(lundi 17 Novembre 2003 à Pratteln)


Il fallait bien que je me décide un jour à passer la frontière suisse pour aller voir si le Metal brule mieux par là bas =) Pratteln est justement la destination la plus réputée à cet effet, surtout lorsqu'on voit le programme hallucinnant qui passe toute l'année au Z7.
Par contre il est clair qu'on y va pas pour le tourisme vu la laideur du coin =) Après un petit périple depuis Lyon, et après avoir pu constater qu'en Suisse les petites voitures n'existent pas ($$$$), nous arrivons à bon port dans un froid plutôt... vivifiant! Pour un pays qui n'est toujours pas passé à l'Euro il est sympa de voir qu'on peut tout de même payer avec la monnaie européenne, hop on prend nos places et zou dans la salle, c'est pas tout ça mais on se les gèle sévère dehors. L'endroit est vraiment bien foutu, le stand placé idéalement sur la gauche, et des espaces surélevés sur la droite pour poser son cul et larver le cas échéant. La salle s'étire tout en longueur avec un plafond assez haut, si bien qu'on peut parfaitement voir la scène y compris depuis l'entrée.

Mais ce qui va le plus m'étonner au cours de cette soirée, c'est bien... le public local :) Certes les suisses n'ont pas la réputation d'être les gens les plus pressés au monde, mais là c'est l'inverse absolu des concerts en France! Il est d'une facilité déconcertante de se positionner à la barrière et n'importe où ailleurs, même pour la tête d'affiche!
Les gens restent au bar et dans le fond de la salle en permanence, et ne se bougent qu'une fois le concert bien entamé, j'avais encore jamais vu ça :)
Ce soir nous sommes environ 300 au Z7 je dirais, un score relativement faible qui peut s'expliquer sans doute par la date de Sepultura à 150 bornes d'ici et le passage de Overkill le lendemain au même endroit. Mais les 300 présents font à peine du bruit pour 10, au moins c'est sur qu'il n'y aura pas d'émeutes :)))))
Bref on sent clairement la différence de culture, voyons voir ce que ça donne avec du son.


Décrire la musique des danois de MNEMIC en ouverture n'est pas si difficile que ça, imaginez une version néo de Fear Factory époque Demanufacture/Obsolete et l'affaire est dans le sac =) Sauf qu'il faut déjà apprécier le néo, ce qui n'est toujours pas mon cas. Les riffs sont ici extrêmement pauvres, linéaires et saccadés, de plus le chant limite hardcore et ultra répétitif me saoule rapidement, par contre force est de reconnaitre que leur excellent batteur sait se mettre en évidence. Cela ne suffit pourtant pas à m'intéresser à leur musique saupoudrée de claviers et bruitages futuristes de la même manière que Fear Factory, sur l'avant dernier titre cela en est même dérangeant tant la ressemblance avec un morceau de leurs précurseurs saute aux oreilles. Sauf qu'à choisir je préfère largement FF ;)
Après il est certain que le groupe très volontaire et méritant donne le maximum pour tenter de convaincre un public peu acquis à leur cause, mais en ce qui me concerne cela ne sera (heureusement) qu'une demi heure de profond ennui.
1,5/5


