1945-2004
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En 1945, sous la conduite d’un chef qui a fait ses preuves, Emile DAUTRICOURT, et d’un Comité diligent présidé par Henri MIDAVAINE, l’Harmonie Ouvrière va s’efforcer opiniâtrement de retrouver son dynamisme et sa vitalité d’antan.
Mais le poids des ans a parfois raison de la volonté la plus tenace : en 1946, après 26 ans de bons et loyaux services, Emile DAUTRICOURT se voit forcé d’abandonner la baguette de Chef. Il sera suivi peu après par Henri MIDAVAINE, Président depuis 40 ans.
La société fait alors appel à l’un de ses membres chevronnés, Jean-Baptiste DELATTRE, qui, pendant plusieurs mois, avec la confiance et la sympathie des musiciens va assurer l’intérim de la Direction avec la compétence et la sûreté qui lui font honneur.
Le Comité place également la gestion administrative de l’Harmonie dans les mains d’un jeune Président, Charles MIROUX ( dont l’actuelle salle de répétitions porte le nom ), secondé par Fernand RACARY, vice-président, qui sera pendant 25 ans la cheville ouvrière des Conseils d’Administration successifs.
En 1947, M. Valère LEMAIRE, Directeur de la Musique des Mines de Courrières, accepte de prendre en mains la Direction de la société, mais sa disparition brutale 7 mois plus tard pose à nouveau le problème de la succession au poste de Chef.
L’Harmonie Ouvrière le remplace alors par un jeune chef, Marceau TISON, frais émoulu de la Musique de la Flotte, et lui confie son destin.
Le 1er Octobre 1948, M. TISON prend également la Direction de l’Ecole Municipale de Musique que la Municipalité a bien voulu créer ( et financer ! ) dans le but d’assurer le recrutement et la formation des jeunes, garantissant ainsi la relève et la continuité de la société.
Le 2 Juillet 1950, l’Harmonie Ouvrière est en mesure d’aborder le Concours International de Mirecourt ( Vosges ) après une préparation très poussée à laquelle chacun se donne de tout cœur : un succès mérité répond à cet effort, et l’Harmonie, très brillamment est classée, pour la première fois de son histoire en Division Supérieure.
En septembre 1952,Marcel BEVE succède à Marceau TISON, et l’on retrouve dans ce nouveau chef toutes les qualités de son prédécesseur. Lui aussi s’impose à tous par sa valeur musicale, son extrême bonhomie, mais aussi l’exigence d’un travail bien accompli.
Après un voyage à Saumur, en Juin 1957, qui est resté dans les mémoires comme l’évasion vers l’air pur, le soleil et le bon vin, les musiciens préparent, petit à petit, le Concours de Châtellerault du 5 Juin 1960.
Note personnelle : en effet, ce voyage à Saumur restera gravé longtemps dans les mémoires de l’Harmonie : combien de fois n’ai-je entendu des « Anciens » se remémorer avec un petit sourire ce déplacement ! « Tu te souviens de Saumur ? … » : un grand moment qui souda les musiciens et donna pour longtemps des souvenirs à se rappeler …
Alors qu’elle avait été reclassée en Avril 1960 en 1ère Division 1ère Section ( après un laps de temps sans participation à un concours, le classement devient obsolète et il doit être reconfirmé ), l’Harmonie Ouvrière reprend lors du concours de Châtellerault son classement en Division Supérieure. Elle y interpréta « L’ouverture de Phèdre » de Massenet ( morceau au choix ) et « Zampa » de Hérold & Allier ( morceau imposé )
Du 11 au 15 Mai 1962, l’Harmonie Ouvrière fête le 100ème anniversaire de sa création sous l’impulsion d’un Comité d’Honneur présidé par le Maire de Harnes, le docteur LAVILLE, secondé par MM Charles MIROUX, Président de l’Harmonie et Fernand RACARY, Président d’Honneur de l’Harmonie.
Le point d’orgue du dimanche 13 mai est l’occasion d’organiser un grand festival de musique dans la ville : pas moins de 20 sociétés musicales de la région y participent.
Durant cette journée, la musique est partout dans la ville : des défilés la sillonnent tandis que des kiosques sont disposés dans les différents quartiers où des aubades sont données à un public enthousiaste. La petite histoire néanmoins nous rapporte que le temps ne fut guère clément ce jour …
En marge de ces réjouissances ont lieu des cérémonies non moins solennelles : le dépôt de gerbes et le recueillement sur les tombes des membres fondateurs et au Mémorial et surtout la remise à l’Harmonie Ouvrière d’une nouvelle bannière par le Maire. ( cette bannière est toujours utilisée aujourd’hui )
Alors que Marcel BEVE tombe gravement malade en 1967, Marceau TISON accepte de le remplacer et reprend à nouveau la baguette de direction de l’Harmonie Ouvrière.
La vie de l’Harmonie est ponctuée pendant ces deux décennies de participations et de déplacements à des festivals aux quatre coins de la région mais aussi à l’étranger : en particulier dans la ville jumelée allemande de FALKENSTEIN en ex-RDA, en 1969, voyage qui restera dans les mémoires.
