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"On ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au Socialisme" (Lénine)

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Combattre pour le Socialisme

du Comité pour la construction du Parti ouvrier révolutionnaire, de l'Internationale ouvrière révolutionnaire

Fondateur : Stéphane Just

Lénine, Trotsky


Tendance « Pour le redressement du Comité »

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Lettre aux militants n°3

30 juin 2003


Présentation

On trouvera dans les pages qui suivent la substance des dernières interventions que la tendance PLRC aurait faites à la XIII° Conférence si la direction n’avait pas interdit son existence et donc évincé ses délégués.

Ces dernières interventions portaient sur le rapport France et la situation française. Nous n’y ajoutons rien. Notre tendance a prévu de rédiger pour la rentrée un rapport sur cette situation. Il inclura évidemment une appréciation du bilan politique des derniers évènements, bilan que la proximité des vacances oblige à retarder de quelques semaines, ce qui permettra en même temps un meilleur recul.

Ce numéro 3 de la "Lettre aux militants" comporte également, outre la réponse aux accusations de « pablisme » formulées par Neuvial contre Serre, un texte de Mort Subite, mis en cause directement depuis plusieurs mois. Mis au défi personnellement par Mélusine de « dire ce qu’il pense », il répond (à la différence de celui-ci) aux questions qu’on lui pose… et à d’autres.

Les militants qui souhaiteraient participer aux réunions de rentrée de la tendance PLRC peuvent nous écrire. Ils savent tous à qui s’adresser.

SERRE.


Autour du rapport France

Ce que le rapport ne dit pas

Mélusine écrivait, dans son premier projet de Rapport international, en 1999  :

« Rappelons qu’il est de tradition pour les trotskistes, à l’occasion des congrès et conférences, de vérifier la validité des analyses antérieurement adoptées, de l’orientation précédemment définie et, si nécessaire, de préciser et d’approfondir, voire de corriger tel ou tel aspect. Ainsi a fonctionné l’OCI dont certains congrès permirent des corrections parfois importantes, devenues désormais constitutives de nos acquis théoriques, ou permirent de se réapproprier des acquis antérieurs. »

Cependant, il n’y a pas eu autre chose qu’un rapport oral, non publié, sur la situation française depuis novembre 2000. Autrement dit, aucun rapport écrit depuis novembre 1999.

Et vous faites comme si la situation en France, n’avait d’importance pour le Comité que depuis le 21 avril 2002 ! Pourquoi ?

Parce qu’il aurait fallu faire le rappel et le bilan des positions du CN  :

et j’en passe.

Vous, qui, à la veille des présidentielles, au lieu de formuler un mot d'ordre sur le vote, estimez indispensable de faire un bilan détaillé (je dis "détaillé", un vrai cours à l’usage des masses inconscientes), vous vous dispensez de faire votre propre bilan.

Nous l’avons fait. Il est dans la Plate-forme et justifie son titre.

Mais pourquoi en êtes vous incapables ?

Il fallait que ce rapport soit adopté à l’unanimité. Mais c’est un rapport de camouflage, indigne de ce que Stéphane a voulu faire du Comité. Il suffit de le comparer à tous ceux qui l’ont précédé.

Quant au Comité et à sa construction, là où le Rapport international de la Conférence précédente lui consacrait toute sa première partie plus la dernière, le rapport France ne lui accorde ici qu’un paragraphe vide.

Heureusement que nous avons rédigé un texte, nous, pour en poser les problèmes et à partir duquel on peut discuter, si on veut le faire honnêtement. Il s’appelle « Pour le redressement du Comité ».

Toujours sur le Rapport France

[Nous avions l’intention, si la possibilité nous avait été donnée de participer à la Conférence, c’est à dire dans le respect du droit de tendance, de demander sur la situation française, un temps de parole suffisant, sinon analogue à celui du rapporteur. C’est ce que Lombard avait d’ailleurs fait en 1997, à la X° Conférence, en acceptant un temps de parole particulier pour Hannibal afin qu’il présente ses « amendements », qui constituaient en fait un contre rapport.

C’est ce qui explique la longueur du projet d’intervention qui suit.

Au cas ou cette demande n’aurait pas été agréée, cette intervention aurait été partagée entre plusieurs camarades.]

On a parlé de tout ce que le rapport veut taire. Parlons maintenant de ce qu’il dit.

Vous avez développé trois axes pour l’essentiel.

Premier axe  : la défaite du 21 avril et du 5 mai.

Il est hors de doute qu’il y a eu une défaite des candidats se réclamant des partis ouvriers, donc de la classe ouvrière.

Vous publiez à cet effet un tableau détaillé. Vous analysez correctement la question du FN. Mais c’est tout.

Pour vous les données de la situation sont celles ci (telles que nous l’avons écrit dans la Plate-forme p. 21)  :

laquo; Le CN a réduit les données de la nouvelle situation politique à une défaite politique de la classe ouvrière, alors qu’elles révélaient en même temps, contradictoirement, l’ampleur de la crise des partis bourgeois, un ébranlement de Chirac, le désaveu du gouvernement de Front populaire, l’éclatement d’une crise majeure des partis traîtres, la recherche du combat de classe et de l’organisation par des fractions de plus en plus importantes de la classe ouvrière et les capacités de mobilisation de la jeunesse. »

Pour vous les manifestations n’ont pas existé. Pas un mot.

Pour vous, « ce n’est pas par crainte d’une victoire du FN que les appareils ont fait campagne pour Chirac » (Rapport France, p. 3), mais vous ne dites pas par crainte de quoi.

Vous dites  : « C’est au non des intérêts de la bourgeoisie française. » Bravo pour cette généralité, connue depuis 1914 ! Mais qu’est ce qui les menaçait ? Silence radio.

Et vous invoquez la confirmation par les législatives. Mais là, vous ne publiez aucun tableau. Vous vous en gardez bien. Vous auriez pu montrer que les partis bourgeois y avaient obtenu 82 % des voix, par exemple ? puisque tel est le bilan que vous tirez des deux scrutins. Mais ç’aurait été un peu difficile, alors vous préférez dire que « le résultat des législatives était contenu dans les présidentielles », ce qui revient exactement au même  : leur résultat, c’est donc les 82 %. Alors qu’il est absolument comparable à celui des élections qui, en 95, ont donné une majorité aux partis bourgeois avec un peu plus de 30 % des inscrits.

En dehors de cela, vous justifiez votre appel à l’abstention comme seule expression ouvrière possible.

Je n’insiste pas. Nous en avons fait une critique détaillée. Nous la maintenons  : une telle position constitue une démission politique sur les principes mêmes de notre combat.


Deuxième axe  : le Parti Socialiste.

Sur le PCF auquel vous consacrez 4 paragraphes, ce qu’en dit le rapport est insuffisant (pour un texte de ce type), mais correct.

Mais sur le PS, le premier paragraphe rappelle qu’il est en crise, mais que tout le monde y est d’accord pour soutenir la bourgeoisie. C’est une découverte qui vaudrait à son auteur d’entrer à Sciences Po ! Si Lénine et quelques autres ne l’avaient déjà faite !

Mais en quoi consistent ses problèmes ? Ne serait ce pas les répercussions du refus de la collaboration de classe par des fractions de la classe ouvrière, qui ont retiré le tapis sous les pieds de Jospin ? Non, c’est sans doute juste des histoires de clans. Les mouvements des masses, y compris sous leur forme électorale, n’y jouent pour vous aucun rôle. Votre vision n’est qu’une vision d’appareil.

Et qu’est ce qui a provoqué la fuite de Jospin ? Pourquoi son départ ? On en revient au vote de la classe ouvrière qui s’est dérobée, laissant le PS décapité, ce dont vous ne dites pas un mot.

Mais vous avez une large vision de l’Histoire.