Puis arrivent MYSTIC PROHECY, jeune sensation du moment en matière de Power Metal grec! Pas de chichis ou de minimalisme musical avec eux, le Metal reprend ses droits et dès les premiers accords de "Night of the Storm" on se prend une grosse mandale de lourdeur métallique dans la tronche! Tous les musiciens bougent de partout en permanence c'est la folie, accentuant l'impression d'intensité que procure leur musique aux riffs tranchants que ne renierait aucun groupe de Thrash.
Malgré un son un peu trop faible R.D. Liapakis mène la danse avec vigueur de sa voix heavy très puissante, alors que nos yeux sont rivés sur leur guitariste Gus G., prodige de 21 ans qui nous en met plein la vue! Littéralement survolté malgré la passivité de l'assistance, il enchaine sans faille des rythmiques de tuerie et des soli renversants au cours de séances de headbanguing effrénées et de poses Metal à 200%, et ce sans se la péter, juste avec ce qu'on appelle la classe. L'autre guitariste recruté pour la tournée est loin d'être un manchot lui aussi, la frappe explosive de Dennis Ekdhal m'impressionne plus que sur disque, et Martin Albrecht à la basse est un peu le boute en train du groupe en se trimballant dans tous les sens et en jouant avec la foule :)
Les 2/3 de l'album Regressus sont livrés sauvagement en pature au public, certes la set list manque clairement de variété mais il faut dire que dans ce contexte de mini-festival extrême il leur aurait été difficile de jouer des ballades ;) En tout cas ces 30 petites minutes passent bien trop vite!
Franchement je ne m'attendais pas à ce que le groupe soit aussi rodé et énergique pour leur première véritable tournée, la méchante claque qu'ils nous infligent fait d'autant plus mal.
4/5

Setlist :

Night of the Storm
Forgotten Soul
In Your Sins
The Land of the Dead
Lords of Pain
Eternal Flame
Mystic Prophecy

Après cette leçon de Metal traditionnel, retour à des choses plus modernes avec les suédois de DARKANE, bien décidés à s'imposer toujours malgré ce public amorphe. Et ça ne rigole pas chez Darkane, leur thrash-death mélodique ne fait pas dans la dentelle à l'image du monstrueux titre d'ouverture, sans pour autant être dénué d'une évidente recherche musicale. Les quelques ambiances apocalyptiques rappellent un peu Strapping Young Lad, une comparaison qui s'estompe lorsqu'on entend ces nombreux soli et les vocaux très différents et assez bizarres dans le registre clair. Leur prestation pêche peut être un peu par linéarité au bout d'un moment, néanmoins il s'agit indéniablement d'excellents musiciens dégageant une très bonne cohésion scénique, rien à redire ça arrache! Rien à voir avec la prestation mais j'ai aussi la surprise pendant leur set de voir le chanteur de Death Angel venir se poser juste à côté de moi, attentif :)
Les morceaux choisis par Darkane sont logiquement extraits des deux derniers albums, et sans être le concert du siècle ces hommes du nord continuent de tracer d'un pas ferme leur propre chemin au sein d'une scène un peu encombrée.
3,5/5

Allez, plus qu'un groupe avant Death Angel, ça ne devrait pas être trop dur d'attendre. Pensais-je... sauf que les 55 minutes de DISBELIEF vont rapidement prendre des allures de supplice! En effet je ne suis pas spécialement amateur de ce (pseudo) death crade et linéaire, où tout le monde joue désaccordé! Le son est effroyablement gras et bordélique, et de surcroit si fort que cela en devient vite insupportable, 20 minutes je dis pas, mais une heure c'est la pénitence :)
Or j'ai du mal à croire que ce soit la faute de l'ingénieur du son puisque tout était nickel pour les autres groupes, ce choix délibéré où tous les instruments sont noyés dans une masse embourbée de décibels me répugne.
Après l'un des gratteux peut poser en guitar hero s'il veut, avec un son pareil n'importe qui peut faire une collection de pains sans que cela ne se remarque :-))) Et ce n'est pas non plus le type de chant death que j'apprécie, Disbelief privilégient les vocaux plaintifs grognés poussivement en laissant de côté toute agressivité normalement inhérente au genre... c'est saoulant d'autant plus que ses silences entre les morceaux sont véritablement pesants. (Mais reposants pour moi)
Bon bref il faut bien s'occuper pendant ce temps, les boules quies enfoncées le plus profond possible (et encore ça reste beaucoup trop fort!), car il est impossible de sortir de la salle sous peine de se transformer en glaçon. Après un passage aux chiottes où là aussi les murs ne parviennent pas à stopper le supplice sonore, retour au bar pour boire un coup et se restaurer avant Death Angel, tiens je vais me faire un hot dog bien dégueu, enfin pas autant que ce qui passe dans mes oreilles. Heureusement sur le comptoir traine aussi un fanzine local, alléluïa de la lecture.
C'est finalement là qu'a lieu le meilleur moment, où l'on voit le bassiste de Mystic Prophecy se balader dans la salle, discuter au pif avec quelques personnes qui l'alpaguent, et au bout d'à peine 2 minutes repartir en coulisses avec une nana :)))) Un attrapage de groupie en flag', un!
Hein, quoi? Et la musique dans tout ça? Quelle musique?
0;5/5

