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"On ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au Socialisme" (Lénine)
du Comité pour la construction du Parti ouvrier révolutionnaire, de l'Internationale ouvrière révolutionnaire Fondateur : Stéphane Just |
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Tendance « Pour le redressement du Comité » |
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Cette « Lettre aux militants » reproduit les interventions que nous avions l’intention de faire à la XIII° Conférence.
A l’entrée de celle ci, la direction a signifié que notre tendance n’avait pas droit à l’existence dans le Comité. Cependant elle en a publié la Plate forme dans le BI n° 5. Cela semble contradictoire. En fait, ce ne l’est pas. D’une part elle savait que nous étions prêts à la diffuser nous mêmes aux militants du Comité et elle ne pouvait prendre le risque d’aborder la Conférence sans au moins une première réponse.
D’autre part, il lui fallait absolument dans celle ci, dès avant la Conférence, dénier à ce texte son caractère de plate forme politique, et donc son droit à être soumis au vote. Ce fut le rôle de sa "réponse" : « En défense du Comité ».
L’ouverture de la Conférence fit simplement passer dans les faits le scénario ainsi préparé. Lorsque les délégués et les participants de notre tendance refusèrent de s’y prêter, il y eut évidemment quelque porte coton (Mélusine) pour nous lancer que « nous avions peur », et pour ajouter que « c’est ce que nous voulions », c’est à dire nous dérober à la discussion. Dans un tel cas, nous n’aurions pas préparé les interventions que nous allons porter à la connaissance des militants dans cette lettre et les suivantes.
Le scénario du CN avait pour but d’empêcher que la Conférence les entende, et il a suffisamment prouvé depuis le projet de rapport international de l’ancien Mélusine (celui de 1999) que, si quelqu’un avait peur de la discussion et l’éludait par tous les moyens et toutes les arguties, ce n’était pas nous.
N’ayant pas entendu ces interventions, les militants pourront au moins les lire. Elles ne laissent pas pierre sur pierre des accusations, des calomnies et des trucages de l’équipe Lombard Neuvial et de ceux qui la suivent ou la supportent. Elles démontrent, sinon la justesse de la Plate forme (qu’on peut évidemment discuter, si on veut le faire honnêtement) au moins sa valeur politique comme telle. Chacun pourra ainsi juger.
Ajoutons que la direction, tout en se réclamant de la « défense du Comité », a pris le parti d’essayer de se "débarrasser"de 11 camarades (sur un effectif qui est au plus d’une cinquantaine) et non des moindres, soit par les positions qu’ils occupent dans leur milieu, soit par leur ancienneté et leur rôle comme constructeurs du Comité.
Mais surtout, ELLE L’A FAIT A UN MOMENT OU LES DEVELOPPEMENTS DANS LA LUTTE DE CLASSE AURAIT DU IMPOSER UN CHOIX EXACTEMENT INVERSE.
Mais peu lui importait, comme le prouve la mise hors circuit, de façon délibérée, de la cellule Serre depuis deux mois. Si l’on excepte les invitations à diffuser lors des manifestations les deux tracts centraux (avec lesquels nous réaffirmons notre accord), aucun texte, aucun document, aucune information ne lui sont parvenus sur l’engagement des militants et leurs résultats. Rien sur ceux ci à Clermont, Lyon, Saint Etienne, Marseille, la RATP, Les Mureaux, aux impôts, dans l’enseignement, les hôpitaux ou la métallurgie. Rien, absolument rien depuis le début des mouvements, et aucune réunion de la Région parisienne depuis la mi mars. Ce que nous avons su des interventions à Nancy, à Metz et au SNASUB l’a été par le canal de la Tendance qui, elle, en a tenu le CN informé.
Politique délibérée ou incapacité organisationnelle, au fond peu importe : le résultat est le même et confirme notre appréciation politique sur la direction. La responsabilité prise par celle ci est très lourde. C’est celle d’un pas non plus seulement vers l’effritement du Comité, comme jusqu’ici, mais vers sa dislocation.
Qu’elle ne compte pas sur nous pour la laisser faire, les bras ballants.
