « vous », je ne lui ai jamais dis « tu ». A ma tante, puis a mon oncle.
Combien de fois j’ai dis, si maman avait le courage de laisser mon père et puis aller avec mon oncle. Et donc jeune, évidement pour qu’ils ne soient pas mariés ni l’un, ni l’autre. Oh oui j’aurais été heureuse d’avoir un père comme ça. Mais enfin, les enfants qu’il a, lui, ce n’est pas le cas, ils sont des démons ces gosses là.
Avec ma nièce on continu toujours à s’écrire. Mais comme je ne sais pas lire, je donne mes lettres à lire à d’autres personnes qui veulent bien m’aider.
Nénée, oh oui je l’ai eu une fois chez nous, je crois, je me souviens plus ma foi. Claude je ne l’ai pas connu alors.
Oh oui, mais c’est une belle famille, et vous vous accordez bien ?
Oh René y a pas meilleur que lui.
C’est formidable une famille comme ça. Vous vous rendrez compte si vous faisiez une photo comme ça […].
On n’est plus que trois maintenant. […]. Je suis seule !Elle est décédée ma sœur ? Ah non. Et le beau frère. Oh bah là vous me coupé le souffle. Je ne savais pas du tout. Je ne vois pas qui c’est qui aurait pût me prévenir, du reste.
J’ai habité à Paris. C’est-à-dire que j’ai été placé à Paris déjà, par une tante. C’est ma tante, oh je ne sais plus. C’est par mon père parce que lui il était bon à rien. C’est certainement ma tante qui m’a placée comme bonne dans une maison bourgeoise à Fontenay-aux-Roses, tiens ça me reviens, à Fontenay-aux-Roses, j’ai été placé chez madame Belnin. Ah bah si vieux ça ! Je devais avoir 15 ans ? Oui bah c’est ça alors. Donc j’ai été placée chez monsieur et madame Belnin, j’y suis resté un an, même pas, et j’ai fais la plus grande bêtise de ma vie, c’était pour faire le ménage chez une cousine. Alors ça, je le regrette de tout mon cœur, j’ai quittée cette bonne place que j’avais pour aller chez une cousine qui ne valait rien ; Voilà ! Elle s’appelé Couchot, c’est une fille de mon oncle, le frère de mon père. Il s’appelait Paul, mais je ne sais pas si il est mort. Enfin je ne sais pas. […] La cousine, oui, et bien c’était des gens pas sérieux, alors je regrette du reste, d’y avoir étais, d’avoir quitté cette bonne place que j’avais pour aller chez elle ; Alors j’aime mieux vous dire, je leur en vœux, je leurs en veux à ces gens là. Mais je préfèrerais ne pas en parler car ça me dégoûte. Excusez-moi. […]
Après j’ai été dans un bureau de placement, attendez voir, oui je crois que j’ai été dans un bureau de placement […] et alors on m’a placé chez monsieur et madame Belnin, j’y suis restait un an […] oh je crois que je mélange tous. C’était un château, château Belnin, il est très connu du reste. Je les aimais bien, j’aimais bien, parce que j’avais ma pauvre petite chambre à moi toute seule puis quelle bêtise j’ai pût faire ; Vous savez quand on a personne pour vous conseiller alors on fait des bêtises. Je parle pour moi. En plus, je n’ai pas d’instruction, alors ça pousse tout ça. Je suis autrement dit, une bonne à rien.
J’ai travaillé. Vous savez le ménage je sais ce que c’est ; Dans le ménage, oui, quand j’ai quitté une maison, je ne sais plus laquelle. Je ne sais pas combien de maison j’ai fais. Je ne me souviens plus du tout.
Avant de venir ici, à l’hôpital […] je ne sais pas. Je ne m’en souviens plus. Moi je m’en rends pas compte ; J’en sais rien ; Vous voyez personne ne me réponds. Ca fait un an ou deux que je suis ici. […] Oh bien mince. Je ne me rendais pas compte. Et ça fait un an ou deux que je suis allongée comme ça sur un plumard. Deux ans que je suis ici.
J’écrivais à ma sœur et puis je ne sais pas ce qu’il s’est passé, elle a cessé de m’écrire ; Alors voilà comment c’est, quand ça dure trop longtemps, on vous oublie. Mais ça n’a aucune importance. Oh vous êtes très gentil monsieur, vous m’avez donné un peu de bonheur dans mon cœur. Je ne peux pas vous dire grand-chose.
Mon oncle était le frère de mon père… attendez ! C’était un homme charmant, je ne sais pas si il vie toujours mais enfin. Oui c’était un homme charmant, très gentil et un cœur en or. […] Parce que vous savez, la famille Couchot, ça ne vaut pas grand-chose. Vos mieux en rire parce que moi ça me dépasse.
Ma sœur c’est mariée avec un homme charmant aussi. Ils sont partis en Belgique, je crois à Parford […] et puis, c’est pour son mari, parce qu’elle, ma sœur ne travaillait pas. Alors c’était pour mon beau-frère, il fallait peut-être qu’il se déplace, ou je ne sais pas quoi. Alors ils sont partis demeurer à Athus. Et puis après ils ont été aux environs d’Arlon. Vous verrez parce que le beau-frère est un peu rude, bien vous savez, il n’aime pas être dérangé donc vous vous ferez tout petit ; Et puis ma sœur… quand vous les connaiterez vous verrez ils sont charmants tous les deux. Ils ont un cœur d’or tous les deux.
Paul […] oh alors lui je l’ai laissé tomber. Je corresponds toujours avec sa fille, elle est tellement gentille et belle. Oh non lui je m’en moque. Il pourra faire ce qu’il voudra mais je m’en moque. […] Non.
