L'ENFER, qu'est-ce :
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        ENFER (du latin infernum : lieu d'en bas).

        Lieu de désordre et de confusion destiné au supplice des damnés, où l'on a beaucoup à souffrir . Supplice moral

        1°) Dans la mythologie gréco-latine, lieu souterrain habité par les morts, séjour des OMBRES (Champs-Elysées pour les bons, Tartare pour les méchants).

        2°) Religion : On trouve un lieu de châtiment pour les âmes dans beaucoup de religions. Mais c'est surtout dans la religion "catholique" que l'enfer joue un rôle considérable. La tradition catholique a donné le nom d'enfer au lieu mystérieux où souffrent éternellement les pécheurs qui meurent sans avoir recouvré la grâce de Dieu.



        Ou comment un "ami" peut devenir un "ennemi" redoutable et vous faire connaître l'enfer

        Cette entité a un nom "ALCOOL"

        Quand et comment ais-je commencé à consommer des produits alcoolisés ? Je ne sais pas. Peut-être lors de ma communion avec la traditionnelle coupe de champagne au communiant ? Peut-être avant avec des fruits à l'eau de vie (ma grand-mère faisait des cerises à l'eau de vie délicieuses).

        Et puis les liqueurs de pays sont agréables au goût - celle que je préférais était la framboise d'Alsace - une bonne fondue savoyarde avec un petit Apremont bien frais, un (ou plusieurs) pastis lorsqu'il fait chaud, les petits chocolats fourrés, le saké - çà vous arrache la gorge - les bons vins, le champagne (je suis experte en ouverture de bouteilles de boissons pétillantes, il y a des techniques que l'on n'oublie pas ! ! !)

        Un jour je me suis rendue compte que l'alcool, sous ses différentes apparences, n'était pas seulement "bon" mais avait un autre avantage. J'étais très timide, petite, pas bien dans ma peau mais après un "verre" je me sentais mieux et surtout capable d'affronter le "monde".

        Mon père me surnommait "la cubassienne". Lorsque j'étais en primaire, sur un carnet j'ai eu 20/20 en calcul, mes parents m'ont dit "on peut toujours faire mieux". Si bien que quelques temps après, considérant que mes notes n'étaient pas assez "bonnes", j'ai signé à leur place. Ce n'est pas passé inarperçu ! ! ! !

        Ensuite j'ai redoublé ma 5ème. Mais là j'ai eu de la chance parce que ma soeur avait râté son examen d'entrée en 6ème et a dû redoubler son CM2.

        Plus tard, en seconde, je suis tombée malade en rentrant de vacances de Noël à la neige. J'avais des abcès dans la gorge et j'ai été absente presque 2 mois. A la fin de l'année on m'a dit que je devais passer des examens en français et en maths. J'ai eu le résultat la veille de la rentrée. Je devais redoubler. Ma mère était furieuse. J'ai réussi à la convaincre de faire ma première par correspondance. C'est très dur mais j'ai réussi. Le comble a été de passer le bac dans le lycée qui voulait me faire redoubler et ils voulaient me mettre dans leur palmarès et me récupérer en Terminale. Pas question. A la sortie des épreuves, des jeunes distribuaient des propectus sur les différentes écoles privées. L'un deux a attiré mon attention : Manipulatrice-Radio. Et je pouvais y rentrer sans examen, ayant la première partie du Bac. Là je me suis défoulée et je suis arrivée seconde de la promo.

        Mais assumer tout cela n'était pas simple et un petit coup de remontant avant certains examens était le bienvenue.

Sans m'en rendre compte j'étais tombée dans le piège.



        Il n'y a pas si longtemps, je ne sais plus à quel propos, j'ai poussé ma mère dans ses "retranchements" et elle a fini par me dire : "si la pillule avait existé, tu ne serait pas là". Sur le moment çà m'a fait un choc mais, du coup, j'ai compris beaucoup de choses.


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        La nuit, la voiture, l'accident, le trou noir, le reveil dans mon lit et pour la première fois, l'appel au secours, le besoin d'aide, le désir profond de quitter cette galère. C'était en décembre 1989. je n'étais pas encore en état d'analyser et de comprendre les raisons de ma décision mais, inconsciemment, je savais que je ne voulais plus être l'esclave de cet alcool qui avait fait de moi une marionnette, sans âme, que l'on pouvait manipuler à son gré. Je suis allée à l'hopital, en urgence, et j'ai appris - OH SURPRISE - que j'étais malade.

