Un rapport du préfet Aubernon sur le choléra morbus dans son département de Seine-et-Oise indique que 5 695 personnes sont mortes de la maladie, plus de 300 communes étant atteintes et les 54 communes les plus atteintes ayant perdu environ la vingtième partie de leur population. Parmi ces dernières figurent pour l'actuel département des Yvelines Aubergenville et Gargenville, avec 81 et 74 morts.

"C'est le 7 avril au matin que je constatai le premier cas de choléra dans le hameau de Rangiport sur un pêcheur âgé de 44 ans. Le thermomètre marquait 10 degrés, le ciel était serein, le vent soufflait d'est et le baromètre était de 28 pouces 4 lignes ..." Ainsi s'exprime dans son rapport le docteur Dussaud, médecin des épidémies de l'arrondissement de Mantes; ne nous étonnons pas, nous sommes là avant Pasteur et il n'est pas absurde de se préoccuper des conditions générales de l'atmosphère. Sur l'horreur de la maladie, peu de doute : "L'invasion était tellement brusque et la marche de la maladie si rapide qu'en moins de cinq heures ses victimes avaient succombé... La peau des bras et des mains offrait une légère teinte lie-de-vin que l'oeil habitué à voir des cholériques ne pouvait méconnaître... Nous avons vu des malheureux dans cet état continuer leurs travaux et se gorger d'aliments excitants pour remédier à l'accablement et à la faiblesse qu'ils devaient éprouver... Nous en avons vu tomber derrière leur charrue ou à côté de leur houe en travaillant aux vignes."

Une terreur bien compréhensible frappe les habitants. L'un d'eux fuit à Mantes avec sa famille, trois jours après il meurt tandis que d'autres personnes communiquant avec les cholériques restent indemnes. Le docteur pense sans doute à lui qui survit tandis que deux religieuses qui l'accompagnaient dans ses visites périssent.

Les maires appelés à rendre compte, surtout pour la statistique des malades et des morts, envoient au préfet un rapport sur le choléra dans leur commune. Ils y joignent des considérations sur les causes de l'épidémie, température, fatigue due aux travaux de la moisson (car l'épidémie dura jusqu'en septembre) etc... Mais les considérations morales ne sont pas absentes. Ainsi à Buc, parmi les habitants frappés à mort, le maire indique un journalier livré à la débauche et à l'ivrognerie et une veuve d'assez mauvaise conduite et note que les débauchés comme les personnes nerveuses étaient prédisposés à la maladie. La vertu devait être assez bien pratiquée à Buc car sur 610 habitants il n'y eut en somme que 65 malades et 22 décès dont 17 personnes de plus de quarante ans.

 

Source : "Les Yvelines - Evènements Mémorables"
Marcel Delafosse - Ed. Horvath - 1984

 

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