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Questions sur la filiation et l’adoption Approche
clinique et psychanalytique Tout
enfant a nécessairement un père et une mère, présents ou absents, vivants ou
morts. La
notion de famille monoparentale est une obscénité. Cela
revient à réduire la notion de famille humaine aux seules personnes présentes,
or une famille ne se réduit pas aux personnes vivant ensemble. Il y a une
ascendance, un lien de type généalogique. Un
père ne vaut pas par sa seule présence dans le développement affectif d’un
enfant. Le père ne compte que dans la mesure ou il est reconnu par une mère. Il
y a intersubjectivité. Il n’y a pas de père en soi et la relation entre la mère
et le père doit être asymétrique. Une
certitude biologique fonde la maternité. Le père est incertains : aucun
homme ne peut être sûr d’être le père de son enfant. Est père celui qui
est reconnu comme tel par une femme (parole présente ou parole manquante), ce
n’est pas forcement le géniteur. Entretenir
l’ambiguïté sur l’identité du père peut rendre fou. Il y a un risque de
pathologie quand la mère ne procède pas à la reconnaissance du père. La mère
doit valoriser le père. Elle a un pouvoir énorme car elle peut le faire ou
non. Si elle ne le fait pas, l'enfant peut se retrouver en détresse psychique
car il sait qu'il doit sortir du rapport avec sa mère par le biais d'un tiers :
le père. Il
faut passer de la dualité (relation mère/enfant) à la triangulation (mère/enfant/tiers).
Le tiers peut être le père mais aussi toute autre personne qui permet au
couple mère/enfant de se séparer peu à peu. Parler c'est aussi nommer un
tiers à l'invitation de la mère. Pierre Legendre : « Filiation »
« le crime du caporal Lortie, essai sur le père » Il critique une conception bouchère de la filiation, une conception vétérinaire. Il parle de cela au sujet du génocide juif pendant la seconde guerre mondiale. « Les nazis ont tué le juif en tant que fils de juif ». Ils représentaient le témoignage immémorial de l'inscription généalogique. Que
signifie être fils ou fille de… ?
Cela signifie être reconnu par un père et une mère. Cela ne se font pas que
sur la biologique mais aussi sur la parole. Tout
parent doit adopter symboliquement ses propres enfants. L'adoption juridique ne
doit pas empêcher ou à se substituer à l'adoption symbolique. L'instinct
maternel n'existe
pas. Il s'agit de la préoccupation maternelle primaire. C'est le bébé
qui apprend à la mère à être mère. Quand
la mère est absente, un père peut faire office de mère. Il peut ressentir les
besoins du bébé. Il peut être une mère de substitution à condition qu'il ne
soit pas brouillé avec l'image intériorisée de sa propre mère. Il faudra
alors un tiers pour jouer le rôle effectif du père. Une personne ne peut jouer
les deux rôles en même temps. Grandir,
c'est se séparer de ses parents. Il
y a un tel amour entre la mère et l'enfant que les deux protagonistes sont
incapables de se séparer par eux-mêmes. L'adoption
:
ce qui pose problème ce n'est pas l'adoption mais l'abandon
qui a été effectué avant cela. Comment survivre à l'abandon de la mère, l'humaniser, le rendre acceptable, l'intégrer à sa propre vie. L'abandon signifie pour l'enfant qui n'était pas « aimable » au sens étymologique du terme. L'abandon devra être symbolisé. Dolto :
elle explique à l'enfant que l'abandon n'est pas une preuve de rejet mais la
plus grande preuve d'amour qu'une mère puisse offrir à son enfant puisqu'elle
ne pouvait l'élever correctement. Agir ainsi n'est pas toujours la solution. Question
de la révélation de l'adoption
: l'adoption était, à une certaine époque, un secret. La famille est le lieu
des secrets. En réalité, tout le monde connaît le secret mais pas
consciemment, la révélation n'en est pas vraiment une. Que
s'est-il passé avant l'adoption ?