«  Du point de vue du PS, le vote Chirac marque la fin de toute la période ouverte dans l’histoire de ce parti avec le Congrès d’Epinay. (…) Mais si on pousse la comparaison plus loin avec 58, il faut dire que pas un seul dirigeant du PS ne s’est levé contre l’appel à voter Chirac – à la différence de ce qui s’était produit en 1958 avec les dirigeants du futur PSA (lequel a finalement sombré, submergé par le courant chrétien en son sein). Il y a eu une opposition au vote Chirac dans les sections, et même quelques prises de position de cadres intermédiaires du PS, Jospin lui même a résisté… 4 jours ! Mais l’opposition a fait long feu. »

Excusez moi mais, sur « le seul point de comparaison, 1958 » où Mollet va chercher De Gaulle  : si un élève, sur un tel sujet, développait la même idée, vous écririez sans doute en marge "ignorance des faits" ou même "ignare". En 1958, il y avait une toute autre situation, où l’impérialisme français était en guerre, où la question de l’Algérie était posée à l’ONU, 30 000 manifestants réclamaient à Alger fin avril un gouvernement de salut public, où le 13 mai s’y constituait un "Comité de salut public", avec Lagaillarde, en rébellion ouverte contre le gouvernement, où le 15 De Gaulle se déclarait prêt à reprendre le pouvoir. C’est dans cette situation que Guy Mollet, conspué à Alger, impuissant, a déroulé le tapis pour De Gaulle. Une situation où l’Etat était en danger, la IV° République à l’agonie.

Alors comparons  : certes, du point de vue formel, dans les deux cas un parti socialiste a soutenu un candidat bonaparte. De même une brosse peut ressembler à un hérisson  : ils n’ont pas pour autant le même usage. Le 21 avril, quel danger menaçait l’Etat d’effondrement ? Où étaient les fomenteurs de subversion ? Le FN ? Si vous le croyez, il faut le dire.

Quant à l’opposition interne au PS, là encore vous vous moquez de l’Histoire. La véritable opposition au coup d’Etat de De Gaulle s’est effectuée dans la rue, par l’appel à la grève générale de la direction de la FEN et la manifestation de Vincennes. La scission du PSA (qui n’a jamais eu de courant chrétien en son sein !) s’est effectuée plus tard dans la perspective d’un regroupement avec d’autres organisations déjà oppositionnelles à la guerre d’Algérie de longue date et avec les radicaux mendessistes. La crise au sein du PS aujourd'hui n’a rien à voir (la suite l’a prouvé) avec l’effondrement de la SFIO en 1958. Vous substituez à l’analyse matérialiste une hallucination journalistique.

Mais c’est qu’au fond, il y a dans votre propos, sous jacente, une autre équation, quoique vous en disiez  : la situation en 2002, c’est un retour à 1958 ; Chirac est un clône de De Gaulle, l’UMP, un clône du RPF, la Vème République est remise en selle. La classe ouvrière vient de subir une défaite sans combat, elle ne se relèvera pas avant des années. Voilà le fond de votre rapport… rapport, en contradiction totale avec la situation actuelle, où le mouvement sur les retraites et la décentralisation lui apporte un démenti cinglant.

Quant au PS lui même, vous avez cette phrase extraordinaire  : « Sa décomposition est beaucoup plus avancée en 2003 qu’en 1958. » Je répète mon qualificatif. Pour avoir vécu cette période, non pas au PS lui même mais à sa marge (dans la Nouvelle Gauche), je dis que vous êtes ignares et que vous trompez les camarades.

La profondeur de la crise en 58 était sans commune mesure avec celle du 21 avril, et par conséquent l’importance politique de l’appel à De Gaulle par Guy Mollet sans commune mesure avec l’appel à voter Chirac, et les répercussions sur la SFIO sans commune mesure avec ce qui se déroule au PS en 2003. La SFIO en est morte, le PS s’est vite relevé. Vous racontez n’importe quoi.

Mais là encore, qu’y a t il derrière ?

« Dans la contradiction parti "ouvrier-bourgeois", le second terme s’est considérablement renforcé aux dépends du premier. »

Ça, camarades, c’est un joli cadeau au lambertisme des "partis institutionnels" ! Et si c’était vrai, si telle était l’évolution, alors il faudrait bientôt renoncer au Front Unique, ou peut être même dès maintenant. Mais vous le justifiez d’une curieuse manière  : « Pourquoi n’y a t il pas eu de résistance dans l’appareil du PS ? » (à l’appel à Chirac), dites vous. Vous répondez ceci  :

« Pour qu’il y ait eu "résistance", il aurait fallu que les combats engagés par la classe ouvrière parviennent à infliger une défaite politique au gouvernement de Front populaire (…) en utilisant le point d’appui que constituait l’existence d’une majorité PS PCF. »

Autrement dit  : pour qu’il y ait résistance interne contre le vote Chirac, il aurait fallu que le PS soit mis en danger par la submersion des masses ? que celles ci remportent une victoire politique qui amène une fraction des socialistes "à la croisée des chemins" , comme dirait Lambert ? Je précise  : une victoire politique, le type de défaite infligée à Jospin en février mars ne pouvant manifestement y suffire. Le rapport en donne même l’image en invoquant la victoire de Mitterrand en 86. Sans même se rendre compte que son raisonnement signifie  : pour qu’il y ait résistance au PS contre le vote Chirac, il aurait fallu … que Jospin l’emporte, comme Mitterrand en 86 ! (Alors qu’au contraire, c’est de l’effondrement consécutif à la gravité de la trahison qu’est né le PSA après 58 !)

C’est de la pataphysique. En même temps, le rapport ignore superbement quel risque la mobilisation en cours faisait précisément planer pour l’avenir sur le PS et sa politique, toutes tendances confondues, non pas avant le 21 avril, mais le lendemain. Leur seule solution pour l’éviter et "résister"à ce danger là était de le dévier vers le soutien à Chirac.

Mais surtout cette appréciation du PS témoigne d’une ignorance de ce qui constitue la contradiction permanente de la social démocratie (ouvrière-bourgeoise) depuis toujours. Ce qui la caractérise, c’est une oscillation constante entre la pression du prolétariat et la défense des intérêts de la bourgeoisie. Des oscillations qui peuvent être extrêmes, depuis des concessions majeures à la poussée des masses (1936, 1945, "rupture avec le capitalisme" invoquée par Mitterrand…), jusqu’à Millerand-Jouhaux au gouvernement en 1914 et à l’assassinat de Rosa Luxembourg, où le caractère bourgeois était autrement renforcé qu’aujourd’hui ! Mais des oscillations qui se concluent toujours au bénéfice de la bourgeoisie.

Toute votre analyse est intéressante en ceci  : que les événements ultérieurs l’ont rendue totalement caduque, et ont donné raison à la nôtre (voir p. 21 à 23 de notre Plate-forme).

Et comme disait Trotsky, « la politique, c’est la science des perspectives ». Pas l’auscultation momentanée des appareils.

Troisième axe  : « ce qui domine la situation, c’est les 82 % de Chirac ».

Vous écrivez  :

L’appel à voter Chirac joue dans ce cadre un rôle actif. Ce rôle ne se "borne" pas au fait qu’en entraînant le résultat plébiscitaire qu’on connaît, l’appel à voter Chirac a donné les moyens politiques au gouvernement Chirac-Raffarin d’engager l’offensive contre le prolétariat. Il signifie également qu’il n’y a plus de frontières de classes, que la frontière passe entre partis politiques "démocratiques" et Front National. Par conséquent, toute limite politique à la participation des appareils syndicaux se trouve supprimée. Cela débouche sur une orientation générale qu’on peut appeler celle de la "démocratie participative" dans le cadre de la politique du gouvernement Chirac. Le discours prononcé, dès le 16 mai 2002, par Le Duigou, devant le Comité confédéral de la CGT, qui joue un rôle central en la matière, en constitue l’exposé programmatique. »

Petite parenthèse  : ce rapport a été rédigé après le dernier congrès de la CGT, dont vous ne dites pas un mot alors qu’il s’y est passé plus que des remous. Un congrès où Le Duigou, le rapporteur sur les retraites, a été élu 50° sur 50 au CCN, et Thibault en 32° position. Encore une fois, votre analyse se cantonne aux appareils.

