COLOMBIE 

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Les violences dans les villes en Colombie

Pour une culture de la paix

 

Delphine Minotti

École de la paix

Il s'agit de notes prises par un étudiant durant l'exposé et les éventuelles erreurs ou omissions ne seraient donc être imputables à Mme Minotti

Vous pouvez aussi consulter le site http://delphine.minotti.free.fr

 

 

 

Plan :

I- Introduction

II- Les violences en Colombie

III- Le nettoyage social

 

I- Introduction

La Colombie a de nombreuses frontières : Panama, Venezuela, Brésil, Pérou, Equateur.

Ceci constitue un facteur au niveau historique et politique.

C’est le seul pays d’Amérique Latine qui a une entrée par la mer des Caraïbes et l’océan Pacifique.

 

La Colombie en chiffres

Capitale : (Santa Fe de) Bogota à1600m. d’altitude

3 plus grandes villes : Bogota, Cali, Medellin

Le pays est traversé par la Cordillère des Andes et une multitude de cours d’eau

Superficie : 1 400 000 Km2 (2 fois la France)

50 % de forêt, 45 % de pâturage, 5 % de terre arable

Population : 43 millions (5 millions à Bogota)

Composition : 45 % de métis/mulâtres, 20 % de blancs, 4 % de noirs, 1 % d’indiens

75 % de la population est urbaine.

Espérance de vie : 70 ans

Religion : 95 % sont des catholiques romains

Langue Officielle : espagnol

Le pays est victime d’un conflit armé intense qui oppose l’Etat à des mouvements d’extrême gauche depuis 1960 (guérillas) sans réelles trêves ; et aux paramilitaires d’extrême droite depuis 1980.

 

Economie

La Colombie est un PVD endetté mais avec de nombreuses ressources naturelles (pétrole, minerais, café, émeraudes, fleurs coupées, charbon, or, sucre, produits manufacturés). Il y a aussi une économie parallèle : le narcotrafic

La Colombie est un membre de la Communauté Andine mais pas du MERCOSUR (équivalent de la CEE en Amérique Latine).

PIB : 6948 USD. Celui-ci est très mal réparti

30 % de la population urbaine vit sous le seuil de pauvreté absolue, 70% dans les campagnes

 

Mortalité

30 000 hommes /an meurent de mort violente. Seul un faible pourcentage meurt pour des raisons politiques.

4 000 enlèvements/an (Betancourt)

 

Système politique

Démocratie parlementaire. Constitution de 1991

Le président a un mandat de 4 ans et est élu au suffrage universel : Alvaro Uribe élu en 2002

Un Sénat et une Chambre des députés

32 départements dirigés par un gouverneur élu par le gouvernement

Forces politiques : Libéraux (PLC) et Conservateurs (PSC). Si on exclut la dictature de 1953 à 1958 (Rojas Pinilla) la Colombie est la plus ancienne démocratie civile d´Amérique Latine. Elle abrite la plus vieille guérilla, en activité permanente depuis 50 ans.

 

Guérillas

· FARC : 1945, communistes

2000 : 17 000 combattants

Fin 1990 : 260 Md de pesos (140 du narcotrafic, 35 de la « vacuna », 60 des enlèvements, 10 du détournement de fonds publics). Sources de revenus importantes

· ELN : 1964, guévaristes

211 Md de pesos

· EPL : 1967/1968, maoïstes, communistes marxistes-léninistes. Absorbé par les FARC

Beaucoup de mouvements sont nés ou ont été éradiqués à cette période :

M-19 : mouvement réformiste de gauche fondé en en 1970. Responsable de la prise d’otage du palais de justice de Bogota. Démobilisé à la fin des années 1970.

Quintin Lame : mouvement indigéniste fondé en 1983. Conduits par des indiens colombiens.

Ces mouvements n’ont pas de lien avec les partis politiques traditionnels. Ils ont toujours lutté contre le gouvernement quelque soit le parti au pouvoir.

