Editorial

IMPOSER LE FRONT UNIQUE DU PS, DU PCF, DE LA CGT, FO ET FSU
POUR CENTRALISER LE COMBAT DE TOUTE LA CLASSE OUVRIERE
POUR CHASSER CHIRAC ET SON GOUVERNEMENT
POUR UN GOUVERNEMENT DES ORGANISATIONS OUVRIERES UNIES



LA CLASSE OUVRIERE CHERCHE LA VOIE DE L’AFFRONTEMENT VICTORIEUX

CONTRE LE GOUVERNEMENT

Le 4 octobre a rassemblé plus d’un million de manifestants. Ce n’était pourtant qu’une nouvelle journée d’action, sans que les dirigeants des organisations syndicales n’avancent la moindre revendication précise, ni retrait ordonnances, même simple exigence du contrat embauche, mais en demandant au contraire gouvernement l’ouverture nouvelles négociations. cherchent moyen centraliser leur combat contre gouvernement, à capitaliser quelque sorte victoire Non 29 mai, pour finir avec lui et sa politique. Ils ont cherché montrer solidarité marins grévistes SNCM, volonté ne pas laisser isolés, tous ensemble chasser Chirac Villepin Sarkozy consorts
Les travailleurs ont néanmoins massivement manifesté car ils
Cette volonté déjà exprimée pendant les grèves de 2003, dans les urnes aux régionales de 2004, dans les grèves et manifestations du printemps 2005, dans le vote Non au référendum du 29 mai dernier. Cette volonté chaque fois trahie par les dirigeants des partis se réclamant de la classe ouvrière, des organisations syndicales, refusant d’appeler à la grève générale en 2003, refusant après les régionales de 2004 comme après la victoire du Non le 29 mai d’appeler toute la classe ouvrière et la jeunesse à la mobilisation pour balayer Chirac, ses hommes et les partis de la bourgeoisie totalement désavoués. Mais cette volonté qui ressurgit à nouveau, malgré toutes les manœuvres des appareils, et sur laquelle doit se fonder tout militant qui cherche à construire un Parti ouvrier révolutionnaire.
Certes il ne s’agit pas là d’une marche triomphale, inexorable et sans obstacle, mais d’un combat âpre et difficile, avec ses avancées et ses reculs, qu’a engagé la classe ouvrière en réponse à la lutte implacable de la bourgeoisie française, de Chirac et son gouvernement, contre les salariés, les jeunes, les chômeurs et les immigrés, mais aussi contre de nombreuses couches de la petite bourgeoisie, des petits paysans etc.
Combat difficile, non pas à cause du manque de combativité, mais en raison de l’acharnement des dirigeants à légitimer l’existence et le maintien du gouvernement, à renvoyer toute perspective à une hypothétique alternance en 2007, à empêcher toute centralisation du combat contre le gouvernement, à réclamer encore et toujours de nouvelles négociations.
Mais négocier sur quoi ? Les privatisations ? L’échange de suppressions de postes de fonctionnaires contre une augmentation de salaire ? Les nouvelles remises en cause de la Sécurité sociale, du Code du travail ? ou bien quel autre plan encore du gouvernement ? Quel travailleur ne comprend que cela laisse les mains libres au gouvernement, comme Villepin peut le déclarer après le 4 octobre : « nous devons avancer par le dialogue, la concertation, la proposition », que cela laisse le temps à la bourgeoisie et ses partis de préparer, en utilisant toutes les ficelles, une possible victoire en 2007, que cela isole et conduit à l’impasse tous les combats, même les plus déterminés.