        Pendant très longtemps j'avais réussi à "gérer" mon alcool. Cependant depuis près de 10 ans il y avait des problèmes. Lorsque je devais donner du sirop à mon fils, le matin, c'était atroce. J'étais obligée de prendre une cuillère à soupe pour lui donner la valeur d'une cuillère à dessert. Mes mains tremblaient et se contractaient. De même je devais faire des piqûres à mon père. Heureusement ce n'était qu'une fois par jour alors j'y allais en début d'après midi, après avoir pris ma dose.

        J'avais de plus en plus de mal à écrire lors de la dictée des comptes-rendus radios. Je me souviens qu'un matin je me suis dit "tu ne vas quand même pas prendre un whisky au réveil".Jusque là je ne buvais que le midi, pas trop, parce qu'il fallait assumer l'après midi de travail, mais surtout le soir. Alors là je sombrais dans un sommeil artificiel jusque vers 3-4 heures du matin. J'avais à ces instants le désir intense de m'arrêter. Mais le lendemain les manifestations physiques du manque réduisaient à néant les bonnes résolutions de la nuit.

        Il devait me rester, quelque part, une petite dose de volonté qui m'a poussée à vouloir reprendre ma vie et mon destin en mains, au lieu de fuir les réalités et les craintes qui, en fait de disparaitre, s'accumulaient et me poussaient à boire toujours plus et de plus en plus souvent (les derniers mois je buvais de l'eau de cologne et de l'alcool à 90°)

        Mes débuts dans l'abstinence ont été très durs. Je connaissais, depuis de nombreuses années, une jeune femme, malade alcoolique elle aussi. Je savais qu'elle avait été prise en charge par une association. Je suis allée la voir. Elle m'a donné les coordonnées d'un médecin et m'a "embarquée" dans un groupe de malades, la "Croix d'Or". La première fois que je suis allée chez ce medecin, j'ai attendu très longtemps. J'avais même envie de fuir. Malgré tout j'ai tenu et je dois dire que le contact s'est très bien passé. J'ai appris, quelques années après, qu'il faisait attendre - de façon intentionnelle - les malades qui venaient pour la première fois. Une façon de voir leur désir de s'en sortir.

        Quant au groupe, je dois avouer qu'avant d'y aller je me suis pris une bonne dose - de quoi être "bien" sans être ivre. Lorsque je suis rentrée dans la salle, "à reculons", que j'ai regardé ceux qui étaient là, leurs sourires, leur accueil, je me suis dit que je n'étais plus seule.

        Quelques années auparavant, je m'occupais du "Maintien à Domicile pour Personnes Agées" et dans la pièce adjacente à la mienne, venait une fois par semaine, une personne s'occupant de l'association "Vie Libre". Combien de fois j'aurais voulu lui dire ce que j'avais, ce que je ressentais, mais à part un dialogue banal, les mots indispensables n'arrivaient pas à sortir. Chaque semaine je me disais : "la semaine prochaine tu parles" et c'était toujours la même chose.

        Un détail manquait : JE N'AVAIS PAS ATTEIND LE FOND GOUFFRE, JE N'AVAIS PAS ENCORE FAIT CE PASSAGE EN ENFER.

        Cependant trois mois avant l'accident, j'avais été hospitalisée, emmenée d'urgence par les Pompiers, dans un état frôlant le coma - j'avais pris le coktail détonnant de mélange d'anxyolitiques et d'alcool - mais personne ne m'a rien dit. On m'a fait des tas d'examens et j'ai pratiquement fui l'hopital. Pourquoi les medecins sont-ils si mal informés lorsqu'il s'agit de certaines maladies ??? En fait je ne leur en veux pas trop. Je n'était pas encore "prête" à entendre et à admettre la VERITE.

        Je n'ai pas fait de cure. Mon fils n'avait pas encore 10 ans. Je ne voulais pas le laisser à quelqu'un d'autre. Durant 2 mois, j'ai connu un autre "enfer", celui du sevrage progressif, avec des hauts et des bas. En dehors du groupe et de mon medecin, une fois par semaine, aucune personne de mon entourage n'a essayé de me comprendre et de m'aider, bien au contraire.

