Si vous recherchez un groupe original, en voilà un! Pour cela il conviendra tout de même de distinguer les deux périodes du groupe : la première thrashesque et la seconde beaucoup plus Heavy, mélodique et moderne.

Ainsi de groupe très fortement influencé par tout le Thrash de la Bay Area pendant les années 80, ANGEL DUST lors de sa reformation en 97 va se diriger vers un style nettement plus original. On les découvre alors sous un nouveau visage, à savoir un Heavy très puissant aux émotions fortes mises en avant notamment par les claviers et le chant impressionnant de Dirk Thurisch. Décrit comme ça on ne voit pas trop l'originalité mais quand on écoute elle ressort clairement :)

Simplement leur manière d'exprimer le feeling diffère des groupes apparus ces dernières années. Bref leur recette ne ressemble donc désormais plus à qu'à eux mêmes, et gageons que dans le futur ce seront les autres groupes qui seront comparés au style si personnel et prenant de ANGEL DUST.

=> MAJ du 14 Février 2005 : quelques détails

DISCOGRAPHIE

Titre (lien vers chronique)

Marching for Revenge
Into the Dark Past
To Dust You Will Decay
Border of Reality
Bleed
Enlighten the Darkness
Of Human Bondage

Année

1985
1986
1988
1998
1999
2000
2002

Type

démo
album
album
album
album
album
album

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INTO THE DARK PAST (1986)
 

(Speed-Thrash / 39' / Disaster)

Produit par Tommy Ziegler

v., g.: Romme Keymer
v., g. : Andreas Lohrum
b. : Frank Banx
d. : Dirk Assmuth

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Un premier album qui ne fait pas dans la dentelle! Malgré une belle pochette très typée Heavy épico-fantasy les compos sont en fait très proches de toute la scène de la Bay Area et plairont aux fans des premiers METALLICA, SLAYER, TESTAMENT, VIO-LENCE, ou encore EXUMER pour l'école allemande.
En effet les riffs typiquement thrash, incisifs, ultra rapides et parfois mélodiques dominent les morceaux, soutenus par une charnière rythmique qui affectionne les dépassements de vitesse autorisée.

Mais la spécificité de cet album vient du fait que les 2 guitaristes sont également chanteurs, se partageant ainsi le boulot à tour de rôle dans un style assez similaire. Le problème est que leur niveau est très très limité, certes pour le style ce n'est pas trop handicapant mais tout de même... Pour ne rien arranger les tentatives d'aigus falsetto à la King Diamond sont royalement ratées et les vocaux hargneux à la Hetfield beaucoup moins convaincants que ceux du sieur James. En gros et sans décodeur ils chantent souvent faux :) Incontestablement le gros point faible de ces 8 titres.

La force de cet opus réside donc dans toutes les idées rythmiques qui retournent sévèrement la tronche comme par exemple sur "I'll Come Back", "Marching for Revenge" ou "Legions of Destruction", atteignant presque l'efficacité des grands du genre.
En parlant de grands est sorti la même année un certain Walls of Jericho et on retrouve là aussi quelques harmonies guitaristiques bien sympas ("Gambler"), ajoutant un aspect un poil plus mélodique que leurs confrères américains. De plus leurs compos ont tendance à davantage s'allonger par rapport aux titres courts du SLAYER de l'époque par exemple.

Quant à la production elle est de qualité compte tenu d'un premier album en 86 et surtout bien dans l'esprit du genre, très brute et acérée! Faut que ça tape!! Et en l'occurrence oui ça tabasse, si vous cherchez de quoi vous relaxer faudra repasser.
A noter qu'on ne voit toujours pas venir une réédition sur support optique malgré les annonces répétées du groupe et du label, et depuis circulent sur le net des versions cd pirates basées sur les vinyles originels... Espérons que cela les incite à ressortir légalement sous peu cet album certes répétitif mais purement défoulant. Ou pourquoi pas un réenregistrement avec le line up actuel pour pallier aux carences vocales?


TO DUST YOU WILL DECAY (1988)
 

(Speed Metal / 46' / Disaster)

Produit par Kit Woolven

v. : S.L. Coe
g. : Vinny Lynn
g. : Stefan K. Nauer
b. : Frank Banx
d. : Dirk Assmuth

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Le titre annonce qu'il ne s'agira pas d'un album tribute à Bon Jovi :) Ceci dit cet album se veut moins thrash et bien plus mélodique que le précédent. En effet le groupe laisse un peu de côté le thrash intense pour se diriger davantage vers un Speed Metal plus mélodique, sans être dénué de férocité pour autant.