POUR CENTRALISER SON COMBAT, LA CLASSE OUVRIERE A BESOIN DE SES ORGANISATIONS

Bien sûr, on peut rêver et dire que, puisque les dirigeants des organisations ouvrières ne veulent pas dégager de perspective, la classe ouvrière peut bien s’en passer et se centraliser contre la bourgeoisie toute seule. Mais tout travailleur sérieux sait bien que la classe ouvrière ne peut pas sauter par dessus sa tête, faire comme si les obstacles mis par ses dirigeants n’existaient pas ou n’avaient aucun effet, comme si elle n’avait pas besoin de ses syndicats pour se battre, comme si elle pouvait aujourd’hui avoir une quelconque perspective gouvernementale sans ses partis, et sans l’unité de ses partis, à commencer par le PS et le PCF.
Au contraire, ce qu’indique la crise dans le PS, les réactions de plus en plus nombreuses dans les syndicats, notamment dans la CGT en opposition à la ligne de Bernard Thibault, c’est la recherche de la classe ouvrière pour contraindre ses organisations à marcher droit, à marcher dans le sens de ses intérêts les plus immédiats, c’est à dire leur imposer d’engager le combat maintenant pour chasser Chirac et son gouvernement, à ouvrir maintenant la solution d’un gouvernent des organisations ouvrières unies.

LES LEÇONS DE LA GREVE DES MARINS DE LA SNCM…

Le 19 septembre, les marins de la SNCM votaient la grève contre le plan de privatisation bradant l’entreprise contre une bouchée de pain au fonds de pension Butler et prévoyant de 350 à 450 suppressions d’emplois. Le 27 septembre les dockers et les autres salariés du port autonome de Marseille entrent en grève également. Des marins du STC s’emparent du Pascal Paoli. Le 28 septembre, le GIGN reprend le contrôle du bateau, 4 marins sont arrêtés. Le jour même, Bernard Thibault est reçu en urgence à sa demande par Dominique de Villepin et déclare à sa sortie avoir compris de cet entretien « franc et direct » que « le dossier n’est pas bouclé au stade actuel, qu’il y a encore des possibilités de discuter », renvoyant aux marins de la SNCM le soin de discuter de « la suite du mouvement ».
Pour le gouvernement, le message est clair : la direction de la CGT met tout son poids pour éviter l’affrontement généralisé avec le gouvernement, pour que les discussions se poursuivent en abandonnant les revendications des marins : pas une suppression de poste, maintien intégral de la SNCM dans le service public. Ceci est confirmé par la déclaration du responsable CGT des marins, Jean Paul Israël, qui, lançant un appel au gouvernement à ouvrir le plus rapidement possible des négociations, définit ainsi sa méthode :
« Regardons d’abord ce que pourraient être le pourtour et l’avenir de l’entreprise. Définissons ensuite un cahier des charges. Si ces conditions sont réunies, nous serions alors enclins à envisager un plan social acceptable, c’est-à-dire qui n’irait pas au-delà des départs en retraite et en préretraite. A ce moment-là, et seulement à ce moment-là, nous pourrons parler d’une ouverture du capital minoritaire et verrouillée. » ( l’Humanité du 28.09.05 ) .
Les responsables CGT des dockers appellent à la reprise du travail, estimant qu’avec le départ des CRS, les revendications sont satisfaites ! Le 4 octobre, les traminots de la STM votent massivement la grève contre la menace de privatisation des tramways, sous couvert de délégation de service public confiée à une société privée.
Pas un seul appel des directions syndicales à l’unification de la grève des marins, dockers, traminots, pas un appel à la grève nationale des ports et docks, de la marine marchande, des transports publics, pour faire plier le gouvernement. Les revendications ne sont pas les mêmes ? Mais la direction du port autonome, le maire de Marseille ne s’appuient-ils pas sur le gouvernement contre les grévistes ?
Le 23 octobre, après 23 jours de grève, isolés, embarqués par leur direction dans des négociations sur le pourcentage de privatisation acceptable, les marins de la SNCM sont contraints de reprendre le travail. La direction de leur syndicat CGT organise un vote à bulletin secret dans les termes suivants : « oui à la reprise du travail pour éviter le dépôt de bilan » ou « non à la reprise de l’activité = dépôt de bilan ». 519 se prononcent pour la reprise, 73 contre. Le dernier plan de privatisation du gouvernement s’applique, avec 400 suppressions de postes pour commencer, et sans doute une aggravation considérable des conditions de travail. Dominique Perben peut déclarer : « C’est une bonne nouvelle » qui « montre que chacun souhaite assumer ses responsabilités de manière constructive ».
Il est évident que ce n’est pas la force du gouvernement, ni les CRS ni le GIGN, qui a permis la défaite des marins, mais l’orientation de la direction de la CGT en soutien au gouvernement.

