Montreuil, le 9 juin 2011

Mutuelle Générale

Assemblée Générale Nationale des 9 et 10 juin 2011 à Issy les Moulineaux

 

 

 

Intervention de Nadia Parent – Section Nièvre

Sur le rapport moral

 

 

« Comme d’habitude », serait-on tenté de dire, le rapport moral de JF Clertant, représente un magnifique travail : c’est un état des lieux très détaillé de la situation de la santé en France. 

 

C’est un constat, sans plus, qui cultive le fatalisme: il décrit en détail tous les mauvais coups, où et comment ils tombent ou vont tomber, sans rien proposer pour les éviter.

Il se lamente sur les conséquences de la loi Bachelot, alors que le rapport moral de 2008 développait une argumentation allant dans le sens de cette même loi Bachelot. 

 

Rien d’autre n’est proposé que de continuer dans cette voie attentiste. Tous les espoirs sont reportés sur le résultat de prochaines élections politiques, auxquelles il faudra se soumettre, quel qu’en soit le résultat. C’est un peu court.

Il n’y a aucune volonté politique d’imprimer un changement quelconque. Ce n’est pas un rapport moral au vrai sens du terme, en tout pas celui dont a besoin la MG.

 

La protection sociale dans son ensemble a besoin d’être défendue et valorisée. C’est un rempart pour ceux frappés par les aléas de l’existence, en particulier les plus démunis. C’est aussi un vecteur de développement de l’emploi qualifié, de la recherche, de l’élévation du niveau de santé générale. Dans la période actuelle ce n’est pas rien.

 

Son mode de financement, basé sur les richesses produites est plus que jamais valable aujourd’hui. Le social, la Sécu , ne souffrent pas d’un excès de dépenses, mais d’un manque de recettes. Tout le monde s’accorde la-dessus. Et les moyens existent. Soumettre à cotisation la totalité des revenus salariaux, participation et intéressement compris, les revenus financiers, les actions. En finir avec le scandale de la loi Sarkozy sur les heures supplémentaires, qui pénalise le social et est une calamité économique.

 

Et en ce qui nous concerne, revendiquer une participation financière de LP et FT au financement de notre protection complémentaire. Ces deux employeurs par la  politique désastreuse de l’emploi qu’elles appliquent portent une lourde responsabilité dans l’accroissement des dépenses : précarité, conditions de travail dégradées, stress augmentent la consommation de soins et de médicaments. Médecine du travail et prévention sont attaquées.

 

Pour changer toutes ces conséquences il faut agir sur les causes et situer les responsabilités. Cela est absent du rapport.

Pour cela notre million de mutualistes représente un atout formidable si on sait les mettre en mouvement ! Rien dans le rapport, qui préfère s’en remettre à une éventuelle écoute politique…

 

On peut citer comme points positifs de ce rapport l’arrêt de la course à la solvabilité, et le rôle renforcé des Présidents de section. Malheureusement ce dernier point s’accompagne de la disparition de l’accueil de l’adhérent.

 

 

D’autres points ne nous plaisent pas.

1) _ La perte d’autonomie. Ce qui est proposé page 8 est la voie ouverte à l’entrée « du privé » dans le financement. Et l’objectif du privé, ce n’est pas la santé des assurés, mais leur porte-monnaie (nous avons un exemple dans la Nièvre avec le cas du « pôle santé » confié à une clinique privée avec l’argent public) La perte d’autonomie, pas seulement celle due à l’âge,  doit intégrer la première branche de la Sécu (maladie). Avec un financement sur les richesses produites. Toute autre solution de « financement mixe » aboutira à des injustices, que pourra toujours dénoncer un futur rapport moral… comme pour la loi Bachelot !

Il ne faut pas non plus sombrer dans le catastrophisme intéressé de certains. La perte d’autonomie ne touchera pas la totalité de la population…

 

2) _ L’attitude affichée de neutralité, de « réserve », dans toute la période « négociation du contrat collectif  des AFO de LP », a imposé le silence dans les rangs. Un édito de notre Président de section, qui abordait ce sujet a été censuré. Avec un représentant de la Direction de LP au CA de la MG , le neutralité est à sens unique… Cette présence crée un déséquilibre dans la négociation du contrat entre LP et les OS. Elle fait planer le doute sur les orientations de la MG. La MG est la propriété de tous ses adhérents. Ils doivent être entendus.

 

3) _ L’organisation interne de la MG évolue. Mais là aussi n’y avait-il pas autre chose à faire que céder au dogmatisme libéral, en faisant comme partout ailleurs un « front office », accueil client uniquement commercial, et « un back-office » service arrière chargé de la gestion, sans liaison avec le premier. Partout ou cette organisation est mise en place, les conséquences sont les mêmes : suppressions d’emploi, désorganisation de l’activité, perte d’efficacité et d’image. Cette organisation va entraîner un chamboulement dans les relations des mutualistes avec leur section : la plupart des contacts auront lieu par téléphone (plates formes nationales), par internet (pour ceux qui sont équipés) ou par courrier.

 

4) _ Enfin, la nouvelle structure de la cotisation aura pour conséquence la poursuite de l’augmentation de la cotisation au delà de 65 ans.  C’est une atteinte à la solidarité intergénérationnelle.

 

Une dernière chose. Un rapprochement est en cours entre le mouvement mutualiste et le mouvement syndical. Déclarations communes et actions communes ne peuvent être que bénéfiques pour la défense et l’amélioration de la protection sociale. Cette démarche doit être soutenue. Le rapport n’en dit mot.

 

Le fatalisme dégagé par le rapport, son absence de perspective pour changer les choses, autre que  la soumission totale aux décisions d’instances politiques, des propositions inadaptées, voire dangereuses font que je ne voterai pas ce rapport moral. Mon vote contre n’est pas anti-MG , mais pour la mise en place d’autres orientations.

 

 

Vote de l’AD de la Nièvre : 3 Pour, 20 Abstentions, 51 contre.  

 

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