Après un reclassement obligatoire, l’Harmonie prend part au Concours International de Chartres où elle obtient un 1er Prix ascendant avec félicitations du jury : la voilà classée en Division Supérieure 2ème Section.
Après le nécessaire reclassement, l’Harmonie Ouvrière aborde le Concours International de Vire ( Calvados ). Le succès obtenu est à la mesure du travail fourni : immense ! La société obtient un classement ascendant en Division Excellence : le plus haut classement de son histoire.
Alors que j’écris ces lignes, les musiciens travaillent une pièce imposée pour le prochain Concours d’Alençon : « le » fameux « Triptyque 51 » de Boutry … le morceau imposé de ce Concours de Vire … qui a dit que l’Histoire était un éternel recommencement ?
Le décès brutal du Président Charles MIROUX le 11 Janvier 1982 entraîne l’élection à la présidence de Emile HAINAUT.
En 1983, voyage d’agrément, en famille, en Savoie à Randens.
En 1985, le départ de Marceau TISON pour raison de santé provoque la nomination de Jean-Jacques LECLERCQ comme Chef de l’Harmonie Ouvrière puis, après un intérim assuré par André MATA, comme Directeur de l’Ecole Municipale de Musique de Harnes
Note personnelle : une page de l’histoire de l’Harmonie Ouvrière s’est tournée avec l’arrivée de Jean-Jacques LECLERCQ. Il orienta la société vers des innovations qui se soldèrent par des succès retentissants. Il eût été malhonnête de ma part de passer ces années sous silence même si elles débouchèrent, en dépit de son immense talent musical, sur une scission de l’Harmonie créant des tensions et des cicatrices qui mettront longtemps à s’effacer. Le long regard que j’ai posé sur le passé de l’Harmonie me fait relativiser grandement l’agitation qui entoura cette douloureuse période : elle ne fut après tout qu’un épisode mineur dans l’histoire de la société …
Emmenée par son nouveau Chef, jeune et dynamique, ragaillardie par un mémorable Concert de Printemps le 26 Avril 1986 auquel assistèrent 900 personnes … un record ! l’Harmonie Ouvrière se prépare à fêter avec faste son 125ème anniversaire. Les réunions de préparation se succèdent fébrilement : les dirigeants de l’Harmonie désirent impliquer un maximum de représentants de la population. C’est ainsi que l’Union Commerciale est sollicitée pour un concours de vitrines ayant pour thème la Musique, l’ensemble des écoles de la ville participent : à la confection des programmes pour les Maternelles, à l’écriture d’un hymne officiel et à un concours de dessin pour les Primaires. Parallèlement, une exposition sur l’histoire et la vie de l’Harmonie est réalisée par Gérard MALBEZIN en collaboration avec « Les Amis du Vieil Harnes », des présentations d’instruments ( contemporains ou anciens ) viendront s’y adjoindre et seront vues par des centaines d’enfants des écoles. Enfin, comme c’est la coutume pour ce genre d’occasion, un Festival est organisé dans la ville qui rassemble une douzaine de sociétés musicales.
Ces trois jours du 12 au 14 Juin 1987 sont un succès total avec pour point d’orgue le Grand Concert de Gala donné par l’Harmonie à la Halle des Sports ( aujourd’hui « Halle André Bigotte » ) qui rassemble 2000 personnes ( J.J LECLERCQ assurera avoir lui-même compté les spectateurs sur les coupures de presse ! )
Allant au delà du rôle traditionnel qu’on lui prêtait, l’Harmonie élargit son champ d’investigation à d’autres formes artistiques : pratique chorale et actions scéniques. Aux musiciens vient s’adjoindre une chorale qui ne sera pas intégrée à l’Harmonie dans un premier temps : le « 126ème anniversaire de l’Harmonie », pour reprendre l’expression employée dans les réunions de préparation, sera célébré par la production d’une opérette, (très) librement inspirée des « Cloches de Corneville ».
A nouveau de nombreuses bonnes volontés sont sollicitées, le travail est énorme et nouveau pour les membres de l’Harmonie : il faut confectionner des décors, des costumes, gérer des éclairages, des tables de sonorisation … La tâche est lourde mais suscite l’exaltation de tous. Les premières représentations ont lieu dans une salle des fêtes transformée en salle de spectacle : l’abnégation des musiciens est immense, nombre d’entre-eux joueront dans une « fosse d’orchestre », étouffant de chaleur et d’où il était impossible de suivre l’action sur la scène.
L’enthousiasme du public et au-delà, de la population harnésienne, est à la hauteur des efforts fournis … L’Harmonie a opéré une mutation : parallèlement aux « Messes de Sainte Cécile » ( bientôt remplacées par des « Concerts de Noël » ), les spectacles qui vont se succéder révèlent les nouvelles potentialités dont dispose l’Harmonie.
« Les Cloches de Harneville », données pour une première série de représentations les 21, 22 et 23 Mai 1988, seront reprises les 29, 30 et 31 Octobre de la même année.