… ET CELLES DE LA GREVE DES TRAMINOTS DE LA STM

Les traminots de la STM ont reconduit quant à eux pendant 31 jours leur grève contre la privatisation. Il y a une différence notable avec la grève des marins : les traminots sont restés soudés avec leur intersyndicale sans dévier d’un pouce jusqu’à aujourd’hui sur leur revendication : retrait du projet Gaudin de délégation de service public. Le maire a réclamé au gouvernement la réquisition des traminots, mais celui-ci, dans ces conditions, l’a refusée, craignant de jeter de l’huile sur le feu. Il a préféré envoyer un médiateur pour tenter de faire passer la pilule, mais les traminots ont rejeté cette manœuvre et renvoyé Mr Bruhne et sa proposition de filiale dans son cabinet d’expert en conflits sociaux pour le compte de la bourgeoisie.
Le gouvernement a alors préconisé l’organisation d’un vote à bulletin secret pour consulter tous les salariés sur les propositions du médiateur, mais ne pouvait le faire qu’avec l’accord des syndicats sur cette procédure, destinée bien évidemment à briser la grève. Mais l’intersyndicale des traminots a rejeté cette nouvelle manœuvre. Le tribunal de grande instance vient alors de déclarer le 4 novembre illégal le préavis de grève déposé le…28 septembre ! et condamne à une astreinte de 10 000 euros par jour les organisations syndicales en cas de « reconduction du mouvement illicite ». Dans ces conditions, les traminots et leur intersyndicale ont suspendu leur mouvement, tout en déposant préventivement un nouveau préavis à compter du 11 novembre.
Remarquons d’abord que les traminots n’auraient pas pu tenir si longtemps leur grève, a fortiori après que les marins ont été contraints à la reprise, sans le soutien profond de la classe ouvrière de Marseille et que cela exprime déjà que la défaite des marins n’a pas entamé profondément la volonté de combat des travailleurs. Mais aussi que l’opiniâtreté avec laquelle les traminots et leurs syndicats unis ont défendu leur revendication, sans accepter jusqu’à présent qu’elle soit dénaturée, témoigne d’une maturation politique dans les rangs ouvriers.
Cependant les traminots de Marseille, pas plus que les marins, ne peuvent gagner isolés. Car derrière Gaudin, il y a l’UMP et tout le gouvernement, et tous savent que si les traminots parvenaient à ouvrir la brèche, ce serait un appel d’air pour toute la classe ouvrière et leurs jours seraient comptés. Voilà pourquoi, à l’heure où ces lignes sont écrites, il reste de la responsabilité des dirigeants du PS, du PCF, des syndicats de toute la région de Marseille d’appeler toute la population à soutenir les traminots, à manifester à la mairie de Marseille pour défaire Gaudin sur les mots d’ordre : retrait immédiat du projet de délégation de service public.