Mais ce paragraphe est extraordinaire  : « ce qui a donné les moyens politiques à Chirac-Raffarin », ce n’est pas les présidentielles, mais les législatives, qui ont corrigé dans les faits l’emballement pro Chirac du 5 mai.

D’ailleurs vous êtes en pleine contradiction, car vous écrivez p. 9  :

« La seule façon pour la bourgeoisie française de sauver ce qui peut l’être, c’est de porter à un niveau qualitativement supérieur l’offensive contre le prolétariat. Cette offensive ne peut plus être différée. »

Ça, c’est vrai. Mais c’est vrai avec 51 % des voix comme avec 95 %. Cela ne veut pas dire que dans chacune de ces deux hypothèses extrêmes la force et la fragilité du gouvernement soient les mêmes. Et le succès des 82 % du 5 mai n’efface pas les 19 % de Chirac au premier tour et les 30,4 % (par rapport aux inscrits) des législatives 2002, c’est à dire 0,3 % de moins qu’en 97, avec des abstentions accrues de 11 % (39,7 %). Mais vous ne publiez pas ces chiffres.

Ce faisant, ou vous vous aveuglez, et que vaut votre ligne ? ou vous aveuglez les camarades et vous travaillez à les déboussoler.

Pour le reste.

« Les conditions du combat sont aujourd’hui plus difficiles qu’en novembre 95. » Soit. Ça se discute mais, est ce à cause du "plébiscite" ? Non. A cause du désarroi accentué des masses ? Non. Alors, à cause de quoi ? A cause de la crise exacerbée, et du fait que « l’offensive ne peut plus être différée », c’est à dire que, contrairement à 1958 et même à 1968, le gouvernement est prêt à aller jusqu’au bout dans l’affrontement, même contre une disponibilité et une combativité accrue de la classe ouvrière.

Vous écrivez  : « La véritable réponse sur les retraites, c’est l’expropriation du capital ». C’est vrai. Alors il faut tout de suite un tract avançant en toutes lettres  : POUR UN AUTRE GOUVERNEMENT, POUR UN GOUVERNEMENT DES ORGANISATIONS OUVRIERES UNIES. Mais vous conditionnez ces mots d'ordre (p. 11, 9° paragraphe) à l’hypothèse  : « si une défaite était infligée au gouvernement Chirac. » Ça, c’est la position du "saisissable", des "étapes", reprochée à Hannibal-Massino à la XI° Conférence. La nôtre, c’est  : pour infliger une défaite décisive au gouvernement Chirac Raffarin, le combat a besoin d’une perspective sur la question du gouvernement, qu’il nous revient d’ouvrir dès maintenant.

Faute de cela, votre phrase sur l’expropriation du capital n’est que du vent. C’est avec ce vent là que les capitulards se font passer pour des révolutionnaires.

Sur LO et la LCR, c’est une question spécifique abordée par ailleurs.

A propos de la réponse de Neuvial à la contribution sur les élections

Le texte de Neuvial « Serre au moment décisif » nécessite toute une série de rectifications. Nous nous bornerons à l’essentiel :

Le score de Le Pen, le Front National et Hannibal-Massino

A la page 5 du texte « Serre au moment décisif » (§7, 8), Neuvial me fait dire que je mettais au premier plan le fait de casser les reins à Le Pen et Mégret, me ralliant ainsi à Hannibal-Massino. Et Neuvial me cite :

« Bien entendu le germe d’une maladie est dangereux quand même il n’a pas conquis tout l’organisme. Mais la tâche de casser les reins à Le Pen et Mégret revient aux organisations ouvrières, au Front Unique (constituant au besoin ses groupes d’autodéfense). C’est pourquoi celui-ci devait venir au premier plan de nos mots d’ordre. »

Et là, Neuvial clôt la citation.

Il coupe et camoufle la suite, avant de la dénaturer.

Reprenons la dernière phrase citée :

« C’est pourquoi celui-ci (le Front Unique) devait venir au premier plan de nos mots d’ordre non pour combattre Le Pen (ça c’était le désaccord avec Hannibal-Massino) ni « contre le vote Chirac – et quoi après ? » (ça c’était le désaccord avec la direction du Comité) mais comme perspective générale ouvrant une issue à l’ensemble de la crise, Le Pen compris. »

Apparemment, Neuvial ne sait pas ce qu’est le front unique comme perspective générale. Il appelle ça un peu plus loin « du charabia ».

Mais comme il ne manque pas d’astuce, il reprend la suite de la citation 4 lignes plus loin après un commentaire qui lui fait dire exactement le contraire (je cite : « la tâche de l’heure est (donc) le Front unique pour aller casser les reins à Le Pen »).

Que le tract « Ni Chirac ni Le Pen » le démente sans aller plus loin que son titre : Front Unique pour un programme de défense, pour un gouvernement des organisations ouvrières unies, Neuvial s’en moque. Comme il se moque de l’explication qui en est développée dans la seconde page du tract, opportunément « oubliée ».

De deux choses l’une : ou Neuvial ne sait pas lire un texte, ou il falsifie sciemment. J’opte pour la deuxième réponse.

J’ajouterai simplement :

Sur la défense du statut et la privatisation d’edf-gdf

Dans la Plate-forme de la direction (texte « En défense du Comité »), celle ci nous somme de dire ce que nous pensons de la réponse faite en son nom dans le BI n° 2. Eh bien, ce qu’on en pense, c’est qu’elle truque.

Qu’écrivait en effet Mort-Subite ?

« Qu’il faille défendre le régime des retraites, le statut, c’est certain. Mais on ne saurait le faire en faisant l’économie du mot d'ordre  : non à la privatisation, non à l’ouverture au capital. »

Que répond le CN ?

« L’organisation du combat pour la rupture est le moindre des soucis de Mort-Subite. »

Que ce combat n’ait pas été en question et que rien dans le texte de Mort-Subite n’ait permis de justifier cette affirmation, peu importe à l’auteur de la réponse. Ce que Mort-Subite écrivait par contre, c’est que l’appareil de la CGT était prêt à monnayer un sursis sur la mise en cause des retraites contre son accord sur la privatisation.

Il faut être tombé de la dernière pluie pour croire qu’il s’agit là d’une « défense des retraites ». C’est pourtant cette crédulité que le CN feint de prêter à Mort-Subite. Celui ci – et les faits l’ont montré en janvier – savait fort bien que les dirigeants CGT allaient manœuvrer en tenant compte de l’opposition des agents, pour obtenir de soi disant garanties et laisser les mains libres au gouvernement pour détruire la base même du statut, c’est à dire l’ouvrir au capital. Ce fut l’objet du référendum.

La citation d’un syndiqué CGT par le CN est elle même éclairante, bien qu’il ne s’en rende pas compte  : il a voté non au référendum sur les retraites parce que ce serait conjointement « désolidariser notre régime des retraites » et ouvrir « une meilleure accessibilité à la privatisation ».

Que les deux choses aient été indissolublement liées, les dirigeants CGT s’efforçaient de l’occulter, et ceux du CN de le faire oublier. A leur manière "gauche", bien entendu.

Mort-Subite ne disait pas autre chose. Ce pouvait être une discussion sérieuse  : sur quoi fallait il mettre l’accent sans oublier aucun des deux éléments ?

Le CN a préféré expliquer que Mort-Subite voulait « défendre le service public » comme la Fondation Copernic, Attac, Sud, le PCF, la LCR et les Verts et qu’il (je cite) « prêtait main forte à leur embrouille ».

C’est ce qu’on appelle un amalgame stalinien, ce qui n’est qu’une autre sorte d’embrouille. Et cette embrouille est la suivante  :

Le CN aurait pu s’abstenir de lui répondre, même si ça lui arrachait la gorge de dire qu’il avait raison.

Il ne l’a pas fait. Il a préféré se taire sur le projet de tract, et sur tout ce que Mort-Subite écrivait par ailleurs à propos de l’ahurissant édito de CPS n° 91.

Sur tout cela, le silence règne. C’est le silence des cimetières.

Sur l’intervention dans la Sante

Neuvial répond à la contribution de Serre dans le BI n°4 sur les élections.