Cette évolution peut s'expliquer par le fait que d'importants changements de line up ont eu lieu : les 2 gratteux chanteurs ont fait leurs valises! A la place, les membres originaux ont préféré cette fois opter pour une formation à chanteur unique et dégagé de son instrument. Il s'agit donc de Scott Coe, un futur SCANNER.
Ce choix fut le bienvenu, désormais le groupe peut compter sur un vocaliste à la fois puissant et aérien donnant plus de relief aux morceaux. Les puristes diront que son chant est trop accessible et d'autres trouveront son phrasé un peu bizarre, mais personnellement ça me va très bien d'autant que son timbre reste assez personnel.

Pour aller avec l'évolution vocale la musique de Angel Dust se mélodise et avec réussite dans l'ensemble, les compos n'en sont que plus variées et plus accrocheuses sans trop perdre de leur agressivité. Car les rythmiques à fond les ballons et tranchantes comme un rasoir demeurent une caractéristique principale tout au long de ces 11 compositions (dont une instrumentale). Comment ne pas headbanguer sur des riffs pareil?
Plus mélodique ne veut donc pas forcément dire mou, même si "Wings of an Angel" est la première mid tempo de leur histoire.

D'autres compos évoluent un peu dans le style de HELSTAR parfois ("Mr Inferno"), l'excellent "The King" rappelle le thrash du premier album et d'autres titres tels que "Stranger" sont très agréables notamment de par leurs refrains de qualité cette fois. Quant au titre éponyme rohlala quelle vitesse d'exécution, du riffage de malades qui arrache la tapisserie! Le tout servi par une excellente production ce qui accroît forcément l'accroche dès la première écoute.

A l'inverse le dernier morceau ferait presque figure de ballade, les fans absolus ont du crier à la trahison :) Peu importe, la deuxième livraison des boches est d'excellente facture et peut être considérée comme un classique du Speed Metal allemand. Mais pourquoi personne n'a encore réédité cette galette??


BORDER OF REALITY (1998)
 

(Power Metal mélodique original / 55' / Century Media)

Produit par Angel Dust et Wolfgang Stach

v. : Dirk Thurisch
g. : Bernd Aufermann
b. : Frank Banx
d. : Dirk Assmuth
k. : Steven Banx

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Tout fan des premiers albums d'Angel Dust ne peut que sauter au plafond en écoutant Border of Reality pour la première fois :) 10 ans après le split, la musique du groupe est devenue méconnaissable!
Fini le speed/thrash rageur bien ancré dans ses racines 80's, place à un Metal encore couillu mais beaucoup plus mélodique et surtout O-RI-GI-NAL. C'est bien sur ce point qu'Angel Dust se place au niveau des groupes les plus attachants de la décennie, ainsi tout en prenant des risques ils parviennent à nous octroyer un album parfaitement maîtrisé dont le feeling est désormais l'axe majeur, servi par un gros son remis à l'ordre du jour.

Tout ceci n'est pas le fruit du hasard, l'arrivée de Dirk Thurisch y est pour beaucoup car Angel Dust viennent sans aucun doute de dénicher un des tout meilleurs chanteurs de la nouvelle génération du Heavy Metal. Loin d'être une énième tentative de pale imitation de M.Kiske, ses vocaux puissants font preuve d'une personnalité surprenante et surtout d'une expressivité à fleur de peau. Quel chant poignant tout au long du magique "When I Die" par exemple, Thurisch relance complètement la carrière du groupe presque à lui seul. Mais d'autres l'accompagnent dans ce renouveau, il est intéressant de constater comment les claviers peuvent désormais diriger la composition de temps à autre : le nouveau venu Steven Banx (frère de Frank le bassiste fondateur d'Angel Dust) confère une dimension rafraîchissante et inhabituelle pour le genre au travers d'interventions variées qui ne sont d'ailleurs pas reléguées au second plan.