LA BOURGEOISIE FRANÇAISE EN SITUATION DIFFICILE

Ni les faramineux profits de Total, ni la spéculation sur le CAC 40 ne peuvent masquer les difficultés de la bourgeoisie française.
La concurrence mondiale entre puissances impérialistes s’avive et la bourgeoisie française peine à maintenir sa place. En témoigne le déficit de la balance commerciale qui se creuse. Le journal bien informé La Tribune du 18 octobre révèle que les défaillances d’entreprises sont en hausse en 2005. Lafarge, Michelin, Saint Gobain, Alcatel, France Télécom annoncent une baisse de leurs prévisions annuelles.
Renault et PSA voient leurs parts de marché se réduire en Europe occidentale, ce qui doit entraîner chez PSA « des ajustements significatifs de production », comme l’indique la direction. Les estimations de la croissance du PIB pour 2005 avoisinent désormais les 1,5% contre 2,5% prévus en début d’année. Le déficit budgétaire de l’Etat s’accroît : 46,8 milliards d’euros prévus pour le budget 2006, encore que minoré par divers artifices comptables, alors qu’il devrait être contenu à 35 milliards pour simplement stopper l’accroissement du remboursement de la dette, laquelle grève de plus en plus toutes les ressources tout en engraissant les banquiers et le capital financier. C’est comme si l’Etat, fin octobre, n’avait plus d’argent en caisse et vivait à crédit jusqu’à la fin décembre !
La faiblesse de la bourgeoisie française vient d’ailleurs d’être significativement illustrée par le camouflet reçu par Chirac, arc-bouté pour maintenir la PAC en défense des gros céréaliers alors que le commissaire européen chargé des négociations dans le cadre du nouveau cycle de l’OMC vient de proposer son quasi démantèlement, avec la bénédiction de la plupart des autres bourgeoisies européennes.
C’est de cette situation que naît l’impatience du MEDEF et de l’UMP sous la houlette de Sarkozy, qui trépignent et pressent le gouvernement de frapper encore, plus vite et plus fort. « Il faudrait arriver à 30 000 départs de fonctionnaires par an », au moins pendant 5 ans, se lamente G. Carrez, rapporteur UMP du budget. Or le gouvernement ne prévoit « que » 5300 suppressions de postes pour 2006. Mais le gouvernement de la bourgeoisie ne peut faire abstraction du rapport entre les classes, il sait qu’il ne peut faire passer ses plans qu’avec le soutien et la complicité des dirigeants des organisations ouvrières, par le dialogue et la concertation tous azimuts. Et chaque mesure qu’il prend accroît l’exaspération des salariés et place les dirigeants de plus en plus en porte à faux. Jusqu’où le barrage que les dirigeants mettent entre le gouvernement et les masses pourra-t-il tenir ? La réponse à cette question n’est pas de l’ordre d’un débat journalistique, mais du combat pour imposer aux dirigeants le front unique sur la ligne : dehors Chirac et son gouvernement, gouvernement des organisations ouvrières unies.

