POWERWOLF - Return In Bloodred

(Heavy Metal / GER / Metal Blade)

Du Heavy Metal qui nous vient d'Allemagne, à quoi ça peut bien ressembler? Facile me dites-vous, à Accept, à Helloween, à Grave Digger ou à Blind Guardian! Oui mais non, sur ce premier album les allemands de Powerwolf combinent plutôt la face obscure du Heavy Metal d'obédience Black Sabbath et Mercyful Fate avec l'approche et le son suédois beaucoup plus accessible de Dream Evil et Hammerfall, eux-même très allemands dans l'âme me rétorquerez-vous à raison. Produit par Fredrik Nordström, Return in Bloodred transpire sans surprise le son du Studio Fredman (In Flames, Hammerfall...). A partir de là il ne faut pas trop y chercher de nouveauté, et leur patronyme bat des records de kitsch pour annoncer la couleur dans ce sens. Sérieux, le coup du "power"-wolf fallait oser, dans le genre ridicule ça arrive presque au niveau des "dragon"-truc :-) Il reste quoi de dispo? Powerdragon? Steel Wolf? Hamster King? Pas que le Heavy Metal soit toujours le chantre du raffinement et de l'originalité, mais quand même... on est en 2005 les gars!

Arrêtons d'être mauvaise langue, car en réalité il existe une petite part de personnalité chez Powerwolf : il s'agit de leur chanteur au pseudonyme un peu pompeux mais évocateur de Attila. Sortant des écoles de chant roumaines, il apporte puissance et agressivité dans un intéressant croisement entre Blackie Lawless et Urban Breed (Tad Morose), amenant aussi dans ses bagages d'obscurs mythes et légendes roumains. En osmose avec cet orgue très présent dont le rôle est prépondérant chez Powerwolf, cela contribue presque à donner une couleur gothique et mystique à l'ensemble. Presque. La nuance est importante ;)
Car autrement rien de spécial à signaler à première vue, sinon un quintette de musiciens compétents qui sont allés à l'école du Heavy Metal mélodique, qui connaissent leurs classiques et savent réciter leurs leçons sans coup férir, qui n'abusent jamais de la vitesse et préfèrent les tempos posés, qui ont quelques bons plans dans leur sac... mais qui manquent encore de maturité et d'idées pour espérer vraiment marquer les esprits.
Un exemple révélateur concerne cette combine des "ohohoooohooh" empruntés à Accept/Hammerfall, comme sur "Kiss of the Cobra King" et "Demons and Diamonds", entre autres. Certes ça peut être sympa 5 minutes, mais quand le procédé revient sur la moitié des morceaux cela peut aussi finir par saouler et ça dénote un manque d'imagination pour soutenir les mélodies. N'est pas Accept qui veut messieurs :)
Ceci étant, à la deuxième écoute et suivantes mes premiers reproches s'estompent légèrement et je finis par me laisser séduire par l'accroche de certains titres comme l'implacable "Mr Sinister", l'anthémique "Montecore" ou encore "The Evil Made Me Do It" avec son ambiance de messe noire, sans oublier l'écrasant "Lucifer in Starlight" aux très forts relents Black Sabbath superbement bien exploités. Alors que la même formule m'emballe déjà beaucoup moins sur "Black Mass Hysteria"...
Powerwolf insistent tout de même dans ce domaine pour finir par oser ce "Son of the Morning Star" en épilogue, une sorte d'outro incantatoire envers notre ami Lucifer, où Attila chante de manière plus académique et solennelle avant de terminer de façon démoniaque dans une ambiance cinématographique :-) Pour le moins dépaysant par rapport au reste!

Powerwolf n'ont tout de même pour l'instant pas suffisamment de mordant pour se faire un nom à mon avis, mais il s'agit peut-être bien de talent en devenir à en juger ce relativement peu courant penchant pour le mysticisme, du moins dans le genre, une particularité timorée encore reléguée au second plan et qui ne demande qu'à être développée afin de les extirper du lot de sorties sans intérêt. Alors pour un premier album on ne leur en demandera pas davantage et malgré mes a priori je finis par apprécier cette petite quarantaine de minutes, en attendant que le louveteau devienne un loup de pleine lune.