J’ai connu ma sœur qui a été voilée et étranglée. Alors celle là, oui elle était charmante. Et dire que j’allais avec elle, vous vous rendez compte que j’aurais pût y passer. Quand j’y pense. J’aurais tant voulu que ce soit moi au lieu que ce soit ma sœur. Oui parce que moi j’étais jeune malgré tout. Alors moins de chagrin que pour une jeune fille presque, elle avait douze ans, ou douze ans passé. Alors vous savez c’est dure de perdre des enfants comme ça. […].
[Une danseuse] Oh oui, ça ce serait du côté de père alors. Ah oui, je me souviens, c’est ma tante, ma tante Mélisse, elle était danseuse, c’est vrai, c’est vrai. Elle était danseuse étoile je crois. Ah oui c’est ça. Oui, Mélisse, Emilie, Emeline ou un comme ça. Elle était charmante aussi. Et c’est chez elle que l’on a été quand maman est morte. Elle était vieille fille, ma foi, et qu’elle avait du bien, pauvre fille, et elle avait du bien pour des gens qui se moquaient d’elle ; Et puis, ma foi, pas nous, mais on en a profité quand même de la pauvre tante. Enfin, c’est triste quand même ; Elle a fait du bien, elle a en que des défaites, la pauvre ; C’est un peu mon genre je vous dirais. C’est un peu mon genre d’être oublié comme ça. Tant que l’on a eu besoin de moi on a sus me trouver mais le jour où il n’y avait plus besoin c’était fini. Voilà mon pauvre monsieur c’est tout ce que je peux dire pour l’instant.
[…] Oui, le commandant […] mes nièces, j’avais trois nièces en Amérique et alors il y en a une qui quand elle a apprit que ses parents étaient morts, elle a voulu se suicider et elle a été sauvée, et malgré tout elle est morte quand même. Enfin, je ne sais pas si elle a reprit de ce médicament, j’en sais rien, ou est-ce que c’est le résultat de quand elle a voulu se suicider toujours est-il que voilà ; Alors son père et sa mère étaient morts. Alors elle, elle s’est suicidée. Drôle de famille quand même. Bah je crois que je n’ai plus grand-chose à vous dire monsieur.
Vous êtes de Reims ? Car quand j’entends « oui oui » comme les rémois. Oui ça fait loin, oh non faut pas. Ca m’aurais fait plaisir mais ça je ne veux pas, c’est trop compliqué et surtout qu’il y a tellement de fous dans la circulation. Vous savez, je ne voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose, parce que la famille est tellement bien faite, tellement comment je vous direz bien […] oui oh bah c’est pas clair il m’échappe des mots […] Merci. Alors je ne voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose, allons. Surtout que je n’en vaux pas la peine, je suis vielle et au lit, alors qu’est-ce que vous voulez. Si ce que je peux faire, vous donner, prêter mon logement. Demandez à la propriétaire si elle veut comme ça vous n’aurez pas de […] oui un logement de deux pièces, une chambre et une cuisine. Pas loin de l’hôpital. Et de toute façons pour y aller à pied c’est pas possible, parce que […] une cuisine et une chambre, je crois même que le lit est fait […] je crois qu’il est fait ; mais enfin depuis le temps qu’il est fait aussi il doit être humide ; C’est à Billancourt près de chez Renault, à Billancourt. Je sais pas si je l’ai, je crois que je l’ai encore ; Je crois que ce logement là dans les, les meubles ils sont à moi et doit en avoir d’autres, donc les meubles ne sont pas à moi. Mais je ne sais pas ce que je vais faire de tout ça. Parce que là les propriétaires n’attendent qu’une chose que je m’en aille, pour pouvoir louer à OS. Voilà, mais comme je paie mon loyer des deux côtés alors, alors de toute façons le loyer est payé donc vous pouvez y aller seulement il faudrait prévenir le propriétaire. […] Si quelque fois, vous avez envie, bien je ne vous force pas je vous dirais […] Merci, parce que au lieu d’aller à l’hôtel se sera mieux d’être chez sois. Voilà c’est tout ce que j’ai à vous dire mon pauvre monsieur. Mon cher neveu. Bien je suis bien contente de l’apprendre ça me plus.
[…] D’accord oui. […] dans combien de temps à peu près. Oui d’accord, mais j’aurais voulu vous donner plus de renseignements que ça. Oui peut-être oui, d’accord, possible car la mémoire vous savez elle se sauve. Elle est comme moi, elle diminue tous les jours. Oh oui. Oh qu’est ce que vous voulez, quand l’heure est arrivée, l’heure est arrivée hein, Enfin si je pouvais vous faire cadeau de quelque chose à la maison qui vous plais. Enfin c’était dans la rue Paul Bert que je demeurais, au 19 ou 20 je ne me souviens plus. Et ensuite je suis parti, oh je ne me souviens plus. Je ne sais plus. Je ne sais pas.
[…] Coffre de famille […] oh non, pas moi. Non je ne pense pas.
[…] Oui d’accord, quand vous voulez. Il faut pas que ça vous ennui hein. Parce que le téléphone coûte cher. Oh je vous remercie, merci beaucoup. Cher cousin, cher neveu c’est ça. Vous êtes mon neveu alors. Bon bah voilà. Au revoir alors. D’accord quand vous voulez. Merci de m’avoir téléphoné. Au revoir mon neveu. Je vous embrasse bien fort. Et puis la petite famille. Au revoir.


Témoignage de FOUCHE (COUCHOT) Marthe, 90 ans.Le 30 avril 2001, vers 17h20.[cassette n°7, face A]

 
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