Autre recrue de choix, Bernd Aufermann dans un style guitaristique totalement différent de ses prédécesseurs, beaucoup plus lourd, il ajoute également une touche plus personnelle. A première vue moins agressif et plus subtil, il lui arrive pourtant aussi de s'énerver comme il faut comme sur "No More Faith" ou "Centuries" (au superbe refrain) qui raviront les secoueurs de poils. Mais quoiqu'il en soit la mélodie et l'émotion règnent ici en maître, ce n'est pas ce "Where the Wind Blows" qui me contredira.
Et à l'opposé du moderne "Behind the Mirror", la reprise de "Spotlight Kid" de RAINBOW donne un petit côté rétro franchement pas déplaisant, tout en illustrant l'élargissement de leurs influences.

Pour une reformation Angel Dust n'ont donc pas fait les choses à moitié et ont su allier brillamment leurs racines Metal traditionnel avec des aspirations plus contemporaines, sonnant désormais comme une entité unique radicalement différente. Différente mais exquise.

PS : Réédité aux USA il y a peu, Border of Reality contient en bonus sur cette version leur étonnante reprise du classique "Easy Living" de URIAH HEEP.


BLEED (1999)
 

(Power Metal mélodique original / 53' / Century Media)

Produit par Siggi Bemm et Angel Dust

v. : Dirk Thurisch
g. : Bernd Aufermann
b. : Frank Banx
d. : Dirk Assmuth
k. : Steven Banx

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Raahhh ces notes de piano à l'entame du morceau éponyme....et quel morceau !!!!!!! L'album commence par non moins qu'un des meilleurs titres de Metal mélodique de la décennie! Une merveille d'émotion, une leçon de chant et de classe métallique.
La suite ne marque pas une énorme évolution par rapport à l'album précédent mais le groupe parvient tout de même à placer des idées originales et surtout parvient à proposer une nouvelle fois de très bonnes compos. Même si franchement aucune ne se hisse au niveau du titre d'ouverture, mais bon on ne peut pas trop en demander non plus.

Globalement cet opus montre davantage les crocs que Border of Reality avec davantage de plans bien rentre dedans, sans pour autant revenir à leur speed thrashesque de la fin des années 80. Surtout que le clavier prend une importance de plus en plus grande et contribue grandement à l'ame de ce disque en créant des atmosphères parfois discrètes mais superbes comme sur "Addicted to Serenity".
Que dire du reste sinon que l'album présente un large panel d'émotions soutenues par beaucoup d'énergie, que ce soit sur les agressifs "Surrender" et "Never", ou les fort prenants "Black Rain" et "Sanity". Dommage toutefois que les 2 ballades rendent moins bien que leurs futurs essais dans le domaine...

La production est monstrueuse de puissance, on se prend un véritable mur du son dans la tronche!! A la fois énorme, moderne mais également bien personnel ce qui permet de reconnaître la griffe Angel Dust dès les premières secondes.
Et là encore la réédition américaine de cet excellent album comprend 2 bonus, une version plus longue de "Nightmares" (du premier album) ainsi que la jolie reprise du magnifique "Temple of the King" de RAINBOW.


ENLIGHTEN THE DARKNESS (2000)
 

(Power Metal mélodique original / 52' / Century Media)

Produit par Siggi Bemm et Angel Dust

v. : Dirk Thurisch
g. : Bernd Aufermann
b. : Frank Banx
d. : Dirk Assmuth
k. : Steven Banx

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Avec ce cinquième effort Angel Dust vient enfin de nous pondre son chef d'œuvre! La formation reste la même y compris l'équipe à la production, mais les morceaux ont encore gagné en maturité et en feeling!

A ce niveau là Angel Dust fait preuve d'une classe phénoménale, notamment grâce au chant qui vient encore de passer le cap supérieur. On pourrait s'attarder des heures dessus tellement le cran de Dirk Thurisch laisse pantois, que ce soit sur "The One You Are" qui se veut aussi jouissif que "Bleed", ou sur "Enjoy", "I Need You" et d'autres...car il en va de même pour tous les titres et rien que la voix suffit à apprécier cet opus de nouveau très bien produit.

