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"On ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au Socialisme" (Lénine)
du Comité pour la construction du Parti ouvrier révolutionnaire, de l'Internationale ouvrière révolutionnaire Fondateur : Stéphane Just |
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Tendance « Pour le redressement du Comité » |
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Cette "Lettre aux militants" est la dernière que nous consacrerons aux séquelles internes de la crise du Comité et du combat que nous avons mené depuis trois ans.
Ces dernières séquelles sont à vrai dire assez insupportables, et nous nous serions bien passés d’en traiter. Mais nous y sommes contraints exactement comme Stéphane était contraint d’éplucher et de démonter point par point les escroqueries répandues par le PCI dans ses pamphlets « Itinéraires I, II et III [1].
On trouvera donc ci dessous ce que nous pensons de "l’affaire Mort-Subite" et de ce qu’elle recouvre.
Après quoi, le prochain bulletin s’efforcera de respirer un air un peu plus pur, en traitant de la situation politique après les mouvements de mai juin, dans la Santé, dans l’enseignement, ainsi que de la situation en Palestine, et en amorçant une étude sur les problèmes de la tendance « Lutte de classe » dans la FSU.
Camarade,
Tu m’as envoyé le 21 juillet, en réponse à ma demande de documents pour la campagne de candidatures sur la liste Front Unique à la FSU, une lettre comminatoire m’enjoignant de « rompre avec le regroupement Hannibal-Massino, c’est à dire avec son représentant Mort-Subite. » Celui ci serait en effet « un membre éminent de ce groupe », et tu as ajouté : « Nous le savons depuis des années. Mais il se trouve que dans la dernière "Lettre aux militants" envoyée sous ton autorité et avec ton accord, Mort-Subite se réclame ouvertement d’Hannibal-Massino. »
D’après ce que j’en sais, tu aurais aussi donné aux camarades de Nancy une toute nouvelle explication de votre refus de reconnaître le droit de tendance, à savoir que celle ci comportait un "infiltré" travaillant pour Hannibal-Massino.
Je t’ai indiqué en réponse mon intention de dire publiquement et une fois pour toutes, ce que je pense de cette question.
Ce que j’en pense, c’est d’abord : enfin !
Enfin voilà un langage clair ! Jusqu’ici ce n’était qu’allusions, demi mots, questions qui se voulaient insidieuses. Même la résolution de la cellule Leni, commanditée pour aboutir à l’exclusion de Mort-Subite (et à la nôtre dans la foulée), ne parle que de ses méthodes et se termine par le faux-fuyant d’une vague accusation de « destruction du Comité ». On se doutait bien que "quelque chose" était en gestation, mais l’accouchement semblait difficile. Cela devenait lassant.
Mais voilà enfin le fond de votre pensée : il n’y a pas de problèmes politiques, l’orientation du CN n’est pas en cause, inutile de discuter sur le fond. C’est seulement une machination, au service d’une puissance étrangère, menée par un chef d’orchestre même pas clandestin.
Si ce n’était que l’objet d’une controverse entre toi et moi, cela ne vaudrait même pas la peine d’une ligne de réponse. Nous avons des choses plus importantes à faire, moi en tout cas.
Mais à l’évidence, le CN mène campagne sur ce thème auprès des militants du Comité, et plus ou moins à l’extérieur. Après l’opération montée avec la cellule Leni, la résolution de la XIII° Conférence le prouve. Il est plus que temps d’y mettre un terme.
Ce que je pense, en second lieu, c’est que si vous SAVEZ « depuis des années » que Mort-Subite est un agent d’Hannibal, je m’étonne de n’en avoir jamais été informé lorsque j’étais encore membre du CN, il n’y a pas "des années" de cela. Non seulement comme membre du CN, mais aussi comme responsable de sa cellule !
Alors : si tu dis vrai, quelle irresponsabilité ! Quelle carence invraisemblable ! Quelle incroyable faute politique ! Mais dis tu vrai ? Je n’en crois pas un mot. Je peux même te dire très exactement à partir de quel moment vous avez commencé à penser à utiliser cette accusation, dont la primeur revient à Mélusine.
