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Petite histoire d'un stage où l'on passe de la découverte de sites à la découverte du cross

Comme tous les ans, l'objectif du stage Alpes est de découvrir de nouveaux sites, un autre relief et donc une autre façon de voler. Nous sommes tous plus ou moins autonomes (plutôt plus que moins). C'est aussi une belle occasion d'avoir rapidement du gaz sous les pieds et de faire des exercices en l'air qui nous permettrons de mieux apréhender les turbulences de l'air et d'exploiter au maximum la bulle d'air chaud qui se décroche du rocher exposé au soleil. C'est toujours de l'école, mais une école ludique où nos Maîtres sont des passionnés qui partagent leur Amour de l'air.

Cette année le stage Alpes de juillet était placé sous le signe du cross. Les plafonds n'ont rien eu d'exceptionnel, ils étaient bas (max 2100), mais quand le fond des vallées (entendez celle de l'Isère) sont à +/- 300 m d'altitude, il y a quand même de quoi faire ! Ca peut paraître évident pour certains... mais nous, nous ne sommes pas du genre à être capable de gratter toutes les bulles... Alors un peu de gaz ne nuit pas.

Un premier lundi orageux ne nous a permis de faire qu’un petit vol de Montlambert (alt. 880 m) mais surtout de découvrir la tonicité des autochtones par temps d’orage… Il y avait un ours près de Montlambert... Un ours en moule-couille qui courait après les parapentistes qui n'avaient pas lus les panneaux qui n'existaient plus...et voyaient des sens giratoires là où il y avait une quille aimablement empruntée aux services de l'équipement...

Il y en a aussi qui valent le détour : Merci Jean Jacques pour tes précieux renseignements, ta passion, ta patience et ton amabilité.

Mardi : une météo qui avait bien du mal à se remettre de ses coups de sang du jour précédent, un air chargé d’humidité, bref nous avons fait la découverte de Bizanne. Nous n'avons pas pu voler, le ciel était plein de barbulles qui auraient bien pu nous mettre en difficulté. Et puis le vent météo du nord ne nous permettait pas de voler depuis le déco que nous espérions bon, l'attéro du déco nord n'ayant pas été reconnu au préalable. En tout cas c'est un site avec un magnifique potentiel.

Dans l’après midi, petit retour dans la vallée d’Albertville : Quand je vais à la montagne, ce n’est pas pour être à Paris ! Mais quelle horreur cette ville ! (ça n’engage que moi). Et comment peut-on avoir comme slogan : « une ville à la montagne »? Ca c’est le comble ! Et puis, gens d'EDF, expliquez moi pourquoi il y a tant de lignes 500 kV dans tous les coins ? Bien sûr avec des dénivelées importantes il y a des conduites forcées partout, mais tout de même c'est une véritable jungle de câbles et pylones !

Donc je disais que nous allions dans cette vallée pour remonter à l’Ebaudiaz. Superbe site ! Il paraît que c'est un site à soaring et qu'on peu y traîner des heures à jouer dans la restit'... Une super "Roche de Minuit" quoi ! Allez, tous l'un derrière l'autre pour un petit plouf technique. Au programme quelques pirouettes, 360... Là j'ai envoyé ! (ce que je croyais être du gros !) j'en avais la tête qui commençait à tourner, des fourmis dans les jambes... Ouahh impressionnant ! Une fois posé, mon vario ne m'affichait que du - 7,6. Je n'y crois pas, j'ai déjà envoyé du -10 sans être dans cet état là ! Ou ça pompait dessous, ou j'étais en hypoglycémie ! Tout le monde est posé, on remballe et on remet ça. Cette fois, il faut essayer de tenir un peu. L'air est chaud, la brise de vallée monte le long de la pente, accentuée par un petit vent météo de nord-nord ouest. Papy (entendez le doyen du groupe, notre Gérald favori, notre deuxième Leader) s’envoie en l’air le premier ( trop top son aile, une Golden, y’a même plus besoin de pilote !), il passe la crête de gauche au radada et fait du yaourt en arrivant sous la Dent du Corbeau, il se fait un peu brasser mais a l'air d'aimer ça. Il lui faudra beaucoup de patience en attendant que quelques mordus tentent de le rejoindre. Je m’y essaye mais abandonne en passant la crête trop bas, parce que je n’ai pas voulu gratter le sapin plus haut et de trop prêt…finalement je ferai du soaring plus bas dans la vallée pendant plus d’une heure. Pendant ce temps, Papy fait toujours du yaourt… Sylvie tente de se lester en ramassant des cocottes de pin, elle s’accroche jusqu’au bout…Y’a rien à faire, ça ne monte pas terrible. Denis (Maître Denis) s’y essaie aussi en vain. Trop fort notre Papy ! De rage il prend la poudre d’escampette et se fait son cross tout seul avec pour objectif l’attéro de Chamoux. Ce sera sa première vache, première d’une longue série…Il se fera récupèrer par une charmante gazelle près d'un champ où le loup n'est pas le bienvenu...

