BONDED BY METAL TOUR

(Dimanche 12 Octobre 2003 à Paris)


C'est pas tous les jours que je monte à Paris mais ce dimanche l'affiche proposée est excitante, avec 3 ténors du speed/thrash réunis le même soir! Ou plutôt la même journée, puisque au contraire de son habitude la Loco ouvre à 15h et fermera bien avant l'aube :)
Et il faut bien ça parce que les hostilités sont très chargées, avec pas moins de 9 groupes au programme de ce Bonded by Metal Over Europe Tour! 30 minutes chacun et au suivant =)

Prospect

Comme d'hab dans ce genre d'affiche monstre il y a des changements de dernière minute, et là en effet c'est un groupe qui m'est inconnu qui démarre, visiblement bien différent de Occult qui avait été annoncé ;) Rien de sombre chez eux, j'apprendrais plus tard qu'il s'agit des slovènes (!) de PROSPECT, inconnus au bataillon pour ma part.
Ils jouent une sorte de Power Metal progressif et mélodique, très différent du reste de l'affiche donc, un peu de finesse pour commencer ça ne fait pas de mal en attendant les psychopathes qui vont suivre. Et franchement je trouve leurs compos vraiment bien sympas, dont notamment des mélodies intéressantes, un chant aigu certes classique mais plutôt bien posé, et des riffs puissants dans tout ça. Scéniquement c'est très correct également, bref une bonne surprise pour une entrée en la matière, j'irais sans doute écouter leurs albums prochainement!
3,5/5

Occult

On range la mélodie au placard puisque maintenant c'est bien au tour de OCCULT, qui comme leur nom l'indique ne font pas dans le happy metal FM. Plutôt du Death sauvage qui laisse des traces.
La communication avec le public est proche du néant mais derrière ça assure très bien musicalement, les tempos sont même plus variés que ce à quoi je m'attendais (bon batteur), le gratteux a des riffs efficaces sous la manche et le chant est hurlé avec conviction comme il faut. Par contre ils sont plantés comme des piquets dans leur coin, quand bien même ça secoue du poil en permanence.
Au final je retiendrais surtout le caractère hyper carré de leur prestation, donc les fans de Death brutal à l'ancienne (c'est à dire avec quelques réminiscences Thrash) ont du être ravis. Et perso j'ai également bien aimé, ça réveille direct!
3,5/5

Callenish Circle

Après le old school on passe à la nouvelle vague du Death Metal, dont CALLENISH CIRCLE est un des nombreux représentants. La musique des danois se nourrit également d'influences Thrash mais le "riffage" est beaucoup plus moderne et parfois mélodique, dans l'esprit de groupes comme No Return, Dew Scented et compagnie. Cette fois ça bouge beaucoup plus sur scène et le chanteur/hurleur a la patate même s'il n'a pas en revanche le look classique du genre ;)
Une reprise de Pestilence de derrière les fagots déchaîne subitement la fosse, au sein d'une prestation qui fait passer un bon moment, même si leur style a tendance a devenir générique de nos jours, de la sorte qu'on ne retient pas énormément de choses au final. Très carton en tout cas!
3,5/5

Mortician

Maintenant un grand moment de poésie nous attend avec MORTICIAN, visiblement attendus par une horde de fans avides de chair fraîche. Pas trop par moi en revanche, si ce n'est par curiosité, bière à la main pour passer le temps le cas échéant.
Leur gore/grind/death est déjà bruitiste sur disque, mais alors là... c'est pire :))) C'est vraiment un bordel sans nom, entre le batteur mitraillette (et pas très puissant en fin de compte), la guitare sous accordée où les riffs deviennent inaudibles, et la basse tellement grave qu'elle ne ressemble à rien, servant juste à nous exploser les oreilles aux infrasons. Le "chant" se résume bien entendu à de splendides "gruuuugruuu" monolithiques où on ne distingue pas un seul mot ni même une quelconque variation de tonalité, que du bonheur.
Pour ne rien arranger à cette cacophonie les zicos sont mous (pas top quand on fait une musique extrême), ont un charisme négatif, et le "chanteur" se montre extrêmement froid et endormi entre les titres. Le résultat peut se schématiser ainsi : 90 secondes de bruit / 30 secondes de silence avant le morceau suivant. Du grand Art, merci Mortician.
Le public n'en a de cure visiblement puisque ça commence à pogoter dans tous les sens avec concours de slams à la clef. Je leur souhaite bien du plaisir, personnellement j'irai finir le concert dans les canapés. Et au moins je m'endormirai moins con ce soir, j'aurais vu jusqu'où la médiocrité peut aller, hey c'est pas rien.
0/5

