20.10.2003

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Après les retraites, l’Assurance-Maladie :

Contre le gouvernement Chirac-Raffarin, gouvernement ultra-réactionnaire

Pour le retrait total des plans de démantèlement de la Sécurité Sociale

La responsabilités des dirigeants syndicaux (CGT, FO…), du PS, du PCF :

Rompre avec le gouvernement UMP

Quitter le "Conseil pour l’avenir l’assurance-maladie"


Sécurité Sociale : la marche à la privatisation s’engage

Le 13 octobre, Raffarin a donc installé le "Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie". Pourquoi un tel conseil ? Avant tout parce que : " le sentiment de gratuité de notre système de santé au moment où nous avons recours à lui nous fait méconnaître son coût réel. Nous devons faire œuvre de responsabilisation". Et Raffarin de "s’interroger" : "Des mécanismes personnalisés doivent-ils venir renforcer l’assurance maladie dans sa gestion des mécanismes de solidarité ?"

Raffarin justifie la nécessité de sa réforme par l’existence d’un déficit "astronomique" de l’assurance-maladie. Mais d’où vient ce trou ? D’abord et avant tout de la montée du chômage. Mais aussi des multiples exonérations de charges dont ont bénéficié les patrons au cours des ans.

Il n’empêche : sur fond de limitations drastiques des soins, l’objectif est ni plus ni moins que de détruire le système d’assurance-maladie tel qu’il existe depuis l’après-guerre. Il ne fait aucun doute que l’objectif du gouvernement soit de mettre en œuvre les recommandations du rapport Chadelat (avril 2003), quasiment dicté par les patrons des assurances privées : avancer vers un système "à l’américaine", dans lequel le droit aux soins serait réduit à un "panier" minimal pour la masse des travailleurs. Des garanties complémentaires seraient offertes aux plus chanceux au-delà grâce à un système à base d’assurances privées.

Le donneur d’ordre de Raffarin, Sellière, a d’ailleurs expliqué clairement l’objectif : "C'est à la société civile de générer la forme de gestion dans le cadre d'une assurance-maladie rénovée". Autrement dit, pour le patronat, l’heure est à la remise en cause générale du système de Sécurité Sociale mis en place en 1945 sous la forme d’un dispositif de solidarité ouvrière, à l’époque géré exclusivement par les syndicats et constituant de ce fait une conquête ouvrière majeure. Ce que veut le MEDEF : un système sous son contrôle étroit, et la baisse radicale des cotisations patronales.

Si MEDEF et gouvernement arrivaient à leurs fins, il n’y aucun doute à se faire : la catastrophe sanitaire à laquelle nous avons assisté cet été n’aura été qu’un avant-goût de ce qui nous attend.

Qu’importe en effet à Sellière, à ce gouvernement à son service, que l’on prolonge l’espérance de vie de travailleurs en retraite depuis des années ! Pour le MEDEF, cela signifie des "coûts" supplémentaires qui ne génèrent aucun profit. La crise économique actuelle fait qu’il s’agit là d’un luxe qu’ils considèrent ne plus pouvoir se permettre. Le droit à la santé s’oppose en effet aux exigences de l’économie de profit, du capitalisme.

Le gouvernement UMP a besoin de la collaboration avec les directions syndicales…

Le gouvernement mesure parfaitement qu’il est – sur cette affaire comme sur celle des retraites – à la merci d’une vague de fond des salariés. Il sait que sans le blocus des directions syndicales, en mai-juin 2003, la grève générale aurait déferlé et son projet contre nos retraites pouvait être balayé : « Avant l'été, si la CGT l'avait voulu, confie un ministre de Raffarin, le pays basculait dans la grève générale » (« Le Parisien » du 27 août).

Oui, mais voilà : les dirigeants CGT (et FO, FSU, etc.) ne l’ont pas voulu. Ainsi, à la RATP, les conducteurs ont tenté – dans la foulée de la gigantesque manifestation du 13 mai – de déclencher la grève générale : c’est au mur des dirigeants syndicaux qu’ils se sont heurtés. En multipliant les « actions » « décentralisées », en refusant de centraliser le mouvement, d’appeler à la Grève Générale, à manifester à l’Assemblée contre la majorité UMP, ces directions ont permis l’échec du mouvement, le vote de la loi Fillon et sans douté sauvé le gouvernement.

Le dispositif mis en place par Chirac, Raffarin et Mattéi contre la S.S. est donc identique à celui de Fillon contre les retraites.

Il s’agit pour le gouvernement de procéder d’abord à un "diagnostic partagé" par les "partenaires sociaux" - bref, faire avaler aux directions syndicales la nécessité d’un train de mesures contre la S.S. Puis, "sur le fondement de cet état des lieux, le ministre de la Santé, (…) engagera au début de l'année 2004 une période de concertation approfondie puis de négociation".

Encore faut-il indiquer que cet "état des lieux" est déjà prêt pour l’essentiel (un document d’"éléments de diagnostic" a été rendu public par le gouvernement)  : il n’est en fait demandé aux dirigeants des organisations ouvrières que de l’avaliser.