CE QUE SIGNIFIENT LES VIOLENCES DANS LES BANLIEUES

Un trait caractéristique du capitalisme pourrissant, c’est d’entraîner la paupérisation croissante d’un nombre toujours plus grand de travailleurs et de jeunes, rejetés dans les banlieues alors qu’une minorité s’accapare toutes les richesses de la société dans un luxe tapageur.
Le taux de chômage pour les jeunes dans certaines banlieues dépassent les 40%. Désœuvrement, déscolarisation, trafics divers sont les conséquences inévitables de l’absence de toute perspective d’avenir dans la société capitaliste qui condamne toute une partie de la jeunesse à végéter d’un jour sur l’autre. Il faut le dire clairement : ce n’est pas en rajoutant, ici un gymnase, là un terrain de foot, en repeignant les façades, toutes choses utiles par ailleurs, que l’on réglera fondamentalement la question centrale qui est que le capitalisme en crise n’offre plus aucune place dans la société pour la majorité de ces jeunes, sauf comme parias.
Mais la révolte de ces jeunes, qui ne date pas d’aujourd’hui, est elle-même déterminée par l’absence de perspective politique claire de la part des organisations du mouvement ouvrier.
Ils crient leur haine de Sarkozy, des contrôles de police au faciès, des discriminations à l’embauche, des expulsions de jeunes d’origine étrangère parfois scolarisés depuis de nombreuses années mais qui ont le tort de ne pas avoir tous les papiers nécessaires, mais cette haine ne peut s’appuyer, se structurer ni rejoindre une quelconque perspective d’ensemble que pourrait avancer les organisations ouvrières : mettre à bas le système du profit, du chômage, de l’injustice, et son Etat. Mettre en place un gouvernement ouvrier qui déclare propriété des travailleurs les grandes entreprises et leurs capitaux, qui oriente toute la production vers la satisfaction des besoins humains, et donc qui puisse leur donner un vrai travail, une place dans la société à égalité de droits et de possibilités.
Les dirigeants des organisations ouvrières, attachés à la survie du système capitalisme pour eux indépassable et qu’il s’agit tout au plus de toiletter, se gardent bien d’offrir une telle perspective, et en conséquence, il n’est pas question pour eux d’appeler à la mobilisation de toute la classe ouvrière et de toute la jeunesse, qu’elles viennent ou non des banlieues, pour chasser Chirac, Villepin, Sarkozy et les autres.
Faute de cela, cette haine qui s’exprime dans les violences de ces derniers jours, est sans perspective : Elle croit atteindre Sarkozy, qui provoque ouvertement, mais elle brûle la voiture du voisin de palier, elle croit combattre l’Etat, mais elle saccage l’école ou caillasse les pompiers. Et le gouvernement manœuvre et voit là l’occasion d’utiliser la situation pour tenter de mobiliser et rassembler derrière lui le parti de l’ordre, pour renforcer son arsenal policier et répressif. Qu’on ne s’y trompe pas, cela n’est certainement pas pour mettre fin aux trafics dans les banlieues, les dealers peuvent dormir tranquilles, pas plus que cela n’y réglera aucun autre problème. Car ce que cherche le gouvernement dans cette affaire, c’est à trouver les moyens aussi bien sur le terrain politique que répressif pour affronter la classe ouvrière.
Là aussi, la responsabilité des dirigeants des organisations ouvrières, qui demandent au gouvernement de rétablir l’ordre et de débloquer les moyens nécessaires pour les banlieues, est écrasante. Le gouvernement des capitalistes veut l’ordre, mais c’est son ordre à lui, en déclarant l’état d’urgence, le couvre-feu et les mesures d’exception. Quant aux moyens financiers au profit des banlieues, c’est son dernier souci et d’ailleurs, il est déjà endetté jusqu’au cou.
Le front unique pour :
• A bas l’état d’urgence !
• Dehors Chirac Villepin Sarkozy, pour un gouvernement des organisations ouvrières unies qui s’attaque au capitalisme !
s’impose plus que jamais.

