Tendance pour le redressement du Comité
Le Comité ne se construira pas – en tout cas ne se construira pas comme organisation trotskiste combattant pour la construction du POR – sans adopter une autre orientation qui élimine les scories accumulées depuis ces dernières années, à la fois en ce qui concerne sa ligne politique et son fonctionnement.
La première condition concernant la ligne politique générale du Comité est le retour à une lecture correcte de l’analyse d’ « Une Nouvelle Perspective ». Cela suppose la prise en compte de la première partie du projet de rapport international de Mélusine « Retour et précisions sur Nouvelle Perspective » et son adoption, après discussion, par la Conférence du Comité.
Cela implique évidemment le désaveu du texte destiné à le démolir, signé par le CN et adopté par la dernière Conférence, via la référence qui en est faite dans le rapport international.
Pour que les choses soient tout à fait claires à cet égard, cela suppose également l’adoption du texte inclus dans notre appel à tendance du 21 novembre 2000 : « La situation mondiale et le combat du Comité » (texte joint en annexe).
Une seconde condition est de rompre avec la méthode non marxiste inaugurée avec le rapport international de novembre 2000, qui consiste à élaborer celui-ci (mais c’est également valable pour tout autre rapport sur la situation française ou autre) « du point de vue de la construction du Comité ». Une telle méthode introduit (et reflète) une confusion totale entre l’étude des conditions objectives de la lutte des classes et l’action subjective de l’avant-garde révolutionnaire. Ce n’est ni la méthode du Manifeste communiste, ni celle du Programme de transition, ni celle (malgré les affabulations qui en ont été avancées) de Stéphane Just dans « Une nouvelle perspective ». La nécessité de construire le Parti et l’Internationale capables de conduire le prolétariat à la prise du pouvoir et d’abord un parti et une internationale ouvrière révolutionnaire, est la conclusion inévitable de l’analyse du système capitaliste et de son développement au stade impérialiste et non sa prémisse. Les conditions de cette construction ne peuvent que découler de l’analyse (scientifique) des développements objectifs, et non la précéder, de façon idéologique.
Troisième condition : éclaircir tout ce qui concerne l’axe politique essentiel de rupture avec la bourgeoisie.
Nous l’avons dit plus haut, la rupture avec la bourgeoisie, avec son gouvernement, quel qu’il soit, ne s’arrête pas au refus de la participation, comme de nombreux textes du Comité le laissent comprendre. La rupture avec la bourgeoisie suppose de s’engager sur la voie du gouvernement ouvrier, et par conséquent sur la voie du programme fondé sur des mots d’ordre à caractère transitoire. Rappelons que Trotsky estimait que le Programme de transition, au moins dans sa partie concernant les revendications et la nécessité du gouvernement ouvrier-paysan, pouvait être pris à leur compte par les organisations syndicales du prolétariat, comme programme de l’activité syndicale.
Le mot d’ordre de boycott de la participation est un mot d’ordre de type transitoire, élément de la lutte pour le rassemblement de classe contre la bourgeoisie et son gouvernement. Répétons le : un tel refus de la part des appareils ne constitue pas en lui-même une rupture avec le gouvernement bourgeois. Il ne peut être qu’un premier acte dans ce sens, au même titre que le refus de signer tel ou tel accord, par exemple. Mais il s’arrête là si la voie n’est pas ouverte pour que la classe ouvrière exige immédiatement que les conséquences en soient tirées dans le sens, précisément, de la rupture avec la bourgeoisie. C’est là le rôle de l’avant garde révolutionnaire, le rôle du Comité.
Il est par conséquent juste d’en faire un objectif direct du combat dans la voie de cette rupture. Mais le combat efficace, ce n’est pas après la rupture des « négociations » par les appareils, après qu’ils « se prononcent » pour telle ou telle revendication, c’est le combat pour exiger d’eux qu’ils le fassent, qu’ils s’engagent dans le processus de rupture, en s’appuyant sur la mobilisation, en y appelant. Notre propagande, notre agitation sont tournées vers les travailleurs, non vers les appareils à qui nous donnerions des leçons. Et se présenter comme tels aux yeux de la classe ouvrière avec de telles formules ne permet pas d’avancer dans le sens du programme de rupture avec la bourgeoisie, mais au contraire l’escamote.
La quatrième condition est un redressement par rapport à la dérive trade-unioniste, au demeurant récurrente. Rappelons que la grève générale de 1968 a révélé cette tendance dans l’OCI, y compris au niveau de sa direction. Axée sur le succès de la grève, par les comités de grève élus, le comité central national des comités de grève (dont le contenu est directement soviétique), c’est-à-dire sur la réalisation du Front Unique pour les revendications, l’OCI oubliait plusieurs choses :
Inutile de s’appesantir ici sur la forme qu’à prise, par la suite, cette dérive trade-unioniste sous l’égide de Lambert, à savoir les compromissions puis la subordination à l’appareil de FO. Ce qui importe, c’est de ne pas oublier la leçon des erreurs de 1968.
Dans la période actuelle, en gros depuis la fin des « trente glorieuses », le capitalisme doit remettre en cause, jusqu’à les détruire si son gouvernement en a la force, toutes les conquêtes arrachées par la classe ouvrière. Nous l’avons maintes fois affirmé. Celle-ci est donc contrainte plus qu’auparavant de se battre pour la défense de ses acquis (ce qui n’exclut pas, selon les rapports de force, qu’elle essaie d’en arracher de nouveaux). Mais le complément au rapport politique de la première Conférence du Comité précisait :
« Le prolétariat s’appuie sur ses acquis, son passé, sur les résultats de ses luttes antérieures. Il combat pour leur défense car ce sont eux qui le constituent comme classe. C’est par eux qu’il est devenu d’une classe en soi une classe pour soi. Ce combat est inséparable, c’est le même combat que celui pour se libérer de l’exploitation. C’est sur ses acquis qu’il se fonde pour lutter pour le pouvoir et le prendre, devenir la classe dominante et se libérer de l’exploitation et très souvent c’est pour les défendre qu’il engage la lutte pour le pouvoir. La revendication de « l’expropriation des capitalistes » devient la « plus immédiate des revendications » car elle contient toutes les autres. Sa réalisation conditionne le maintien des conquêtes et des acquis ».
Cela signifie que cette revendication « la plus immédiate » doit être centrale, dans notre agitation et notre propagande même si elle n’est pas « immédiatement saisissable ». Autrement dit, l’intervention syndicale des trotskistes doit être une intervention complètement politique en milieu syndical. Ils ne répondent pas à leur tâche s’ils n’ont pas le souci constant de développer la dimension politique de la défense des acquis, non seulement contre la politique du gouvernement, mais contre le gouvernement bourgeois et pour son remplacement par un gouvernement ouvrier. Cela ne veut pas dire qu’il faut développer « tout le programme » dans tous les textes revendicatifs syndicaux, mais qu’il faut s’efforcer d’y donner à chaque occasion la dimension politique qui détermine notre combat et en particulier de le faire complètement dans les plates-formes de tendance, pour les élections dans l’enseignement, et autres textes de fond ainsi qu’aux congrès syndicaux. Cela veut dire aussi qu’il faut constamment doubler nos publications et interventions syndicales par des textes politiques, c’est-à-dire des suppléments spéciaux à CPS, qui ont disparu de notre intervention dans l’Enseignement comme nous l’avons dit plus haut.