Mais ni lui ni aucun autre camarade de Clermont-Ferrand ne dit un seul mot de celle qui la précède, sur l’intervention dans la Santé, écrite par Magat et Mort Subite.

Rappelons-en quelques éléments :

Pourrait-on savoir ce qu’en pense Neuvial, « aux moments décisifs » ?

Crypto-pablisme ?

Dans son texte, Neuvial fait beaucoup d’efforts pour faire passer Serre pour un (crypto-) pabliste (BI n°4). C’est tellement ridicule que je ne m’y attarderai pas.

Un point simplement : le sous-titre du texte de Serre indique « LO et LCR ne sont pas trotskistes. Et alors ? ». Et le contenu de son texte les met sur le même plan que les anarchistes (qui avaient participé au gouvernement de Front Populaire espagnol)…. Donc pas de faux-procès !

Mais en faisant cela, Neuvial masque un des enjeux essentiels de cette discussion.

Notre position en 2002 a été : « nombre de travailleurs, en désaccord avec la politique du PS et du PCF, voteront pour les candidats du PS et du PCF. C’est ce à quoi appelle le Comité. » (Texte du 30 mars 2002)

Ce n’est pas la même que celle que Stéphane Just avait impulsée en 1995. Il appelait (CPS n°57) au vote « pour les candidats des partis ouvriers ». Précisant qu’au PC, au PS, « on peut ajouter Arlette Laguiller, dont l’organisation LO se réclame du prolétariat (…), de la révolution, du socialisme ». (il n’y avait de candidature LCR alors).

Or cette question n’est pas sans importance. En 2002, en relation avec le bilan de la politique du PC et du PS, du gouvernement « Gauche plurielle », c’est par centaines de milliers que des travailleurs ont voté LCR ou LO.

Ils ne l’ont fait que pour une raison : ils voulaient voter « ouvrier » sans cautionner la gauche plurielle et ont donc voté pour des organisations qui n’avaient pas participé au gouvernement.

Dire cela ce n’est pas ignorer le soutien de ces organisations aux appareils durant toute la période. C’est constater que les travailleurs font avec ce dont ils disposent.

En tout état de cause, ce n’est pas à nous qu’il revenait de dire aux travailleurs de continuer à voter PCF ou PS malgré leur bilan, car cela serait revenu à leur donner un signe « plus ». Notre rôle était d’appeler à voter « ouvrier » au sens large sans laisser la moindre ambiguïté sur le bilan des uns comme des autres.

C’était la méthode de Just en 1995, ça n’a pas été celle du CN en 2002, mais c’est toujours la nôtre.

Serre et la LCR

Neuvial réagit vigoureusement au fait que j’aie qualifié la LCR de révolutionnaire bien que non trotskyste.

Il y voit une « révision politique majeure ». Je chercherais, paraît-il à « les amener à notre programme ». et comme j’ai reproché au CN son arrogance en me référant au combat mené par Marx, Trotsky et les bolcheviques à l’égard d’autres fractions et organisations, il m’explique que c’était à chaque fois des cas différents, des circonstances historiques diverses et qu’il s’agissait tantôt de rapprochements pratiques, tantôt de les détruire ou les faire éclater.

Je le sais fort bien, comme je sais aussi que ces deux tactiques ont été appliquées par nos prédécesseurs précisément à l’égard des courants en question, le pablisme et LO sur le plan national et international. Cela vaudrait d’être développé pour rafraîchir la mémoire.

Sauf que là n’est pas la question : il ne s’agit pas dans les paragraphes incriminés de proposer je ne sais quelles relations d’organisation à organisation, à nouer ou à rejeter.

Il s’agit :

  1. de comprendre pourquoi 3 millions de suffrages se sont portés sur celles-ci, qui ils étaient et ce qu’ils cherchaient. Notre réponse est qu’il s’agissait essentiellement de fractions de la classe ouvrière et de la jeunesse cherchant une voie du combat de classe et le moyen de voter « ouvrier » tout en désavouant le gouvernement de la gauche plurielle, moyen qu’ils trouvaient dans le vote pour LO ou la LCR.
    Je suis même sûr que des camarades du Comité ont voté pour l’une ou l’autre de ces organisations. J’en suis sûr parce que je l’ai entendu. Je n’y vois pas pour autant des « liquidateurs du Comité » ni des « révisionnistes ».
  2. A partir de là il s’agit de savoir quelle attitude, quelle politique adopter pour éclairer et rallier (à notre mesure) ceux qui se sont tournés vers elles. Il s’agit de les amener, eux, et non ces deux organisations (ce que Neuvial qualifie d’énormité – mais c’est lui qui l’invente) à notre programme. Tout cela non en dehors du temps et de l’espace mais dans un contexte de combat électoral.

Dans ce contexte, j’ai demandé que le Comité se délimite clairement, c’est-à-dire ni sur la base de l’histoire de la IV°, ni sur celle du vote Jospin, mais sur les deux critères programmatiques du Front Unique et du Gouvernement Ouvrier.

Cela ne signifie pas que nous ne serions séparés « que » par ces deux principes politiques, comme Neuvial me le fait dire (en faisant la fine bouche sur ces acquis des congrès de l’Internationale Communiste !). Cela signifie simplement que c’est cela que nous devions mettre en avant dans notre propagande, dans ces conditions précises, et non le fait qu’elles se réclament faussement du trotskisme, ont refusé de construire (LO) ou détruit (LCR) la IV° Internationale, ou n’ont rien à voir avec des organisations révolutionnaires.

L’attitude de Neuvial est du pur sectarisme.

Alors certes, il eut mieux valu écrire que « quoiqu’en dise le tract du 11 mai, elles apparaissent comme des organisations révolutionnaires aux yeux de milliers de travailleurs et jeunes ».

Mais arrêtons-là.

Tu demandes, Neuvial, que je ne maintienne pas cette caractérisation ?

Je la retire. Et nous sommes tout à fait prêts à modifier le paragraphe incriminé dans la plate-forme pour éviter toute fausse discussion.

Mais je vais te demander d’en faire autant.

A la dernière conférence, tu as adopté le passage suivant du rapport international de Lombard :

« Au cœur du révisionnisme pabliste, il y a corrélativement une sous-estimation du mouvement pratique du prolétariat et une conception erronée de l’activité de construction du parti révolutionnaire. » (page 11.)

C’était autrement plus grave qu’un simple qualificatif discutable.

J’y ai répondu que le pablisme, c’était « une révision de l’analyse de Trotsky sur la nature de la bureaucratie stalinienne », débouchant sur l’inutilité du parti révolutionnaire et non « une conception erronée de sa construction » ; qu’il ne sous-estimait pas le mouvement du prolétariat mais le combattait et l’avait toujours combattu et que le passage en question « réduisait son caractère révisionniste à une simple déviation, laissant croire à un redressement possible et non à un obstacle à détruire ».

Je tiens à la disposition des camarades le texte de cette réponse dont je n’ai rien à retirer.

Donc, avant de me donner des leçons, tu ferais mieux, Neuvial (comme tous ceux qui ont voté le rapport international en question) de désavouer toi-même cette mise à la poubelle d’un des acquis fondamentaux de l’OCI et particulièrement de Stéphane Just.

[Nous publions à la fin de ce bulletin le texte auquel l’intervention ci dessus fait référence.]


Ce que pense Mort Subite 

Jusqu’ici, face aux diverses attaques personnelles et politiques dont j’avais été l’objet, j’avais choisi de garder le silence. Rappelons notamment que le 12 mars 2003, la cellule Lenni votait une motion scandaleuse se concluant par :

« Les buts de MS sont clairs : détruire le Comité.
Voilà pourquoi la cellule demande que le CN prenne les mesures nécessaires afin que cessent ces pratiques et de permettre ainsi à la conférence de se dérouler dans de bonnes conditions. »

Personne n’est dupe : au-délà du militant en question, l’objectif était bien évidemment de créer le "climat" politique nécessaire pour éviter la discussion sur le fond. C’est pourquoi, ne désirant pas focaliser la "discussion" sur ma modeste personne, j’attendais la suite des évènements.