SERRE.
L’ordre de présentation des interventions qui suivent est celui des trois points qui devaient, selon nous, ordonner l’ordre du jour : questions internationales, situation française, vie et construction du Comité.
Le scénario de la direction a supprimé ce dernier point. C’est pourquoi nous commençons par lui. Non par souci de polémique, mais parce qu’il a été le premier posé dans les faits à l’ouverture de la Conférence. Mieux vaut en déblayer le terrain pour aborder ensuite dans les meilleures conditions possibles les deux autres volets.
Les interventions sont transcrites d’après les notes écrites et le plus souvent déjà rédigées, avec uniquement les ajustements (adjonction de sous tites, etc…) nécessaires pour le passage de l’oral à l’écrit. Les documents produits, quand c’est le cas, sont insérés immédiatement en annexe de chaque intervention. Selon leur longueur et leur importance, les citations en référence sont soit indiquées (comme cela aurait été fait oralement compte tenu des temps de parole), soit reproduites pour une meilleure compréhension, comme la transcription écrite le permet.
Il est à peu près certain que les temps de parole n’auraient pas permis de tout dire, mais tout ce qui est écrit ci dessous a été prévu pour ce faire.
Il est également certain que les intervenants auraient tenu compte des rapports oraux et du déroulement de la discussion. La décision de la direction ne l’a pas permis.
Le texte « En défense… » commence par une contre vérité : il indique qu’à la p. 23, de la Plate forme « Pour le redressement du Comité » [1] , il est écrit que son annexe « devrait être soumis au vote de la Conférence ». Or :
« l’adoption, après discussion, de la 1° partie du projet de rapport international de Mélusine (de 1999) « "Retour et précisions sur Nouvelles Perspectives" »
et « le désaveu du texte destiné à le démolir, adopté par la dernière Conférence dans le rapport international ».Cet oubli n’a l’air de rien. En fait c’est un trucage : "l’annexe" était bien loin d’être la seule sur laquelle nous demandions un vote. On peut penser que nos demandes sont exorbitantes. Elles sont, en tous cas, totalement cohérentes. Inutile d’essayer de les "pourrir" aux yeux des militants.
Le CN consacre près de 5 pages pour démontrer que nous réécrivons l’histoire du Comité dans les 15 lignes du début de notre texte. Précisons trois choses :
Cela permettra d’éviter de faire perdre du temps aux délégués, par exemple, sur le fait de savoir si c’est le Comité actuel qui a été créé en 1984 ou si c’en était un autre (p. 2) ; sur la signification historique d’une faute de frappe qui remplace un III par un VII (p. 3), et autres billevesées du même genre.
Cela permettra surtout de discuter sérieusement pour savoir si la ligne de la direction aujourd’hui, et non du temps de Stéphane, préserve ou non les principes et les acquis.
Le texte « En défense … » consacre 2 pages et demie (p. 5 à 7) à la position que nous avons défendue depuis deux ans sur la continuité du trotskisme. Il ne supporte pas de nous voir écrire que le Comité en assure la continuité organisationnelle.
Il faut replacer cette question dans l’histoire, où elle est relativement récente :
En 1984, elle ne semblait pas faire de problème : il était évident à tout le monde que dans l’expression « redressement politique et organisationnel du PCI », le second terme désignait le mode de fonctionnement de celui ci sous la houlette de Lambert, c’est à dire, pour être précis exigeait :
Je n’entre pas dans les détails.
Si ce n’était
pas là le rétablissement d’une continuité
organisationnelle, c’est à dire des bases
principielles et des traditions du trotskisme en matière
d’organisation, il faut refaire le dictionnaire et la grammaire
française, ou l’apprendre aux membres du CN.
Ceux ci, quant à eux, réservent cette expression à la survie ou non d’une organisation définie par son sigle : IV° Internationale, OCI, PCI, …en fonction de sa pérennité et de son importance numérique, c’est à dire de sa forme plus que de son contenu. Il s’appuie sur le fait que jamais Stéphane n’a parlé d’autre chose, ce que nous contestons absolument.