C’est à partir du moment où celui ci a fait ce qu’il nous demande de faire aujourd’hui, c’est à dire renier la volonté de construire une organisation de classe pour rallier des prétentions de boutique. C’est à ce moment là, où nos relations étaient encore cordiales, que le dit Mélusine a voulu me « mettre en garde » contre Mort-Subite et ses relations personnelles avec Massino. Je lui ai alors répondu : « je m’en fous, du moment qu’il est d’accord avec nous », et j’ai continué à défendre les positions politiques que lui, Mélusine, abandonnait (et qui n’étaient pas en rapport avec Hannibal-Massino, que je sache, sauf à penser qu’il en était lui même un agent !)
Ce que j’en pense, encore, c’est exactement ce que j’ai pensé de Mélusine développant les mêmes accusations au Comité parisien et concluant par un "je le prouverai" péremptoire. Depuis, on attend toujours. Simplement, Mélusine bluffait pour doper ses camarades de la RATP.
Il est vrai que tu avances, toi, une preuve : Mort-Subite se serait dénoncé lui même dans la dernière "Lettre aux militants". Pourrais tu me préciser à quel endroit ? Car j’ai relu attentivement son texte, pour la cinq ou sixième fois, et je n’y ai trouvé aucun passage où il « se réclame d’Hannibal-Massino ». J’invite tout un chacun à le vérifier.
Ce que j’en pense, c’est au mieux que tu y as lu ce que tu voulais y voir, ou plus précisément ce que tu pensais pouvoir utiliser, faute de pouvoir apporter ne serait ce qu’une des preuves que tu dis connaître "depuis des années".
Et ce que tu utilises paraît il dans ta campagne, c’est seulement que Mort-Subite ne se cache pas d’écrire qu’il tient Lombard et Mélusine pour principaux responsables de l’éclatement du Comité… en 1997. Que cela n’ait rien à voir avec les problèmes d’orientation qui opposent sa direction actuelle et notre tendance, et que ce soit parfaitement le droit de Mort-Subite de le penser (ce qui n’est pas mon cas mais j’y reviendrai), tout cela ne te dérange pas. Au contraire : comme je le disais plus haut, cela permet d’éviter les problèmes de fond comme marxisme et terrorisme, union sacrée, élections et lutte de classe, ce qui s’est passé en février-mars 2000, en avril 2002, le Comité et la Palestine, la stratégie mondiale des Etats-Unis et l’Afghanistan, la "3e voie" en Europe, etc, etc, etc…
L’opinion d’un camarade, quel qu’il soit, sur les manœuvres en 1997 serait elle plus importante que tout cela ? Si c’est le cas, pourrai tu alors me dire quelle est la tienne ? Je veux dire aujourd’hui. Car, à l’époque, je te l’ai déjà dit, tu aurais pu aussi facilement passer pour un agent de Massino. Et je n’ai jamais rien lu d’autre de ta part depuis cette date. Ce serait tout de même intéressant, non ?
Cela dit, je me fais ici l’avocat, moins de Mort-Subite, assez grand pour te répondre lui même s’il le désire, que de tous les autres camarades de la tendance dont je suis responsable, que vous présentez comme des naïfs "roulés dans la farine", et moi en premier, mon camarade, ce qui me fait doucement rigoler. Tu comprendras plus loin pourquoi.
Ce que j’en pense enfin, c’est que si vous croyez à ce que vous dites, cela signifie que vous n’arrivez pas à admettre une chose : que des militants, dont Mort-Subite, ont discuté en toute liberté et adopté une plate forme politique (comprenant, au passage, toute une appréciation commune de la crise de 1997), dont ils ont proposé la discussion, et cela en dehors de toute "direction politique" labellisée.
Ce que vous me semblez ne pas pouvoir comprendre, c’est une conception de la politique qui n’a rien à voir avec la "complotite" héritée de Lambert. Ni avec les pauvres manœuvres qui s’acharnent à vouloir nous diviser sur d’autres questions que les problèmes de fond que nous avons posés.
Autrement dit, au cas où tu n’aurais pas compris (mais il y a longtemps que tu le sais), je n’ai aucune intention de « rompre avec Mort-Subite » (quant à « rompre avec Hannibal-Massino », nous y viendrons plus loin).
A voir la façon dont tu fais aujourd’hui du groupe Hannibal-Massino un véritable épouvantail, on pourrait s’étonner que le CN, dans son texte "En défense du Comité…" se soit efforcé de gommer la critique de fond de leur ligne faite par la XI] Conférence. [2] Mais cette bizarre sollicitude n’est qu’une auto défense, puisque cette ligne est devenue la vôtre.