Désormais, depuis la "conférence" du 7-9 juin, même un militant complètement aveugle comprend que la discussion politique sur la base des acquis du Comité fondé par S. Just en 1984 est interdite au sein du groupe Lombard-Neuvial. Il est donc nécessaire et possible de s’exprimer.

La question de la Palestine

Comme cette question est un des éléments centraux pour prouver notre « liquidationnisme » (ainsi que celui du cercle Hannibal), revenons-y en nous appuyant sur le « document de travail » sur la question dont Mélusine semble si fier. C’est d’autant plus nécessaire que nous savons tous que cette question va encore mobiliser notre énergie militante dans le futur.

Manifestation à l’ambassade d’Israël…

On sait que nous avions avancé le mot d’ordre de manifestation contre l‘ambassade d’Israël, notamment lorsque l’armée sioniste mit en place le blocus de Jénine et y perpétra les crimes que l’on sait. Mélusine s’y oppose. Pourquoi ? Parce que lorsque le Comité avançait ces mots d’ordre (entre 1988 et 1992) :

« les dirigeants des organisations ouvrières protestaient (plus ou moins) à cette époque contre la répression brutale de l’Intifada. »

Or actuellement :

«  (…) on chercherait en vain aujourd’hui de la part des dirigeants du PS et du PCF (ou de syndicats) une quelconque indignation contre la répression israélienne : c’est toujours une protestation qui renvoie dos à dos l’armée israélienne et les Palestiniens, et condamnent toute violence, celle des colonisés comme celle du colonisateur. »

Si on comprend bien, la grande différence résiderait non dans l’appréciation d’une situation donnée, des sentiments des masses, de leur disponibilité à agir, mais de déclarations hypocrites de tel ou tel dirigeant. Bel exemple d’opportunisme !

Mais de toute façon, ce que valent ces « arguments », on peut le mesurer à la lecture de la déclaration du 12 avril 2002 :

• le droit du peuple palestinien à revendiquer et à combattre pour sa souveraineté sur la totalité de la Palestine
• aucune intervention impérialiste au Proche-Orient, y compris sous l’égide de l’ONU ;
sur cette base, qu’ils organisent la mobilisation : manifestation à l’ambassade d’Israël. » 

Bien embarrassé, Mélusine est obligé de revenir sur ce texte. Les militants seront donc informés que dans ce cas, « c’était approprié ». Pourquoi le 12 avril et pas avant ? Mélusine aurait-il détecté entre temps un bureaucrate « qui proteste contre la répression » ?

…sur quels mots d’ordre ?

A une étape, les militants du cercle d’Hannibal ont pris l’initiative totalement correcte de faire signer des appels revendiquant des directions :

« d’appeler ensemble à une manifestation massive à l’ambassade d’Israël pour exiger : Assez du massacre du peuple palestinien, c’est le droit élémentaire du peuple palestinien d’exprimer et de combattre pour ses revendications nationales. »

A cette orientation, Mélusine oppose le combat pour une manifestation convoquée sur les mots d’ordre :

« le droit du peuple palestinien à revendiquer et à combattre pour sa souveraineté sur la totalité de la Palestine »,

Avec le commentaire :

« Quant au « droit du peuple palestinien à retrouver son pays ». Hannibal se garde bien de définir ici avec précision ce qu’est ce pays. Alors que dans le corps de l’article, il avait précisé « la totalité de la terre », il prend soin, dans l’appel adressé aux dirigeants, de ne pas reprendre cette précision. »

D’où inévitablement :

« Hannibal préfère le compromis avec les appareils (…) »

Mélusine devrait se poser les questions en relation avec une pratique. Il saurait alors qu’il n’a aucune chance de dépasser le niveau de la propagande avec la ligne qu’il défend – bref qu’on en resterait au niveau des vœux pieux dont les sectaires sont si friands.

Si par contre il se posait la question en agitateur, en militant organisant le combat, il réaliserait alors que l’orientation de la manifestation « pour exiger l’arrêt du massacre » rencontre un écho réel dans les masses. Or la simple existence d’une telle manifestation eut été une aide réelle à la lutte si difficile qui se mène en Palestine.

Bref, au nom d’un radicalisme purement verbal, Mélusine tourne le dos aux tâches qui sont celles de trotskistes.

La question du boycott

Le traitement que Mélusine réserve au mot d’ordre de boycott de l’Etat sioniste est tout aussi révélateur. Il ne peut masquer que ce mot d’ordre a fait partie de l’arsenal politique de l’OCI-PCI. Alors s’appuyant sur le fait incontestable qu’il existe des gens qui sont favorables au boycott de l’Etat sioniste sans pour autant partager notre programme concernant cette question, la destruction de l’Etat sioniste, il procède à un douteux  amalgame :

« On ne peut utiliser un mot d’ordre en dehors du temps et de l’espace, et celui-ci conduit – qu’on le veuille ou non – à nous mettre sur le même terrain que tous ceux qui veulent faire pression sur le gouvernement d’Israël, politique conforme aux besoins de l’impérialisme français. »

Au lieu de compliquer des questions simples, suggérons à Mélusine de répondre à la question simple suivante : ce mot d’ordre est-il progressiste car sa réalisation affaiblirait les sionistes, OUI ou NON ? Quant à nous, c’est de là que nous partons. Pas de constructions idéologiques. Et puis : défendre ce mot d’ordre ne vaut en aucun cas pour reconnaissance de l’Etat sioniste. A ce compte, défendre la revendication de retrait du projet Fillon signifierait que l’on reconnaît la V° République !

Ajoutons d’ailleurs que la méthode visant à faire dépendre une activité de solidarité internationale de son opportunité pour le combat en France porte un nom : c’est une conception national-trotskyste.

En tout cas et encore une fois : le drame des positions défendues par Mélusine sur la question est qu’elles aboutissent encore à interdire tout combat réel en défense des Palestiniens. Mais n’est-ce pas le but recherché ?

Racisme ?

Il faut aussi revenir sur les élucubrations méluséenne concernant la nature de l’Etat sioniste. Selon notre professeur es "lutte de classes", il ne faudrait pas évoquer son caractère raciste :

« Qu’en tant qu’Etat colonial, cet Etat ait une politique raciste et chauvine est une chose. Mais la « nature » de cet Etat bourgeois d’un type particulier, c’est celle d’un Etat colonial : ce colonialisme fait appel fait appel à un ciment religieux lié au droit du sang (…). Ce n’est pas à proprement parler du « racisme ».

Pourtant, il est bien obligé de concéder que :

« Fondamentalement, ce n’est pas du racisme (autre chose est la politique quotidienne des colons, de l’armée, de la police, à l’égard des palestiniens). »

Autrement dit, la politique suivie par les « bandes d’hommes en armes » qui forment le cœur d’un Etat bourgeois est raciste, mais l’Etat ne le serait pas… Sans blagues !

Mais voici où veut en venir Mélusine :

« Dans ces conditions, pourquoi parler de racisme ? Ne s’agirait-il pas, par ce biais, de renouer avec les thèses de la « fraction trotskyste » du Matzpen qui voulait « désioniser » l’Etat ? »
« Mais en mettant l’accent sur ce point, on camoufle l’essentiel : l’Etat colonial. Et on introduit l’idée d’une possible « démocratisation » de l’Etat d’Israël ».

Dans quel monde vit Mélusine ? Il faut mesurer la stupidité, la malhonnêteté du procédé consistant à expliquer que caractériser l’Etat d’Israël comme raciste revient à se prononcer implicitement pour sa préservation !

Laissons-là ces délires. Tout militant sait que mettre en avant le racisme de l’Etat sioniste n’est pas sombrer dans les rangs de tous ceux qui veulent "amender" cet Etat. C’est exactement l’inverse : utiliser ce levier est un outil important dans l’agitation indispensable à mener contre l’Etat sioniste. Les masses haïssent le racisme et elles ont bien raison.