Nous le contestons et en voulons pour preuve la façon dont il a pris le problème dans Nouvelle Perspective.
Mais même si c’était vrai, le CN oublie qu’il s’est passé quelque chose en 1997, que Stéphane ne pouvait pas prévoir, et que nous rappelons à la p. 3 de notre plate forme.
Il s’est passé que des membres du Comité ont décrété qu’avec son décès une rupture s’était produite (« route effondrée », perte « du chef », etc…) et que le Comité ne pouvait plus être « le même Comité » ni CPS « le même CPS », etc…
Notez qu’il n’était pas question – du moins sur-le-champ – de changer de sigle ou de titre, mais de se replier sur d’autres formes d’organisation : formation, cercle, cercle d’études, etc… Les bases « théoriques et politiques » étaient intouchables : il s’agissait seulement (seulement !) « d’organisation ».
Nous avons combattu cet abandon. Mais il faut bien dire, Lombard, Mélusine et surtout toi Neuvial, que vous avez eu du mal à comprendre et que j’ai été le seul [2] à voter pour ma proposition d’un complément au rapport de la X° Conférence spécifiant clairement la volonté de poursuivre la construction du Comité.
C’est pourquoi dans le rapport de la I° Conférence du "cercle" Hannibalien, je suis le premier accusé d’avoir voulu, « en dehors du temps et de l’espace » persister à vouloir maintenir la construction du Comité et sur les mêmes bases d’organisation.
Alors, camarades, adressez vos leçons à qui vous voudrez, mais pas à moi ! C’est cela que nous appelons la continuité organisationnelle du trotskisme. Ce n’est en rien contradictoire avec les analyses de Stéphane Just, au contraire, et vous le savez fort bien.
Et vous savez aussi que, si nous avons été amenés à le reprendre, c’est qu’à la Conférence de novembre 2000 vous vous êtes engagés sur la même voie que Picaret Hannibal. Je cite :
C’était le constat d’une rupture beaucoup plus grave encore que la mort de Stéphane Just : plus aucun point d’appui, ni révolution russe, ni PCI, ni IV° Internationale – CIR, ni « nulle part au monde de force organisée sur la base d’un programme vers le socialisme », avec en plus la « défaite » (sic) dans le combat contre Hannibal Massino.
Il était clair qu’en perspective, logiquement, c’était au bout le repli sur un Comité simple conservatoire de la flamme sacrée, doublé d’une activité trade unioniste vouée à un déclin inévitable.
Nous avons donc combattu cette attitude potentiellement liquidatrice sur la base de la continuité organisationnelle, c’est à dire de la construction du Comité comme organisation et non comme dernier témoin d’une époque révolue.
Le texte « La situation internationale et le combat du Comité » reproduit en annexe, en a été dès cette date (2000 01) l’expression. Il montre que Stéphane était soucieux de cette continuité dans le sens qui est le nôtre, et qui n’a rien à voir avec les sigles de II, III, IV ou V° Internationale, ni avec ceux du PCI devenu groupe Lambert devenu OCI devenue "Organisation Trotskiste" (OT) redevenue OCI redevenue PCI. Il s’agit de politique, c’est à dire de programme et d’organisation pour l’action, pas d’étiquettes, si importantes qu’elles soient (voir le texte de Trotski « Etiquettes et numéros »).
Tout cela, le CN feint de ne pas le comprendre. Nous en prenons acte et pour éviter toute polémique inutile, nous déclarons :
J’espère que cela dispensera le CN de persiste dans des accusations dignes du tribunal des flagrants délires, selon lesquelles nous voudrions (je cite) « couvrir le Comité du cadavre de la IV° Internationale (que pense Mélusine de cette « louche d’émotion » ?) et de son drapeau à jamais souillé. » !
Le CN a absolument raison d’épingler les deux paragraphes du point 5, p. 30 de la Plate-forme PLRC.