Les deux mouvements importants actuellement sont les FARC et l’ELN

 

Négociations de paix

Le conflit armé régulière/guérillas n’a pas toujours été intense. En 1960, ils veulent le pouvoir, plus de terres, de justice : idéal communiste. Aujourd´hui, le contenu de cette idéologie s´est émoussé. Les mouvements de guérillas se criminalisent à cause de l´enrichissement par le narco trafic pour continuer la lutte contre le gouvernement.

1984 : Accord de paix de la Uribe entre le gouvernement et les FARC (échec)

1999 : Négociation entre les FARC et le président Pastrana. Les FARC demandent l´établissement d’une zone démilitarisée (grande comme la suisse au sud de la Colombie) dans laquelle l´Etat n´a plus aucun pouvoir. Tout était dirigé par les FARC. Dialogue rompu en 2002 et reconquête de ce territoire par les forces militaires étatiques.

 

Vie politique

Elle s´articule autour de 2 pôles (conservateurs et libéraux). La représentation est donc restreinte et il y a une forte incapacité à intégrer d´autres acteurs. Ce bipartisme est à l’origine de la création des mouvements d´extrême gauche.

Daniel Pécaud : « la tentation de violence est considérable quand il n’y a aucune possibilité démocratique de s´exprimer. »

 

La Colombie a été une colonie espagnole jusqu’en 1819. En 1848/1849 : création des partis. Les rivalités entre Bolivar et Santander seraient à l´origine du bipartisme. Pour d´autres, cela remonterait à la colonisation : Les colons espagnols contre les générations d’élites socioculturelles qui revendiquent l’indépendance.

Les différences idéologiques entre les libéraux et les conservateurs sont minimes. La seule différence est la religion : le PSC est exclusivement catholique. Aujourd’hui, ces partis sont surtout des groupes culturels.

Il n´existe pas de parti au sens moderne du terme. Ce sont des conglomérats, des familles politiques avec différentes clientèles.

Le problème de cette vie politique, ce sont les nombreux pouvoirs locaux et régionaux qui nuisent au pouvoir central. Le pouvoir est aux notables :

1- les Caciques : notables qui ont une influence locale

2- les Gamonales : influence sur plusieurs localités

3- les Caudillos : influence sur une région voire sur un département

Ces notables sont à l´origine du clientélisme → système sociopolitique basé sur le contrôle de la population par une autorité représentée par un notable. La population doit loyauté au notable qui la protège. Cela permet un contrôle de la population fondé sur la communauté et les transactions.

La classe populaire est représentée par les espagnols immigrés, les indiens et les afro- colombiens.

Conséquences sur le domaine électoral : le notable détient le bulletin de vote et choisit pour vous malgré le système politique officiel. Il s´agit d’un asservissement des masses, souvent analphabètes. Encore aujourd´hui certaines personnes peuvent être appelées « caudillo ». La fraude électorale et la corruption conduisent à l’abstention et à la perte de légitimité du pouvoir.

Tentatives de créer d´autres partis : 1960, l´union patriotique qui était une coalition de gauche et qui a vu 1500 de ses membres assassinés par les paramilitaires.

 

L’Etat colombien

Indépendant depuis 1819

Principales causes de sa fragilité :

1- sentiment d´appartenance locale

2- éclatement des marchés

3- concurrence entre les élites

Il y a eu une absence d’administration forte. Aucune ville ne s´est imposée, le contrôle social est faible et le pouvoir a donc beaucoup de mal à se construire. Cette faiblesse mène à la violence également attisée par le gouffre qui existe entre la réalité et la théorie : la Colombie a signé et ratifié tous les traités. « Perfection des textes, perversion des pratiques. »

Dans un système démocratique, le monopole de la force est à l´Etat et ce n’est pas le cas en Colombie. L’usage de la violence par l´Etat, la justice peu dotée et surchargée discréditent le gouvernement et débouchent sur l’impunité, le triomphe de la justice privée, la criminalisation des exclus et le règne de l’intolérance.

 

Démocratie ?

C’est une démocratie limitée, restreinte, fantôme. Le pointillisme juridique est très important mais les droits universellement reconnus sont bafoués. Les institutions sont difficilement adaptables.

 

Paramilitaires

Mouvements armés d´extrême droite apparus dans les années 1980. Le premier est l´association paysanne des agriculteurs et des éleveurs de bétail du Magdalena Medio. Objectif : lutte contre la guérilla en créant des milices privées pour se protéger.

