YVES HOUSSON
Àpartir de juin, cinq millions de personnes pourront voir leurs comptes
courant et d'épargne contrôlés par l'assurance maladie. Signe particulier :
ces hommes et ces femmes sont bénéficiaires de la couverture maladie
universelle complémentaire (CMU-C). Motif invoqué : la chasse à la fraude.
Non contents d'être rangés dans
une catégorie particulière d'assurés sociaux du fait de leur pauvreté, cinq
millions de nos concitoyens sont ainsi, d'un coup, suspectés de frauder. Révélée
mercredi par le Parisien, cette opération a été décidée par le directeur de
Selon le Parisien, le taux serait de 10 %. En d'autres termes, à partir d'une
centaine de cas d'« anomalie » dont le directeur lui-même dit que « la
plupart du temps, il s'agit d'erreurs ne remettant pas en cause le bénéfice de
« On est dans la manipulation de
la population, au lieu de poser les vrais problèmes, s'insurge JeanMichel
Cano, chef de file de la délégation CGT au conseil de
« J'aurais préféré,
ajoute-t-il, qu'on fasse une campagne vis-à-vis des trois millions de personnes
qui auraient droit à
Alors que la fraude imputable aux
assurés représente 19 % du total des préjudices subis par l'assurance maladie
(196 millions d'euros en 2014), cette opération fait écran aux abus commis par
les professionnels et les établissements de santé, qui en représentent plus
de 80 %.
Plus encore, elle détourne
l'attention de la fraude aux cotisations de Sécu commise par les employeurs,
pour plus de 20 milliards d'euros par an !
Huma du 15 mai2015
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