L’inconvénient, c’est que vous n’en avez plus de rechange pour caractériser leur orientation.
Il est significatif que toutes tes critiques à leur égard se réduisent maintenant à leurs "mauvaises manières" envers le Comité : volonté diabolique de le "détruire", de le manœuvrer, ici en l’infiltrant, là en proposant de travailler ensemble. [3] Votre seul texte un peu élaboré, la note du 7/12/02 se contente de trois critiques ponctuelles plus révélatrices de votre ligne que de la leur, précédées d’un rappel édulcoré de leur position sur la majorité PS PCF et le FN en 1997, et renonce significativement à « un bilan de l’orientation développée depuis cinq ans par Hannibal-Massino », mise à jour qui serait cependant indispensable pour donner un peu de chair à tes accusations épidermiques.
Ce que je pense, sur cette question, c’est que je n’ai, moi, rien à renier du texte de la XIème Conférence caractérisant la ligne d’Hannibal-Massino en 1997, dont je suis, de nous deux il est vrai, le seul signataire et dont nous avons publié l’essentiel dans notre Plate-forme. Et je n’ai aucune gêne aux entournures pour le dire, contrairement à ceux qui, comme toi, ont repris à leur compte la même orientation qu’eux, deux ans plus tard.
Je ne renie pas davantage mes appréciations des origines de la crise de 1997, des responsabilités, des calomnies, etc… J’estime toujours que c’est Hannibal et son équipe qui en ont été responsables. Je confirme ce que j’ai répondu alors à ton indulgence à leur égard, quand tu renvoyais les deux "cliques" dos à dos.
De ce point de vue, je ne partage pas l’opinion de Mort-Subite, pas plus, à ma connaissance, qu’aucun des autres membres de la Tendance « Pour le redressement du Comité ». Son avis par contre recoupe ce que tu pensais à l’époque, et je te trouve un peu "gonflé" d’y voir maintenant une preuve d’allégeance à Hannibal-Massino ! Mais la meilleure façon pour Lombard-Mélusine (et toi même) d’écarter le reproche d’être à l’origine de la crise de 1997 par leurs manœuvres n’aurait elle pas été de s’en abstenir dans la crise de 1999 2003 ? Vous n’avez eu de cesse, au contraire, de tout faire pour en rendre le soupçon rétrospectif légitime. Et tu t’en scandalises ? Tu y vois la patte d’Hannibal-Massino ? Allons donc Neuvial ! S’ils le veulent, ils peuvent avoir d’autres arguments plus actuels, de fond, et tu le sais bien. Et je m’étonne même de leur réserve à votre égard !
En définitive, ce point d’histoire n’éclaire que médiocrement les problèmes actuels. Tout ce qu’on peut en tirer c’est que les fautes politiques des uns ne constituent pas des certificats de vertu pour les autres. Les seules choses qui vaillent, ce sont leurs positions respectives face aux événements de la lutte des classes. C’est de cela qu’il faut discuter, sans se laisser détourner par les manœuvres de qui que ce soit.
Telle est la façon dont nous avons abordé ces questions dans la Plate forme de notre tendance, et telle est ma position à l’égard d’Hannibal-Massino, que cela plaise ou non, à toi ou à d’autres.
J’aurais certainement eu avec eux des accords et des désaccords, si j’avais suivi le développement de leurs positions depuis trois ans, ce qui n’était pas mon premier souci. Le vôtre suffisait à mon bonheur…
Désaccord, par exemple et autant que je sache, sur leur appréciation du FN et leur mot d'ordre de Front Unique en mai 2002. Désaccord sur leur position envers la tendance Front Unique dans l’enseignement, dont leur retrait volontaire en 1997 était une faute politique de type sectaire. Désaccord (sous réserve de vérification) sur leurs mots d'ordre aux lendemains des présidentielles, qui me semblent avoir été peu différents de ceux du CN… En épluchant leurs écrits, d’autres points pourraient sans doute apparaître.
En revanche, je sais que certaines de leurs positions ont été plus correctes que les vôtres (c’est ce qu’en révèlent vos propres critiques dans la note de décembre 2002 et dans vos textes préparatoires à la Conférence !). En particulier, je suis intégralement d’accord avec ce qu’écrit Mort-Subite sur la Palestine ("Lettre aux militants" n° 3 p 9-11). Je constate également qu’ils étaient largement en avance, dès le 3 avril dernier, sur la direction du Comité pour s’engager sur le mot d'ordre d’appel à la grève générale (avec cependant l’erreur de limiter celle ci à l’Education nationale et à la Fonction publique, redressée par la suite). On pourrait continuer l’examen mais je le répète, ce n’était pas mon premier souci, ni celui des camarades de ma tendance durant ces trois dernières années [4].