Mercredi : retour à Montlambert pour taquiner l’autochtone... Non je blague ! Re petit plouf technique, faut pas oublier que c’est un stage perf malgré tout et que nous sommes là pour apprendre et maîtriser le chiffon. Un peu de théorie : à quelle altitude faut-il partir du coin pour arriver à se poser à Chamoux sur Geloux ? Dans le principe : il faut savoir quelle est la distance à parcourir, prendre une finesse de 6,5 ( ben oui on n'est pas des pros du cross) c'est à dire qu'un métre de dénivellée nous permet de parcourir 6,5 m, l'attéro est à 300 m, le déco à 10 km de là et à 880 m d'altitude. Donc il faudra prendre 1540 m (par rapport à l'altitude de l'attéro) soit monter à l'altitude 1840 m. P’ti Gérôme est le premier à gratter la bulle et faire le plaf à 1750 au dessus des Arpettes. Il nous y attendra avec une patience extraordinaire pendant plus d’une heure. Gérald, Sylvie et moi le rejoignons. On a bataillé dur pour y arriver, mais on y est tous. Avec ma peur des pointes de sapin, j'ai bien failli ne jamais y aller, j'ai été sauvé par une bulle salvatrice alors que j'avais déjà en ligne de mire l'attéro... Le mental ! il faut travailler le mental. Savoir patienter en l'air...Faut que je bosse mes objectifs. Maître Jérôme nous retrouve là haut en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire… Heureusement, parce que je n'avais vraiment pas imaginer faire un truc pareil. Donc je suis là haut en Jean et T shirt, sans gants...Ca pèle ! Et nous voilà tous partis pour Chamoux ! Maman Poule devant et quatre poussins derrière ! Dommage que nous étions haut, ça valait la photo ! Belles dégueulantes dès qu'on quitte le relief, et Jérôme qui monte et descend devant moi... Ou alors c'est moi qui monte et qui descend. Je ne sais plus. Je m'en fiche, c'est joli de le voir faire du yoyo, on le croirait suspendu à un fil élastique... Je sais qu'on a quitté le massif au plafond, soit 100 m plus bas que nos calculs. Mais on s'en fiche aussi, on vole, j'ai coupé le son de mon vario, et je ne le regarde plus. Je suis dans le décor, presque 1500 m de gaz sous les pieds et nous traversons la vallée, les étangs, l'Isère, l'autoroute et son énorme gare de péage, devant la butte de Hauteville qui nous donne l'impression de descendre, là bas l'attéro... Ca passera ? Oui ça devrait le faire... Tiens ça bouscule un peu au dessus de Betton-Bettonnet, je regarde le vario : +0,5, allez, on assure, j'enroule et reprends 100 m. Pile-poil, j'arrive large au dessus de l'attéro. Trois au but et deux vachés (je ne vous dirai pas qui…) dont un qui manque l’attéro de dix mètres !!! Génial cette transition. Dommage que ça va trop vite.

L’après midi, vol depuis les hauts de Chamoux (j’aime toujours pas gratter le sapin et fait un plouf lamentable quand tout le monde reste là-haut !). Du temps, de la confiance, surtout de la pratique et ça ira mieux.

Jeudi : Vol du matin très sympa à Courchevel 1850.

Après midi : tous au déco de la montagne d’Arvillard (déco de Val Pelouse) à 1850 m. Re-petit calcul de finesse…pour aller se poser éventuellement à Chamoux, 17 km à vol d’oiseau en tout droit. Faudra assurer au moins un plaf à 2000 après le déco. Gérald, Michaël et Gérome décollent, font le plafond et transitent, se refont, re-transitent etc…Et finalement vont s’enterrer dans la vallée des Huiles, ils n’ont pas reconnus la bonne vallée. Malgré tout ils arriveront au bout de la vallée avec 100 mètres de gaz au dessus de la crête, mais gare à la tabasse pour celui qui osera aller de l’autre côté ! Sylvie fait le plein sous le nuage, je rate mon déco et percute la planète, aïe aïe aïe ! Ca fait mal au genou. Je repars de plus belle et j’entends à la radio un truc du genre : « eh mémére, dépêches toi de monter y’a une bombe rouge qui arrive droit dessous ! » Mémère est contente ! Elle qui enroulait peinard, prenait son temps pour faire un peu de tourisme... C’est vrai que je serrais le noyau à donf en 3-6 et que ça montait à +6 intégré… Et c’est parti pour un nouveau cross, re-plein près du Ramavoula, au dessus de La Table, au dessus de Chamoux à 1400…C’est peut-être juste pour traverser…(innocent !). J'ai gratté la cime des sapins ! Ca y est je me lache... Enfin pas de trop, je serrais les fesses en serrant le résineux... Je les voyais me tendre les bras : Ah Marie, je sais maintenant comment on peut tomber amoureux d'un épicéa ! Fini je n'écoute plus le chant des sirènes. Finalement je terminerai par une demi heure de soaring bonheur dans l’air chaud pendant que la récup des égarés s’organise. Denis et Marie nous ont suivi en bi, ils traverseront la vallée pour essayer de reprendre en vain vers le grand Arc. On les récupère vers Bonvillard. Une fois de plus nos Maîtres ont été à la hauteur !

Mais quelle semaine ! Pour moi elle s’arrête là à cause de mon genou qui pourrait ne pas supporter plus d'exercice, pour le reste du groupe c’est une belle suite le vendredi au Revard et puis à Annecy, deux autres cross dont la traversée du lac (enfin les élèves de Cumulus ont traversé le Lac !), ils vous le raconteront certainement sur le site de l'école.

Mille fois merci à tous pour l’ambiance, la motivation et l’unité du groupe. Chapeau bas à Jérôme et Denis pour cette semaine d’apprentissages et de bonheur. Un merci particulier à Isa qui a superbement assuré l’intendance. Ah oui, je voulais cafter un peu : Jérôme (notre Maître) sait faire d’excellentes carbonara… Qu'on se le dise !

stephan.durand@numericable.fr