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Haïti (introduction)
I- Le poids d’un héritage
colonial basé sur l’esclavage A/
De la colonie la plus prospère au pays le plus pauvre de l’Amérique latine La colonie française de St Domingue prospère grâce au commerce triangulaire et devient rapidement la « perle des Antilles française ». St Domingue fournissait 75 % de la production mondiale de sucre, une denrée dont l’importance peut être comparée à celle de l’or noir aujourd’hui et assurant les ¾ du commerce des ports français. Alors que dans toute l’Amérique latine l’économie reposait sur la grande plantation, Haïti donnait priorité à la petite propriété. A l’indépendance 2 projets socio-économiques s’affrontent. L’un porté par les chefs de l’indépendance, un projet de type « grande plantation » pour l’exportation, l’autre revendiqué par les mouvements populaires, favorable à la petite propriété et petite économie marchande. La 1ère conception a triomphé et ces deux projets s’affrontent depuis 200 ans. Un compromis a surgi : laisser les paysans développer la petite propriété tandis que l’élite se concentrait sur le commerce. L’exploitation ne se faisait plus sur la terre, mais lors de l’échange des produits. Haïti s’inscrit alors dans la voie de l’économie agro-exportatrice. Mais les petites exploitations connaissent un rendement très faible qui ne recouvre pas entièrement les besoins alimentaires du pays. La culture spéculative comme le café et le coton appartiennent à des grandes sociétés, ou oligarchies sociales.
B/ La hiérarchie sociale comme fondement de l’Etat haïtien A la veille de la révolution, Haïti comptait ½ millions d’esclaves, 30 000 colons blancs et 20 000 métis libres. Ainsi l’oligarchie métisse remplace rapidement les colons aux commandes du pays. Les tensions qui l’opposent aux populations pauvres augmentent. Les travailleurs agricoles s’appauvrissent. Pour consolider leur pouvoir face aux masses en quête de liberté, les dirigeants issus de l’oligarchie font appel au soutien des puissances étrangères, le plus souvent au détriment du pays. En 1825, le Président JP Boyer obtient la reconnaissance d’Haïti par la France, mais en contrepartie il s’engage à payer à la France d’énormes indemnités dues aux planteurs français dépossédés. Haïti doit donc emprunter à la France à des taux faramineux ce qui grève l’économie. La dette de l’indépendance et de la reconnaissance a donc ruiné le pays II- Un processus révolutionnaire
inachevé L’histoire d’Haïti semble être un éternel recommencement faites de dictatures, de soulèvements, de renversements. A/
la violence Le pays s’est présenté sur la scène historique sous le masque monumental d’une forteresse inexpugnable, notamment dans la période de rupture violente avec la terreur raciale du régime esclavagiste. Contemporain du modèle jacobin de la révolution française, ce mythe devait remplir efficacement son rôle révolutionnaire d’émancipation. Mais il s’est ensuite transformé en jacobinisme noir à l’haïtienne pendant les deux siècles suivants. Contrairement à l’idéologie de la révolution française, que les droits de l’homme, la civilité démocratique, la souveraineté populaire, la laïcité, l’autonomie de l’individu dans la liberté permutèrent en valeurs républicaines, la négritude jacobine s’empêtra dans les pires excès de la violence politique. Ainsi ce qui a caractérisé l’Etat haitien c’est la faiblesse de la dimension institutionnelle de la liberté, où le droit s’est confondu avec la force. Haiti n’a pas su dépasser ce mythe de l’Etat héroîque. Or l’essence du pouvoir héroique est de ne se légitimer de rien sauf de la volonté arbitraire du chef. Un héros ne supporte pas la présence d’autres héros. D’autree part dans l’histoire d’Haiti, le pouvoir réside dans la volonté du Prince, pouvoir de vie et de mort, comme si sa tâche était de produire l’insécurité. Il lui gaut donc détacher dans la société des individus (tontons macoutes de duvalier, les chimères d’aristide), et leur donner cette tâche mortifère. B/
Un état sans nation La révolution haitienne a fait table rase au passé mais sans modèle à reconstruire. Au momentoù en Europe, les Etats nations adoptaient leur forme moderne, Haiti constitué de communautés d’origines diverses et ne disposant pas d’un modèle commun d’organisation, devenait un état sans qu’il existât en tant que nation. L’indépendance est vécue comme une victoire militaire et politique plus raciale que nationale. Hait a une histoire, une terre et une langue mais il manque un liant pour en faire une nation. Haiti a donc le devoir d’inverser la symbolique de sa résistance à l’operssion de la problématique raciale que la plantation a truquée
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