Tout doit être éclairci le plus tôt possible avec des mots simples et clairs.
Il faudrait aussi accompagner les parents pour les aider à trouver le courage
et des mots pour dire à l'enfant qu'il a été adopté. Question
du changement de nom
: changer de nom peut être destructeur. Il faut remarquer que cela ne vous que
pour le prénom et non pour le patronyme. Quand
il y a adoption, il y a souvent stérilité : l'adoption est alors le moyen
d'une double réparation (abandon de l'enfant et stérilité d'un parent). Les
causes de la stérilité peuvent être biologiques ou psychologique. Le malheur
de la stérilité avant l'adoption doit aussi être parlé. Relation
entre parents adoptant et enfant adoptif
: un des moments clés de cette relation est l'adolescence. Les enfants adoptés
vont transposer sur leurs parents adoptifs le ressentiment de l'abandon. Cela se
traduit par des phrases types telles que : « je veux connaître mes
vrais parents ». Ceci comme si les parents adoptifs étaient de faux
parents avec une disqualification et un sentiment de culpabilité. La situation
devient difficile avec l'existence du fantasme du roman familial : « Mes
parents ne sont pas mes vrais parents. Mes vrais parents sont des personnes
puissantes et exotiques ». Aucun enfant n'y échappe. Pour un enfant, les
parents du copain sont toujours mieux que les siens. L'adoption coïncide avec
le fantasme du roman familial. Il faut jouer à l'illusion/désillusion. C'est
une désillusion pour un enfant quand il retrouve ses parents biologiques
(l’un ou l'autre ou les deux). La confrontation avec la réalité se fait dans
un mouvement de désillusion qui doit être accompagné psychologiquement. Les
parents doivent accepter ce désir de recherche et même l'accompagner. Étape nécessaire
pour que l'enfant puisse revenir vers ses parents adoptifs en toute conscience
et en toute sérénité. Dans
le cas où ni la mère biologique, ni la mère adoptive n'ont joué un rôle
constructeur positif, la suppléance s'installe. Il s'agit du
remplacement par une personne prête à materner (suppléance ne signifie pas
substitution, il ne s'agit pas de prendre la place des parents). Être parent ne
signifie pas posséder ses enfants. Il faut respecter le fait que l'enfant
puisse investir dans d'autres adultes. Nous avons tous un rapport de possession
ou de dépossession avec nos parents. Le travail psychique est un travail de dépossession. La
première séparation, c'est l'école. La mère voudrait que son bébé soit
bien mais elle voudrait également qu'il pleure, qu'il ne puisse pas vivre sans
elle. Toute
notre vie n'est qu'une grande séparation. La mort est une rupture, la vie est
une séparation. Motivation
des parents adoptifs
: la stérilité est une blessure. Qu'est-ce qui fait que l'on désire un enfant
? En avoir ou ne pas en avoir ? Freud
:
pour lui, nos enfants nous permettent de nous survivre à nous-mêmes : vision
narcissique et égoïste. Ne pas avoir d'enfant est une blessure narcissique
qu'il faut guérir. C'est la même chose les relations amoureuses : on aime une
personne non pas pour ce qu'elle est mais pour ce que nous apporte, pour l'image
qu'elle nous renvoie de nous-mêmes. Le modèle familialiste (présence d'une famille pour un développement équilibré) est-il le seul modèle adéquate ? Pas sûr ! Certains enfants des rues de développent pas de pathologie mais au contraire une capacité d'autonomie et de survie impressionnante. Concept
de l’inversion symbolique
: comme une personne devient père ou mère, elle devient l’égal de ses
parents tout en restant enfants de ceux-ci. L'égoïsme
n'est pas forcément mauvais. L'adoption d'enfant par des parents qui ont déjà
des enfants biologiques peut relever de l'altruisme, mais pas toujours. Il faut
mettre en travail les parents sur les désirs inconscients et les problèmes qui
se cachent derrière. Des motivations malsaines risquent de nuire à l'enfant.
Domaine aléatoire. |
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