3.9.2003

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Assurance-maladie, Hôpital public…
il faut imposer aux directions syndicales (CGT, FO…), au PS au PCF de :

Rompre avec le gouvernement

Dénoncer ses plans contre la protection sociale

Exiger le retrait des projets de casse de l’Assurance-maladie

Refuser de s’y associer


Crise du système de Santé : le gouvernement UMP responsable !

La canicule de l’été a désormais mis au grand jour le délabrement du système de Santé et ses conséquences dramatiques. Hypocritement, le gouvernement se défend et plaide la fatalité. Incontestablement, la situation était déjà dramatique avant l’élection de Chirac. Notamment, le protocole Guigou-Kouchner (entre autres) a effectivement eu des effets désastreux.

Mais qui, sinon le gouvernement UMP, a procédé à des coupes sombres dans les budgets destinés à aider les retraités ? Et qu’a fait ce gouvernement pour améliorer la situation des services d’urgence ? Qui enfin, s’est refusé et se refuse encore à prendre les mesures de revalorisation de la carrière des hospitaliers, seules à même de résoudre la crise du recrutement ? C’est même l’inverse que prépare le gouvernement : tous ses plans de privatisation ne peuvent mener qu’à un système de Santé à deux vitesses où ne pourront se soigner correctement que ceux qui en ont les moyens !

Le gouvernement UMP menace l’ensemble des acquis

La Santé n’est qu’un aspect : en fait, la politique présente du gouvernement Chirac confirme qu’il est bien l’un des plus réactionnaires qu’on ait jamais vu. Dans la foulée de la loi Fillon sur les retraites, le statut des intermittents du spectacle a été mis en pièces. Les privatisations d’EDF, de France Telecom seraient imminentes. La décision de casser le statut des personnels techniques de l’Enseignement (décentralisation) a été annoncée.

Une nouvelle baisse d’impôts de 3% a aussi été décidée pour le budget 2004 : « En deux ans, l'impôt sur le revenu aura été réduit de 10 % », se félicite-t-il. Cette mesure, qui ne profite qu’aux plus fortunés, signifie aussi le détournement de fonds considérables, indispensables au fonctionnement de nombre de services publics, dont la Santé.

Utilisant la crise du système de Santé, gouvernement et MEDEF concoctent désormais un nouveau coup contre les travailleurs - notamment les hospitaliers. Au nom de la « solidarité » avec les retraités, le gouvernement projette en effet de modifier les horaires annuels de travail. Deux ministres ont vendu la mèche : « l’idée du jour férié a au moins un mérite : elle permet de revenir sur les 35 heures » (Le Monde). Et le porte-parole du gouvernement, Copé, de préciser qu’une « réflexion » sur les 35 heures à l’hôpital serait indispensable vues les « difficultés insurmontables » qu’aurait généré le protocole Guigou-Kouchner… En bref, au lieu de créer les postes dont ont tant besoin les établissements, le gouvernement cherche à allonger le temps de travail !

Plan Hôpital 2007 : poursuite de l’offensive contre le droit aux soins, contre le statut des hospitaliers

Le contenu du plan Hôpital 2007 est simple : « rapprocher » établissements publics et privés, « renforcer les spécificités des établissements », « déconcentrer » les échelons de décision, etc…, bref en finir avec le caractère national de la Santé publique. Il est étroitement lié aux projets de décentralisation contre lesquels se battent, entre autres, les enseignants : l’un des objectifs essentiels du gouvernement est de morceler la Fonction Publique et liquider ainsi les garanties nationales inséparables de cette organisation.