        Je sais comment j'ai commencé à boire, je sais pourquoi j'ai continué, mais pourquoi -pour certains comme moi- l'alcool appelle l'alcool. Lorsque, après 3 mois d'abstinence, mon médecin et moi-même avons considéré que je pouvais me remettre à chercher du travail. J'étais encore assez faible, en "convalescence". Je ne voulais pas, comme après mon licenciement économique de janvier 1987 (il n'a pas arrangé les choses) travailler dans une clinique ou dans un cabinet privé à causes des horaires tardifs. Commencer de bonne heure n'a jamais été un problème pour moi, je fait partie des matinaux. J'ai trouvé, dans un institut médical (horaires "administratifs") un emploi de secrétaire médicale dans le service de radiologie. La paie n'était pas fabuleuse mais je sentais qu'il fallait absolument que je retrouve mon indépendance financière. Et puis je me suis dit qu'il pouvait y avoir la possibilité que l'une des manipulatrices parte et que je pourrais regrimper les échelons. C'est ce qui s'est passé.

        Tout cela pour dire que l'équipe radio avait l'habitude, le mercredi soir, de prendre un Whisky. Que faire ? Raz de marée dans ma tête : essayer de trouver chaque mercredi une excuse "bidon" pour ne pas accepter ce verre ou bien dire la vérité ? J'ai choisi la deuxième solution et je ne l'ai jamais regretté. Pas facile à faire sortir les mots : je ne bois plus parce que j'ai trop bu !!! Durant la période qui a suivi, presque 2 ans, alors que les problèmes avec mon ex- se multiplaient, je retrouvais des forces dans le cadre de mon travail et une fois par semaine avec le groupe.

        En effet le "géniteur" de Xavier - mon fils - n'a pas été content du tout de mon abstinence. Cepandant lorsque je buvais il cherchait toutes mes "caches" et vidait les bouteilles. Il aurait aimé que je ne boive plus mais que je reste la "marionnette" qu'il pouvait manipuler à son gré, surtout financièrement. ABSTINENCE signifie non seulement ne plus boire mais également redevenir LUCIDE. Lorsque j'étais dans l'alcool, quand je lui demandais de l'argent parce qu'il y avait des factures à payer et que je lui faisais remarqué que j'aimerai bien qu'il participe aux frais, il me répondait systematiquement "VAS TE COUCHER, TU ES COMPLETEMENT SAOULE, TU NE SAIS PAS CE QUE TU DIS". Combien de fois ais-je entendu ce refrain. Malheureusement pour lui, malgré mon alcool, j'avais gardé et j'ai toujours tous mes relevés postaux depuis plus de 20 ans. Je pourrais peut-être en mettre à la poubelle maintenant, cela ferait de la place.

        JE BUVAIS, IL JOUAIT : les deux sont des drogues et cela se soigne

        Mais lucidité retrouvée et malgré la pression psychologique qu'il exerçait sur moi - il ne me mettait pas un verre entre les mains mais faisait tout pour que je le reprennes par moi-même - j'ai fais les comptes. Pas triste ! ! ! A tel point que, bien que nous vivions sous le même toit, il fût comdamné à me verser une pension alimentaire pour Xavier. Il a bien essayer de ne pas le faire. Une première fois j'ai attendu 2 mois et suis allée voir l'huissier. Employeur prévenu. La deuxième fois, il me faisait des mandats que je devais aller chercher à la poste. Ils étaient de plus en plus mal écrit jusqu'au jour où la poste à refuser de me le payer. Re-huissier.Re-employeur prévenu avec demande de prélèvement d'office sur son salaire. A partir de là et jusqu'à la fin des études de Xavier je n'ai plus eu de problèmes. Le chèque arrivait en temps et en heure.