Ils sont très mal formulés et peuvent laisser place à toutes sortes d’interprétations abusives du type : ‘Il faut donc envoyer des armes et des brigades en Palestine, en Irak, en Algérie » ; ou bien : « Dire que l’impérialisme US est l’adversaire le plus puissant, c’est dire qu’il est hégémonique » ; ou encore : « une telle position signifie qu’il faut contre lui défendre les impérialismes secondaires, donc le gouvernement français, donc capituler devant les appareils », etc…
Le CN ne s’en prive pas (P. 11 12). Il fallait s’y attendre, mais peu importe. Nous supprimons purement et simplement le passage litigieux. Le texte enchaîne donc directement la fin du point 4 : « Il suffit de s’y reporter » avec le sous titre qui suit. Le reste est sans changement.
Il faut tout de même faire remarquer au CN qu’avant ce point 5, il y avait 12 paragraphes qui en donnaient le contexte, c’est à dire l’opposition à ce que d’aucuns ont jadis appelé le "national trotskisme", dont la politique "internationaliste" de la direction constitue une nouvelle version. Mais ces 12 paragraphes (que nous maintenons) ne l’intéressent pas. En apparence du moins, car botter en touche c’est plus facile que de s’expliquer, mais cela montre qu’on n’y tient pas.
Voilà donc encore dans le texte « En défense… » deux pages de dénonciations qui n’ont plus rien à dénoncer.
Le CN cite (p. 8 9) un passage de notre texte « La situation mondiale et le combat du Comité ». Le voici :
« Ces données politiques ne sont pas nouvelles, pas plus que celles concernant la nécessité d’un "parti pour la prise du pouvoir" (p. 34 35). Elles témoignent de l’absence de rupture, du lien fondamental qui unit l’ancienne perspective (conjonction de la révolution sociale et de la révolution politique) et la nouvelle au delà des changements qualitatifs résultant de la défaite de la révolution russe et à travers ceux ci. »
Pour le CN, dire « absence de rupture » signifie absence de changement (même si la suite de la phrase dit le contraire !).
Mais de quelles données politiques s’agit il ? Il suffit de relire ce qui précède ce paragraphe : il s’agit des éléments à partir desquels le combat doit être poursuivi par le Comité, à savoir :
Le CN proteste contre ce passage, mais il parle d’autre chose : non pas des données du combat à poursuivre, mais de la rupture dans la situation, qui a changé. Non de la nouvelle perspective mais de la nouvelle période.
Nous nous plaçons, nous (dans ce passage et en général) du point de vue des tâches des trotskistes, vous, du point de vue de la défaite historique (indéniable), du cadenassage par les appareils, du brouillage de la conscience du prolétariat, du désarroi politique, etc… Bien entendu, nous n’en ignorons rien. Nous savons lire et nous pourrions en rajouter.
Mais ce qui gêne le CN, c’est que nous osions dire qu’il n’y a pas rupture entre l’ancienne et la nouvelle perspective de combat, parce que cela situe le rôle du Comité dans la continuité des combats antérieurs, et que nous refusons toute déviation, toute fausse interprétation du type « il est minuit dans le siècle » reprochée naguère à Hannibal-Massino avec les conséquences d’organisation qui en découlent.
Le débat illustré par la réponse du CN à propos de Nouvelle perspective n’est pas nouveau. Il a déjà eu lieu sur le rapport international de Lombard à la Conférence de novembre 2000. Il s’est soldé par notre appel à Tendance et, celui ci refusé, par la démission de Serre du Comité National.
Qu’écrivait il dans sa lettre de démission ?
2) La Nouvelle perspective, c’est la continuité du combat dans une nouvelle période.
Quant à la question de la continuité entre « l’ancienne et la nouvelle perspective (qui n’est pas « la même », contrairement à ce qu’on veut nous faire dire), je n’entrerai pas ici dans un dialogue de « faux savants » sur la continuité-rupture dans les changements de quantité en qualité !
Je note simplement que là où nous parlons des données politiques de la nouvelle perspective de combat, dont le document de la IX° Conférence s’efforce de cerner les éléments, le CN répond modification qualitative de la situation en ex URSS, ce que nul ne conteste.