Cela veut dire également que pour satisfaire à cette exigence politique, il ne suffit pas d'adjoindre comme une cerise sur le gâteau aux longs textes dénonçant les attaques contre les acquis (dénonciation qui n'est pas en soi critiquable, tout étant une question d'équilibre et d'orientation politique du texte) cinq ou six lignes sur le fait que "la classe ouvrière n'est pas battue" et un ou deux derniers paragraphes, en copié-collé, sur la nécessité de construire un parti ouvrier révolutionnaire.
On pourra se reporter aux numéros de CPS dirigés par Stéphane pour voir comment il articulait le programme politique pour le gouvernement ouvrier et contre l’Etat bourgeois au combat revendicatif, tout en tenant compte des flux et reflux de la situation.
Pour construire un parti ouvrier révolutionnaire, et non un "parti syndicaliste", il faut rompre avec le trade-unionisme.
Pour en finir ici avec cette question, il faut aborder celle du rôle et de la place de la tendance syndicale dont le Comité a préservé l'existence dans l'Enseignement.
Peut-être faut-il d'abord rappeler que cela a donné lieu à une discussion dans les premiers mois du Comité pour trancher sur le choix entre son maintien ou son abandon au bénéfice d'une simple fraction enseignante. La solution adoptée ne signifie pour autant aucune fétichisation de la tendance, ce qui a été précisé dans le texte rédigé par Stéphane : « Les syndicats, la crise de l’impérialisme et la nouvelle période de la révolution ».
Une discussion approfondie s’est déroulée à ce propos en 1990-91, avec le camarade Benoît, discussion qui a été tranchée par la VIIème Conférence sur la base du rapport présenté par le camarade Serre.
Benoît écrivait :
"L'activité de l'OCI devait - en tout cas sur le plan des principes - servir de point d'appui au combat par lequel les travailleurs parviendraient à terme à régénérer les syndicats en expulsant de la direction de ceux-ci les appareils traîtres et en en faisant des instruments de leur lutte révolutionnaire (…).
On est ainsi aujourd'hui en droit de se demander si l'objectif des responsables enseignants de l'OCI était de "prendre le pouvoir" dans la FEN eux-mêmes. Que signifiait pourtant s'atteler au travail de construction d'une tendance, l'EE-FUO, sinon déclarer que cette tendance postulait à terme à assumer à la place des actuels dirigeants la direction de l'organisation syndicale ?"
Le rapport qui répondait à ces affirmations « fortement teintées du syndicalisme révolutionnaire de la vieille Ecole Emancipée » et utilisées par la direction lambertiste pour justifier le passage des enseignants de la FEN à FO, et plus généralement l'investissement des militants du PCI dans les instances dirigeantes de ses syndicats, lui opposait, entre autres, le paragraphe suivant de notre analyse de 1985 (p.21) :
"A ce propos, il convient de mettre en garde les militants contre l'illusion de la reconquête pacifique des organisations syndicales par les travailleurs (…) C'est dans le processus même du développement de la révolution prolétarienne que les syndicats peuvent être redressés. En fait, il s'agira d'une véritable reconstruction où les appareils contre-révolutionnaires seront brisés et éliminés, l'unité et la démocratie syndicales seront instaurées en même temps que la démocratie ouvrière deviendra le mode de fonctionnement du nouvel état, l'état ouvrier."
Le rapport commentait :
"Il s'agit de comprendre qu'en aucun cas il ne pouvait être question pour la direction du PCI ou de l'OCI de prendre pour axe stratégique la "prise de pouvoir" dans la FEN, pas plus qu'à nous même aujourd'hui. Une telle conception n'obéit qu'à un schéma, détaché malgré les apparences du déroulement réel de l'Histoire et étranger également à l'analyse de Trotsky sur les syndicats à l'époque de la décadence impérialiste. D'une certaine façon, elle évacue aussi le contenu politique, concret, de l'intervention dans les syndicats, intervention qui n'a pas pour objectif leur régénération, mais la lutte contre le gouvernement bourgeois, le Front unique, en tenant compte constamment des développements de la lutte de classe".
Cela ne signifie pas que nous refusions d’être portés à des responsabilités dans les syndicats, comme points d’appui de notre combat politique, y compris au niveau national (cf. l’UNEF en 1972). Mais il ne s’agit que d’opportunités. Notre objectif, à travers l'organisation et l'intervention organisée dans le syndicat, y compris par la voie d'une tendance, dont chacun sait qu'elle ne peut être que la forme prise dans des circonstances données par l'action d'une organisation politique, est de construire la fraction trotskiste dans l'enseignement comme ailleurs, et l’intervention politique de celle ci.
Aujourd’hui l’expression politique du Comité relève presqu’exclusivement de la propagande et éprouve les plus grandes difficultés à la transposer sur le terrain de l’agitation (sauf pour ce qui concerne l’intervention syndicale, mais avec les limitations que cela implique). Or l’une ne peut remplacer l’autre, même si leur contenu est fondamentalement identique.
L’agitation est naturellement plus ciblée, s’adaptant plus immédiatement aux événements, aux milieux, aux réactions à susciter ou encourager : indignation, action, mobilisation... Sa forme est plus concise, sans être limitée pour autant à des slogans nus, mais s’efforçant de les mettre en valeur de façon frappante, orale ou écrite.
La propagande, elle, expose, explique, démontre, justifie, donne le temps de comprendre, fait appel à la discussion. Elle opère davantage par brochures, articles de fond, conférences, cercles d’études... L’agitation opère plutôt par affiches, tracts, communiqués, déclarations, etc...
La cloison entre ces deux formes n’est pas étanche. Le bulletin CPS a toujours été un outil de propagande, et doit le rester. Le Comité n’a pas ignoré pour autant le besoin d’intervention agitative et outre des tracts, les suppléments à CPS y ont répondu, tout en étant utilisés selon les circonstances, dans un sens ou dans l’autre. Il faut rappeler qu’à l’origine, les suppléments à CPS « d’entreprise » devaient être à parution régulière et comportaient deux volets : un sur les problèmes de la profession et un second sur la situation générale.
Bien entendu l’agitation est aussi une arme de propagande, mais l’inverse n’est pas vrai. Il est donc indispensable d’utiliser les deux méthodes, y compris sur des questions comme les revendications transitoires et le problème du gouvernement [1], cela sans les subordonner au déclenchement préalable d’une mobilisation des masses, comme nous l’avons entendu justifier en particulier pour refuser le mot d’ordre de manifestation à l’Assemblée nationale (renouant ainsi avec la pseudo tactique du « saisissable »).
Dans leur milieu professionnel, leur syndicat, les militants sont tout à fait capables de résumer une situation en quelques phrases et une orientation pratique par des mots d’ordre percutants, en particulier lors des périodes d’effervescence ou d’affrontement.
Cependant au CN, les mêmes camarades rédacteurs des textes politiques du Comité se font comme un devoir d’adopter la démarche inverse, on l’a vu plus haut.