Mené à terme, ce plan signifierait la fin du système actuel au profit d’un dispositif basé sur des critères budgétaires, largement privatisé (seuls un service public largement dégradé étant laissé aux moins fortunés), régionalisé (le droit à la Santé égal pour tous indépendamment du lieu de résidence disparaîtrait). Pour les personnels, cela signifierait la fin de leurs statuts nationaux et des garanties qu’ils leur assurent

La mise en œuvre de ce plan est désormais en marche. L’alignement des modes de tarifications de l’Hôpital public et des cliniques privées serait effectif pour l’essentiel au 1° janvier 2004. Le « plan de rénovation du patrimoine hospitalier », (pour « sortir du carcan du code des marchés publics ») livrerait cette activité au privé avec les conséquences qu’on peut imaginer… A l’AP-HP, la constitution de 4 « Groupements Hospitaliers Universitaires » est la première étape de son démantèlement.

Mattéi a aussi annoncé un chantier sur « la gouvernance de l’hôpital ». L’objectif est de revoir les règles de fonctionnement des établissements afin de les aligner sur celles des cliniques privées. Les responsables syndicaux de la Santé sont, bien sûr, conviés à la concertation, au sein des groupes de travail par « thèmes » : le gouvernement sait que leur collaboration lui est indispensable .

Assurance maladie : démanteler, privatiser

Depuis des décennies, le patronat, les gouvernements à son service cherchent à revenir sur ce qu’ils ont dû concéder en matière de protection sociale. L’ampleur des cotisations est telle que remettre en cause ce système est un enjeu essentiel pour le MEDEF.

Le gouvernement ne cache pas son jeu. Le rapport Chadelat (avril 2003), dicté par les patrons des assurances privées, est clair : il faut liquider l’Assurance-maladie actuelle, la remplacer par un dispositif à 3 étages, étatisé et largement privatisé. L’objectif est d’en finir avec le système mis en place en 1945, de passer à un système « à l’américaine » : la masse de la population ne disposerait que d’une couverture minimale, seule une couche privilégiée ayant une protection sociale décente, grâce aux assurances privées.

Cette offensive a été largement préparée. Sur fond de vagues de déremboursements de médicaments dits « de confort », les campagnes sur « le trou » de la Sécurité Sociale se succèdent. Mais d’où viennent ces déficits « soudains », sinon d’une politique délibérée des gouvernements aux prises avec la crise du capitalisme ?

Le calendrier est lui aussi fixé. Recevant début septembre Thibault (CGT), puis Blondel (FO), Mattéi a indiqué sa volonté d’ouvrir une phase de concertation en deux temps. Tout d’abord, un diagnostic serait élaboré sous l’égide d’un « Conseil d’Orientation de la Santé » durant deux mois (!). Personne ne peut douter de son contenu. Ensuite viendrait la discussion des mesures à prendre, l’objectif étant d’aboutir à un projet de loi présenté au Parlement à l’automne prochain. C’est à participer à ce sale travail que les directions syndicales sont conviées.

Loi Fillon (retraites) : tirer le bilan de l’échec du mouvement est indispensable

On ne peut avancer ce qui doit être fait en défense de notre protection sociale, sans tirer le bilan de mai-juin 2003 : Mattéi  et Raffarin procèdent en effet à l’identique de ce qu’a fait Fillon. Celui-ci a débuté par une phase de « concertation » pour amener les directions syndicales à s’associer à l’élaboration de ses plans, à se situer sur le terrain de l’inéluctabilité d’une réforme, puis un projet de loi a été élaboré et enfin voté. Les directions de FO comme de la CGT ont répondu présent, et continuent de le faire.

On peut comprendre la suite : ni les directions de la CGT, ni celle de FO n’ont revendiqué le retrait du plan Fillon, une fois celui-ci connu. Elles se sont au contraire prononcées, comme la CFDT, pour une « bonne réforme », pour une « nouvelle phase » de concertations-négociations. Bref, elles se sont refusées à rompre avec le gouvernement, et à le combattre.

Pourtant, face à ces projets meurtriers, massivement, comme on l’avait rarement vu, les travailleurs se sont mobilisés. Par centaines de milliers, ils ont fait grève, par millions ils ont manifesté à plusieurs reprises.

