Le premier album de IRON ANGEL peut se définir sans retenue comme du pur Speed Metal allemand à l'ancienne avec de forts accents thrash, les rapprochant des débuts de DESTRUCTION (Infernal Overkill sorti la même année) ainsi que SLAYER (Show No Mercy) pour le côté thrashy sombre, mais aussi du premier EP de HELLOWEEN pour les riffs speed et les touches plus mélodiques.
Le groupe se situe donc quelque part entre les 3, déployant une intense force de frappe tout au long de ces 10 morceaux d'où émerge la voix originale et très crue de Dirk Schroder, prenant parfois des allures plus aiguës, leur donnant un style indéniable à l'image de leurs contemporains de LIVING DEATH. Ce chant atypique peut rebuter mais se fond parfaitement dans des rythmiques très rapides et suffisamment variées avec une dose de mélodie à l'occasion. En revanche d'un morceau à l'autre cela manque un peu de variété et de renouvellement parfois.
Le speed/thrash domine ainsi outrageusement l'album sous l'impulsion de la machine à cogner Mike Mattes ("Metallian", "Rush of Power", "Church of Lost Souls", etc.), néanmoins quelques compos plus heavy sortent du lot comme "Hunter in Chains" qui trahit des influences MOTORHEAD, et "Black Mass" qui lorgne un peu du côté de JUDAS PRIEST avec ses gros riffs bien posés.

A noter que la pochette est signée Uwe Karczewski connu pour son travail sur les premiers HELLOWEEN, une réalisation plus artistique que les paroles de "Heavy Metal Soldiers" par exemple :) Les autres thèmes abordés sont surtout relatifs à l'occulte et au pseudo-satanisme, allant de pair avec leur son ténébreux.
Or la production est justement excellente pour un album paru en 1985, il est presque surprenant de se rendre compte qu'elle surclasse celle de leurs célèbres collègues germains de l'époque, les instruments étant parfaitement distincts et puissants à la fois.

En clair, cet album trop souvent oublié mérite de figurer en bonne place dans la discothèque de tous les amateurs de Speed/Thrash destructeur!

Winds of War marque une certaine évolution par rapport à Hellish Crossfire, le changement de producteur en faveur du réputé Kalle Trapp (BLIND GUARDIAN, SAXON) y étant sans doute pour beaucoup, le son se faisant moins sombre et plus typé heavy allemand. Le côté thrash du groupe s'est atténué, et sans perdre son mordant IRON ANGEL se range davantage du côté du heavy/speed traditionnel, avec entre autres des influences ACCEPT plus marquées. C'est en particulier mis en évidence sur "Sea of Flames" ou encore "Son of a Bitch" qui n'est pas une reprise :)

D'une manière générale l'ensemble s'avère un peu plus mélodique, y compris la chant de Schroder qui tout en restant très tranchant et taquinant plus souvent les aigus, s'oriente parfois vers des terrains plus accessibles. Il faut toutefois lui concéder une plus grande variété et maîtrise dans ses interventions, de même pour les morceaux en eux-même. Tellement qu'on a du mal à reconnaître IRON ANGEL sur une chanson clichée comme "Born to Rock" qui est d'ordinaire l'apanage des WARLOCK ou autres SINNER de l'époque :) Pas qu'elle soit vraiment mauvaise pour autant, juste très différente, idem pour l'outro/ballade "Back to the Silence". Même les textes ont abandonné l'obscur pour laisser place à des paroles rock n' roll très basiques.
Le groupe n'a pourtant pas perdu toute sa verve speed comme il tient à le faire remarquer sur des "Vicious", "Metalstorm" et "Creatures of Destruction" bien brutaux qui auraient pu figurer sur le premier album, dans un déballage de riffs accrocheurs ou de soli fulgurants tels que pendant le puissant "Stronger than Steel".

Bien que moins intense et au son plus froid et plus formaté que son prédécesseur, Winds of War n'en reste pas moins intéressant à plus d'un titre, grâce à une physionomie plus variée et toujours son lot de riffs percutants!