Que l’on prenne simplement les déclarations et suppléments à CPS sur les événements de Palestine, d’Algérie, d’Afghanistan ou d’Irak, sur les élections municipales, présidentielles, législatives, et même lors des mouvements de février mars 2000, tous ces textes sont des textes de propagande voire « d’éducation » là où il aurait fallu des tracts d’agitation, largement diffusés, y compris au sein des manifestations véhiculant des mots d’ordre faux. Agitation pour les manifestations aux ambassades d’Israël, d’Algérie, des USA, pour le retrait des troupes et le boycott des envois d’armes, pour le vote ouvrier, pour « ni Chirac, ni Le Pen », etc...
Remédier à ce défaut récurrent et à ses conséquences (non seulement textes rebutants, mais mots d’ordre escamotés, séparation de la théorie et de la pratique, du « politique » et de la lutte économique...) dépend de la façon dont la direction situe le Comité et sa ligne par rapport aux masses.
Car se contenter d’une activité de propagande en définitive confidentielle, et manquer à chaque fois l’occasion d’élargir notre champ d’intervention, les possibilités de regroupement autour de nous, de construction d’une fraction jeune, c’est se confiner dans la marginalité, et ce n’est certainement pas ce que souhaitent les militants quels qu’ils soient.
Est il besoin d’ajouter que ce n’est pas une question d’effectif numérique ? Inutile d’entonner le refrain du « ne pas nous prendre pour ce que ne nous sommes pas » entendu en 97 et repris depuis. Il s’agit, en étant ce que nous sommes, de ne rien abandonner de ce que nous devons faire [2].
C’est en rapport à cette question qu’il faut considérer notre intervention particulière au moment des élections.
Nous avons dit plus haut en quoi les élections ne sont pas seulement « un baromètre de la lutte des classes », mais un moment où la classe ouvrière cherche, bien que dans un cadre déformé et piégé, à défendre ses intérêts sur le terrain politique.
Depuis toujours les marxistes ont considéré les élections bourgeoises comme des tribunes qui permettent de présenter au prolétariat et aux masses populaires le programme révolutionnaire, ce que seuls récusent les gauchistes, les trade unionistes et les « syndicalistes révolutionnaires ».
Bien entendu, cela peut s’effectuer, selon les forces de l’organisation, de façons diverses : candidatures avec réunions électorales ou simple activité de propagande sous ses formes habituelles : publications, tracts et leur distribution partout où c’est possible, contradiction aux candidats des partis ouvriers bourgeois ou autres dans leurs réunions, motions dans les organisations syndicales pour qu’elles prennent position, etc…
Bref, les périodes électorales sont l’occasion ou jamais de cette « agitation inlassable » dont parle le Programme de transition, sur les mots d'ordre transitoires et la question du gouvernement, avec le matériel adapté.
Cette activité implique bien entendu l’examen critique de la situation politique et des trahisons des appareils. Mais s’en tenir là, c’est boucher soi même toute perspective aux travailleurs que l’on veut gagner, et leur manifester qu’on n’a rien à leur proposer qu’une « lucidité » fataliste. Il en va de même si l’on s’en tient à une liste de revendications ou de mots d'ordre immédiats. Ou à l’inverse si l’on se borne à conclure d’une façon ou d’une autre, abstraitement : il faut abattre le capitalisme, il faut construire le parti et l’internationale révolutionnaires. Dans un cas, c’est le programme minimum, dans l’autre l’ultra-gauchisme impuissant.
Les élections, quelles qu’elles soient, municipales, présidentielles, législatives, régionales, européennes, … au premier comme au deuxième tour, doivent être pour le Comité un moment privilégié d’exposer dans toutes ses dimensions, en adaptant sa présentation aux circonstances, le programme d’action dont la nécessité a été maintes fois soulignée par Stéphane Just (et dont nous traitons plus loin), avec les trois éléments essentiels du combat :
avec toutes les explications nécessaires.
Faire l’impasse sur l’engagement du Comité dans les campagnes électorales ou le minimiser, sous quelque prétexte que ce soit, c’est faire combattre celui ci avec une main dans le dos, et même les deux du point de vue de sa construction.
En mars 1985, un n° spécial de CPS présentait des « Eléments pour un programme d’action ». Dans l’introduction, Stéphane Just soulignait d’abord que le Programme de Transition, comme l’indiquait Trotsky, était non pas le programme complet de la IV° Internationale, mais « un programme d’action pour la période intermédiaire ».
Il ajoutait que le prolétariat français avait plus que jamais besoin d’un programme d’action faisant le pont entre la situation actuelle et le moment de la prise du pouvoir. Il s’agissait bien du prolétariat, et pas seulement de l’organisation.
Dans sa brochure, « Comment le révisionnisme s’est emparé de la direction du PCI », parue en août 1984, Stéphane expliquait (p. 2-3) ce que n’était pas un tel programme : ni un substitut simplifié ou avili du Programme de transition, ni un programme centriste « minimum », mais la traduction concrète, dans des circonstances données, pour un pays donné, de la méthode et des objectifs généraux du Programme de Transition. Il donnait en exemple celui que Trotsky avait inspiré aux bolchéviks-léninistes français en 1934, et ajoutait : « Sur de telles bases, alors la constitution d’un nouveau parti, plus large que ne l’est actuellement le PCI peut devenir un objectif politique pour lequel l’organisation trotskyste peut combattre. » Un tel programme d’action ne pouvait être conçu, partant des revendications et de la défense des conquêtes sociales que « dans le cadre d’une perspective concrète, réelle, c’est-à-dire révolutionnaire », selon les termes du Programme de Transition.
Une telle perspective ne pouvait convenir à la direction lambertiste, bien qu’elle s’en soit fixé la tâche en 1981, tâche jamais réalisée, ni même esquissée.
Dans sa contribution au sinistre congrès de 1984, Stéphane Just écrivait dans l’introduction :
« La ligne définie en 81 implique un programme de défense de la classe ouvrière, de la jeunesse et des masses populaires qui réponde à la question « comment résoudre la crise ?» ». Il répondait : « Par un plan de production élaboré et appliqué sous contrôle ouvrier, qui réponde aux besoins des masses et brise avec la logique du profit capitaliste. Loin d’affaiblir la lutte pour les revendications, un tel programme la fonde. » (souligné par nous)
Il faut poser la question : au moment où l’OCI est devenue le PCI, en décembre 1981, il était possible que celui-ci, comme tel, devienne le Parti Ouvrier Révolutionnaire nécessaire au prolétariat français pour vaincre. C’est resté possible pendant plusieurs années. Qu’une telle organisation se dote d’un programme d’action était dès lors naturel et indispensable. Mais pour le Comité ?
La question est légitime et nous nous la sommes posée.
D’une part, l‘élaboration d’un programme d’action requiert une bonne connaissance des revendications de la classe ouvrière, des jeunes, des couches populaires en général, qui sont loin d’être homogènes comme le soulignait Trotsky à ce propos. Une organisation nombreuse et implantée est évidemment mieux à même de satisfaire à cette exigence. Mais faut-il attendre de l’avoir construite pour avancer dans l’élaboration d’un programme d’action qui doit justement servir à sa construction ?
Stéphane Just y a répondu par la pratique (comme Trotsky pour le groupe des bolchéviks-léninistes de 1934) en rédigeant avant même la première conférence du Comité, sa brochure « Eléments pour un programme d’action ». Il écrivait dans la conclusion de sa préface :
« L’activité politique pour la construction d’un Parti Ouvrier Révolutionnaire exige que, sans plus attendre, tout soit mis en œuvre pour armer le prolétariat d’une politique et d’un programme d’action répondant aux exigences de l’heure ».