Comme si Nouvelle Perspective se résumait à cette constatation. Là où Nouvelle Perspective développe la continuité du combat des masses et donc du combat pour la révolution, le CN n’y voit que la « rupture » catastrophique dans les conditions objectives.
Il s’agit bien des bases de deux orientations différentes, où celle du CN se rapproche plus de celle d’Hannibal-Massino que de Stéphane Just. »
Et il ajoutait :
« Je verse au dossier de la « continuité rupture » ce passage de Stéphane Just, dans CPS n° 57 (avril 95) sur la "reconstruction du mouvement ouvrier sur un nouvel axe" :
« en bref : la classe ouvrière, la population laborieuse, la jeunesse entrent en conflit avec les appareils syndicaux, leurs organisations et partis traditionnels. Ce développement est en cours, mais est loin d’être achevé. En outre, une grande confusion politique existe, que d’un côté la destruction de l’URSS, de l’autre celle de la IV° Internationale nourrissent. Quel avenir, quelle politique ? Ces questions semblent sans réponse. Mais c’est dans le développement de la crise actuelle du mouvement ouvrier que se dégagent les conditions objectives de sa reconstitution sur un nouvel axe. »
Quant aux liens entre la situation avant et après la liquidation de la révolution russe, je conseille de relire le projet de Rapport international de Mélusine, qui rappelait en ce temps là que celle ci s’est développée, sans être jouée d’avance, sur plus de 60 ans, et que Stéphane, contrairement à certains qui sont "tombés du wagon de pommes en 1996", avait vu les choses venir dès 1986, 10 ans plus tôt.
Ces appréciations ont alors provoqué contre lui une offensive sans précédent de Lombard Neuvial et Jean Louis.
Qu’en pense Mélusine, ici, et maintenant devant la XIII° Conférence ? Quand reviendra t il sur ce texte pour le défendre ou en faire la critique ? Pense t il désormais que le contenu de Nouvelle Perspective est une question dépassée ? ou mineure ? Que pense t il du texte qui lui a été opposé par Lombard : « De quel rapport international avons nous besoin ? » ?
Les militants attendent.
[Le vote de l’ordre du jour lui a opportunément évité d’avoir à répondre à ces questions.]
Pour la CN (p. 9 de « En défense… ») absence de rupture signifie absence de changement. Il est difficile d’être plus étranger à la dialectique.
Pour le CN, quand nous écrivons « lien fondamental au delà des changements qualitatifs », il répond : s’il n’y a pas de rupture, « pourquoi diable attacher tant d’importance » à ces « changements » (p. 9 ligne 4).
Je vais essayer de lui expliquer. C’est peut être tenter l’impossible mais enfin…
Il écrit : « Rappelant les combats engagés au cours des années 90, ce rapport de la IX° Conférence constate : " Néanmoins, tous ces différents combats sont limités, cadenassés" par les appareils syndicaux, les organisations traditionnelles, les organisations démocratiques bourgeoises : " pour submerger ces appareils et organisations, il faut une perspective politique, faute de quoi, le mouvement ouvrier, la jeunesse, restent subordonnés à l’Etat bourgeois". »
Il rappelle ensuite les combats de l’après guerre, de 1968 et après, la perspective de la révolution sociale et de la révolution politique, «l’incontestable tournant » et la « très dure défaite historique » que constitue la restauration du capitalisme en URSS, retirant au prolétariat mondial la perspective politique et le point d’appui que lui fournissait la révolution russe. Fort bien.
Mais avant les années 90, les combats n’étaient pas « limités, cadenassés » ?
Mais en 1968 et dans les années 70, au Nicaragua et au Portugal, il n’y a pas eu « subordination du mouvement ouvrier, de la jeunesse à l’Etat bourgeois » ?
Mais l’image de la "patrie du socialisme" dans la conscience du prolétariat mondial était elle la même après l’écrasement de la révolution hongroise et du "printemps de Prague" qu’en 1918 ?
Et les rapports du prolétariat avec le point d’appui constitué par octobre 17 étaient ils inchangés ?
Bien sûr, la révolution espagnole, comme les prémisses de la révolution française en 1936, comme la poussée révolutionnaire en 1944 45 s’appuyaient indéniablement, outre sur la défense des conditions de travail et de vie, sur les solutions politiques dont la révolution russe avait démontré la possibilité.