Comme tu n’es pas obligé de me croire, tu en trouveras plus loin la preuve.
Il ne faut pas être grand clerc pour prophétiser, d’après ta lettre, que vous allez nous exclure. Car enfin : ne supportant pas la mise en cause ni de votre politique, de plus en plus éloignée des acquis du Comité, ni de votre autorité de dirigeants, vous avez cherché de toutes les façons à vous débarrasser des "adversaires" à l’usure. Vous y avez réussi avec Mélusine qui a capitulé et s’est discrédité, et avec trois camarades qui ont quitté le Comité, écœurés. Mais cela n’a pas suffi, et là dessus laisse moi te dire que vous vous faisiez des illusions.
Vous avez donc choisi de monter une "affaire" pour donner un semblant de justification à notre exclusion. Ce fut la "plainte" portée via la cellule Leni [5] contre Mort-Subite, le camouflage de la résolution argumentée de la cellule Serre, demandant au CN de désavouer celle ci, résolution cachée à la Conférence pour obtenir son accord. Ce fut ensuite l’injonction faite au bouc émissaire d’avoir à comparaître devant le CN pour "s’expliquer" sans lui dire sur quoi. A quoi sa cellule s’est opposée à l’unanimité.
Et, cerise sur le gâteau, ta lettre comminatoire à mon égard… qui vendait la mèche. Merci, camarade.
Mort-Subite sera donc exclu comme coupable de connivence avec l’ennemi, et moi même comme complice, et, dans la foulée, les autres membres de la tendance s’ils se déclarent solidaires. A moins que vous ne trouviez d’autres motifs moins constestables, disciplinaires par exemple.
Tout cela se résume à une opération "d’épuration" analogue par ses méthodes à une caricature de celles utilisées par Lambert Broué en 1984, via le procès fait à Mélusine, pour se débarrasser des "justiens", méthodes que Stéphane stigmatisait avec raison comme héritées du stalinisme, et devant lesquelles il a refusé de s’incliner.
Il est vrai qu’à l’époque, tu n’y as vu qu’un héritage du bolchevisme pur et dur, et c’est ce que vous voudriez faire croire aujourd’hui aux militants du Comité.
Ce faisant vous ne faites que semer des germes de sa désagrégation. Plus tôt les militants "qui te suivent" s’en rendront compte, mieux cela vaudra.
Mais pour qu’ils puissent réfléchir à la manipulation dont ils sont l’objet, à la ligne qu’elle couvre, et à l’avenir qu’elle augure, la première condition est de "clouer le bec" à tes accusations.
Le 18 février 2003, après la défection de Fern, j’en ai informé les camarades de la tendance. Je leur écrivais entre autres :
« Tu trouveras donc ci joint :
1) une lettre personnelle à Fern, par laquelle je tiens à lui dire personnellement ce que je pense de son comportement (…). Cette lettre n’engage pas la tendance mais je crois que les camarades ont à en connaître (…).
2) Une "mise au point" destinée à répondre aux accusations (encore voilées mais que la défection de Fern va sans doute radicaliser) de travailler pour Hannibal-Massino.
Il faut dire que ceux ci facilitent le travail de Lombard en écrivant dans leur bulletin : (suivent quelques extraits).
Il est donc nécessaire de situer les responsabilités et de rappeler dans quel processus nous nous sommes engagés depuis la XII° Conférence, sans entrer dans la polémique avec ou à propos d’Hannibal-Massino qui, dans le cadre de ce processus ne nous intéressent pas. »
Ce n’est pas tout. Le 7 mars, le bureau du "Cercle" d’Hannibal-Massino m’écrivait, en évoquant ma lettre à Fern :
« Nous avions adressé à l’automne dernier un courrier proposant l’ouverture de la discussion politique aux groupes et militants disant se situer dans la continuité du combat de Stéphane Just, et à toi parmi eux.