Les militants du Comité étaient-ils alors plus nombreux qu’aujourd’hui ?
Autrement dit, ce travail devait être à la fois utile à la propagande auprès des militants du PCI, et à l’agitation au sein de la classe ouvrière et de la jeunesse. Les deux étant inséparables. Sans compter l’armement politique des militants du Comité lui même.
Autre objection : Trotsky en 1934 pressentait une situation pré-révolutionnaire. De son côté, le dernier sous-titre de la préface des « Eléments pour un programme d’action » est : « 1985 : une année cruciale », c’est-à-dire que Stéphane prévoyait également d’importants mouvements de classe, qui se sont effectivement produits. Mais qu’en est-il dans une situation de recul, voire de défaite ou d’expectative comme à la suite des dernières élections ?
Les réponses viennent d’elles-mêmes. D’une part, même une situation de défaites peut être grosse de mobilisations ultérieures et il ne suffit pas de « se poser classe contre classe » en attendant que s’ouvrent des perspectives. D’autre part (et c’est lié), non seulement les revendications subsistent, mais elles peuvent même s’exacerber du fait de la politique de la bourgeoisie. Se replier sur leur défense au jour le jour sans autre horizon politique, c’est, on l’a vu, tomber dans le trade-unionisme, et réduire le parti à construire un « parti des revendications ».
C’est également oublier que les revers et le désarroi, s’ils se traduisent temporairement par l’expectative et le découragement, suscitent également des questions auxquelles il faut répondre politiquement : non seulement comment en est-on arrivé là ? mais aussi : comment en sortir ? et on ne convainc personne si l’on n’est pas capable de répondre autre chose que : « moi, je combats pour le socialisme » (sic.). Dans sa contribution pour le XXVIIIème Congrès du PCI, le camarade Ribes écrivait :
« Si nous n’avons pas un programme d’action à proposer, les militants que nous souhaitons recruter en élaboreront eux-mêmes, de toutes sortes, plus centristes et idéologiques les uns que les autres [3]. »
Il n’en va pas autrement pour le Comité aujourd’hui, et pour l’attraction qu’exercent, en particulier sur les jeunes à la recherche d’une issue, la LCR, le Nouveau Monde ou autres anti-mondialistes.
Enfin et surtout, la question du gouvernement est étroitement liée à celle du programme d’action. Nous avons rappelé plus haut à quel point le combat pour abattre le gouvernement bourgeois et avancer vers un gouvernement ouvrier a nourri tous les numéros de CPS pendant six ans. Il faut ajouter qu’à chaque occasion, la question d’un plan de production, par exemple, était associée à la bataille contre le gouvernement et explicitée [4]. Dans sa contribution pour le XXVIIIème Congrès du PCI, Stéphane avait souligné que la perspective du gouvernement ouvrier est
« nécessaire, indispensable comme centre politique d’un programme de défense ouvrière, nécessaire, indispensable pour aider les masses à s’engager vers la grève générale, les aider à saisir qu’il existe un débouché politique autre que ce gouvernement, une autre possibilité gouvernementale. »
Il ne l’avait pas oublié après la création du Comité.
Rappelons seulement qu’en novembre 1987, 5 mois avant les présidentielles, en pleine bataille contre le gouvernement Chirac pour la défense de la Sécurité Sociale, l’éditorial de CPS publiait en pleine première page un extrait de la déclaration de l’OCI de 1971 :
« Pour une politique de résistance ouvrière unie aux mesures du Capital – Pour le gouvernement ouvrier. »
Ce texte donnait les grandes lignes d’un programme d’action, et son explication.
A la veille des dernières présidentielles, le CN a inclus dans le titre de l’éditorial de CPS n°89 (8 mars 2002) :
« Pour une solution ouvrière à la crise – pour un programme de défense de la classe ouvrière et de la jeunesse. »
Même si c’était bien tardif depuis que le gouvernement de Front Populaire appliquait, lui, son programme, nous nous en sommes félicités et nous l’avons repris dans des propositions de textes plus agitatifs. Mais outre qu’il n’en a plus été question sitôt passé le premier tour des présidentielles, et que la perspective du gouvernement soit oubliée dans le titre, on y trouve la phrase suivante :
« Le Comité (…) combat pour que soit élaboré un véritable programme de défense de la classe ouvrière et de la jeunesse. Notamment … » (suivent comme dans l’exemple ci-dessus quelques éléments d’un tel programme – dont, soit dit en passant, on discerne mal le caractère transitoire !).
Et en conclusion :
« Le combat pour ces revendications implique que la classe ouvrière (…) mette en cause le régime capitaliste et donc prenne le pouvoir ! »
Non, encore une fois, la classe ouvrière n’attend pas d’avoir pris le pouvoir pour « combattre pour ses revendications. » Ce n’est pas « le combat », mais la satisfaction définitive des revendications qui nécessite la mise en cause et la destruction du système capitaliste et donc que le combat s’oriente vers la prise du pouvoir. C’est tout le sens d’un programme d’action révolutionnaire, à la différence d’un catalogue de revendications immédiates, avec au bout, on ne sait comment, le « maximum » : le pouvoir.
Et puis : le Comité combat pour « que soit élaboré (…) ». Par qui ? Par les appareils ? Par « la base » ? Non. C’est aux trotskistes de l’élaborer, selon la méthode du programme de transition, d’en assumer « la propagande et l’agitation inlassable » auprès des travailleurs pour qu’ils imposent à toutes les organisations qui se réclament de la classe ouvrière de s’en saisir.
Comme le soulignait Stéphane, c’est essentiel pour donner son sens et son unité à notre politique, qui n’est sans cela qu’une somme de mots d’ordres et de revendications comme c’est le cas à l’heure actuelle. L’exigence d’un programme d’action est radicalement inverse aux déviations trade unionistes.
Sans en être une garantie absolue, elle constitue un antidote à la gangrène opportuniste. C’est pourquoi, conscient des dangers qui, au nom de la « démocratie occidentale », guettaient les masses d’URSS et des pays de l’Est de l’Europe après la chute du mur de Berlin, Stéphane avait présenté dans CPS n° 32 (mars 1990) quelques bases d’élaboration des programmes d’action qu’il estimait indispensables à la construction de partis ouvriers révolutionnaires dans ces pays.
Nous n’ignorons pas les difficultés de l’élaboration d’un tel programme pour cette construction en France. Nous ne bénéficions pas d’un Trotsky qui a rédigé, non seulement le programme de transition, mais aussi celui des bolcheviks-léninistes de 1934, ni d’un Stéphane Just, auteur d’après ce que nous en savons du programme de l’OCI en 1971 et qui a récidivé pour les « Eléments pour un programme d’action » écrits pour le Comité en 1985. Mais on peut rappeler que son actualisation pour le secteur de l’enseignement (qui n’est pas exempt de gros défauts) a été rédigée par l’ex-camarade Kazan sur la base du travail de la commission enseignante qui existait alors à Paris. Ce n’est donc pas insurmontable. Mais seule la résolution d’en affronter les difficultés peut permettre à une direction politique de les vaincre.