Mais ce "point d’appui" commençait déjà à se dérober, conduit systématiquement à l’échec, voire à la contre révolution, par les partis staliniens qui l’incarnaient.
Sa dégradation, à la fois dans les faits et dans la conscience des masses, s’est développée durant des décennies, à travers son caractère contradictoire du fait de la victoire de la bureaucratie, de ses trahisons et mystifications ; à travers les illusions d’immenses fractions des exploités à son égard, et du sentiment d’impasse grandissant à mesure que ces illusions tombaient et tendaient à se transformer en leur contraire, la propagande bourgeoise assimilant l’oppression stalinienne à l’héritage du "léninisme".
De ce point de vue (celui du combat et de la conscience de la classe ouvrière mondiale), la restauration du capitalisme en URSS ne constitue pas une rupture, ressentie comme un choc catastrophique, mais le résultat d’un processus développé durant des décennies, et qui aboutit à un changement qualitatif, ce qui n’est pas la même chose.
Qu’y a t il d’étonnant et de scandaleux, pour un marxiste, qu’une situation donnée, subjective ou objective, procède dialectiquement de celle qui la précède, et non d’un basculement soudain dans une quatrième dimension ?
Dans ce cadre, depuis 1968, la perspective de la "conjonction de la révolution sociale et de la révolution politique" était encore possible. A une condition cependant, que nous avons sous estimée, c’est que cette dernière ait lieu. En dernière analyse, c’est son absence qui a constitué le facteur décisif de « l’incontestable tournant ».
Faut il rappeler à cet égard que la certitude entretenue autrefois que « les rapports d’Octobre vivaient dans la conscience des masses », indéfectiblement et quoi qu’il arrive, constituait une vision schématique optimiste, qui voulait ignorer l’évolution des conditions historiques. Celle d’une « nouvelle période », marquée par « la rupture », « le désarroi », la disparition soudaine de la conscience révolutionnaire des masses, part du même schématisme idéologique, pour des conclusions inverses.
Ce n’est rien d’autre que la théorisation des difficultés et de la faiblesse du Comité.
La révolution russe a constitué un extraordinaire point d’appui pour le prolétariat mondial. Il le restait théoriquement tant que la bureaucratie stalinienne n’avait pas mené jusqu’au bout son œuvre contre révolutionnaire. Il pouvait encore l’être pratiquement jusqu’à une certaine limite, et malgré elle, comme on l’a vu après la guerre à l’Est de l’Europe et en Chine.
Mais la condition sine qua non pour que cet acquis historique capital joue son rôle, c’est à dire nourrisse les combats et la perspective de refaire la révolution russe (révolution politique en Russie, révolution sociale ailleurs) dépendait des capacités d’une direction révolutionnaire, voire seulement de ses embryons ou de ses lambeaux, à en ouvrir la voie et à en combattre victorieusement les trahisons et les déformations criminelles.
Cela signifie que c’est aujourd’hui surtout l’avant garde révolutionnaire qui ne peut plus s’appuyer de la même façon que naguère, y compris à travers le combat contre son usurpation par la bureaucratie stalinienne, sur l’exemple réalisé de la révolution russe pour sa propagande et son agitation.
C’est en ce sens que les données de son combat ont été profondément et brutalement modifiées, celui ci n’en restant pas moins fondamentalement le même, dans des conditions objectives qui se sont modifiées, elles, à travers plusieurs décennies, sanctionnées par l’absence de révolution politique dans les années 80, faute de direction révolutionnaire.
Voir et décrire les choses autrement, c’est donner de la révolution russe une image mythique hors du temps et de l’espace, une sorte de mirage de Lourdes, vivant intact dans le subconscient des masses, et disparu d’un coup en instaurant dans les luttes de classes des motivations et des ressorts radicalement différents "après" de ce qu’ils étaient "avant".
Ce n’est pas le contenu de Nouvelle Perspective.
