Pendant 14
ans, Paul Robin fait de cette institution
de la région parisienne un
établissement expérimental,
première réalisation
concrète en matière
d'éducation libertaire.
Il
organise le fonctionnement
pédagogique de l'orphelinat autour
des principes de l'éducation
intégrale (enseignement universel,
mixte, rationnel, physique, intellectuel
et moral). Ces principes s'articulent
autour des idées
d'égalité, de justice, de
progrès de l'humanité (le
savoir et la culture de chaque individu
contribue à l'amélioration
de la société).
Il met en
place des ateliers qui permettent aux
enfants de s'initier à de nombreux
métiers tout en réalisant
des travaux utiles pour la
collectivité (brochures, piscine,
meubles, vêtements, production
agricole...). Ces réalisations
s'inscrivent dans la tradition
proudhonnienne de l'école-atelier
et dans le projet d'une revalorisation du
travail et d'une élévation
de la condition de l'ouvrier.
L'enseignement distingue une
période "spontanée", faisant
largement appel au jeu, qui respecte la
curiosité des petits et une
période "dogmatique" au cours de
laquelle est introduit l'enseignement des
sciences et l'enseignement professionnel.
Le souci de rendre cet enseignement
attrayant conduit Robin à
développer les promenades, les
élevages, les musées, les
collections, plutôt que
l'utilisation de manuels et l'enfermement
dans des salles.
La vie,
l'observation et la réflexion sont
mises à contribution pour que
l'enfant se construise.
L'apprentissage de la lecture
est favorisé par la pratique de
jeux, de lecture, d'une méthode
phonétique inventée par Paul
Robin. Machine à écrire,
atelier d'imprimerie sont utilisés
dans ce but permettant l'édition
des poésies écrites par les
enfants. Dès le plus jeune
âge on apprent la sténo et
Robin aurait souhaité qu'on
s'initie également aux langues
étrangères.
L'éducation physique
représente une grande part dans la
vie de l'orphelinat : gymnastique
naturelle (échasses, ballons,
cerceaux, cerf-volant, quilles, patins
à roulettes et à glace). Des
vélos furent introduits dès
1882. Paul Robin fait creuser une piscine,
le bain devint une habitude. Excursions,
randonnées et voyages furent aussi
pratiqués.
L'enfant
est considéré comme un
individu à part entière. Les
parents ou les éducateurs sont
libres de "convoquer des réunions
dans les conditions qu'ils auront
choisies", mais les enfants sont libres de
ne pas y aller ou de s'en retirer s'ils
s'ennuient.
L'expérience repose
sur le principe de la "coéducation
des sexes" (on dirait maintenant
mixité), ce qui permit aux
réactionnaires d'obtenir la
révocation de Paul Robin à
la suite d'une campagne de calomnies qui
créa un scandale
répercuté par la presse de
l'époque.
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