Encore faut il que la nécessité de défendre et d’appliquer la méthode et les mots d'ordre transitoires soit la première préoccupation d’une direction trotskiste, orientée sur la construction du Parti ouvrier révolutionnaire et de l’Internationale ouvrière révolutionnaire.
Pour qui se situe dans la continuité des quatre premiers congrès de l’I.C. et de la IVème Internationale, l’internationalisme n’est pas une question secondaire. Si les organisations trotskistes ont en général tenu à faire figurer l’adjectif “ internationaliste ” dans leur titre, c’est pour marquer leur opposition à tout “ socialisme national ” ou social chauvinisme affiché par la sociale-démocratie depuis 1914 et par le « social – patriotisme » des partis staliniens.
Il n’est donc pas étonnant que cette dimension politique ait eu sa place dans les divergences apparues à partir du projet de rapport international de Mélusine et des conclusions à tirer de Nouvelle Perspective. Pas étonnant non plus que ce fût à propos d’événements mondiaux mettant en jeu non seulement leur appréciation par le Comité, mais les conditions et les objectifs de son intervention internationaliste à leur propos : Palestine, Algérie, Afghanistan, Irak.
Le présent texte étant centré sur la construction du Comité par rapport à son intervention, nous ne reviendrons ici sur ces questions que pour en tirer quelques conclusions quant à la ligne qui devrait être celle du Comité dans ce domaine [5].
Disons tout de suite que c’est seulement par l’intervention pratique, en solidarité et soutien au prolétariat des autres pays qu’une organisation peut faire la preuve de son internationalisme.
Elle ne peut se contenter pour cela :
ni de l’importance qu’elle accorde à l’étude des événements et rapports de clases mondiaux dans ses publications et ses rapports politiques. Quelle que puisse être sa justesse, cette “ chronique internationale ”, indispensable à l’armement des militants et utile à la propagande, existe dans bien d’autres publications et organisations dont la politique n’est pas pour autant celle de l’internationalisme prolétarien ;
ni même de la perspective déclarée de construire une organisation révolutionnaire internationale, ce qu’affichent également d’autres groupes ou organisations, qu’ils se réclament ou non du trotskisme, avec souvent l’avantage appréciable sur nous de posséder, à des degrés divers, des liaisons ou contacts internationaux.
La question est donc : sur quelle ligne cette construction, sur quelle ligne nouer ces contacts ? A quoi il n’est de réponse décisive que dans l’intervention pratique, c’est-à-dire d’abord les mots d’ordre concrets.
Il va de soi que la première exigence pour assurer à ces mots d'ordre des bases solides est une analyse des conditions objectives et subjectives débarrassées des approximations et des dérives défaitistes et sectaires dont on a vu qu’elles ne s’arrêtaient pas aux frontières.
Un exemple en montre l’importance. Lors du déclenchement de la seconde Intifada, le CN refusant de voir que celle-ci sanctionnait l’échec des accords de Washington-Oslo, s’obstinait à faire de ceux-ci la cible des motions du Comité. Son argument était : “ les accords s’appliquent ”, sans voir que tout en s’appliquant, ils avaient manqué leur but : faire accepter aux masses, jugulées par leur propre police et “ l’Autorité ” d’Arafat, la mainmise progressive d’Israël sur la Cisjordanie, les colonies, le refus du droit au retour, etc… [6] . Au lieu de cela, non seulement le refus des masses explosait, mais la police palestinienne affrontait Tsahal ! Comme la suite l’a montré, le résultat ne pouvait être que des concessions obligées d’Israël ou l’occupation, la répression, le talon de fer. Pendant des mois, l’axe de l’intervention du Comité s’est trouvé déplacé : de l’appel au soutien ouvert du prolétariat français à la révolte palestinienne, vers l’exigence de dénonciation des accords d’Oslo par les appareils et le gouvernement français. Cette erreur politique n’a pas été sans poids dans le refus systématique par le CN du mot d’ordre de manifestation à l’ambassade d’Israël, tourné non vers ceux ci, mais vers la classe ouvrière.
Cela dit, en fonction des conditions, l’opportunité d’appeler à telle ou telle manifestation ou boycott ou à toute autre forme d’intervention, fait partie des discussions légitimes. Un certain nombre de règles semblent cependant évidentes, quelles que soient les modalités d’intervention, politique ou syndicale :
Répétons-le : tout cela semble évident … sauf pour la direction du Comité, hostile aux appels à manifester contre l’ambassade d’Israël à propos de la Palestine, et préférant combattre le gouvernement français, mais opposée à une manifestation à l’Assemblée nationale contre ce même gouvernement français engagé en Afghanistan ! Passons.
En tout état de cause, la responsabilité du Comité est de ne négliger aucune occasion d’affirmer son combat internationaliste de façon la plus active. Même si c’est par une simple déclaration indiquant par là même l’impossibilité d’une autre intervention qu’une affirmation de principe. Ce fut le cas par exemple en 1990 à propos des droits des peuples Azéris et Arménien, et de la situation en Roumanie, en 97 sur l’Albanie, en 2002 sur l’Argentine … Mais en 2002, ni sur le Venezuela, ni sur le Brésil, ni sur la Côte d’Ivoire, ce qu’on peut regretter.
Un devoir essentiel est aussi d’avancer clairement les mots d’ordre d’action que l’on propose.
Proposer au dernier congrès de la FSU, en défense du peuple palestinien “ toute initiative ” de Front unique, c’est reprendre à son compte une méthode chère aux appareils pour se soustraire à leurs responsabilités. Leur demander simplement de “ prendre position ” pour le soutien aux travailleurs et jeunes d’Algérie, c’est leur dire que ceux-ci se contenteront de belles paroles. De même, écrire dans la déclaration du 23 février sur l’Irak, que la responsabilité des dirigeants du mouvement ouvrier est de “ se prononcer ” contre la guerre impérialiste et ajouter que “ sur cette base (de quatre principes au demeurant corrects) peut et doit être organisé (par qui ?) tout combat réel ( ?) toute manifestation ” c’est se muer en donneur de leçons sans perspective concrète et non agir en combattants.
Cette méthode aboutit à vider l’internationalisme dont se réclame la direction de son contenu pratique.
Il y a malheureusement pire : c’est l’invocation permanente du principe selon lequel l’adversaire principal est notre propre impérialisme, pour substituer à des mots d’ordre de solidarité internationale la “ routine ” du combat contre le gouvernement français.
Cela se traduit par des formulations comme les suivantes :
“ Exprimer la solidarité ouvrière du prolétariat et de la jeunesse française aux palestiniens (…) c’est combattre pour imposer aux députés PS PCF majoritaires à l’Assemblée nationale qu’ils rompent avec le gouvernement ” (Lettre de Liaison n°60)
ou bien : « Affirmer la solidarité de la jeunesse étudiante de France à l’égard de leurs camarades de Palestine, c’est combattre pour que cesse le soutien du PS et du PCF au gouvernement PS-PC-Radicaux-Verts-Citoyens » (CPS 85)
ou encore : “ Combattre l’impérialisme français [7] qui arme le pouvoir assassin d’Alger, c’est combattre en France pour un autre gouvernement, un gouvernement sans représentant des organisations de la bourgeoisie. La responsabilité des dirigeants de la CGT, de FO, de la FSU, de l’UNEF-id, de l’UNEF, c’est d’organiser la mobilisation massive en direction de la majorité PS-PCF à l’Assemblée pour exiger d’elle qu’elle rompe avec ce gouvernement anti-ouvrier ”.