Par contre c’était l’apport du projet de Mélusine, intitulé « Retour et précisions sur Nouvelle Perspective ». Ce texte était un complément capital pour armer les militants à la fois contre les espoirs illusoires et les cauchemars défaitistes.
Qu’en pense t il aujourd’hui ?
Les militants du Comité ont le droit de le savoir. Le texte du CN « En défense… » ne dit pas un mot sur les trois pages que notre Plate forme y consacre. Mélusine l’a voté. Les militants sont en droit d’exiger des explications.
Il paraît que « Mort Subite et Serre (et les autres signataires ?) se rallient aux positions d’Hannibal-Massino » (p. 14 de « En défense… »). Le CN s’appuie pour cela sur le rappel par la Plate forme PLRC des extraits de la XI° Conférence analysant alors leur orientation. Mais ce qu’il écrit est faux de A à Z.
C’est faux.
Cette caractérisation figure noir sur blanc dans les textes que le CN cite lui même. Il est vrai qu’il saute le passage… Mais nous le reproduisons (PLRC p. 3) et nous défions quiconque de démontrer qu’il s’agirait d’un autre texte que ceux de la XI° Conférence. Mais pourquoi diable le plumitif du CN cherche t il à le cacher ?
C’est faux.
Nous évacuerions les désaccords de fond apparus en 97 et analysés par la XI° Conférence ?
C’est faux.
Nous en disons même beaucoup plus que le CN n’en rappelle aujourd’hui, et pour cause ! Nous rappelons, nous, que la XI° Conférence leur reprochait :
Pourquoi "l’historien" du CN cherche t il à le cacher ? Pourquoi nie t il que la XI° Conférence ait porté ces appréciations, alors que nous les reproduisons textuellement, avec les références ? Et pourquoi cherche t il à escamoter celles qui les accompagnent, à savoir :
Cela fait quand même beaucoup !
Mais pourquoi la « Défense du Comité » exige t elle de passer tout ça sous silence ?
Parce qu’il ne s’agit pas de la défense du Comité, mais de la défense de sa direction actuelle, dont c’est aujourd’hui la ligne. Une ligne dont elle disait alors qu’elle était destructrice des acquis du trotskisme, et du Comité. Nous démontrons cette similitude point par point dans notre Plate forme, de la p. 7 à la p. 27, et dans les contributions qui ont été adressées par la Tendance pour le BI.
Mais la direction n’a rien à dire de ces 20 pages pour montrer que notre démonstration ne correspond pas à sa ligne. Et la danse du ventre à laquelle elle se livre pour détourner l’attention ne peut en cacher la nudité.
Le texte « En défense… » nous reproche de n’avoir pas parlé des péripéties de l’affrontement qui a abouti à l’éclatement du Comité en 1997. C’est volontaire et nous l’avons écrit d’emblée, p. 3.
Pourquoi ? Parce que ce que nous avons voulu dégager, en deux pages, ce sont les orientations de fond, telles qu’elles sont apparues, en opposition. C’est à dire une ligne que nous avons combattue chez Hannibal-Massino (et que nous continuons de combattre contre Lombard et Neuvial depuis qu’ils l’ont reprise à leur compte) et celle de la XI° Conférence.
Si nous avions voulu écrire l’Histoire, nous aurions certes parlé, par exemple, des "mesures administratives" et des "calomnies" utilisées alors pour couvrir le refus de véritables discussions politiques. Nous avons simplement renvoyé, en montrant que nous ne les ignorions pas, aux textes qu’en ont écrit Neuvial et Serre à l’époque, chacun pouvant en juger.
Mais justement : si nous avions voulu écrire l’Histoire, nous aurions dû rappeler aussi le lâchage en plein combat du camarade Neuvial et de « ceux qui le suivent » (pour reprendre son expression à propos de Serre dans le BI n° 4), un Neuvial incapable de choisir lui même qui il voulait "suivre", entre « les deux cliques » qu’il disait en lutte pour le pouvoir, celle de Lombard Mélusine ou celle d’Hannibal-Massino. Il appelait alors à une conférence de réunification, et, apparemment, il était beaucoup moins regardant sur l’équipe Hannibal-Picaret-Valentina etc.. et sur le rôle qu’a joué « la campagne de calomnies » (comme l’écrit le texte du CN qu’il a voté) orchestrée par Janine.