Plusieurs militants avaient alors pris leurs responsabilités en donnant suite à cette proposition. Tu ne l’avais pas fait, pas plus que tu n’avais cherché – à notre connaissance – à ce que le groupe de Lombard dont tu es membre, y réponde. »
Suivait une nouvelle proposition de discussion avec "mon groupe". A quoi j’ai répondu le 18 avril entre autres :
« 1) Ce que vous appelez "mon groupe" n’existe pas. Il y a une tendance "Pour le redressement du Comité" qui n’a pas d’autre existence politique que celle là, sur la base de son histoire, c’est à dire du combat mené au sein de ce dernier depuis trois ans. (…).
4) Je ne demandais aucunement (à Fern, en lui disant que sa défection allait être utilisée contre nous) que vous "apportiez votre concours de l’extérieur" au combat de ce que vous nommez "mon groupe" , et je ne sais où vous l’avez lu. Que votre initiative lui nuise, c’est un fait et c’est ce que j’ai écrit. Sans nier que c’est votre droit si telle est votre ligne, comme c’était le mien d’en faire la remarque. Et de la maintenir. Mais nous ne demandons rien, tenant à mener ce combat dans les données qui sont les nôtres, de façon tout à fait indépendante. »
Les choses en sont restées là [6].
Après cela, camarade Neuvial, tu comprendras peut être que, sauf en rêve, j’aie quelque mal à rompre avec Hannibal-Massino des liens qui n’existent pas sinon dans ta tête, ou plus vraisemblablement dans la volonté du CN d’en finir avec les gêneurs, peu importe le choix des moyens.
Et en cela, je vous fais confiance !
Avec mon salut trotskiste.
SERRE.
Le 20 août 2003.
Le texte ci dessus était encore à la frappe lorsque nous avons reçu l’annonce de l’exclusion de Mort-Subite. Cela m’amène à quelques commentaires.
Voici ce que nous avons reçu :
Au vu des graves accusations (cf le BI n°3) portées contre Mort-Subite, celui ci étant absent de la conférence, la XIII° conférence a décidé, après discussion et à l’unanimité des délégués, que le CN devrait entendre Mort-Subite.
Le CN élu par la conférence, a donc demandé à entendre Mort-Subite (le 21 juin puis, le 5 juillet). Celui ci a refusé, comme il refuse toute explication, toute discussion politique.
Le CN ne peut que constater :
Le CN décide : Mort-Subite est exclu de l’organisation.
La résolution adoptée par la conférence concernant Kevin, Maga, Serre et les cellules de Paris et de Nancy ont été communiquées par écrit et oralement aux camarades.
Le 17 juin, alors que Mélusine est venu, à la cellule Serre, faire le compte-rendu de la conférence, les camarades, ont refusé toute discussion politique. La cellule de Serre se réunira désormais au local et sous la responsabilité exclusive du CN.
Voici ce que notre cellule a répondu :
Au CN du Comité :
Nous avons bien reçu vos « décisions », non datées :
Nous vous faisons observer :
Au reste, nous vous rappelons avoir notifié à Mélusine, dès le 17 juin, que nous considérions vos décisions concernant notre cellule, sans reconnaissance de notre tendance, comme nulles.
Avec notre salut trotskiste.
Une première observation : le CN confirme ce que nous pensions (voir plus haut).
Deuxième observation : Il y a ce que tu répands : Mort-Subite est un "membre éminent" de la clique Hannibal-Massino, et il y a ce que vous écrivez officiellement : Mort-Subite n’a pas répondu à une convocation du CN. Autrement dit VOUS N’OSEZ PAS ECRIRE le pourquoi de cette convocatoin. Pourquoi ?
Double langage et hypocrisie. Le mini-appareil du PCI lui même, dans sa manœuvre pourrie, était plus franc en accusant par écrit Mélusine d’être « un provocateur à la solde des staliniens ».
Une seconde observation :
Vous avez convoqués Mort-Subite pour qu’il "s’explique". Mais ses explications, vous les aviez déjà.
Elles vous avaient été fournies par la cellule, dans la résolution du 5 mai 2003. Comme elle n’a pas été communiquée aux délégués à la XIIIème Conférence (qui s’y seraient immanquablement référés), ni aux autres militants, et comme le CN fait semblant de ne pas l’avoir lue, bien que nous l’ayons déjà publiée dans la « Lettre aux militants n° 2 », la voici :
La cellule Serre a lu avec surprise, le 29 avril, la résolution de la cellule Lenni-Villard (texte n° 5 du BI n° 3) qui appelle le CN à « prendre des mesures » contre elle, et elle s’étonne que cette résolution, datée du 12 mars, lui ait été cachée à la réunion de la RP du 25 mars, où elle aurait dû être communiquée et discutée.