« Avant l'été, si la CGT l'avait voulu, confie un ministre de Raffarin, le pays basculait dans la grève générale » (« Le Parisien » du 27 août). Oui, mais voilà : les dirigeants CGT (et FO, FSU, etc.) ne l’ont pas voulu. Ainsi, à la RATP, les conducteurs ont tenté – dans la foulée de la gigantesque manifestation du 13 mai – de déclencher la grève générale : c’est au mur des dirigeants syndicaux qu’ils se sont heurtés. En multipliant les « actions » « décentralisées », en refusant de centraliser le mouvement, d’appeler à la Grève Générale, à manifester à l’Assemblée contre la majorité UMP, ces directions ont permis l’échec du mouvement, le vote de la loi Fillon et sans douté sauvé le gouvernement.

Imposer aux dirigeants syndicaux, au PS, au PCF de rompre avec le gouvernement

Visiblement, en cette rentrée, les directions syndicales, le PS, le PCF se préparent à continuer sur la lancée de mai-juin 2003. Sortant de sa rencontre avec Mattéi, M. Blondel indiquait que celui-ci « a voulu nous rassurer » (!!), trouvant même certaines des positions de Mattéi «  importantes et intéressantes ». Quant à Thibault, il est d’accord pour participer à une telle concertation – se bornant à regretter que la phase de « diagnostic » soit si courte…. La direction CGT se propose même « comme elle l’a fait sur les retraites de construire (…) des propositions…. », c’est-à-dire de répéter ce qu’elle a fait en mai-juin, avec la garantie d’arriver au même résultat !

Que ce soient les directions de FO ou de la CGT, toutes se préparent à participer au « Conseil d’Orientation de la Santé » annoncé par Raffarin pour leur faire endosser ses plans contre l’assurance-maladie.

Et évidemment le PS n’est pas en reste : sa direction se prononce pour une réforme « urgente » reprochant à Mattéi sa « lenteur »... D’accord sur le fond avec ce qui se trame, elle se borne à « revendiquer » de « connaître précisément » les orientations gouvernementales. Comme si le rapport Chadelat et les mesures concrètes déjà prises, les vagues de déremboursements de médicaments, ne les définissaient pas clairement !

Chacun peut donc le comprendre : préserver nos acquis en  matière de protection sociale, c’est d’abord s’organiser pour faire que la fameuse « concertation-négociation » ne puisse se tenir. C’est intervenir sur l’orientation :

Dirigeants syndicaux (FO, CGT…) :

Exigez le retrait des plans contre l’Assurance-maladie, refusez de vous associer à sa destruction !

Refusez de participer au « Conseil d’Orientation de la Santé » !

La crise actuelle du système de Santé n’a rien de mystérieux : elle est le résultat d’un offensive délibérée et continue menée depuis des années. Il n’est en rien de l’intérêt de Sellière et consorts d’investir dans l’amélioration de la Santé, de dépenser pour allonger l’espérance et la qualité de vie : ces dépenses sont contradictoires avec les intérêts capitalistes. Alors que la crise récurrente du capitalisme s’avive, que la concurrence entre capitalistes internationaux se fait encore plus forte, c’est un luxe qu’ils considèrent ne plus pouvoir payer.

Fondamentalement, ce sont le capitalisme et sa crise qui sont la cause de l’indigence des budgets publics, du délabrement des systèmes de Santé, de la crise des recrutements médicaux et para-médicaux, etc.

Seul un gouvernement ouvrier, appliquant une politique résolument anticapitaliste, rompant avec l’économie de profit et réorganisant la production en fonction des besoins de la population, peut être en mesure de préserver le droit à la santé, comme les autres acquis actuellement menacés (retraites, éducation…).

C’est ce qui fonde la nécessité d’agir pour la rupture avec le gouvernement Chirac-Raffarin, pour la constitution d’un gouvernement des organisations ouvrières unies, partis et syndicats, dont les travailleurs exigeront qu’il mène une telle politique. Pour cela, construire un Parti Ouvrier Révolutionnaire qui organise et impulse cette action est indispensable. C’est à cet objectif que veulent contribuer les militants de Combattre pour le Socialisme.