REPERCUSSIONS DE LA LUTTE DES CLASSES A L'INTERIEUR DU PARTI SOCIALISTE

Le Parti Socialiste, à travers ses dirigeants, représentants, députés etc.. a pris en charge depuis longtemps la défense des intérêts capitalistes et aujourd’hui encore sa direction ne fait pas défaut. Apparemment uni quand une relative accalmie de la lutte des classes l’y autorise, il voit les contradictions contenues en son sein ressurgir quand les travailleurs et les jeunes se mettent à chercher des solutions politiques.
Le double "NON" du 29 Mai, le "NON" à Chirac" et le « NON » à l’Europe des capitalistes a marqué un tournant politique dans le combat des masses. Victoire du vote de classe. Victoire contre Chirac et son gouvernement, mais aussi victoire contre les dirigeants syndicaux qui en appelaient à « l’apolitisme syndical » et victoire contre la direction du Parti Socialiste qui appelait à voter « oui ».
La prise de conscience que révèle ce « séisme » s’est réfractée immédiatement à l’intérieur du Parti Socialiste. Ses dirigeants pensaient pouvoir organiser, avec l’aide du PCF et des responsables syndicaux, une collaboration tranquille avec Chirac, se contentant d’exprimer une opposition modérée contre les aspects les plus difficilement acceptables des diverses attaques et réformes en cours.
Mais il devient de plus en plus manifeste que la bourgeoisie française exige des sacrifices radicaux des ouvriers, employés, jeunes pour maintenir des profits qu’elle ne peut plus réaliser par sa place économique dans le monde.
Le Parti Socialiste, qui n’a pas hésité après les élections de 1997, tout en maintenant Chirac président, à poursuivre les réformes qui avaient entraîné la défaite des partis bourgeois, emploie tous les moyens pour empêcher la centralisation actuelle de la classe ouvrière et de la jeunesse. Ses dirigeants, comme ceux du Parti Communiste, de la LCR, de LO et des syndicats, craignent plus que tout une irruption des masses sur la scène politique.
C’est la lutte de classe qui explique les alliances, revirements, accords actuels entre dirigeants. La sérénité n’est plus de mise. C’est la lutte de classe qui explique qu’un Fabius, hier partisan de la privatisation d’EDF, en est aujourd’hui un opposant farouche. Il n’est pas plus disposé que F.Hollande ou D. Strauss-Kahn à appeler les masses à engager le combat contre ce gouvernement, mais il espère que le mouvement de radicalisation en cours marginalisera les plus évidents tenants du libéralisme pour le propulser à la tête du PS et à la présidence. C’est la tactique qu’employa en son temps Mitterrand pour surfer sur la vague politique qui chassa Giscard-d’Estaing.
La situation politique actuelle pousse les contradictions entre les partisans d’un PS débarrassé de toutes ses références au socialisme, ouvertement défenseur du capitalisme et les défenseurs d’un parti qui, estiment-ils, doit conserver son ancrage au sein du mouvement ouvrier pour pouvoir continuer à jouer son rôle traditionnel, contenir et dévoyer le mouvement des masses. Et si Jospin a pu faire des grands pas dans la première direction avec son projet de « rénovation » du PS, si l’accord était général sur cette orientation, aujourd’hui des oppositions se dessinent contre elle.
Ceci explique que certains au PS ont commencé et continueront à tenir des discours de plus en plus « à gauche ».
Ceux qui veulent conserver le Parti Socialiste dans la tradition des vieux partis «social-démocrates» comme H.Emmanuelli interprètent la situation actuelle comme extrêmement dangereuse pour le maintien direct au pouvoir des partis de la bourgeoisie et savent qu’il faut conserver un Parti qui se réclame du socialisme pour continuer demain au gouvernement la collaboration de classes.
Les regroupements récents qui se sont présentés aux suffrages des militants sont un reflet de ces contradictions. Les résultats expriment de manière filtrée, déformée et amoindrie le combat de la classe ouvrière :
• la majorité derrière François Hollande, sur une orientation « ventre mou », dont l’érosion continue après le vote « NON » au référendum
• le courant de Laurent Fabius, dont la volte-face « anti-libérale » n’a pas convaincu tous les militants, rejoint il y quelque mois par Jean Luc Melenchon, crédité de 21 % des voix après des tractations post-électorales qui montrent à la fois la « démocratie » qui règne au sein du PS et l’impossibilité du courant de Hollande de marginaliser Laurent Fabius : elle aura peut-être besoin de lui bientôt.
• Le courant du « Nouveau Parti Socialiste » , allié à Henri Emmanuelli, recueille pour sa part environ 24 % des voix
Au total, 45% des voix au PS, nonobstant les manœuvres d’appareil, s’opposent à la ligne de Hollande et ses partisans. C’est considérable.
Ces résultats montrent, plus que la cristallisation réelle de courants opposés, l’impact de l’évolution extrêmement rapide de la situation politique en France : il leur est impossible de réaliser un accord sur l’analyse des perspectives futures.
Mais cela ne les empêche pas de se retrouver unanimement sur un objectif : ne rien faire qui puisse permettre aujourd’hui à la classe ouvrière de mettre à bas ce gouvernement. C’est ainsi que beaucoup de militants, de travailleurs ont été extrêmement surpris le soir du 29 Mai de voir les tenants du « NON » abandonner leur superbe pour redevenir, derrière les tenants du « OUI », des opposants sages qui acceptent que ce gouvernement continue.
Malgré la défiance de nombre de travailleurs à l’égard du Parti socialiste, alimentée par les souvenirs encore frais de sa politique sous le gouvernement Jospin, comme auparavant sous Mitterrand, les masses tentent et tenteront d’utiliser le Parti socialiste, au côté d’autres partis se réclamant de la classe ouvrière, à commencer par le PC, pour se centraliser politiquement contre ce gouvernement, pour un autre gouvernement. Les travailleurs n’ont pas d’autre choix possible, en l’absence d’un parti ouvrier révolutionnaire, qui reste à construire.
Pour le construire, autant il est nécessaire de combattre pour imposer le front unique des organisations ouvrières, et d’abord le PS et le PCF, pour chasser Chirac et son gouvernement, pour constituer le gouvernement des organisations ouvrières unies, autant il est vital de ne semer aucune illusion sur l’orientation présente et la politique future des dirigeants socialistes, pas plus celle de Hollande que celle des tenants du « NON » encore qualifiés de « gauche du PS » Tous sont aujourd’hui pour attendre 2007, ils seront tous demain les défenseurs les plus acharnés du maintien de la bourgeoisie, y compris contre leurs propres militants.