Musicalement le groupe continue son évolution en incorporant de nouveaux éléments tels que quelques vocaux féminins ("Still I'm Bleeding"), des chœurs plus présents ("Come Into Resistance") et aussi plus de samples et autres bidouillages. Trahison dans ce dernier cas? Nullement, l'aspect moderne ne nuit jamais au feeling et c'est un "traditionaliste" qui vous dit ça :o)
Car quand je dis samples ne pensez pas à des bip bip partout, il s'agit plutôt de bruitages et ambiances divers bien placés ne rendant jamais l'ensemble froid, bien au contraire. Il faut dire que le génial claviériste maîtrise son domaine et tout en expérimentant crée également de superbes atmosphères planantes. Trop prenant!

Et si l'album parait moins direct que Bleed, les passages calmes accrochent davantage l'auditeur et l'équilibre devient excellent entre la subtilité d'un "Fly Away" et l'agressivité d'un "Let Me Live". En fait on ne devrait même pas les comparer tellement les deux émotions sont liées tout au long de ce superbe album. On nage dans un pur bonheur de puissance émotionnelle qui ne demande qu'à passer en boucle dans la platine.
Il est juste regrettable qu'à la suite de cette sortie le guitariste se soit barré, il était à mon avis au groupe ce que cet album est à tout fan de Metal : indispensable.


OF HUMAN BONDAGE (2002)
 

(Power Metal original / 47' / Century Media)

Produit par Siggi Bemm

v. : Dirk Thurisch
g. : Ritchie Wilkison
b. : Frank Banx
d. : Dirk Assmuth
k. : Steven Banx

Of Human Bondage

Ouch!!!! mordant le nouveau Angel Dust!! Visible dès le début, l'agressivité se perpétue sur la majeure partie de cet opus plutôt méchant.
On (re)découvre toute une facette surpuissante du groupe qui a fait de la place aux rythmiques épaisses et au chant hargneux, toujours qualité première de Angel Dust par le feeling qu'il exprime en toutes situations. D'une manière générale les morceaux donnent une impression de noirceur encore plus marquée que par le passé, bien mise en exergue par ce son monstrueusement épais, caractéristique de Angel Dust depuis leur retour me direz-vous, oui mais à l'échelle supérieure une nouvelle fois.
A cela s'ajoute le renforcement de la façade moderne du précédent album, par des voix trafiquées ici et là et quelques samples. On reste cependant encore loin du Metal industriel comme on peut parfois le lire sur le web!?

Point important, les subtiles mélodies prenantes n'ont heureusement pas disparues de la circulation telle celle du superbe refrain de "Unreal Soul".
L'album contient donc son lot de morceaux aguicheurs, notamment lors de ces refrains toujours aussi classes. Seulement les morceaux dans leur globalité me semblent un peu moins intéressants que par le passé. Les atmosphères si particulières de Angel Dust n'ont pas disparu mais se font plus discrètes au profit d'une agressivité rythmique certes appréciable mais qui au final remplace de ce feeling magique :(
Le nouveau guitariste (ex-Demons & Wizards live) a de bons arguments à faire valoir, cependant il n'égale pas son prédécesseur plus inspiré. Par exemple "Inhuman" cartonne bien mais le petit plus spécifique à Angel Dust ressort moins, donnant un bon morceau rentre dedans sans qu'il puisse devenir un de ces classiques qui procurent leur lot d'émotions.

Bref pas de succession de titres sublimes tels que "Bleed" ou "The One You Are", bien qu'on retienne vite les très bons "Disbeliever", "Last Forever" et "Unite" qui auraient presque pu figurer sur le précédent. "Freedom Awaits" évoque quant à lui l'époque de Border of Reality pour un résultat assez satisfaisant. La reprise de Seal n'apporte pas grand chose, tandis que la power ballade "The Cultman" s'avère une sorte de bonne suite à "Oceans of Tomorrow".
Ainsi on se retrouve grossièrement avec une dizaine de bons titres, oui "juste" de bons et très bons titres alors qu'on a été habitué à l'excellence...d'où relative déception de ma part.

Tenter diverses expérimentations leur avait toujours réussi, cette fois à force de chercher à se renouveler ils n'ont pu rééditer la performance extraordinaire de Enlighten the Darkness. Moins bien ne signifiant pas médiocre très loin de là, le groupe a encore de la marge sur une grosse majorité des sorties Heavy, seulement cet écart a fondu comme neige au soleil.
Peut être brilleront-ils davantage la prochaine fois, c'est tout le mal qu'on leur (nous) souhaite...




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