Raah on l'aura mérité ce concert de DEATH ANGEL, parfois il faut savoir souffrir pour mieux apprécier les récompenses =) et putain qu'est-ce que ça va donner!!!
Les thrasheurs de San Francisco mettent d'entrée les choses au point avec un enchainement de tueries qui met le public à genoux, servi par un son absolument parfait et surtout un line up hors du commun! Le groupe a beau de ne pas du tout avoir un look Metal classique, cela ne pose aucun problème tant ils sont dotés d'une énergie communicative purement incroyable! Dennis Pepa arpente la scène de long en large avec sa hargne et ses mimiques irrésistibles, Andy Galeon cogne ses futs (à l'horizontale!) comme si sa vie en dépendait, Ted Aguilar dénote des autres guitaristes thrash avec son chapeau melon (!) et Rod Cavestany est un des plus grands gratteux/showmen qu'il m'ait été donné de voir!
Qu'il s'agisse des morceaux purement thrash ou des titres mélodiques à tendance expérimentale, son jeu est d'une versatilité et d'une maitrise fascinantes, excellant dans tous les domaines et registres possibles! Possédé par sa musique il bouge tout le temps à l'image de ses camarades philippins, l'intéraction et l'échange d'énergie sur scène comme avec le public est poussée au maximum, ce qu'a parfaitement saisi leur frontman Mark Osegueda incapable de tenir en place :) Ils parviennent même à faire enfin sortir le public suisse de sa torpeur, c'est dire!
Osegueda chante d'ailleurs avec justesse tout le répertoire de Death Angel en prenant des poses pas possibles, jouant avec les premiers rangs, déconnant avec ses musiciens et sautant dans tous les sens, une preuve de plus qu'être petit par la taille n'est en rien un handicap ;) Sa complicité avec Rob Cavestany saute aux yeux et les deux en font des tonnes de manière spontanée et non pas préparée comme beaucoup d'autres groupes, voir Cavestany à genoux en transe envoyer des soli de cinglé est la parfaite représentation du mot intensité!
Intense la set list l'est également, puisque la quasi totalité de leur album culte The UltraViolence est interprétée sans aucune faille et avec une violence inouie, y compris "Thrashers" chantée par Pepa et Cavestany. Seulement deux titres sont extraits de Frolic Through the Parc ce qui n'a rien d'étonnant au fond, par contre ils mettent le paquet avec leur dernier album Act III qui lui aussi se voit très largement représenté, aussi bien en titres rentre dedans qu'en chansons mélodiques ou subtilement recherchées et même carrément progressives parfois, avec ces expérimentations jazzy qui passent pourtant comme une lettre à la poste dans ce concert exhaltant.
La surprise vient avec l'insertion de 2 nouvelles chansons et de plusieurs ballades dans le set, c'est à dire l'inattendue "Veil of Deception" et aussi "Room with a View" chantée magistralement par Cavestany en rappel! Un rappel qui se conclut par le premier hymne de leur existence "Kill As One", terminant ce show monstrueux qui replace Death Angel dans les hautes sphères du panthéon du Thrash et du Metal de manière générale. Des objections? =)
6/5, ouais, au moins =)

Setlist dans le désordre :

Seemingly Endless Time
Evil Priest
Voracious Souls
Stagnant
Veil of Deception
Stop
(nouveau titre)
Medley : The Ultra Violence - Discontinued - Falling Asleep
IPFS
Thrashers
(nouveau titre)
Disturbing the Peace
3rd Floor
Bored
Mistress of Pain
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A Room with a View
Kill as One

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