Poursuivant dans la voie ouverte par « Les Cloches de Harneville », les musiciens de l’Harmonie présentent dés lors des productions axées sur le spectacle ; le public toujours plus nombreux, répond présent à ces rendez-vous dont la notoriété dépasse largement les limites de la ville :
- « Rêv’olution » : les 29 et 30 Avril 1989 qui célèbrent de façon onirique et pacifique le Bicentenaire de la Révolution.
- « Mémoires d’un kiosque » : les 28, 29 et 30 Avril 1990 à la salle des fêtes, puis les 6 & 7 et 13 & 14 Avril 1991 au tout nouveau Centre Culturel Jacques Prévert qui vient d’être inauguré.
- « Au temps où l’on emporte le vent », un opéra-bouffe en trois actes qui sera repris 16 fois de Mai 1992 à Novembre 1994
Arguant du fait que l’Harmonie ne devait plus jouer un rôle de « fanfare » ( qui a prétendu que c’était le cas ? ), JJ LECLERCQ se refuse alors à participer aux cérémonies commémoratives incluant un défilé dans les rues de la ville. Cette décision provoquera de sérieux remous au sein de la Municipalité qui continuera néanmoins d’apporter un total soutien à toutes les entreprises dans lesquelles se lance l’Harmonie … devenue officiellement « Harmonie de Harnes » au lieu de « Harmonie Ouvrière de Harnes » le 19 Décembre 1993.
En 1996, les membres de l’Harmonie ( à laquelle ont été intégrés les choristes) enregistrent un CD : les œuvres interprétées sont toutes des créations originales de JJ LECLERCQ qui reprennent des thèmes des différents spectacles. Ce CD est intitulé « Vous souvenez –vous ? ». Les musiciens, dans un premier temps, en Octobre 1996, puis les choristes, en Avril 1997, viennent prendre part aux enregistrements une semaine durant au Centre Culturel J. Prévert.
En 1998, l’Harmonie revient sur les lieux de son premier spectacle : les musiciens auxquels viennent s’adjoindre trois chorales extérieures investissent la Halle André Bigotte les 6 et 7 Juin 1998 pour un spectacle intitulé « Le débarquement de l’Harmonie ». Jamais des moyens techniques ne furent déployés autant que pour ces deux représentations à « grand spectacle » qui font salle comble.
Mais « le cœur n’y est plus » … pour un certain nombre de musiciens, la « prise en mains » de l’Harmonie par quelques choristes et la direction d’une « main de fer » du Chef sont décourageantes et démotivantes.
Les divergences sur les orientations de l’Harmonie conduisent un groupe de musiciens à faire scission de l’Harmonie et à créer un groupe concurrent « Amis’Croches » qui renoue aussitôt avec les commémorations patriotiques et les défilés.
Après ce départ, l’Harmonie, bien qu’amputée, présente en 1999 un nouveau spectacle « Music’eurothérapie » qui connaît un vif succès.
Pourtant, JJ LECLERCQ décide de quitter l’Harmonie et la Direction de l’Ecole de Musique en Juin 1999. Malgré de nombreuses manifestations de soutien, sa décision est irrévocable. A sa suite, le Conseil d’Administration démissionne en bloc, la dissolution est même un temps envisagée.
La survie de l’Harmonie est en danger.
Heureusement, sous l’impulsion de quelques Anciens (Emile Hainaut, Marius Lorthios, André Legrain, Henri Pinabiau … qu’ils en soient ici remerciés de tout cœur !), ne pouvant se résoudre à la disparition d’un tel patrimoine, l’Harmonie continue ses activités. Ses effectifs sont alors au plus bas malgré le retour de quelques uns des « dissidents » partis un an plus tôt.
Il faut dés lors « remonter la pente » !
Après des mois de « navigation à vue », un nouveau Chef est enfin nommé à la tête de l’Harmonie et de l’Ecole Municipale de Musique en Janvier 2000. Il s’agit de Yorick KUBIAK dont la jeunesse et le dynamisme permettent le « retour de l’Harmonie ».
Un véritable « retour » à plus d’un titre : le retour vers la population de la ville tout d’abord avec la reprise de la participation de la société aux différentes manifestations municipales, le retour au travail avec la reprise de répétitions régulières et studieuses et enfin le retour au public, certes moins nombreux, mais dont la fidélité dans les premiers temps est un réel soutien pour les musiciens.
Tandis que l’Harmonie se rajeunit, les concerts s’enchaînent avec succés de 2000 à 2002.
En 2002, l’Harmonie fête son 140ème anniversaire sous la Présidence de Emile HAINAUT, le « sauveur » de 1999.
En 2003, Yorick KUBIAK décide de lancer la société dans un nouveau défi : le classement de l’Harmonie et la reconnaissance de son niveau par les instances fédérales. Ainsi, le 21 Octobre 2003, l’Harmonie de Harnes, n’ayant plus participé à aucun concours depuis 1981, est brillamment reclassée par un jury au Centre J. Prévert en Division Supérieure 2ème Section.
Pour beaucoup de jeunes musiciens, ce n’est que le début d’une aventure …
Pour l’Harmonie, ce n’est que la continuité logique de l’esprit de travail
et la fraternité qui l’ont toujours animée …
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