Conclusion d’étape

La discussion sur cette question est profondément révélatrice. Nous venons de voir qu’au-delà des exagérations, voire des contresens évidents, le texte de Mélusine tend à officialiser l’abandon de mots d’ordre traditionnels de notre courant depuis les années 70 (boycott d’Israël) voir à les relativiser sérieusement (manifestation à l’ambassade). A chacun de juger, donc, qui défend les acquis du Comité et qui les balance. Et en tout cas : quel militant croira ne serait-ce qu’une seconde que défendre le mot d’ordre de boycott, de manifestation à l’ambassade, c’est être un liquidateur ?

Au final, ne demeure donc qu’un texte profondément erroné, imprégné d’un sectarisme purement idéologique, tournant le dos à tout combat réel en défense des Palestiniens – bref à une activité essentielle pour se permettre de tisser des liens politiques avec de nouveaux travailleurs. Là est l’essentiel.

Voilà ce que pense Mort Subite !

Anti-impérialisme ; combat contre son propre impérialisme

Notre « liquidationnisme », notre supposée tendance à capituler devant l’appareil serait « prouvée » par le fait que nous chercherions à « faire le pont avec ceux qui affirment que l’impérialisme américain est de fait hégémonique », bref que nous nous inscririons dans le dispositif de « soutien ouvert à Chirac ».

Serre a déjà répondu à cette calomnie que la lecture de l’ensemble des textes publiés infirme. Il n’en demeure pas moins que le CN Lombard-Neuvial en jouant à ce petit jeu s’exonère de répondre à la question suivante. Est-il tolérable qu’un trotskyste ose expliquer :

« Exprimer la solidarité ouvrière (…) aux palestiniens (…) c’est combattre pour imposer aux députés PS-PCF (…) qu’ils rompent avec le gouvernement. »
« Combattre l’impérialisme français qui arme le pouvoir assassin d’Alger c’est combattre en France pour un autre gouvernement (…) »

Soyons-clairs : expliquer de telles horreurs, utiliser les évènements de la lutte de classe mondiale au compte des intérêts nationaux du prolétariat français, c’est une méthode bien connue : celle du national-trotskisme, celle de l’abandon des principes internationalistes des trotskistes.

Voilà ce que pense Mort Subite !

A propos de la politique suivie en avril-mai 2002

Autre élément à charge contre nous, le texte de Serre concernant les élections. Là, c’est Neuvial qui sera mis à contribution [1]. Son texte couvre nombre d’aspects. Serre y répondra in extenso. Ne retenons ici que les éléments les plus frappants de son opus.

Avant les présidentielles d’avril 2002

Ce que vaut cette partie du texte de Neuvial, on peut le mesurer lorsqu’on lit que, pour lui, la défaite d’avril était « prévisible ». Or même le texte du 30 mars 2002 indiquait à juste titre que « rien n’est joué » (on se souvient de la surprise qu’a représenté l’élimination de Jospin…) !

Le texte du 30 mars 2002 était erroné car essentiellement consacré à « tirer les bilans », bref à dénoncer les directions. Or c’était justement le piège dans lequel il fallait éviter de tomber. Le problème n’était pas d’en rajouter au désarroi mais au contraire de permettre à l’avant-garde de comprendre pourquoi, malgré la politique des directions, il fallait voter "ouvrier".

A ceci, Neuvial répond :

« Celui qui a la plus mince expérience du combat parmi les masses sait que l’appel à voter PS PCF était forcément un appel à contre-courant – ce qui ne l’empêchait pas d’être absolument juste et que par conséquent il était impossible de ne pas indiquer que l’entière responsabilité de la situation et de la défaite prévisible appartenait à la politique des dirigeants du PS et du PCF (…)  
C’est le contraire de la méthode de Serre qui nous proposait de faire de la défaite de Chirac « le point de départ et l’axe du texte », c’est à dire qui nous propose de faire comme si le Front Populaire n’avait pas existé (…) »

Et Neuvial appelle le pauvre Just à son secours, expliquant que telle aurait été la méthode suivie en 1993, citation de CPS n°46 à l’appui.

Sauf que… la différence de situations entre 1993 et 2002 interdit de faire l’analogie à laquelle procède Neuvial. En 1993, les résultats étaient joués d’avance, ainsi que l’indique CPS :

« A sept semaines des élections, les sondages sont unanimes : tous prévoient la défaite et même l'écrasement électoral du PS et du PCF, la victoire des partis bourgeois. Certes les sondages ne peuvent avoir une exactitude scientifique. De plus ils sont politiquement orientés. Pourtant en la circonstance, ils expriment ce qui est le plus probable. »

Nous maintenons totalement qu’avant les présidentielles, notre rôle devait être d’aider les travailleurs à voter "ouvrier". Pas à « tirer les bilans », c’est à dire à s’inscrire – certes à gauche – dans le dispositif qui aboutira à la réélection de Chirac.

Cette erreur est une nouvelle illustration des traits sectaires, de la tendance à la dénonciation à toute heure, qui sont si caractéristiques du groupe Lombard-Neuvial.

« Pablisme » ?

Dans le procès en sorcellerie engagé contre Serre, moi-même et d’autres, figure en bonne place celle d’être des pablistes. Quelle honte que d’oser accuser un camarade comme Serre, avec le passé qui est le sien, d’une telle chose !

L’acte d’accusation repose essentiellement sur une phrase du texte de Serre concernant la LCR et LO (« cela ne les exclut pas davantage des organisations révolutionnaires ») qui peut effectivement être interprétée de diverses façons selon que l’on inclut ou pas le contexte dans lequel elle est utilisée.

Or quel est ce contexte ? La comparaison avec d’autres organisations « révolutionnaires » dont l’Histoire a prouvé qu’elles ne peuvent devenir d’authentiques organisations marxistes – pivertistes et autres anarcho-syndicalistes. Tout ceci dans une rubrique intitulée « LO & LCR ne sont pas trotskistes, et alors ? ». Le terme de « révolutionnaire » était exclusivement employé en référence à ce que la LCR ou LO ne sont pas des organisations de nature équivalente au PS ou au PCF (ce qui n’épuise d’ailleurs pas la discussion).

Et si on lit quelques lignes plus loin, Serre indique : « nous avons demandé que la délimitation avec LO et la LCR se fasse sur l’axe du Front Unique et du combat pour le gouvernement ouvrier », c’est à dire, n’en déplaise à Neuvial, sur l’essentiel : c’est justement à partir de là que s’ordonnent les questions, les étapes de la dégénérescence de la Ligue et du SU - soutien (à peine) critique à l’Union de la Gauche, intégration de plus en plus poussée aux appareils (notamment FSU), vote Chirac, participation à un gouvernement bourgeois (Brésil), etc, etc…

Alors restons sérieux quelques instants : Serre qui a consacré au trotskisme 40 ans sait parfaitement ce qu’est le pablisme.

Quant au fait d’amener la LCR à notre programme… Qui va croire que l’orientation de Serre est de transformer Krivine ou Besancenot en trotskiste ? Neuvial devrait revenir sur terre…

La consigne de vote

Mais se demandera un individu sain d’esprit, pourquoi cette mauvaise polémique ? En partie pour « baliser » la nécessaire discussion sur la consigne de vote qui devait être la nôtre en avril 2002.

Rappelons donc qu’en avril 2002, la consigne de vote était :

« (…) nombre de travailleurs, en désaccord avec la politique du PS et du PCF, voteront pour les candidats du PS et du PCF. C’est ce à quoi appelle le Comité. »

Cette position représente une rupture par rapport à la position traditionnelle du Comité depuis 1995. A cette date nous appelions à voter pour :

« les candidats des partis ouvriers se limitent à deux : celui du PS, Lionel Jospin, celui du PCF, Robert Hue. A eux on peut ajouter Arlette Laguiller (…) » [2]

Or en avril, plusieurs centaines de milliers de travailleurs et jeunes ont voté LCR ou LO (voire PT). Peu se faisaient d’illusions, notamment sur LO. Mais le sens de ce vote est évident : ce fût un vote à la fois « ouvrier » et anti-gouvernemental [3].