C’est bien, malgré les apparences, la cellule Serre qui est mise en cause. En effet, la résolution cite « la caractérisation de Mort Subite par le CN dans le BI n° 2 », mais elle "oublie" opportunément que cette caractérisation englobait Serre, Magat et Muriel. La cellule Lenni-Villard n’ose tout simplement pas s’attaquer à ces derniers, en particulier à Serre, et cherche un biais en visant un bouc émissaire.
A quoi, à qui, en effet se réfère t elle en se disant « inondée » de demandes de discussions ? A quoi, à qui se réfère t elle en parlant de « contre orientations » ? A quoi, à qui se réfère t elle en écrivant que « les lois du Comité ne sont pas respectées » ?
Sur ce dernier point, Lenni avait été plus clair à la réunion du 25 mars. Oubliant ce qu’il avait adopté le 12, c’est à Serre qu’il s’en prenait, pour avoir reçu directement de lui des contributions (envoi dont le CN avait été prévenu début février).
Mais dans la résolution, c’est autre chose qui sert de prétexte. Ce qui est reproché à Mort-Subite, c’est d’avoir osé discuter avec un camarade de la RATP, au point de lui écrire. Stéphane, à qui l’appareil de Lambert faisait le même reproche, affirmait en réponse son droit à discuter avec qui il voulait, quand il voulait. La cellule Lenni-Villard l’a oublié : elle y voit un « débauchage » mais sans dire par rapport à quoi ou à qui.
Elle ajoute que « cette activité de sape a contribué à éloigner le camarade B. du Comité ». Mais ce n’est pas ce qu’elle a dit à l’époque. Où est sa vérité ? D’autant qu’elle ne se pose aucune question sur le fait qu’il ait suffi d’une simple lettre (dans cette hypothèse) pour ruiner sa propre capacité à retenir ce camarade.
Pour faire bon poids, elle ajoute que Mort-Subite, soi-disant responsable de la « formation de Fred » (où a t elle pris ça ?), a conduit celui ci dans les bras d’Hannibal-Massino. Non, camarades : ce qui l’a conduit à quitter le Comité, c’est l’atmosphère de polémique dénonciatrice des "ennemis intérieurs", créée par la direction à partir de "l’affaire Mélusine", et le sentiment d’impasse qu’il en ressentait. Il n’a pas été le seul, malheureusement.
Ce départ de Fred serait, selon ces camarades, « une des rares activités (de Mort-Subite, pas de Serre) sinon la seule ». Qu’en savent ils ? Que savent ils de sa contribution, passée et actuelle, sur la recherche et dans l’intervention, en particulier à Lariboisière et chez les étudiants ? Que savent ils de ses contacts, de la vente de CPS ?
Mais peu leur importe : après avoir incriminé entre guillements « l’orientation » défendue par la cellule Serre (pardon, « par Mort-Subite »), la résolution conclut : « Les buts sont clairs : détruire le Comité » et « demande que le CN prenne les mesures nécessaires. »
En clair, des mesures d’exclusion.
Un membre du CN, au moins, aurait peut être quelques scrupules à s’y résoudre, lui qui écrivait dans sa lettre de démission en juillet 2000 :
… « J’ai expliqué, lors de l’AG parisienne des militants, que l’un des enjeux de la discussion était la capacité – ou non – de l’organisation à accepter l’expression de désaccords politiques et à s’en renforcer. Mais en même temps que l’on m’assure qu’une telle expression est parfaitement possible, il m’est reproché d’avoir ouvert une crise par la publication de "notes d’urgence" et de conduire – si je continue – à l’explosion de l’organisation. »…
Ce n’est pas seulement le même cas de figure. C’est la poursuite de la même politique. Il suffit de lire ce que pense la cellule Lenni-Villard sur les « discussions » et les « contre orientations », terme inventé pour bien faire comprendre que les divergences sur la politique d’une direction sont en elles mêmes insupportables. Elle n’a par contre pas d’opinion sur le refus d’appliquer les statuts, les sempiternels reports de la Conférence et des BI, les textes étouffés ou publiés avec trois mois de retard. Ni sur l’orientation elle même, cela va de soi.