CONSTRUIRE UN PARTI OUVRIER REVOLUTIONNAIRE,
UNE INTERNATIONALE OUVRIERE REVOLUTIONNAIRE


Le capitalisme parvenu au stade pourrissant de l’impérialisme montre chaque jour son caractère de plus en plus réactionnaire, au sens non seulement politique, mais historique du terme. Installé sur l’ensemble de la planète, le système du profit est un facteur de désordre, d’anarchie dans la production, de menace écologique, de régression sociale dans les vieux pays capitalistes, de surexploitation dans les autres, de misère et de famine dans les pays dominés par les puissances impérialistes. La concurrence creuse les rivalités entre les bourgeoisies, elle les aiguillonne pour s’attaquer toujours plus aux salariés.
L’impérialisme, disait Lénine, c’est l’époque des guerres et des révolutions. Nous y sommes en plein. L’alternative historique est bien toujours : socialisme ou barbarie.

Les dirigeants du PS, du PC, en France comme dans les autres pays capitalistes, et avec eux les dirigeants syndicaux, ont renoncé depuis bien longtemps à combattre pour renverser la bourgeoisie, pour un gouvernement ouvrier qui n’hésite pas à s’attaquer aux bases du système d’exploitation et de profit.
Mais la classe ouvrière ne peut renoncer au combat contre la bourgeoisie. Faute de disposer d’un parti révolutionnaire construit, reconnu comme tel et majoritaire dans ses rangs, inlassablement, elle se tourne vers ses vieilles organisations, sans grande confiance ni grande illusion, mais parce qu’elle n’a rien d’autre pour centraliser son combat, pour postuler à la prise du pouvoir. Les dirigeants des syndicats, du PS et du PCF, bien qu’ils se réclament de la classe ouvrière, ne s’engageront pas d’eux-mêmes dans la voie d’un gouvernement ouvrier, dans la voie du socialisme. Il faut s’organiser pour les y contraindre ou les submerger. Mais pour y réussir et renverser les barrages qu’ils mettent en place, il est nécessaire de construire une nouvelle formation politique qui trace la voie du programme socialiste : un véritable Parti Ouvrier Révolutionnaire.
Et cette exigence vaut également pour tous les pays d’Europe, et à l’échelle mondiale : pour une Internationale Ouvrière Révolutionnaire.

Le 12 novembre 2005.