N’importe qui lisant ces textes ne peut qu’en conclure que les problèmes des masses palestiniennes ou algériennes sont utilisés pour alimenter un soi-disant combat contre le gouvernement français.
Le redressement du Comité sur ce point suppose des clarifications indispensables :
Comme on le sait, Marx sera amené à étriller cette conception en déclarant : “ Contrairement au Manifeste communiste et à tout le socialisme antérieur, Lassalle avait conçu le mouvement ouvrier du point de vue le plus étroitement national. On le suit sur ce terrain et cela après l’action de l’Internationale ! (…) des fonctions internationales de la classe ouvrière allemande par conséquent, pas un mot ! ”. Marx concluait son réquisitoire par cette phrase : “ la Noradeutsche de Bismarck était pleinement dans son droit quand elle annonçait, pour la satisfaction de son maître, que le parti ouvrier allemand a, dans son nouveau programme, abjuré l’internationalisme ”. Ce n’était pas le cas de Marx : lors de la Commune, il était inconditionnellement pour le soutien aux ouvriers parisiens, allant même jusqu’à approuver les pressions exercées en ce sens sur le gouvernement bourgeois anglais. Il était donc loin de poser en préalable de devoir l’abattre.
On pourrait faire la même démonstration quant aux positions de Trotsky et de la IVème Internationale en formation (Conférence de 1936) pour le soutien à la révolution espagnole.
De ce point de vue, l’impérialisme français est celui qui nous concerne le plus directement. Mais l’adversaire principal pour le prolétariat mondial est l’impérialisme le plus puissant, celui des Etats-Unis. Et un échec de celui-ci en Palestine ou en Irak est évidemment plus important pour les masses palestiniennes et celles du Moyen-Orient, qu’une défaite politique du gouvernement français, mais il peut l’être également pour le prolétariat français lui-même (et pour ceux de Grande-Bretagne, d’Espagne, d’Allemagne, d’Italie etc…).
Ce qui est en cause, encore une fois, c’est la construction du Comité, et son écho dans d’autres pays.
Aller dire à tel ou tel contact à l’étranger (à supposer que la direction du Comité s’en donne la tâche, ce qui n’est pas le cas) : nous sommes solidaires des masses d’Amérique latine ou de Russie ou du Moyent Orient, etc… et la preuve, c’est 1°) qu’on l’écrit, 2°) qu’on combat notre propre gouvernement, c’est se faire rire au nez.
Mais de plus, les étrangers ne sont pas tous hors de France. Le problème de l’immigration a pris une ampleur qu’il n’avait pas encore il y a une quinzaine d’années. On ne peut se prétendre internationaliste sans avoir sur ce point une position claire, affirmée et réaffirmée, et sans essayer de la faire connaître aux intéressés.
Qu’on n’invoque pas notre faiblesse. Car à peu près tous les militants ont dans leur entourage professionnel ou autre le contact avec des immigrés, récents ou anciens, qui n’ont pas pour autant perdu leurs racines, en particulier à l’égard des pays arabes ou africains. Mais la façon dont la direction aborde les questions de la Palestine, de l’Algérie ou de l’Irak, constitue un barrage [8]. Leur expliquer que pour en finir avec l’oppression et les ravages de l’impérialisme dans ces pays, la clé est de lutter contre « notre propre impérialisme », sur la défense des acquis du prolétariat français, c’est les porter directement dans les bras de la LCR, de ses satellites et de son internationale.
En conclusion : le redressement du Comité sur le plan de l’internationalisme ne pourra se faire sans rompre avec une attitude qui malgré sa phraséologie, est devenue « étroitement nationale ».
La question de l’organisation est « le concentré de la politique ».
Tout ce qui précède sur la nécessité d’un redressement de l’orientation politique ne peut que rester lettre morte si le fonctionnement du Comité le contredit. Il nous faut donc revenir ici sur « Quelle organisation voulons nous construire ? ». Disons le :
Pour nous, c’est une organisation fonctionnant sur la base de la démocratie ouvrière, c’est-à-dire sur le centralisme démocratique tel que défini par les bolcheviks, et non sur sa négation engendrée par la dégénérescence du PCI.
On ne construira pas le Comité de cette façon, une façon qui jette une triste lumière sur celle dont le CN conçoit le fonctionnement du POR et donc également sa construction. Tout le monde dans le Comité n'a pas tiré jusqu'au bout à cet égard les leçons du fonctionnement du PCI et de la critique qui en a été faite en 1984, en particulier par Stéphane Just.
Nous avons rappelé le soin mis dès les premiers mois du Comité pour établir de façon nette, par écrit les normes de fonctionnement de l'organisation, dans le cadre des principes du centralisme démocratique.
Ces textes (Règlement intérieur et rapport préparatoire à la première Conférence) n'on aucunement besoin d'être modifiés ni amendés. Ils ont besoin d'être respectés, ce que n'a pas fait la direction depuis la XIIème Conférence.
Cela s'est traduit de la façon la plus évidente par le refus du droit de tendance.
La première condition du redressement exige donc que la prochaine Conférence réaffirme ce droit et sa codification telle qu'elle figure dans les documents cités. Qu'elle affirme que ce n'est pas à la direction de décider selon son bon plaisir si les militants qui sollicitent l'usage de ce droit et respectent les conditions déterminées par les textes constituent ou non une tendance.
Bien entendu, nous savons tous que les plus beaux textes du monde n'ont d'efficacité que dans la mesure où ceux qui ont en charge de les faire appliquer les respectent. Stéphane rappelait dans la brochure "Où en est et où va la direction du PCI" que "les directions atteintes d'opportunisme ne souffrent pas de discussions honnêtes" (p.10). Le respect ou non du droit de tendance est donc le premier critère de cette déviation. Il n'est pas le seul.
Les méthodes de discussion en constituent un second.
Il faut cesser de craindre les discussions "disloquées", qui « partent dans tous les sens » faute d'un encadrement "ordonné", comme ce fut invoqué pour interdire le débat sur le projet de rapport international de Mélusine. On peut à bon droit préférer une discussion qui parte dans tous les sens que pas de discussion du tout. C’est pourtant l’inverse qui a été choisi. Nous disons bien qui parte dans tous les sens, ce qui ne l'empêche pas d'aboutir à des conclusions. Tout dépend de la façon dont elle est menée. Et si on ne veut que des discussions à sens… unique, on ne peut que les stériliser. Les « discussions-approbations-inconditionnelles » au sein du PCI en constituaient de tristes exemples. C'est pourtant le modèle qui inspire le CN actuel.
Sous-jacentes à ces conceptions et aux décisions qu’elles ont entraîné, il y a une méfiance envers les militants, la peur de ne pas pouvoir les contrôler, ce qui se retourne en son contraire : leur défection.
Quant à la politique qui consiste à fausser la discussion par déformations, accusations, etc, que nous avons dénoncée plus haut, le redressement suppose que les militants et la prochaine Conférence la désavouent et que la direction y renonce.
