Militants trotskistes, membres de longue date du Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire et de l'Internationale Ouvrière Révolutionnaire, nous sommes amenés à tirer le bilan des faits qui suivent.
Le 2 juin, à l'ouverture de la XIII° Conférence du Comité, sa direction a fait adopter un ordre du jour qui interdisait à une partie de ses militants de défendre, en tant que tendance, la plate-forme critique qu'ils avaient rédigée " Pour le redressement du Comité ". Cette décision scellait son refus permanent d'appliquer le droit de tendance inscrit dans les statuts.
Cet acte politique a été l'aboutissement de trois années de crise, provoquée par l'opposition radicale de la majorité du Comité national à voir mise en cause et discutée de façon un tant soit peu sérieuse ses analyses et l'orientation qu'elle imprimait au Comité depuis 1999.
Nous avons caractérisé celles-ci comme un opportunisme combinant, au gré de flottements et d'embardées, des positions défaitistes, sectaires et trade-unionistes, au détriment des acquis trotskistes du Comité formulés sous l'impulsion de Stéphane Just depuis son exclusion du PCI en 1984 jusqu'à son décès en 1997.
Pour la défense de ces acquis, nous avons opiniâtrement tenté d'instaurer un débat, en fournissant tous les documents politiques nécessaires. La direction s'est employée en réponse, par toutes sortes de moyens, à étouffer et fausser la discussion. Ecœurés par cette attitude, des militants ont quitté le Comité, en particulier dans la région de Lyon, vidée de plus de la moitié de ses effectifs. Constitués en tendance, réunissant plus de 20 % des militants, nous avons tenu à mener le combat jusqu'au bout, dans le respect du centralisme démocratique et pour sa défense.
La décision prise à l'ouverture de la Conférence, nous plaçait de fait, si nous refusions de nous incliner, en dehors du Comité, en tant que membres d'une tendance " interdite ". Nos délégués ont donc quitté la Conférence et nous avons adressé directement aux militants les interventions que nous avions prévu d'y faire.
Au lieu de satisfaire à notre demande de reconnaissance de la tendance " Pour le redressement du Comité ", permettant enfin un véritable débat d'orientation, la direction a fait adopter par la Conférence des mesures " d'organisation " : sanctions contre les délégués qui ont quitté la salle, mise sous tutelle de l'activité politique des opposants. Ces décisions n'ont fait que confirmer son intention : dans l'impossibilité d'avouer ouvertement son reniement des principes du centralisme démocratique, couvrir d'un prétexte " disciplinaire " notre expulsion de fait pour délit d'opinion.
Nous prenons acte de la situation ainsi créée :
Une limite a été franchie, et nous n'avons l'intention ni d'attendre jusqu'à la fin des temps un bon vouloir qui n'existe pas, ni de nous incliner devant des ultimatums. Nous nous considérons comme libérés de l'autorité et des décisions que peut prendre la fraction qui dirige le Comité aujourd'hui.
C'est indépendamment de celles-ci que nous entendons poursuivre notre combat pour la construction d'un POR, sur la base des acquis du Comité et de son histoire, rappelés au début de notre plate-forme.
La discussion doit désormais s'ouvrir sur celle-ci, non seulement avec les militants du Comité, mais plus largement avec tous les camarades dont nous savons qu'ils partagent à un degré ou à un autre la ligne que nous défendons. Ceux qui affirment, à la direction et au sein du Comité vouloir " ouvrir la discussion " auront toute possibilité de le faire dans ce cadre.
Nous décidons pour cela :
Bien entendu, cette discussion est inséparable de la poursuite de notre intervention, individuelle et collective, dans la lutte de classe, en particulier dans nos milieux de travail, cette intervention incluant les réunions de contacts politiques et syndicaux, cellules, cercles pour le POR, GER, etc…
Dans le cadre de cette intervention, nous considérons toujours que le maintien d'une tendance " lutte de classe " dans l'enseignement, décidé lors de la constitution du Comité, après que la direction du PCI a tenté de la détruire, constitue un acquis essentiel dont l'existence, mais aussi l'orientation doivent absolument être défendues.
C'est pourquoi les cinq camarades militants de l'Education nationale signataires de la plate-forme de tendance ont collecté plus d'une trentaine de candidatures sur la liste Front Unique pour les prochaines élections à la direction de la FSU, cela indépendamment des critiques qui peuvent être faites à l'appel de candidatures publié dans le bulletin fédéral. Sa ligne, synthétisée dans le titre et la conclusion " Pour un syndicat au service des syndiqués " est en effet plus proche de celle " purement syndicaliste " animée par le Parti des travailleurs que de la ligne politique affirmée depuis 1984 sous la responsabilité du Comité et l'impulsion de Stéphane Just : Front Unique des organisations ouvrières - Rupture avec la bourgeoisie - Gouvernement des organisations ouvrières. Nous aurons à y revenir.
Les derniers développements de la lutte des classes montrent à la fois les ressources de la classe ouvrière et plus que jamais l'actualité de ces mots d'ordre. Alors qu'un an plus tôt à peine les travailleurs et jeunes étaient pris dans la nasse du soutien à Chirac par les dirigeants des syndicats et partis ouvriers, c'est un profond mouvement vers la grève générale et l'affrontement politique avec le gouvernement capitaliste qui s'est développé, exerçant dans ce sens une pression rarement vue sur toutes les organisations et tendances syndicales et politiques, y compris sur la direction du Comité.
Mais une fois de plus a pesé cruellement l'absence d'une avant-garde capable d'ouvrir aux masses mobilisées la voie permettant de surmonter les obstacles dressés par les appareils et leurs flancs-gardes (LO, LCR et autres) qui se sont acharnés à semer la confusion, à diviser, disloquer et épuiser le mouvement de toutes les façons possibles.
De nouveaux combats sont cependant inévitables.
D'une part, poussée par l'angoisse d'une crise majeure du système capitaliste, la bourgeoisie française n'a pas d'autre possibilité qu'une attaque générale contre la classe ouvrière. D'autre part, celle-ci a mesuré ses forces, et aussi plus que jamais, les obstacles qui s'y opposent de la part des dirigeants censés la représenter.
Le combat engagé par le Comité pour la construction du Parti ouvrier Révolutionnaire qui permette à de tels mouvements de les submerger est vital. Il ne souffre pas de trêve. Il exige rigueur, clarté et honnêteté politiques.
C'est dans ce cadre que se situe la discussion politique à laquelle nous appelons. A l'issue de celle-ci et en fonction de ses conclusions pourront être déterminées les modalités pratiques et organisationnelles dans lesquelles nous aurons à le poursuivre.