        Un autre problème se présentait : l'appartement avait été acheté en co-propriété entre lui et moi, 50/50. Guère de possibilité de le flanquer à la porte. Pas simple du tout. Mais nous n'étions pas mariés et, un an après le début de mon abstinence, je ne sais plus à quel propos, il m'a de nouveau dit "VAS TE COUCHER, TU NE SAIS PAS CE QUE TU DIS". Seulement là j'étais parfaitement lucide. Je dois dire que la discussion était très animée. Il a fini par me dire "TU N'ES PAS UNE FEMME QU'ON EPOUSE" C'est peut-être vrai, j'aime mon indépendance. Alors je lui ai répondu "JE NE SUIS PAS UNE BONNE A TOUT FAIRE GRATUITE ET JE NE VEUX PLUS T'ENTRETENIR" Sur ce je ne lui ai plus fait à manger, plus de lessive, évidemment plus de repassage, même plus de ménage parce que c'est facile de dire : il y a de la poussière, tu pourrais l'essuyer. Ma mère m'a fait le coup quelques temps plus tard. Je suis allée dans la cuisine chercher le chiffon à meubles et je lui ai donné sans un mot. Elle ne m'a plus jamais fait de remarques. Toujours est-il qu'à Pâques 1992, j'ai enfin repris la voiture pour aller à la campagne avec Xavier et à notre retour, il était parti. J'ai eu vite fait de changer l'un des verrous (j'en avais un supplémentaire depuis quelques temps - en prévision -)

         Depuis je paye tout ce qui concerne l'appartement et cela il ne peut pas le contester. De toute manière pour l'instant Xavier vit avec moi et étant donné mon handicap, je ne compte pas vendre. Lui voudrait bien mais il faut l'accord des deux parties.



        Maintenant que j'ai réglé, en partie dans ce texte, mes comptes avec mon ex- je vais revenir sur d'autres évenements, expériences etc.... que j'ai vécu dans l'alcool, avant et après.

         Mardi 8 Janvier 2003 : le corps n'oublie pas ! ! ! ! (Texte que j'ai adressé à diverses associations de malades alccoliques)

        J'ai été alcoolo-dépendante et suis abstinente depuis 13 ans. Je fais partie de la Croix d'Or. De nombreuses fois nous avons débattu sur le fait de savoir si nous étions "guéris" ou en "remission".

        Je suis atteinte d'une "myofasciite à macrophages" (diagnostiqué le 9/10/2002) nouvelle entité myopathique inflammatoire, invalidante et surtout très douloureuse dûe, vraisemblablement, à l'aluminium contenu dans le vaccin contre l'hépatite B.

        A la mi-novembre je suis allée voir une neurologue qui m'a prescrit du "LAROXYL Roche" en gouttes. Je lui avais bien signalée que j'étais malade alcoolique. Elle ne m'avait pas dit que ce produit contenait de "l'alcool ethylique". Voyant cela j'ai appelé mon médecin alcoologue qui m' dit "Je ne sais pas si la dose prescrite - 10 gouttes - peut remettre la machine en marche, mais soyez très vigilante".

        Insensiblement certains "malaises" se sont manifestés. D'une part, je prenais de plus en plus tôt le Laroxyl. Puis j'ai eu de légères sensations de manque. Enfin, dans les 3 ou 4 heures qui précédaient la prise journalière du médicament, mes mains avaient tendance à "trembler".

        Enfin, mercredi dernier -22/01/2003- dans l'après-midi, je regardais la télévision et j'ai eu un "flash" terrible. L'image d'un verre plein d'alcool fort dans la main avec l'idée que de la boire soulagerai mes "malaises". Mon fils (23 ans) qui m'aide beaucoup - moralement - était là et je lui ai raconté. Il m'a dit d'arrêter sur le champ. Ce que j'ai fait.Le lendemain matin j'ai appelé mon médecin alcoologue afin de lui signaler cette "situation". Lui aussi m'a dit d'arrêter sur le champ.

         L'après-midi, j'ai contacté la neurologue afin de lui signaler le fait. Elle m'a répondu "QU'EN AUCUN CAS, AU BOUT DE 13 ANS D'ABSTINENCE, LE LAROXYL NE POUVAIT AVOIR UN TEL EFFET, CELA SE PASSAIT DANS MA TETE"

        Voilà, je voulais vous faire part de cette expérience. Il m'a fallu 4 à 5 jours pour le sevrage - pas facile malgré tout, avec son cortège de malaises - mais la dépendance n'était que physique.Aujourd'hui cela va mieux. Je laisse à votre appréciation la réaction de la neurologue.

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