Autre grand mouvement : MAS → organisation de narcotrafiquants. Fusion entre le MAS et l’association pour créer « l’autodéfense unie de Colombie » qui compte environ 15 000 membres.

Ces paramilitaires aident l’armée colombienne dans la guerre sale (qui ne respecte aucune des règles du droit internationale) contre les communistes, les mouvements armés et tout ce qui est déviant (hors de leur concept de la normalité). Ils sont les principaux responsables de la violation des droits de l’homme dans le pays.

Dès 2002, Uribe voulaient démobiliser ces troupes mais le projet de loi leur accordant l´impunité était très controversé → mandats d’arrêt internationaux émis par les USA (plan Colombie). Les paramilitaires refusent l’emprisonnement et encore moins l’extradition vers les USA. Les pourparlers sont dans l’impasse.

Il y a aussi le problème de la guerre « intestine » et des zones entières sont sous la direction d’organes non étatiques.

 

La violence est minoritairement politique, elle relève de la criminalité et les principales victimes sont les populations civiles.

 

II- La violence

 

- Imposition de la colonisation espagnole

- Guerre d’indépendance

- 19ème : 1ère guerre civile → guerre des 1 000 jours. 3,5 % de la population colombienne de l’époque a été tuée.

- « La Violence » : Guerre civile qui a duré de 1946 à 1965 et a fait plus de 200 000 victimes. C’est un héritage lourd devenu un personnage mythique de la Colombie. La violence actuelle n’est pas la suite logique de la grande cruauté et de la barbarie de ces conflits puisque ceux-ci étaient politiques.

- S’ajoute l’explosion de la délinquance et du narcotrafic, de nouveaux acteurs avec une perte du contenu idéologique de leur lutte. Les épicentres de la violence sont les régions les plus riches dans lesquelles l’Etat est peu présent (création de nouvelles expressions : narcoparamilitarisme, narcoterrorisme).

- La violence actuelle est urbaine mais les confrontations ont lieu dans les campagnes (1970 : 4 469 morts violentes, 1980 : 6 769, 1989 : 20 000, 2001 : 37 190). La violence est la première cause de mortalité.

 

III- Le nettoyage social (limpieza social)

 

Forme de violence qui existe dans d’autres pays mais qui est une caractéristique de la Colombie. Elle se rapproche des « escadrons de la mort » brésiliens. C’est une pratique qui vise à nettoyer la société des indésirables → les déviants : les enfants des rues, délinquants, toxicomanes, petits trafiquants de drogue, SDF, prostituées, travestis, récupérateurs (ceux qui récupèrent les matières premières dans les rues), malades mentaux.

C’est une violation des droits des personnes considérée comme mineure en Colombie.

Cette pratique est née entre 1970 et 1980 et n’est pas dénoncée par peur des représailles sachant que le meurtre à dénoncer peut être l’œuvre de la police. Plus on est pauvre est plus on a de chance de mourir dans le cadre du nettoyage social. 95 % sont des hommes et 35 % ont entre 18 et 39 ans.

 

Responsables de ce nettoyage

3 groupes :

1- forces armées, paramilitaires, police nationale, services de sécurité

2- guérillas

3- civils, vigils, tueurs à gages, skin head

Il y a des responsables directs et des responsables indirects. L’intégralité de l’échiquier politique est représenté.

Raisons

Liées au sentiment d’insécurité, à l’esthétique (rendre les choses belles), à la politique et à l’économie.

Il s’agit d’une attaque contre une étiquette sociale et non contre une personne. C’est une forme extrême d’intolérance qui n’est pas spécifique à l’extrême droite puisque l’extrême gauche y participe aussi. Cela ressemble au national socialisme allemand ou au fascisme italien mais il y a un différence notamment au niveau des critères : les critères sont économiques et non raciaux ou politiques. Ils ne cherchent pas à prendre le pouvoir. L’Etat colombien a une responsabilité énorme (directe via l’armée et indirecte car il est censé prendre soin de ces déviants) et il ne reconnais pas ce phénomène.