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Problématique générale :

Analyses des attitudes et des enjeux professionnels 2

 

Clinique humanitaire : pratique de l'intervention psychologique

La clinique a une fonction thérapeutique en groupe ou de façon individuelle. Elle s'appuie sur une exigence professionnelle forte, qui demande un équipement théorique charpenté et connaît un réaménagement selon les cultures rencontrées.

Chaque sujet est différent, le lien est l'universalité du psychisme humain. Il n'y a pas de race.

 

Pratiques innovantes : cadres différents mis en place pour les personnes qui souffrent (en fonction du poids de l'événement et de la propre histoire de l'individu).

 

C'est une clinique :

- des limites

- qui touche l’histoire individuelle et collective : témoignages

- qui a une exigence éthique considérable

- de passeurs : remise en lien (nous même, les autres)

- qui partage des situations traumatogènes (position empathique et de distance)

- qui travaille sur le récit et s'intéresse aux groupes : entreprendre des relations d'alliances pour soigner

- de l’altérité : liée à l'autre, qui se méfie du contenu véhiculé par la culture (notamment la culture occidentale).

- qui se confronte avec l'étrangeté et avec la mort

 

Les O.N.G. sont habituées à faire face aux catastrophes : rencontre avec les psys. La réparation matérielle ou médicale ne suffit pas.

Des dispositifs ont été créés dans des zones de conflit (camps de réfugiés) avec des programmes de soutien psychologique et social.

Quand cela est possible et quand il existe, ce mécanisme ressemble à une poupée russe : les premiers intervenants sur le terrain rencontrent les superviseurs pour pouvoir poser les bagages psychologiques des victimes.

 

C'est une clinique attentive au contexte : source de développement du conflit, clivages, violence intentionnelle produite par des humains sur d'autres humains (pas de barbarie).

Le soin ne suffit pas pour guérir la personne, il faut impliquer la justice : les responsables sont reconnus et punissables. Identification de l'agresseur.

Il y a l'obligation de soigner malgré tout !

 

En ce qui concerne les limites : on ne peut pas soigner n'importe qui, n'importe où. Dans le contexte actuel, on s'attaque aux populations civiles et cela implique d'autres types de fonctionnement. Le soin est confronté à la limite de la maltraitance produite par ces guerres déstructurantes car elles s’attaquent aux liens de parenté, de générations. Les fondements de la réparation peuvent se faire par la justice, le pardon. La réparation n'appartient pas qu’au champ de la santé mentale.

On n’efface pas un traumatisme ! On donne un sens à l'événement pour récupérer le lien humain qui va nous soigner. Il faut aussi sortir du cycle de la vengeance.

 

Le mouvement humanitaire s'appuie sur une compassion pour les victimes considérées en dehors de la race, la religion...

Le statut de réfugiés donne un accès obligatoire aux soins pour peu que les humanitaires puissent accéder aux zones de conflit.

 

Le développement de l'information permet de se sentir concerné, permet des engagements portés par les différents intervenants.

 

Quand on interroge les intervenants, l’idée qui prévaut et celle des droits de l'homme, aider l'autre souffrant. Cependant « les droits de l'homme » sont différents du « droit des hommes ». Il ne faut pas simplifier, les hommes sont dans leur pluralité infinie.

 

Implications relationnelles importantes : il faut être vigilant au fait que ce n'est pas une interaction égale, il faut se souvenir que l'on est un autre pour l'autre (écart de l’altérité). La rencontre avec les différents obligent à prendre du temps pour construire la relation. Il faut poser des cadres thérapeutiques.

 

Question du témoignage qui s'inscrit comme une ligne directrice : la victimologie.

Dans le témoignage, mal compris et mal utilisé, la victime est exposée. Le spectacle médiatique perd le sens du témoignage. Le risque de l'humanitaire et de rentrer dans un jeu d'images et de perdre de vue « l'autre ». «  La victime est présupposée innocente » et l'humanitaire va au secours de l'innocence. Les catastrophes touchent les plus démunis.

Le droit a évolué avec la notion de droit d'ingérence pour une intervention légale dans la sphère de la souveraineté nationale.

Les humanitaires peuvent, à cause de l'urgence, mésestimer le processus de lien. Il faut être attentif au moindre signe de liaison, de resocialisation au sein des groupes de victimes.

 

Historique

Interventions précises :

- Thaïlande, 1979, réfugiés cambodgiens

- Arménie, 1988, victimes du séisme

- Roumanie, 1992, orphelinats, colloque de Bucarest

 

Il faut également faire attention aux dons. Ils peuvent être positifs mais aussi négatifs car ils endettent psychiquement la personne qui les reçoit et provoquer de l'envie, du rejet, voire de la haine.

 

Points clés :

 

1- se préoccuper de l'autre (ce qui ne veut pas dire victimiser l'autre). La situation n'empêche pas de mettre en place des mécanismes pour y faire face.

 

2- l'autre est semblable et différent. La différence est repérable mais il y a des difficultés dues à la méconnaissance de l'histoire et de l'héritage du pays dans lequel on travaille. La contextualisation de la situation est très importante.

 

3- possibilité d'identification à l'autre. Partage de la situation traumatogène. Chacun d'entre nous peut être amené à accepter ce qu’il n'aurait pas pu penser pouvoir accepter ou approuver. Importance de l'idéologie.

 

 

Travail pratique en Roumanie, Yougoslavie.