Grave

Au réveil d'une difficile sieste (pas évident pendant Mortician...) GRAVE entament leur show, ramenant au public leur vieux Death crade typique de la scène suédoise du début des 90's, assez cru mais pas forcément très violent. La formation culte est toujours motivée et semble logiquement avoir son lot de fans (même Dan Lilker de Nuclear Assault en porte un t-shirt), malheureusement pour elle le matos va les lâcher 2 fois en cours de set! Dur de continuer un morceau lorsque il n'y a plus que la batterie de sonorisée...
Sans s'énerver ils vont à chaque fois passer au morceau suivant, écourtant d'autant leur prestation, si bien qu'il m'est difficile d'émettre un jugement en si peu de temps. Après honnêtement je n'ai pas trop accroché à leur style peut être étant donné que je préfère généralement le Death plus technique, néanmoins ils n'ont pas bénéficié de bonnes conditions au contraire des groupes précédents, donc... à revoir?
2,5/5

God Dethroned

Carnal Forge ayant annulé, c'est GOD DETHRONED qui les remplacent au pied levé, œuvrant dans un death souvent ultra brutal teinté de black, mais aussi contrebalancé par des passages mid tempo voire lents, une mixture assez spéciale. Leur set est carré et énergique, le seul problème pour moi est qu'ils jouent juste avant Agent Steel ;-) Au bout de 5 heures passées dans les lieux j'ai hâte d'en finir avec tous les groupes de Metal extrême de la journée, même si je dois reconnaître à God Dethroned une certaine maîtrise de leur élément, avec en particulier des compos étonnement longues et construites.
Ils terminent par une reprise apocalyptique et rallongée de "Evil Dead" de Death, tellement bourrine (à grands renforts de blast beats) que j'ai toutes les peines du monde à la reconnaître une fois passée l'intro mélodique :) Et je vous avoue que je préfère de loin la version originale...
3/5

Agent Steel

Bon, 20h, il est enfin temps de passer aux choses sérieuses en ce qui me concerne! Le groupe qui va prendre d'assaut la scène est ma principale motivation pour venir à ce festival, alors ils ont intérêt à assurer ;) Et assurer ils vont le faire dediou, après une intro tirée d'un titre du dernier album, les américains de AGENT STEEL enclenchent le turbo et ne vont plus l'arrêter pendant 40 minutes!
Car leur Speed Metal furieux est encore accéléré en live c'est de la folie!! "Unstoppable Force" déboule comme un dragster et donne immédiatement le coup d'envoi pour un énorme pogo, pendant que Bruce Hall s'échauffe à ses premières envolées suraiguës. Son jeu de scène est un peu bizarre cependant, pas forcément très Metal ou plus simplement pas très charismatique, heureusement son capital sympathie rattrape un peu la chose. Et le public tout excité lui rend bien, je ne m'attendais pas à un tel engouement!
Le groupe choisit de consacrer 2 titres à chaque album de sa discographie, pas très fournie certes mais ô combien jouissive, d'autant plus quand les titres sont exécutés à la perfection comme ce soir. Seul le chanteur en bave un peu pour reprendre les parties vocales démentes de John Cyriis, il est plus à son aise sur ses morceaux et notamment "Ten Fists of Nation" avec le superbe passage en son clair, rare moment pour souffler dans cette course effrénée à la vitesse =)
Parce que il va sans dire que "Mad Locust Rising" est une boucherie sans nom, "The Rager" explose les cous avec son refrain fédérateur, idem pour le classique "Bleed for the Godz" où les experts de la 6 cordes Juan Garcia et Bernie Versailles se livrent à des duels de soli à la vitesse de la lumière.
Dommage toutefois que le groupe ne dégage pas un charisme aussi fort (à part Bernie Versailles) que d'autres formations tout aussi cultes, c'est mon principal regret vis à vis de ce concert qui reste une tuerie monumentale du point de vue de l'interprétation! Le groupe ne parait pas mécontent de sa venue en France puisque Bruce Hall se jette dans la fosse pendant leur hymne ultime "Agents of Steel", avant de faire chanter les premiers rangs sur le refrain, rejoint à la fin par un slam inattendu de Karlos Medina, basse y compris :)
Wow c'est ce qui s'appelle une grosse mandale dans la tronche, à la gloire du Speed Metal le plus tellurique!
4,5/5

Setlist :

Intro / Unstoppable Force
Avenger
Illuminati Is Machine
The Rager
Bleed for the Godz
Ten Fists of Nation
Mad Locust Rising
Know Your Master
Agents of Steel