Le principe central du fonctionnement du Comité, comme de toute organisation trotskiste est le centralisme démocratique. Son application n'est pas nécessairement simple, ni sans problème. Il heurte à la fois les tendances petites bourgeoises au laisser-aller, à l'indiscipline personnelle, etc… et les risques de regroupement et de cliques sans principe. En ce sens la direction a raison, après d'autres, de dire que son application est l'objet d'un combat. Encore faut-il s'entendre. Au nom de ce combat, la direction lambertiste a instauré la directive caricaturale "objectifs-résultats", et s'est arrangée pour concentrer tous les pouvoirs dans la clique du mini-appareil. Dans son texte « Le centralisme démocratique, quelques mots sur le régime des partis » (8/12/1937), Trotsky énonce quelques principes simples permettant de se débarrasser de tout schématisme de direction :
"La démocratie et le centralisme ne sont pas dans un rapport constant l'une vis-à-vis de l'autre. Tout dépend des circonstances concrètes de la situation politique du pays, de la force du parti et de son expérience, du niveau général de ses membres, de l'autorité que sa direction a réussi à s'assurer. Avant une conférence, quand il s'agit de formuler une ligne politique pour la prochaine période, la démocratie l'emporte toujours sur le centralisme. Quand le problème est l'action politique, le centralisme se subordonne la démocratie. La démocratie réaffirme ses droits quand le parti sent le besoin d'examiner de façon critique sa propre activité."
Nul ne niera que nous sommes aujourd’hui dans cette dernière situation. Pour appliquer ces principes, il faut, dans le Comité, se débarrasser de quelques fantasmes tenaces, eux aussi hérités du PCI et renforcés par le manque de confiance de la direction en elle-même :
Cesser de concevoir le Comité, et le CN au sein du Comité comme une "forteresse assiégée".
Le sont-ils plus qu'à la fin des années 30, quand Victor Serge écrivait qu'il était "Minuit dans le siècle", quand le prolétariat subissait une défaite après l'autre ? Ou qu'après la scission pabliste quand le "groupe" était réduit numériquement à ce que nous sommes, face à un appareil stalinien autrement plus puissant qu'aujourd'hui ? Noircir le trait en parlant de "pression décuplée" a-t-il d'autre utilité que d'appeler les militants à faire bloc en défense du CN… quoiqu'il fasse ? Y compris bafouer les statuts.
Cesser d'identifier le Comité au CN.
Considérer ou présenter toute critique sérieuse de la direction comme une attaque contre l’organisation est une séquelle de la syphilis stalinienne et de ses « complots anti parti ». elle n’a pas sa place dans la constructin d’un parti révolutionnaire.
Certes, "sans le CN, il n'y aurait pas de Comité" : il n'y aurait qu'un cercle d'anars où "tout le monde dirige". Mais la direction dépend aussi du Comité, et que sera t elle si un jour il n’y a plus personne autour d’elle ? Penser que le Comité c'est le CN, amène celui-ci à se voir comme une entité spécifique, barricadée sur elle-même pour défendre sa "survie", et incite les militants à défendre inconditionnellement la direction face aux "conneries" (sic) des opposants. C’est là un autre aspect du fonctionnement qui n'a rien à voir avec le bolchevisme, mais beaucoup avec la constitution d'une secte.
Cesser de considérer que ces opposants sont des phraseurs qui discutent pour discuter et que seul le travail concret, les "tâches pratiques" importent. Les militants signataires de ce texte sont prêts à fournir leurs états de service à quiconque entend placer la discussion sur ce terrain. D'autre part, ils ont déjà essuyé ce "raisonnement" au sein du PCI en défense de la direction lambertiste contre Stéphane. Enfin, si cette appréciation de la discussion politique avait été partagée par nos prédécesseurs, Stéphane aurait capitulé devant Lambert, celui-ci devant Pablo, pour ne pas remonter plus haut. Il n'y aurait eu ni OCI, ni Comité.
Le redressement passe par la liquidation de ces vestiges, caractéristiques, là encore, d’un fonctionnement de secte.
Il est normal que la discussion préparatoire à une Conférence soit ouverte sur la base des rapports qui la préparent.
Il n'est pas normal, par contre, que ce qu'un militant ou un groupe de militants peut avoir à dire entre deux conférences leur soit interdit, ou seulement circonscrit au cercle étroit de leur cellule, et que nul autre membre du Comité ne puisse le connaître, sinon par l'établissement de circuits parallèles.
Il est encore normal que la direction garde le contrôle de telles discussions, mais il ne l'est pas que ce contrôle se traduise par un étouffement, comme ce fut le cas depuis la dernière Conférence.
Il est normal que le CN ait la responsabilité de la publication des bulletins intérieurs, mais pas qu’il choisisse, comme c’est le cas pour la préparation de la XIIIème Conférence, d’y publier ce qu’il veut quand il veut parmi les textes qui lui déplaisent, sans même en prévenir les auteurs, en fonction des réponses qu’il croit pouvoir apporter. Une discussion honnête suppose le respect de tous les militants.
Le redressement de ces pratiques actuelles dans le Comité passe par l'existence d'un bulletin intérieur permanent, publié par les soins de la direction et permettant la plus large discussion politique entre tous les militants. Un tel système n'a rien d'une nouveauté dans les organisations ouvrières. Il n'a jamais entraîné de catastrophe. Il a parfois permis, par contre, d'utiles clarifications.
Le Comité est une petite organisation, dispersée. Il est évident que les camarades isolés, comme ceux de Nancy-Metz, Dijon ou Montpellier doivent être alimentés politiquement par des rencontres ou réunions avec des camarades responsables. Mais le centralisme ne suppose pas la concentration de ces liaisons au sommet du sommet. Il fut même un temps où une liaison de ce type était établie avec Clermont-Ferrand ! Ce n'est pas de cette façon que le Comité fonctionnait sous l'égide de Stéphane. Celui-ci ne s'est même résolu que tardivement à participer aux réunions du Comité parisien et seulement à cause de l'incapacité du dernier responsable en titre, Demange.
Le système qui s'est instauré depuis, avec la liquidation du Comité de ville de Lyon et la fusion des deux cellules, la responsabilité de la région parisienne assurée de fait par Lombard, qui tient au moins aussi celles de Lyon et de St Etienne, le refus opposé à Serre de continuer à assurer la liaison avec Nancy (alors qu'elle fut assurée tout un temps par Titane, qui n'était pas membre du CN, mais participait seulement au Comité parisien) tient à deux choses : une conception du centralisme qui n'est que la centralisation du contrôle par "la tête", et la volonté de surveiller, voire museler les militants qui ont osé être en désaccord. Manœuvres cousues de fil blanc, mais qui développent l'irresponsabilité.
Le redressement passe par l'allègement des tâches du CN, par leur répartition, et par le rétablissement dans leur responsabilité des cellules et comités de ville ou de région concernés, indépendamment de leurs "tendances".