 

Roumanie, décembre 1989

Les psys ont été appelé par les O.N.G.. Ce personnel était déjà qualifié. Il ne s'agissait pas d'expatriés mais de personnes qui se détachaient de leur activité pour s'engager et restaurer les orphelinats. 1000 O.N.G.. Grande affluence.

Effervescence interventionniste, mobilisation des expatriés qui se trouvent en détresse psychique.

Objectif : monter un cadre de supervision.

Symptômes : activisme chevronné ou retrait relationnel.

Les expatriés sont très dispersés sur le territoire roumain avec peu de liaison. Regroupement à Bucarest. Ce groupe est homogène et ouvert. Travail de transition entre les départs et les arrivées.

Mise en place d'un dispositif lourd pour libérer les expatriés de leurs bagages psychiques : récit, dialogue. Ils travaillaient avec les conséquences d'un système totalitaire, dans des institutions pour enfants abandonnés souvent psychotiques (les enfants étaient abandonnés et non orphelins). Effets morcelant, hétérogènes, pris dans des mouvements archaïques.

Le contexte post-totalitaire n'avait a été prévu par les O.N.G. La rencontre avec ce contexte a attaqué leur fond d'humanité : cela entraîne des fonctionnements idéologiques. Ils n'avaient pas prévu le choc de l'éloignement qui provoque des angoisses de séparation dues aux différentes cultures.

Il faut respecter l'expérience que l'on a effectuée étant enfant : l'ouverture et l'adaptation à l'étranger. Ces expatriés avaient souvent des accidents, des maladies psychosomatiques. Indice de quelque chose qui fonctionne mal dans leurs relations.

Deux solutions : le besoin d'entourage ou le rejet de cet entourage.

Assimilation avec les enfants maltraités dont ils avaient à s'occuper. Ces enfants n'avaient pas de prénom, aucun lien maternel, délaissement total.

Les expatriés commencent à s'en prendre personnel roumain, le clivage s'installe. Ils décident de passer outre la hiérarchie et de s'adresser directement au supérieur ou au ministère de tutelle.

Position de toute-puissance et de rejet : absentéisme, dégoût à l'idée d'aller travailler, retrait relationnel. Possible cause : les enfants étaient sujets à des adoptions illicites, beaucoup auraient été contaminé par le virus du sida, afflux de matériel qui a été détourné par les soignants roumains. Tout ceci abonde dans le récit des expatriés.

Mécanisme de décompression, d'insatisfaction. Ils avaient oublié qu'ils étaient au service des enfants. Ce travail les a confrontés à leur propre limite. Impossibilité de séparer le temps de travail du temps privé. Ce mécanisme peut être compris comme un mode de défense mais il est très nocif. Il ne faut pas tout mélanger !

Les volontaires avaient un discours mécanique, ils étaient blessés.

Dans l'humanitaire, on travail avec les moyens du bord, on module, on aménage son savoir-faire professionnel qui peut être perçu comme une atteinte à la capacité professionnelle, au métier. Un mécanisme de découragement peut s'enclencher.

Ce mécanisme peut être lié à la capture de l'urgence. Globalement, on a des écarts d'identification trop important.

 

Comment peut-on faire alliance thérapeutique avec nos homologues ? Cette alliance n'est pas une fusion. Les expatriés pensaient s'allier aux roumains mais les enfants continuaient à être maltraités. De plus ceux qui les avaient accueillis si chaleureusement n'étaient pas ceux qui s'occupaient des enfants. Le psy devait vitaliser les contenus des conflits (positions antagonistes) pour les résoudre.

 

Dans toutes les institutions il y a un bouc émissaire, détesté et détestable. Les enfants étaient identifiés à l’agresseur. Les soignantes occidentales éprouvaient des sentiments de répulsion à l'égard de ce bouc émissaire mais cette répulsion ne doit à empêcher de travailler avec lui. Ces soignantes ont cassé l'idéalisation de la soignante occidentale. Cela leur permettait de ne pas culpabiliser, de rétablir leur humanité.

 

Yougoslavie, 1991 à 1995

Guerre entre nationalités. Réfugiés sur la côte d’Almate.

Idée : retrouver des professionnels afin de les solliciter.

La condition de réfugiés annule, a priori, toute identité professionnelle. Certaines femmes avaient commencé à retisser des liens : dispositif dans la continuité, travail avec des interprètes réfugiés.

Cette guerre attaquait les liens inter et intra familiaux.

Les femmes avaient le sentiment d'être abandonnées, forte sidération. Il y avait aussi à sentiment de culpabilité, complexe du survivant, sentiment de trahison, d'abandon des proches, de persécutions.

Image : tous les réfugiés sont partis avec leur album de photos de famille

Travaux sur les effets du clivage. Mécanisme d'identification très fort. Les psys étaient aussi sujets à l'abandon, au clivage dû à l'expatriation : angoisses de séparation. Il fallait réinstaller les liens aussi bien chez les réfugiés que chez les expatriés.

La part d'humanité des expatriés était attaquée et leur cadre de référence également. Pour la personne souffrante, la reliaison se fait par la transmission du sentiment de ce qu'elle a vécu : travail de psychisation, reprendre des éléments de la réalité, se réapproprié des éléments du psychisme interne.

 

Pour resolidariser les personnes : travaux de groupe avec des médiations pour se rendre compte de la multiplicité du traumatisme, des effets sur chaque individu. Il faut un temps d'apprivoisement. Le traumatisme peut sortir quand le message va de l'un vers l'autre. Il n'y a plus d'incompréhension.