La cité engloutie de Khambhat

Les océanographes du National Institute of Ocean Technology (NIOT) de Madras ont fait une découverte de la plus haute importance. Ils mesuraient les niveaux de la pollution marine dans le golfe de Khambhat (ex-Cambay), enregistrant des images acoustiques du fond de l'océan quand, plusieurs mois plus tard ils se rendent compte qu'ils ont obtenu des images des ruines d'une immense cité, engloutie à 40 mètres sous le niveau de la mer. Janvier 2002, l'équipe du NIOT était en mesure de faire des révélations.

La ville engloutie partage des similarités frappantes avec les sites de la civilisation de l'Indus [2300-1700 av. J.-C.].

Les ruines s'étendent sur 9 km le long des rives d'un ancien fleuve, et l'on peut distinguer :

  • Les vestiges d'un barrage,
  • Un édifice, de la taille d'une piscine olympique, aux marches effondrées, rappelant le Grand Bain de Mohenjo-Daro,

  • Un monument rectangulaire de 200 x 45 m est aussi vaste que l'acropole découverte à Harappa,
  • Un autre édifice, sorte de grenier à blé, fait de briques de boue, d'une longueur de 183 m.,
  • Des rangées de constructions rectangulaires qui s'apparentent aux fondations de maisons en ruine,
  • Un système de drainage,
  • Des routes.

L'équipe a remonté des outils en pierre polie, des ornements et des figurines, des débris de poteries, des pierres semi-précieuses, de l'ivoire et des restes fossilisés humains.

Des échantillons de bois fossilisé furent envoyés, pour datation à deux laboratoires indiens : L'un proposa 5500 av. J.-C., l'autre 7500 av. J.-C.. Cette datation ferait de Khambhat le site le plus ancien découvert en Inde. Cette découverte pourrait marquer la fin de la théorie selon laquelle l'urbanisation se propage de l'Asie depuis l'ouest vers l'Indus.

Cette datation suscita d'intenses controverses. Selon R. Meadow, spécialiste en archéologie de l'Asie du Sud, un site néolithique dans le golfe de Khambhat serait "tout à fait en adéquation " avec les développements à Mehrgarh. Mais il est prématuré d'affirmer qu'il s'agit de la cité la plus ancienne. L'archéologue G. Possehl signale qu'il n'y a aucune raison de croire que le morceau de bois fossilisé appartient aux ruines de l'ancienne cité, étant donné les forts courants marins de la région, il pourrait provenir d'ailleurs. L'équipe de NIOT a reconnu le bien-fondé de ces critiques et a assuré que d'autres objets seraient soumis aux méthodes de datation.

Il s'agit aussi de comprendre comment cette cité a été engloutie et comment elle s'est retrouvée à 30 km de la côte. Harsh Gupta, géologue, pense que c'est un gigantesque tremblement de terre qui a causé la destruction de la ville. On se trouve dans une zone à fort risque sismique, et le tremblement de terre de 2001 à Bhuj a montré la vulnérabilité de la région à ces phénomènes. Toutefois, la priorité est d'établir de manière définitive l'âge de la cité engloutie et si ces recherches dans le passé de Khambhat sont approfondies, cette découverte peut se révéler la plus excitante de ce siècle.

D'après Raj Chengappa & Anm Ram
in Courrier international n°610

 

Reconstitution
de la cité engloutie
D'après
Nilanjan Das
Indian Today


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