Cela dit, puisqu’elle entend placer le CN devant ses responsabilités, nous pensons que la seule réponse correcte de celui ci devrait être :
« Le CN, après avoir pris connaissance des résolutions des cellules Lenni et Serre :
• estime que la cellule Lenni n’apporte pas de preuves convaincantes de son accusation ;
• prend acte de la réponse de la cellule Serre ;
• demande à la cellule Lenni de retirer sa dénonciation. »
La cellule Serre.
Adopté à l’unanimité
(Muriel excusée)
Le 5 mai 2003.
Sa lecture enseigne que le CN y trouvait bien toutes les explications qu’il pouvait souhaiter, si sa demande n’était pas qu’une comédie.
Elle enseigne en outre qu’il lui était demandé de désavouer les accusations de la cellule Leni.
La première tâche du CN était donc d’abord de s’expliquer lui même sur son refus de prendre en compte cette demande. Tant qu’il ne l’avait pas fait, Mort-Subite n’avait aucune raison de comparaître devant son tribunal. C’est ce qu’a décidé notre cellule, sachant d’autre part très bien que le procès qui l’attendait était tout autre : celui d’une prétendue connivence avec Hannibal-Massino, très bien éclaircie dans ta lettre. Vous nous preniez tout de même un peu trop pour des imbéciles.
Dernière observation :
Un camarade m’a dit : « Si tu avais été membre du CN, tu n’aurais pas pu faire autrement que voter son exclusion. »
Ma foi, si ! J’aurais d’abord protesté contre l’escroquerie du CN extorquant aux délégués à la Conférence un mandat sur la base d’informations tronquées.
J’aurais ensuite demandé la publication immédiate de la résolution de la cellule Serre du 5 mai, et que le CN reprenne à son compte la proposition qui y figure en conclusion.
J’aurais également voté contre l’exclusion de Mort-Subite constituant dans ces conditions à la fois un abus de pouvoir et une manœuvre de diversion.
Et je me serais adressé aux militants du Comité, comme nous l’avons fait en 1984 aux militants du PCI, pour qu’ils demandent des comptes à leur direction.
En définitive, camarade Neuvial, cette lettre ouverte n’a pas d’autre objet.
Le 10 septembre 2003.
1 Les camarades qui les ignorent pourront les demander aux "anciens".
2 Se reporter à la "Lettre aux militants" n° 1 p 7/8 et au texte "Ce que pense Mort-Subite" ("Lettre aux militants" n° 3 p 11/12)
3 C’est ce que tu m’affirmes dans ta lettre pour la liste Front Unique à la FSU, en te targuant d’avoir refusé. Moi, manœuvre ou pas, j’aurais commencé par discuter d’une plate forme d’accord. C’est ce que Stéphane prévoyait pour ce genre de circonstance. Ta position est du pur sectarisme. Et avec ça tu dis vouloir construire une tendance syndicale lutte de classes ? Sa conception a dû changer depuis que tu la diriges.
4 Cependant, votre insistance à raconter n’importe quoi m’incite à m’y livrer dès que possible.
5 Je rappelle que ses accusations se résumaient à : avoir osé discuter avec un "ressortissant" de la RATP et avoir "inondé" le Comité de textes de "contre orientation", c’est à dire dans les deux cas d’être fautif d’un délit d’opinion.
6 L’examen de leurs positions sera d’autant plus nécessaire que nous allons avoir maintenant sans aucun doute de nouvelles propositions. Nous en aurons d’ailleurs certainement d’autres que de Hannibal-Massino, par exemple de Chesnais, de Présumey, etc… voire, qui sait ? de la LCR… Seul un imbécile s’en scandaliserait.
A propos de cette dernière et de ton indignation sur ma prétendue sympathie à son égard, je te signale qu’en 1984, deux entrevues ont eu lieu entre celle ci et la direction du Comité, qui était représentée à la première par Stéphane et moi même. La seconde a fait l’objet d’une dénonciation virulente par la « Lettre d’IO – Itinéraire III », et a dû susciter de ta part à l’époque la même indignation qu’aujourd’hui…
Ne t’en déplaise, comme Stéphane, je suis quant à moi, prêt à discuter politique « avec le diable et sa grang mère », selon l’expression de Marx (si je ne me trompe). Sans plus de concessions ni de compromissions que lui en 1984 dans ce type de contact. Je suis même prêt à en discuter, sur ces bases, avec vous ! aujourd’hui comme durant les trois années passées.