En tout cas, Neuvial tente de nous expliquer cette innovation :

« (…) à l’inverse des partis ouvriers traditionnels, de telles candidatures ne pourraient constituer un point d’appui au prolétariat que si elles ouvraient une perspective de combat pour le pouvoir de la classe ouvrière. »

Bref, il invente des « exigences programmatiques » à adresser à la LCR et LO pour justifier de ne pas appeler au vote "ouvrier" mais au vote PCF ou PS. Pour qu’il envisage de tolérer qu’on vote pour ces organisations, encore faudrait-il qu’elles adoptent des segments de notre programme, et encore : pas n’importe lesquels !

Or la question posée est : devions-nous dire à ces travailleurs, ces jeunes, qui allaient voter LCR ou LO de ne pas le faire ? Au nom de quoi aurions nous dû préférer le vote exclusif pour le PS et le PCF ?

Qu’on le veuille ou non, choisir le vote PS ou PCF à l’exclusion de celui pour une autre organisation ouvrière présentant un candidat revenait à indiquer une préférence politique pour les partis ouvriers membres de la « gauche plurielle ». Ce n’était pas à nous de le faire. Là est l’essentiel. Et les éructations concernant notre « pablisme » imaginaire n’y changeront rien. Voilà ce que pense Mort Subite !

EDF

La question d’EDF occupe aussi sa place dans le ridicule procès en crypto-pablisme (par Hannibal et Carré Rouge interposés) qui nous est fait. Revenons-y donc.

A la suite de la lecture de l’éditorial de CPS n°91, l’auteur de ces lignes avait demandé publication d’un texte au BI. Ce texte était loin de se limiter à EDF (½ page sur 4).

L’essentiel était de s’insurger contre les grossières élucubrations défaitistes de cet éditorial. Rappelons qu’on y apprenait que « la mise en question des libertés ouvrières (liberté de la presse, de réunion, d’organisation, droit de grève…) chèrement conquise par le prolétariat est au centre » de l’offensive du gouvernement UMP, bref que la classe ouvrière était renvoyée des décennies en arrière.

A l’opposé, j’affirmais :

« Appuyé sur une majorité parlementaire introuvable, ce gouvernement a porté de durs coups à la classe ouvrière (retraites, loi quinquennale pour l'emploi), mais dès la fin 1993, il se trouvait confronté au mouvement de la classe ouvrière et subissait deux défaites (loi Falloux/Bayrou, CIP). Cela n'empêchait pas Chirac (malgré un score du premier tour aussi déplorable que d'habitude) d'être élu président en 1995 et de relancer une offensive d'ampleur… et ce fut le mouvement de novembre-décembre 1995. Personne ne peut prétendre savoir si, notamment sur la question des retraites, de tels processus se renouvelleront. C'est néanmoins sur cette possibilité qu'il faut être axé. »

Et, à la lumière de ce qui s’est déroulé en mai-juin, il est désormais prouvé que c’est bien Mort Subite qui avait l’orientation correcte. La moindre des choses aurait été de discuter de cet éditorial, de comprendre comment on avait pu en arriver à une telle erreur d’appréciation ! C’est justement ce qu’il fallait interdire !

Ceci étant établi, que disait ce texte à propos d’EDF ? Fondamentalement, que dissocier la question de la privatisation et celle du statut revenait à se situer sur le terrain de la CGT, que c’est par le biais de cette dissociation que passe la marche à la privatisation. Et que c’est en s’inscrivant dans ce dispositif que la direction CGT collabore avec le gouvernement – après avoir présenté l’ouverture du marché de l’électricité comme nécessaire (loi du 11 février 2000).

Il suffisait d’ailleurs de lire la presse syndicale d’EDF pour le comprendre :

« Contrairement, en outre, à ce que certains soutiennent comme la CGT ou les directions, il n’y a aucun besoin de "sécuriser" le financement des retraites (…)
Les dossiers "retraite" et "ouverture du capital" sont liés. Négocier sur les retraites, c’est préparer l’ouverture du Capital. » (Tract FO – 30.9.2003)

Cela n’empêchera pas le CN de tenter de faire croire aux militants que Mort Subite pense que la « la CGT se positionne pour la défense des retraites »…

Pourquoi ces calomnies ? Car après tout, est-il si scandaleux de considérer que défense du statut à EDF et refus de la privatisation sont liés ? Si même cela ne peut être débattu, alors qu’est-ce qui peut l’être ? En tout cas, le simple fait de voir dans les positions défendues sur cette question une position de collaboration avec l’appareil indique bien ce que le CN cherche à construire : une secte.

Soit dit en passant, le passage au conseil des ministres du 6 août d’un projet de loi démantelant EDF et GDF est désormais officiel. Il ne fait que confirmer intégralement mon appréciation : il fallait donner à la question de la privatisation d’EDF la place qu’elle mérite.

Bref : le CN aurait mieux fait de se taire. Voilà ce que pense Mort Subite !

La crise de 1997 et le cercle Massino-Hannibal

Personne n’est dupe : les crises à répétition auxquelles nous avons assisté depuis 1997 sont liées. Y revenir est donc inévitable. Ce sera fait ultérieurement. Contentons-nous pour l’instant de premières remarques.

Qui réécrit l’histoire du Comité ?

Le texte du CN Lombard-Neuvial (« En défense du Comité… ») donne de précieuses indications quant à son analyse du moment sur la crise de 1997.

« Le CN est de plus accusé de se rallier à l’ « orientation pessimiste d’Hannibal-Massino ». (…) C’est encore une réécriture d’un texte de conférence. » (la XI° conférence, tenue en avril 1998).
Où et quand le Comité a-t-il porté une telle appréciation politique à propos de l’orientation développée par Hannibal-Massino ? Lors de la XI° Conférence ? Que nenni ! »

Arrive ensuite le premier trucage :

« A la XI° conférence, nous avons caractérisé l’orientation d’Hannibal-Massino comme une orientation de capitulation devant le Front Populaire et non de "pessimiste". »

Le rédacteur mise sur l’absence de mémoire des militants, et sur le fait que certains n’ont pas eu connaissance de ces faits, des textes qui ont justifié la scission de 1997. L’astuce est la suivante : la XI° conférence ne s’est pas limitée à caractériser le défaitisme supposé d’Hannibal et de ses camarades, elle en a tiré des conclusions politiques – notamment que cela aboutissait à l’alignement sur les appareils [4]. Mais toutes les démonstrations alors élaborées partaient de ce pessimisme.

La réponse de Lombard-Neuvial mentionne l’« appel à tendance [5] » consécutif à la X° conférence comme le document qui servit de base à la convocation de la XI° conférence. Ce document indique ainsi dans son premier paragraphe, concernant Hannibal et ses camarades :

« Au lieu de partir du combat pour la défense des « intérêts des masses telles qu’elles sont », ils pleurent sur le manque de combativité des masses. (…) La conclusion pour Hannibal et ses camarades, c’est que l’objectif des trotskistes doit être d’exhorter les masses à résister (…) »

C’est de là que tout part. De même ce texte insiste sur la nécessité de la « réaffirmation de l’analyse de la situation ouverte le I° juin » dont l’essence était donnée par le passage suivant du rapport préparatoire à la X° Conférence que l’amendement Hannibal n°3 supprimait :

« La bourgeoisie craint qu’appuyée sur la défaite du RPR et de l’UDF, sur l’existence d’une majorité de députés PS-PCF, les masses surgissent et engagent le combat (…) »

Et partant de ces prémisses, la XI° conférence indiquait :

« Toute leur appréciation est cadrée par la lecture faite avec des lunettes noires du document « Nouvelle Perspective ». De l’ensemble des conclusions, ils ne retiennent que le désarroi politique de la classe ouvrière – leur « Nouvelle Perspective », c’est l’absence de perspective, en attendant «  l’effondrement » de l’économie capitaliste… C’est là une appréciation non marxiste, anti-dialectique de la situation réelle » (id. p.4)

et plus loin :

«  Aujourd’hui, il est remarquable que les membres de la clique Massino, comme les militants influencés par cette clique, aient une lecture unilatérale du document « Nouvelle Perspective » : ils ne voient plus qu’une seule dimension, la défaite historique (…) »

Le rappel des positions exprimées par Hannibal en 1996-97 est l’occasion d’un autre trucage. La « réponse » du CN Lombard-Neuvial mentionne en effet ses propositions d’amendements à « Nouvelle perspective » (p. 13) pour tenter de démontrer qu’il défendait une politique visant à « relativiser » les conséquences de la restauration du capitalisme en Russie, bref que c’était un gauchiste. Sauf que… un paragraphe plus loin, le texte en question indique :

« Puis, ... puis, de toute évidence, l'ampleur de la défaite sera prise en compte. Alors, il n'y aura plus qu'elle; cela tourne à la caricature. Systématiquement, mécaniquement, toute situation particulière, doit refléter de la même manière l'ampleur de la défaite. En France ?... il ne peut donc pas y avoir de Front populaire, et la bourgeoisie est à l'initiative. Aux USA ?... la grève d'UPS ne peut être un tournant pour le prolétariat américain, etc., etc. . »

Voilà ce qu’écrivait Lombard (et Mélusine) jusqu’en 2000 ! Voilà ce qu’il faut faire oublier aux militants !