Aucun doute n’est donc possible quant au rôle de ce "Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie", où vont siéger des représentants de la CGT, de FO, du PS (avec le soutien de la FSU, du PCF, etc…) : sa raison d’être est d’organiser la mise à sac de la S.S. avec la participation des directions syndicales.

… qui répondent présent

Face à une telle offensive, force est de constater que les directions syndicales acceptent par avance de rééditer ce qu’elles ont réalisé autour des retraites, avec le même résultat au bout du compte.

Dès avant la mise en place de l’offensive, la direction de la CGT allait au-devant des souhaits du gouvernement en indiquant qu’elle proposait :

"la création d’un Conseil National de la Sécurité sociale, instance représentative associant à l’ensemble des partenaires sociaux traditionnels, le mouvement associatif, les différents acteurs de la protection sociale. Ce conseil élargirait un véritable débat sur l’évolution de notre système de Sécurité Sociale, favoriserait l’expression des besoins, suggérerait les moyens à mettre en œuvre, voire les axes de réforme souhaitables (…)"

Quant à Blondel (FO), il vient d’indiquer :

"nous participerons activement au travail de reconstruction, qui nous ne le cachons nullement sera difficile".

Parler de reconstruction, c’est évidemment accepter la nécessité d’une réforme, se situer d’ores et déjà sur le terrain de Chirac et du MEDEF.

Face à cela, la conclusion s’impose d’elle-même : protéger notre système de protection sociale, c’est d’ores et déjà tout mettre en œuvre pour empêcher que le "Conseil" constitué sur de telles bases ne puisse mener ses travaux comme l’attendent Chirac et Raffarin.

En défense de l’assurance maladie, il faut tout faire pour imposer aux directions de la CGT, de FO, de la FSU, du PS, du PCF de refuser ce "Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie", de ne pas y participer.

Tous les acquis sont menacés

Aucune illusion n’est permise. Tous les acquis ouvriers (salaires, statuts, conditions de travail, services publics…) sont menacés. Sellière ne s’en cache d’ailleurs pas. La crise récurrente du capitalisme ne laisse d’autre solution au gouvernement Chirac-UMP que d’attaquer encore et encore.

L’offensive en cours contre l’assurance-maladie n’est qu’un aspect d’une offensive généralisée contre tous les acquis ouvriers.

Les plans contre la S.S. sont bien sûr indissociables des mesures en cours contre le système de santé publique. Ainsi le plan "Hôpital 2007" consiste en un train de mesure visant à le régionaliser, à "rapprocher" privé et public sur tous les terrains - bref à privatiser la santé publique. D’ores et déjà la carte sanitaire nationale a été abrogée, les structures régionales voient leur rôle renforcé, etc…

Fillon, quant à lui, s’attaque aux conventions collectives. Ainsi son projet de "modernisation du dialogue social" prévoit-il que les accords d’entreprise puissent déroger aux accords de branche : cela signifie tout simplement la liquidation du système des conventions collectives !

Dans la fonction publique, au-delà du blocage des salaires, Delevoye vient d’annoncer la mise en place des premiers éléments de mise en cause du statut des fonctionnaires, avec les premiers éléments de salaire au mérite pour 2004. Tout ceci est évidemment inséparable des plans de décentralisation à propos desquels aucune illusion n’est possible.

Fondamentalement, il n’existe d’autre solution pour préserver nos acquis, préserver les conquêtes ouvrières que de combattre un tel gouvernement. Tout doit être fait pour préparer la contre-offensive, infliger une défaite majeure à ce gouvernement. L’action politique pour imposer aux directions syndicales (CGT, FO, FSU…), au PS, au PCF de rompre avec lui est donc indispensable. Qu’ils assument leurs responsabilités sans ambiguïté, qu’ils défendent nos revendications !

Pour la rupture avec le gouvernement, pour une politique anticapitaliste

Mais au delà : quel gouvernement pourrait durablement enrayer la tendance à la mise en pièce de tous nos acquis ?

Tant que subsistera un gouvernement mettant en œuvre les exigences du Capital, aucune position ne sera à l’abri. Seul un gouvernement des organisations ouvrières unies, rompant avec les exigences de l’économie de profit serait en mesure de remettre en cause la politique actuelle. Un tel gouvernement aurait en effet les moyens de réorienter l’économie, de mettre en place un plan de production axé sur la satisfaction des besoins sociaux et non sur les revendications patronales.

On est en droit d’attendre du PS, du PCF, des directions syndicales, qu’ils s’engagent dans une telle voie. Mais chacun sait aussi que tel n’est plus depuis des lustres leur programme. A l’inverse, ces dirigeants multiplient les déclarations selon lesquels le capitalisme serait un "horizon indépassable".

L’action politique pour leur imposer de rompre avec cette politique est donc indispensable. Mais pour la mener, un nouveau parti, un Parti Ouvrier Révolutionnaire, est indispensable.

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