Nuclear Assault

Une légende en suit une autre, NUCLEAR ASSAULT sont bien placés sur cette affiche et ont l'intention de faire savoir que ce n'est en rien usurpé! Dès les premières secondes leur Thrash-punk explosif déchaîne le public comme je l'ai rarement vu, ça devient immédiatement le bordel intégral à la Loco! Au milieu d'une frénésie de slams et de stage divings n'importe comment dans tous les sens, leur leader John Connelly torse nu et en short se montre plus enthousiaste que jamais, on croirait qu'il a été sevré de live pendant 10 ans =)
Les ricains nous matraquent une multitude titres allant de 30 secondes à 5 minutes, les premiers remportant l'adhésion du public avec des délires brutaux comme "Hang the Pope" chanté par leur illustre bassiste Dan Lilker. Dans le registre fun, Connelly en transe descend carrément au premier rang (!) pour jouer "Buttfuck", et y reste tellement longtemps que le roadie est obligé de lui apporter son micro pour qu'il chante également de là :))))) Ailleurs ça reste le gros boxon où les pogos continuent de plus belle, bien chauffés par la grande silhouette de Lilker qui sait également faire de l'humour entre les titres. En parlant de morceaux, ils couvrent la totalité de leur carrière, avec également l'ajout d'une nouvelle chanson relativement sympathique et dans l'esprit textuel du groupe.
On se rend bien compte en tout cas que c'est vraiment dans ce contexte d'ambiance de barges que le show de Nuclear Assault prend toute son ampleur, leur prestation est beaucoup plus convaincante que celle du Wacken l'an dernier par exemple. Très franchement je ne m'attendais pas à me faire autant botter le cul =)
4,5/5

Setlist :

Rise From the Ashes
Brainwashed
New Song
Critical Mass
Game Over
Buttfuck
The Price of Freedom (nouveau morceau)
Sin
F# (Wake Up)
My America / Hang the Pope / Lesbians
Trail of Tears

Exodus

EXODUS avaient fort à faire pour me réconcilier avec eux, depuis leur concert mitigé à Wacken l'année passée. Car on parle quand même d'un des plus grands noms du Thrash Metal, pratiquement au même titre que Slayer ou (feu) Metallica. Le line up n'a pas changé en un an et l'imposant Steve Souza reste au micro dans sa chemise de travailleur (il aurait pu faire un effort...), par contre ils me laissent une meilleure impression ce soir!
Le son est sans surprise bien plus clair cette fois, le tandem de guitaristes est très charismatique (surtout Gary Holt!) et riffe comme des malades sans effort apparent, seul le bassiste se fait un peu discret. Quant à Souza, son chant est de plus en plus nasillard avec le temps, est-ce un avantage ou un inconvénient je ne sais pas trop, ce que je sais c'est que sa voix passe bien, même si... je regrette toujours amèrement Paul Baloff :-/ Souza est éminemment sympathique et proche des fans, mais il n'a pas la présence de Baloff, il n'a pas la voix déchirée et inimitable, il n'a pas les mimiques, les phrases qui tuent, etc. Il fait bien son boulot mais ne sera jamais le grand monsieur qu'était son regretté prédécesseur.
N'allez pas croire que je suis négatif pour autant, au contraire on peut se secouer les cervicales au son des cultissimes "Metal Command", "Toxic Waltz", "Strike the Beast" et bien sur "Bonded By Blood", ça ne se refuse pas. La bonne surprise vient des nouveaux titres qui paraissent bougrement efficaces, autrement plus que les 2 médiocres chansons jouées l'an passé à Wacken! Les auraient-ils abandonné en cours de route? C'est bien possible et on y gagne au change, Exodus font mal ce soir et se permettent même de reprendre le "Dirty Deeds" de AC/DC dans une version enflammée qui ravit la foule :)
Si seulement on pouvait ressusciter les morts, Exodus auraient peut être conquis la tête haute ce festival, il nous reste tout de même un très bon concert que les aficionados de Thrash Metal auront mis à profit pour suer avec cette légende pour la première fois dans la capitale depuis 1985. Et rien que ça c'est un événement en soi!
4/5

Setlist :

(longue) Intro
And Then There Were None
Piranha
'Til Death Do Us Part
Exodus
Scar Spangled Banner (nouveau morceau)
Deliver us To Evil
Dirty Deeds Done Dirt Cheap (AC/DC)
War is my Sheppard (nouveau morceau)
Metal Command
Toxic Waltz
Bonded by Blood
Strike the Beast


Il est amusant de constater après ces 8h de décibels assourdissants que les 3 groupes finaux ont à mon avis donné une leçon d'intensité aux groupes de Metal extrême qui les précédaient. Non pas que ces derniers fassent dans les ballades sirupeuses, mais n'importe quel titre de Agent Steel, Nuclear Assault ou Exodus est en live beaucoup plus puissant et agressif que le bruit linéaire d'un Mortician pour prendre un exemple au hasard ;)
Au final ce Bonded by Metal Tour fut quand même un très chouette festival itinérant, qui n'a pas à rougir de la comparaison avec un No Mercy.

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