La question des calomnies

Dans sa tentative de réécrire l’Histoire, le CN Lombard-Neuvial n’y va pas avec le dos de la cuillère.

Ainsi, on nous explique que dès 1995, une clique se formait au sein du Comité, qui pour masquer sa politique aura recours à la calomnie. Rien de tel pour souder les troupes : quel militant peut accepter le recours à de telles méthodes ?

Notons quand même qu’ils oublient d’indiquer que cette campagne a été caractérisée depuis par le cercle d’Hannibal comme :

« un élément majeur de confusion politique dans la préparation de la X° conférence [6]. »

Mais en tout cas personne – en tout cas pas l’auteur de ces lignes – n’oublie ces épisodes peu glorieux. Sauf que… les choses sont bien moins unilatérales que ne l’indique le texte.

Ainsi, le départ de Massino du CN en 1996 est présenté comme une opération visant à éviter la poursuite de la discussion politique. Malheureusement, il existe un texte… de Neuvial expliquant ce qui se déroula alors :

«En novembre 1994, le rapport français est confié à Massino. Il sera ensuite confié à Lombard.(…) Massino dirige à ce moment-là le travail dans la jeunesse qui a fait des progrès appréciables. (…) Dès lors les rivalités dans la direction vont prendre un tour aigre. Il n’y a aucune base politique réelle à ces rivalités. (…) 
A l'époque, le travail étudiant fait l'objet d'une offensive en règle de la part de Lombard et Mélusine, critiqué sur tout et sur rien. Toutes les divergences, y compris les plus anodines font immédiatement l'objet de procès d'intention et on s'ingénie de toute part à démontrer que "derrière" il y aurait des divergences fondamentales mais... cachées. Enumérer les nombreuses escarmouches qui eurent lieu à l'époque est assez inutile : sur le vote Jospin ou Emmanuelli à l'intérieur du PS, puis sur l'appréciation du rapport de la sociale-démocratie à l'impérialisme dominant (US) et à son propre impérialisme. Qu'il y ait là matière à discussion sérieuse, sans aucun doute ! Mais ce qui est instructif, c'est que la moindre égratignure dans la discussion tendait à s'infecter, à pourrir les rapports au sein de la direction. (…)
La décision de Massino de ne pas se représenter au C.N pour "raison de santé" à la VIII° Conférence est une catastrophe politique. (…) Naturellement et comme Massino le reconnaîtra lui même en CN, la vraie raison de sa démission n'est pas une raison de santé mais les attaques dont il est l'objet en CN. [7] »

Alors, qui faut-il croire : le Neuvial de 1998 ou celui de 2003 ? Neuvial confirme-t-il ou pas ces faits ?

Les raisons de tout ceci

Pourquoi travestir ainsi l’histoire du Comité ? Pour une raison simple : il faut à tout prix évacuer les responsabilités écrasantes de Lombard (et Mélusine) dans le désastre de 1997.

Il faut tenter de faire croire qu’ils ne portent aucune responsabilité dans l’atmosphère politique qui prévalait au sein du Comité avant même la scission de 1997.

Et comme en 2000, Lombard imposait son tournant à 180°, droitier, capitulard et sectaire, faisant au passage la peau à Mélusine dans les conditions dégueulasses que l’on sait, il faut réécrire ce qui s’est passé en 1997. Car désormais, Lombard allait défendre avec le plus total cynisme une politique qui ressemblait étrangement à celle qu’elle dénonçait quelques mois auparavant.

En tout cas, le tournant de 2000 rendant insoutenable la fable du défaitisme du cercle d’Hannibal, il fallait trouver autre chose pour justifier la scission du comité.

Dans un premier temps, ce seront les accusations lancées contre le cercle d’Hannibal sur le terrain de leur supposé refus de « construire le POR ». Comme ceci ne tenait pas debout (nombre de militants pouvant constater que les militants du cercle combattent), il fallut encore trouver autre chose : ce sera l’accusation de capitulation devant les appareils, désormais reprise à notre encontre.

Précisons d’ailleurs que c’est lors de ce tournant que l’auteur de ces lignes comprit combien il avait été berné par Lombard et ses sbires, que les responsabilités de celle-ci (ainsi que celles de Mélusine) étaient écrasantes – mais non-exclusives - dans la scission de 1997.

Voilà ce que pense Mort Subite !

Défense du centralisme démocratique !

Pour interdire à la tendance d’exister, le CN Lombard-Neuvial a eu recours à l’argument suivant.

« Si la plate-forme de Mort Subite, Serre, Amadis était la base d’une réelle tendance (…) elle prendrait le plus grand soin à mettre en évidence (…) sa position sur les questions décisives de la lutte de classes, celle notamment qui font débat dans le Comité. »

D’où il s’ensuit que cette tendance n’en est pas une, mais un bloc sans principe. Et le contenu politique de cette clique était donné par ailleurs : un liquidationnisme du Comité au service d’une politique de conciliation avec les appareils. La voie était ainsi ouverte à l’interdiction de la tendance, et donc à la rupture qui se fera en deux temps : interdiction d’expression lors de la conférence, puis suspension des délégués à celle-ci.

Alors, rassurons le CN Lombard-Neuvial : en ce qui concerne les textes que j’ai produit (EDF-GDF et Palestine), leur ligne générale est effectivement celle des signataires de l’appel à tendance, ce qu’ils confirmeront à qui le leur demande.

Les signataires partagent aussi l’appréciation portée sur la politique suivie comme marquée de défaitisme, de sectarisme, et menant à un repli trade-unioniste (ce qui inclut d’incontestables tendances au national-trotskisme). Lombard et Neuvial se sont bien gardés de répondre à tout ceci ! Alors, qui craint vraiment la discussion sur le fond ?

Enfin, ces signataires considèrent que pour faire passer cette orientation des mœurs contraires aux principes du centralisme démocratique ont étés imposées : bureaucratisme récurrent, usage permanent de la calomnie contre quiconque s’opposait à cette politique (contre Mélusine en 2000, puis contre nous).

La seule clique qui existe dans cette affaire, c’est celle qui est dirigée par Lombard et Neuvial !

Voilà ce que pense Mort Subite !

MORT-SUBITE, le 20 juin 2003.


Notes

1 Serre au moment décisif, BI n°4, avril 2003.

2 CPS n°57 – 4.4.1995

3 Précisons pour éviter un nouveau faux procès que dire ceci ne signifie pas que la politique des organisations citées était en quoi que ce soit trotskiste. L’auteur pense même explicitement l’inverse.

4 Un autre texte reviendra en détail sur la crise du Comité ; pour l’instant il faut se borner à rétablir les faits que le CN Lombard-Neuvial veut masquer.

5 Pour la défense du Comité, de ses acquis théoriques, politiques et organisationnels. 16/1/1998.

6 Œuvrer à la construction du POR, 16/12/2000 (sur Internet)

7 Neuvial : En défense du Comité, 16.2.1998.