Par contre, si on se rapporte au document que voici, intitulé « A propos de la brochure sur Stéphane Just » (produite par Hannibal-Massino), on s’apercevra que l’auteur, en 1998, n’a ni oublié ni sous estimé ces méthodes (chapitre « Mensonges et procédés staliniens » - p. 7). L’auteur, c’est le camarade Serre [3].
Alors quand le vertueux Neuvial nous reproche d’avoir des positions « sans principes », nous sommes prêts à lui payer un miroir.
Encore un mot : pourquoi ce document, qui avait vocation à être une critique politique publique de la brochure en question, n’est il paru que confidentiellement en BI ? Qui dérangeait il ? Quels possibles rapprochements, quelle éventuelle idée de "conférence ouverte", chez quel membre du CN était il de nature à gêner à cette date ?
Peut être aurons nous un jour une réponse.
[Quant au prétendu ralliement aux positions actuelles d’Hannibal-Massino pour lequel le texte « En défense… » renvoie aux brillantes démonstrations de Mélusine (Palestine, BI n° 1) et Neuvial (21 avril, BI n° 4), nous y répondons dans les interventions prévues lors des discussions du rapport France et du rapport international.]
Le texte « En défense… » de la direction est censé répondre à l’agression perfide que constituerait une soi disant plate forme d’une tendance qui n’en est pas une. Cela n’aurait pas dû le dispenser d’être précis, complet, politique et pertinent. Or :
Neuf pages et demie, sur les 12 premières, malgré les accusations grandiloquentes sur les trahisons conjuguées de l’Histoire, des acquis et des principes, se révèlent après quelques précisions et trois amendements, vides d’objet.
Deux autres (p. 12 à 14, sur la XI° Conférence) les rejoignent par leur combinaison de mensonges évidents et de silence total sur l’essentiel, qui confirme nos appréciations.
La seule vraie discussion politique figurant dans ce texte concerne l’appréciation de Nouvelle Perspective et des nouvelles conditions du combat depuis 1990. Elle est légitime. Nous avons répondu. Chacun en jugera.
Elle occupe en tout et pour tout deux pages (9 et 10) du texte « En défense… ». Au total, 13 pages et demie, sur 14 et demie.
La dernière est uniquement faite, sur 3 ou 4 points particuliers, de renvois à divers BI et d’accusations péremptoires qui sont censées se suffire à elles mêmes.
Inutile par contre de décompter le nombre de pages de la Plate forme PLRC auxquelles le texte du CN n’a rien à répondre. A part une critique historique des 15 premières lignes sur "l’origine du Comité", une expression litigieuse et un paragraphe finalement corrigés, on peut dire que plus de 30 pages sur 34 restent sans réponses ni commentaires.
En particulier celles sur la crise du Comité depuis l’interdit jeté sur le rapport international de l’ancêtre du Mélusine actuel, toute la partie centrale concernant les déviations défaitistes, sectaires et trade unionistes et leurs illustrations et tout ce qui concerne les méthodes de direction, d’organisation et de discussion. Rien, pas un mot.
Neuvial, dans le BI n° 4 écrit qu’il ne peut répondre à tout, et que ce n’est d’ailleurs pas utile. Soit.
Encore faut il répondre à quelque chose, surtout dans un texte qui est censé défendre une ligne politique générale, autrement dit un texte d’orientation.
De ce point de vue, celui ci restera sans doute dans les annales comme le plus nul de l’histoire des organisations trotskistes, dans sa forme, copiée sur la rhétorique truquée des polémiques lambertistes, comme dans l’indigence de son fond, qui constitue un baromètre significatif du niveau politique de ses auteurs.
1 Que nous résumerons souvent en PLRC.
2 C’est Serre qui devait faire cette intervention.
3 Les huit pages du document en question sont parues en BI, daté du 3 octobre 1998. Nous le tenons à la disposition des militants.