Il en va de même quant à l’initiative des cellules et des militants. Il faut rappeler à cet égard ce qu’écrivait avec raison le camarade Neuvial le 16 février 1988, à propos de la Xème Conférence :
« La principale tâche de la direction consistait à organiser la discussion politique pour rétablir une compréhension commune des événements et des tâches [11]. Cette tâche devait être menée en commun par l’ensemble des camarades de la direction. » Et plus loin, où il dénonçait Hannibal-Elido : « prétendant imposer aux cellules du Comité un centralisme bien plus rigoureux que celui existant du temps de Stéphane, en soumettant à « autorisation préalable » la sortie de CPS d’entreprise. Du vivant de Stéphane, le CN prenait connaissance après coup - et parfois critiquait - les CPS d’entreprise, mais il n’y avait pas « d’imprimatur ». Or le centralisme ne peut pas être le résultat de mesures administratives. Il est toujours le résultat d’une réelle compréhension et homogénéité politique comme l’histoire du parti bolchevique le montre. »
On ne saurait mieux dire. Ce n’est cependant pas la conception actuelle du CN.
Exiger par exemple que tout texte présenté dans une réunion syndicale soit intégralement rédigé à l’avance et ne subisse aucune modification (cf . texte de Mélusine sur la Palestine au CDFN de la FSU) ; interdire toute particularisation selon les secteurs professionnels de l’orientation générale sur la décentralisation (RP du 25 novembre) ou vouloir, comme à Lyon, « chapeauter » toute réunion des contacts d’un militant ou d’une cellule par un membre du CN, ce sont des absurdités. Qu’elles soient impraticables d’une façon générale le démontre. Qu’elles débouchent sur la passivité et la stérilisation tombe sous le sens.
Par exemple : en refusant l’appel à tendance, le CN a averti qu’il y voyait une initiative « étrangère aux bases politiques du Comité ». C’était une épée de Damoclès menaçant ses auteurs d’exclusion au cas où… Avec cette menace et en l’absence « d’imprimatur » pour les projets de tracts envoyés à Lombard par des membres de la tendance et restés sans réponse, que fallait il faire ? Est ce ainsi qu’on compte construire ?
C’est au contraire en encourageant et en impulsant l’initiative des militants, leur responsabilité politique et non uniquement leur qualité d’exécutant discipliné. Ce qui n’empêche ni le contrôle, ni l’homogénéisation, au contraire : elle les rend d’autant plus nécessaires, mais autrement que par « des mesures rigoureuses d’organisation ». On pourrait ajouter à la citation de Neuvial que Stéphane était lui, ouvertement partisan du contrôle « a posteriori ». C’est aussi notre cas.
"La publication de CPS est une tâche écrasante, qui repose sur trop peu de camarades" nous a-t-on dit. Nous le croyons volontiers. C'est évidemment parce que nous sommes peu nombreux, c'est aussi le fruit de la conception qu'a le CN de la "centralisation". Et c’est cette image du Comité qu’en projette aujourd’hui son organe.
A la proposition d'une autre pratique faite en janvier 2000 par Serre, il a été répondu que tous les articles devaient être adoptés en CN (et non assurés par un comité de rédaction sous la responsabilité d'un de ses membres) parce qu'ils engagent la ligne politique du Comité. C'est évidemment illusoire et cela n'a jamais été le cas, ni du temps de Stéphane, ni par la suite.
D'autre part, tous les articles ne sont pas l'équivalent d'un éditorial, le seul texte qui nécessite d'être intégralement lu et adopté par la direction (et encore : ce fut loin d'être le cas autrefois pour La Vérité et IO avant la dégénérescence).
On remarquera également que CPS est à peu près la seule publication de la presse trotskiste au cours des âges dont les articles soient anonymes, comme s’ils étaient tous rédigés par la direction, le Comité se résumant à celle ci. Cela s'explique par les débuts du Comité où Stéphane était le seul rédacteur et menait seul la polémique contre la direction du PCI, donnant à CPS un caractère de "bulletin éditorial". Cela s'est poursuivi et perpétué plus par habitude que par raisons politiques. Il serait bon de marquer aujourd'hui dans CPS que le Comité n’est pas réduit à un « centre » impersonnel.
Il est parfaitement possible d'établir un autre partage des tâches en rompant avec cette "centralisation" sclérosante et en revenir à une élaboration de CPS analogue à celle de La Vérité au temps où Just en était responsable, avec des éditos plus courts renvoyant à d'autres textes, de longueur variable, plus faciles à prendre en charge par des militants extérieurs au CN.
Il ne s’agit ni de faire de CPS une fausse « tribune libre » à la manière d’IO, ni de le changer pour transformer le Comité, comme le déclarait Hannibal, mais de mieux adapter son expression, l'expression du Comité pour la construction du POR a ses tâches de propagande et "d'agitation inlassable".
Nous estimons que sur ces bases le Comité peut non seulement cesser de se déliter, mais se développer, regagner nombre de camarades qui s’en sont écartés, et avancer vers la construction du POR.
Faute de cela, il en sera incapable.
Novembre 2002 – février 2003
Agora, Amadis, Denis, Gontran, Hélène, Magat, Mireille, Mort-Subite, Muriel, Néna, Serre.
1 Cela vaut en particulier pour la question du gouvernement, cf. la résolution sur la tactique du IVème Congrès de l’IC : « Le mot d’ordre de gouvernement ouvrier doit être employé partout comme un mot d’ordre de propagande générale », et le Programme de transition le soumet, lui, à « une agitation inlassable ».
2 Il y eut autrefois, à l’OCI, un débat sur l’alternative : adapter sa ligne à ses moyens, ou ses moyens à sa ligne politique. Il fut tranché évidemment en faveur du second terme, ce qui reste d’actualité.
3 BI n°12, p. 17.
4 Par exemple dans l’édito du n°59 de CPS, en septembre 1995, contre Chirac-Juppé, mais on pourrait citer maint autres exemples.
5 nous renvoyons pour le reste aux contributions publiées depuis la préparation de la Conférence de novembre 2000, sur la Palestine, l’Algérie, l’Afghanistan…
6 ce que CPS prévoyait déjà dès le 12/02/94 (“ accords inviables ”), annonçait deux mois plus tard, et constatait formellement en octobre 96 (supplément) : “ C’est pour mettre un terme au combat sans cesse renaissant qu’ont été signés les accords de Washington ”… etc.
7 noter qu’il s’agit bien de combattre “ l’impérialisme français ”, pas “ le pouvoir assassin ” d’Alger.
8 Par exemple lors des massacres de Ramallah et Djénine, où au lieu de titrer : « Inconditionnellement aux côtés du peuple palestinien, pour le retrait immédiat des troupes israéliennes », le Comité s’interroge : « Quelle orientation ? Quelle perspective ? » Son premier souci est de « se délimiter ». Comme si la délimitation excluait les mots d'ordre d’action au lieu de s’y incarner.
9 Tous les camarades doivent savoir maintenant que depuis avril 2001, individuellement et collectivement, nous avons transmis 16 textes au CN, sur les positions prises ou à prendre par le Comité, sur la Palestine, l’Afghanistan, l’Algérie, les hôpitaux, les élections, la Conférence,… dont dix projets de tracts pour diffusion.
10 Rappelons que la tendance en question a fait l’objet d’un appel pour sa constitution après la Conférence de novembre 2000 dans des conditions qui respectaient scrupuleusement les exigences du règlement intérieur et de la première Conférence du Comité élaborées par Stéphane avec un soin vigilant. Serre en a fait la démonstration dans sa lettre de démission du CN, le seul envoi que celui-ci n’a tout de même pas pu garder sous le coude.
11 Leçon que le CN a oubliée depuis la dernière Conférence...